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Citations de Maryam Madjidi (138)


De "manière provocante" veut dire dans l'intention de violer l'esprit pur et chaste de l'homme qui s'efforce de ne pas être tenté par ces créatures diaboliques mais qui a l'esprit tellement bien placé dans le cul et le sexe des femmes que le moindre poil féminin le fait sortir du droit chemin.
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Je déterre les morts en écrivant. C'est donc ça mon écriture ? Le travail d'un fossoyeur à l'envers.
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Maryam Madjidi
[à propos des Iraniens tués dans les manifestations qui ont en novembre 2019]


J'aurais bien aimé voir l'indignation du monde entier face à cette barbarie, recevoir des messages de soutien et de fraternité, mais, en fin de compte, peu de bruit pour une telle injustice. Que valent tous ces visages anonymes face à la figure sévère et puissante du général Soleimani ? Que valent toutes ces vies assassinées, blessées, emprisonnées, comparées à la raison d'Etat, à ses forces obscures et au grand jeu diplomatique ? Le peuple iranien subit une double humiliation, pris entre le marteau et l'enclume, le marteau iranien, l'enclume américaine ou vice versa, peu importe ; il reçoit des coups sur sa tête de l'intérieur et de l'extérieur. Ses révoltes et ses aspirations à la justice sociale sont étouffées, son besoin de représailles et de vengeance est bafoué.
Humiliation de la part de son propre gouvernement qui depuis plus de quarante ans appauvrit la population.
Les manifestations de novembre ont été provoquées par la hausse du prix du carburant, une hausse de 50% pour les 60 premiers litres et un triplement du prix au-delà. Cela s'appelle la vie chère : 1 kilo de viande coûte environ 16euros à Téhéran, 1kilo d'oranges dépasse 1 euro, 1 kilo de fromage avoisine les 4 euros, 1kilo de riz est à plus de 3 euros. Je me souviens d'une phrase de ma grand-mère il y a quelques semaines : "Les morceaux de viande dans le ragoût sont aussi difficiles à trouver que la justice dans ce pays."


dans "Le 1" n°280 du mercredi 22 janvier 2020
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Maryam au fond d’elle, a un peu honte de la langue de sa mère. Elle voudrait que sa mère lui parle dans la langue de l’école. Elle ne veut pas être différente des autres.
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Maryam doit quitter le pays où elle est née.
Le père et la mère de Maryam ont décidé de quitter le pays
Où ils sont nés.
Ils doivent partir ailleurs pour vivre librement, pour vivre
Sans avoir peur de l’avenir.
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Un matin, Maryam a pris l'avion et elle est arrivée dans un nouveau pays.
Elle est arrivée Ici.
Ici: c'est le pays où elle vit, c'est le pays où nous sommes.
Là-bas: c'est le pays où elle est née, c'est le pays qu'elle a quitté.
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Enveloppe-nous, fais taire les cris du monde, parle-nous encore.
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Je voudrais passer ma vie à récolter des histoires. De belles histoires. Dans un sac, je les mettrais et les emporterais avec moi. Et puis au moment propice les offrir à une oreille attentive pour voir la magie naître dans le regard. Je voudrais semer des histoires dans les oreilles de tous les êtres.
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je dois parler cette langue que je veux taire parce qu'elle sent le deuil et la séparation.
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Ils nous ont volé notre révolution.
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Ma mère porte ma vie mais la Mort danse autour d’elle en ricanant, le dos courbé ; ses longs bras squelettiques veulent lui arracher son enfant ; sa bouche édentée s’approche de la jeune femme enceinte pour l’engloutir.
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« La langue prend forme dans le secret de ma bulle, de mon monde intérieur, mon placenta à moi. »
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"Nous continuons d'observer, d'abord en silence, et chacune son côté. C'est toujours ainsi que nous procédons. nOus devons digérer ce que nous voyons puis nous commentons, nous échangeons, nous partageons nos impressions. Parfois, nous déduisons des choses passionnantes sur l'existence, la vie et la mort. Nos observatios nous emportent très loin. Je me souviens de ce vers de hafez qui disait :"assieds-toi sur les bords d'un ruisseau, et vois le passage de la vie..."
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" Je deterre les morts en écrivant. C'est donc ça mon écriture ? Le travail d'un fossoyeur à l'envers. Moi aussi j'ai parfois la nausée,ca me prend à la gorge et au ventre. Je me promène sur une plaine vaste et silencieuse qui ressemble au cimetière des maudits et je déterre des souvenirs, des anecdotes, des histoires douloureuses et poignantes..."
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Je savais que je leur ressemblais. Malgré moi, malgré mon déni, mon refus de les accepter comme des frères. Ils étaient mes frères. Mes frères de misère, d'exil, de nostalgie, de tout ce que nous portions sur nos petites épaules d'écoliers, et ce poids nous l'avions en partage et nous devions avancer avec ça. Parfois, j'avais l'impression que dans nos cartables c'étaient pas des stylos, feutres, livres et cahiers qu"on portait mais un tas d'histoires pas très drôles et beaucoup de visages disparus.
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Il était une fois le ventre de la mère
Une fille pousse dans le ventre d’une femme.
— Non, tu n’iras pas manifester, t’es une femme et c’est dangereux.

