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Citations de Mary Brave Bird (28)


Le vieux dicton cheyenne dit vrai : "une nation n'est pas morte tant que le cœur de ses femmes n'est pas à terre."
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Les gens parlent du "problème de l'alcool chez les Indiens", mais pour nous, il s'agit d'un problème blanc. Ce sont les hommes blancs qui ont inventé le whisky et qui l'ont apporté en Amérique; ce sont eux qui le fabriquent, en font la publicité, nous le vendent, gagnent du fric avec, et créent toutes les conditions pour que les Indiens soient les premiers à en boire.
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Dans le film qui a été réalisé sur les épreuves que Crow Dog a endurées au cours de sa détention, Bill Kunstler a résumé sa situation en quelques mots: "Les dirigeants de ce pays sont responsables de toutes les persécutions dont sont victimes les Indiens, et de tout ce qui a été infligé par le passé aux premiers habitants de ce continent. Par cupidité, vous les avez chassés de leurs territoires, et aujourd'hui vous les rejetez chaque fois qu'ils tentent désespérément de retrouver leur identité et une certaine dignité. Comme Crazy Horse et Sitting Bull, Crow Dog est devenu un symbole.

"Je suis sûr que ceux que vous haïssez le plus sont ceux qui présentent les requêtes les plus justifiées. Car ils vont au coeur de notre psychisme. Nous savons qu'ils ont raison, par conséquent nous devons les détruire si nous le pouvons. Je pense que beaucoup de gens ont peur des revendications légitimes des Indiens quant à leurs territoires et à leurs ressources. Et ils ont d'autant plus peur que ces requêtes sont moralement justes, car lorsque vous vous trouvez en face de quelqu'un qui a une cause juste à défendre et que vous n'avez à lui opposer que des arguments dont toute morale est absente, vous êtes amenés à le haïr. Et je pense qu'il existe à présent une haine causée par un sentiment de culpabilité qu'il est au-dessus de mes compétences d'analyser. Nous les haïssons parce que leurs revendications sont parfaitement justifiées - et que nous le savons."
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J'ai vécu cette vie simple à He-Dog jusqu'au moment où il a fallu aller au pensionnat. Nous, les enfants, nous ne souffrions pas d'être pauvres, car nous n'en étions pas conscients. Les quelques Indiens du voisinage vivaient dans le même dénuement, dans le même genre de baraques délabrées ou de huttes en rondins avec une seule pièce au sol de terre battue. Nous n'avions aucun point de comparaison. Nous vivions dans notre petit univers. Nous n'avions pas de colère parce que nous ne savions pas qu'ailleurs existait une vie meilleure, plus confortable. Pour que naisse la révolte, il faut que la pauvreté côtoie la richesse, comme c'est le cas, par exemple, pour les habitants des ghettos qui vivent dans des logements sordides juste à côté des riches locataires d'appartements de luxe, comme j'ai pu le voir quand je suis allée à New York. La télévision nous a ouvert les yeux, abattant le mur qui séparait les Blancs riches des non-Blancs pauvres. L'écran attrape-nigauds opère un lavage de cerveau, mais si les gens sont pauvres et non blancs, il les rend en plus furieux en leur montrant tous ces biens vantés par la publicité et qu'ils ne peuvent même pas espérer se payer un jour: voiture et appartement de luxe, lave-vaisselle et four à micro-ondes, toute la coûteuse pacotille de l'Amérique de l'abondance. Je me demande si les annonceurs qui dépensent cent mille dollars pour un spot se rendent compte qu'ils diffusent un appel à la révolution.
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Je ne me considère ni comme une radicale ni comme une révolutionnaire. Ce sont les Blancs qui nous ont collé ces étiquettes. Nous avons simplement demandé qu'on nous laisse tranquilles, libres de vivre comme nous l'entendions. De pouvoir nous gouverner nous-mêmes, réellement et non uniquement sur le papier. Que l'on respecte nos droits. Si c'est cela être révolutionnaire, alors, c'est sûr, je corresponds au profil. En fait, j'aspire ardemment à mener une vie normale, paisible - mais normale au sens sioux du terme. J'aurais pu accepter notre cabane branlante, nos cabinets puants, et notre pauvreté, mais uniquement à ma façon. Oui, j'aurais accepté une pauvreté digne où on ne se serait pas mêlé de mes affaires, mais pas cette misère dégradante, humiliante, que nous devions subir. La ‘normalité’ a mis longtemps à venir. Et encore aujourd'hui, je n'ai pas la paix que je désire tant. (p. 183-184)
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Mary Brave Bird
" Les gens qui ont essayé de nous transformer en Blancs dans l'espoir de "résoudre le problème indien" ne sont revenus sur leur positions que petit à petit, à cause des protestations des intéressés.
L'école de la maison St. Francis a été une malédiction pour ma famille pendant des générations. Ma grand-mère y est allée, puis ma mère et ensuite mes sœurs et moi. Chacune d'entre nous a essayé, un jour ou l'autre, de s'enfuir.Une fois, Grand-mère m'a parlé des sales moments passés dans cet établissement. A cette époque, on ne laissait les élèves retourner dans leur famille qu'une semaine par an. Le voyage aller-retour prenant deux jours, ils ne passaient chez eux que cinq jours sur trois cent soixante-cinq. [...] Tout acte de désobéissance était sévèrement puni par les religieuses. Le bâtiment réservé aux filles où vivait ma grand-mère avait trois niveaux. Tout en haut, sous les combles, étaient aménagées des petites cellules d'environ un mètre cinquante sur un mètre cinquante. Un jour, à l'église, elle joua aux cartes au lieu de prier. Comme punition, on l’enferma dans un de ces petits box, où elle resta une semaine entière avec du pain et de l'eau pour toute nourriture, et dans l'obscurité car les fenêtres avaient été bouchées . Quand on l'en sortit, elle s'enfuit immédiatement en compagnie de trois autres filles. On les rattrapa et on les ramena au pensionnat. Les religieuses les déshabillèrent et les fouettèrent. Elles se servirent d'un fouet de cocher pour fouetter ma grand-mère. Puis elles l'enfermèrent de nouveau au grenier, pour quinze jours.
[...] J'ai eu droit, moi-aussi, à ce genre de traitement. Une fois, j'avais alors treize ans, j'ai refusé d'aller à la messe parce que je ne me sentais pas bien. Une religieuse m'agrippa par les cheveux, me tira jusqu'en haut des escaliers et me fit me pencher en avant, puis elle remonta ma robe (nous n'avions pas le droit à l'époque de porter des jeans), baissa ma culotte et m'appliqua ce qu'elles appelaient les "tapes": trente-cinq coups avec une planche sur laquelle elle avait enroulé du ruban adhésif. Elle m'a fait extrêmement mal."

P. 67 à 69
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"Vous êtes une sous-culture intéressante", m'a déclaré à cette époque un anthropologue à Chicago. Je ne savais pas si je devais le prendre comme une insulte ou comme un compliment. Nous parlions tous les deux anglais mais nous étions incapables de nous comprendre. Pour lui, j'étais un spécimen zoologique intéressant qu'on pourrait ranger quelque part dans un dossier ; pour moi, il était tout simplement ridicule. Mais les anthropologues...c'est toute une histoire!

P.107
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Indiens et Blancs n'ont pas la même notion du temps. Les Indiens ne regardent jamais leur montre, font ce qu'ils veulent quand bon leur semble. Pour certains, ça peut vouloir dire dîner à minuit ou se coucher à midi. Autrefois, nous n'avions ni pendule ni montre ; la nature était notre horloge : si nous voulions nous lever tôt, nous buvions un peu plus d'eau la veille au soir afin que nos vessies nous réveillent le lendemain matin ; le soleil, la lune et les saisons nous disaient l'heure et cette façon d'aborder le temps est encore dans notre subconscient. D'ailleurs le mot "temps" n'existe même pas dans notre langue.
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Parmi nos guerriers, il y avait deux cas particuliers, deux frères, Charles et Robert. C'étaient les arrière-petits-fils du général George Armstrong Custer, que nous les Sioux, en même temps que nos frères Cheyennes, avions balayé à la bataille de la Little Big Horn en 1876. Quand Custer avait attaqué par surprise un paisible village cheyenne sur la Washita, tuant la majorité des hommes, parmi ses prisonniers se trouvait une jeune fille, Maotsi, que les Blancs appelaient Monaseetah. Elle attira l'oeil du général. On lui conseilla de se montrer "gentille" avec lui, sinon il pourrait se montrer dur avec son peuple; et elle venait de voir à quel point il pouvait être dur. Quand Maotsi tomba enceinte, Custer la jeta dehors. Ni elle ni sa progéniture ne l'intéressaient plus. Elle a donné naissance à un fils qui a survécu à la fameuse marche de la mort des Cheyennes. Plus tard, il a épousé une femme sioux et il a rejoint la tribu de son épouse au sein de laquelle il a été adopté.
C'est ainsi que les arrière-petits-fils de Custer, dit Cheveux Jaunes, ont compté des coups contre les Tuniques bleues de 1973. Participer à Wounded Knee, c'était pour eux une façon d'assouvir leur désir de vengeance.
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Comme le disait Crow Dog: "Nous ne voulons pas combattre l'homme blanc, mais seulement le système de l'homme blanc."
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Je n'ai pas peur de mourir. Si je meurs à Wounded Knee, j'irai où sont Crazy Horse et Sitting Bull et nos grands-pères.
Crow Dog
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Un beau tipi est semblable à une bonne mère qui étreint ses enfants et les protège de la chaleur et du froid, de l'orage et de la pluie.
Proverbe Sioux
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Mais on ne peut pas se nourrir éternellement du souvenir des exploits de Sitting Bull ou de Crazy Horse en s'affublant de quelques plumes d'aigle grappillées à leurs légendes. Aujourd'hui, c'est à nous de créer nos propres légendes. Et ce n'est pas facile.
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Certains de nos hommes-médecine ont coutume de dire qu'il faut toujours voir le monde avec le coeur plutôt qu'avec la tête. "Regarde la véritable réalité qui gît en dessous de la réalité factice des choses et des gadgets, me répète toujours Léonard. Regarde avec l'oeil de ton coeur. C'est toute la signification de la religion indienne."
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Depuis Wounded Knee, il était en liberté conditionnelle, et il avait du mal à comprendre ce que lui reprochaient les autorités. Il ne se considérait pas comme un extrémiste, il ne s'intéressait pas à la politique et ne portait jamais d'arme à feu. Il se voyait simplement comme un leader religieux, un homme -médecine. Mais c'est justement pour cela qu'il représentait un danger. Les jeunes Indiens des villes qui parlaient de révolution et brandissaient des revolvers ne trouvaient aucun écho parmi les sang-pur de l'arrière-pays, mais ces derniers, en revanche, pouvaient être sensibles au discours d'un homme-médecine qui leur disait dans leur propre langue: "Ne bradez pas votre terre, ne vendez pas Grand-Mère Terre aux compagnies minières qui extraient à ciel ouvert ou cherchent de l'uranium. Ne vendez pas votre eau." Prodiguer des conseils de ce genre, qui menacent le système, peut vous mener au pénitencier.
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Les Indiennes étaient tenues en plus grande estime que les Blanches. Pendant une bonne partie du XIX ème siècle, la femme blanche n'a pas eu accès à la propriété alors que nos femmes ont toujours possédé le tipi familial _ ou la maison pour les tribus du Sud-Ouest. Les Blanches, quel que soit leur milieu social, ne participaient pas à la vie politique et il a fallu attendre 1920 pour que les Américaines aient le droit de vote ; pendant ce temps, les Iroquoises élisaient les chefs de leur tribu.
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Il me semble que la différence la plus importante entre les Blancs et les Indiens s'inscrit dans la façon dont ils traitent ceux qui sont dans le besoin et dans la conception qu'ils ont des relations humaines. Nous, les Indiens, mêmes pauvres, nous entraidons d'une manière ou d'une autre : un sans-abri peut aller frapper chez n'importe qui, il sera accueilli. Ses hôtes lui offriront leur propre lit et l'inviteront à partager leur repas, sans jamais lui faire sentir qu'ils agissent par charité. C'est une attitude instinctive car nous avons le sentiment d'être tous logés à la même enseigne. Il n'existe aucune distinction de classe. Même un cousin au sixième degré est accueilli comme un parent, membre à part entière du tiyospaye, la famille élargie.
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A New York, par un jour de grand froid, j'ai vu une vieille clocharde couchée sur le trottoir devant une bijouterie de luxe. Un couple bien habillé l'a enjambée pour entrer dans le magasin, faisant comme si elle n'existait pas. Une telle attitude serait impensable sur une réserve indienne. Nous avons nos défauts mais, au moins, nous partageons : pour nous, chacun de nos semblables est un frère ou une soeur que nous accueillons à notre table.
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Comme eux, nous appartenions à des minorités, pauvres et victimes de discriminations, mais il y avait entre nous des différences. Je crois qu'il est significatif que dans beaucoup de langues indiennes, un Noir soit appelé "homme blanc noir". Les Noirs veulent ce que possèdent les Blancs, ce qui est compréhensible. Ils veulent être intégrés. Nous, les Indiens, nous ne voulons pas ! C'est la différence essentielle.
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Venir à Wounded Knee était la chose la plus naturelle du monde.
Chef Frank Fools Crow
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