Son frère aîné vient de lui flanquer une grosse gifle. Elle ne dit rien mais elle plante son regard noir de femme obstinée dans ses yeux et elle part lever fièrement le poing dans la rue et mêler sa voix à la voix de la foule en colère. Elle recevra bien des gifles encore et des insultes aussi mais rien ne peut l’arrêter à vingt ans, ni les gifles du frère ni sa grossesse ni même la peur d’être tuée.

1980 – Université de Téhéran

Un nuage de fumée au loin, des coups de feu, des cris.
J’ai peur, je sens le danger et je me recroqueville un peu plus au fond du ventre mais ce ventre va vers la mort, poussé par une force irrépressible.
La jeune mère court dans les couloirs d’une université. Elle manque de tomber: elle a failli glisser sur une flaque de sang dont la trace mène jusqu’à une salle de cours d’où sortent des hurlements déchirants.
Elle s’approche et regarde. À travers la porte entrouverte, elle voit une jeune fille allongée sur une table, un homme tente de la violer. À côté d’elle, par terre, un jeune homme à qui on brise le crâne à coups de bâton. Elle met la main sur sa bouche pour étouffer un cri d’épouvanté.
Elle est affolée et ses jambes tremblent.
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Des feuilles volent partout, des feuilles de cours, des fiches d’inscription, des dossiers. Les pages des livres sont déchirées ; des étagères entières sont renversées ; des mains fouillent dans les tiroirs; des bouches hurlent. Les voiles des femmes sont piétinés ; des mains arrachent leurs cheveux. Les femmes sont traînées par terre, elles se débattent comme elles peuvent et les hommes qui les traînent les traitent de sales putes. Ces hommes ont les yeux injectés de sang et brandissent des bâtons plantés de clous. Ils hurlent « Allah Akbar ».
Le bruit d’un crâne qu’on brise.
Elle court toujours mais ne parvient pas à trouver la sortie. Elle voit des jeunes tomber par terre ; elle entend des cris, ses oreilles saignent ; elle voudrait disparaître – devenir aussi petite qu’une fourmi – et se faufiler dans un coin avec son bébé.
Son bébé. Soudain, elle prend conscience qu’elle est enceinte.
Ma mère porte ma vie mais la Mort danse autour d’elle en ricanant, le dos courbé ; ses longs bras squelettiques veulent lui arracher son enfant ; sa bouche édentée s’approche de la jeune femme enceinte pour l’engloutir.
Deux hommes l’ont vue, au bout de leurs bras pendent des bâtons cloutés, ils avancent vers elle. Une fenêtre est ouverte.
Enceinte d’un bébé de sept mois, elle doit sauter du second étage, hésite, se retourne et son regard se fixe sur ces bâtons ; elle sent déjà les clous s’enfoncer dans sa chair.
Elle saute.
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La pierre
Un homme est assis, seul, dans une cellule.
Il tient dans une main une pierre, dans l’autre une aiguille à coudre.
Il creuse la pierre avec la pointe de l’aiguille.
Il grave un nom.

Chaque jour, il taille, il sculpte ce nom dans la pierre. Ça lui évite de perdre la raison dans sa prison.
Ce nom, c’est Maryam. Elle vient de naître et pour tenter de combler son absence auprès d’elle, il lui fabrique un cadeau qu’il espère lui donner un jour.
Il a trouvé cette pierre dans la cour de la prison et en cachette, il a réussi à dérober une petite aiguille à coudre.
Une manière de dire qu’il pense à elle, à ce bébé qui n’a que quelques jours et la vie devant soi.
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La petite fille de six ans et sa mère sont à la maison. La petite fille regarde sa mère, qui regarde par la fenêtre. La mère parle de moins en moins. Sa langue est réduite à la communication minimale, aux échanges utiles et vides du quotidien.
[....]
Déjà en Iran, les rêves de la mère disparaissaient peu à peu. En France, le peu qu'il restait tombait évanoui, un par un, sur la moquette de la chambre, juste en dessous de sa chaise.
Lambeaux de son exil forcé. Ses projets, ses ambitions, ces petits bouts de rien auxquels on tend et qui construisent une vie. Tout s'effritait et je te voyais t'effacer peu à peu, devenir de plus en plus floue, les traits de ton visage s'estompaient, ta voix devenait de moins en moins audible, tes gestes avaient la lenteur des personnages apparaissant dans les rêves, ni tout à fait réels, ni tout à fait des chimères.
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Les pages de mes livres d'enfants que les doigts de ma grand-mère tournaient sous mes yeux conquis et pleins de lumière, mes yeux qui s'émerveillaient de la magie des histoires contées, la beauté des mots alignés, les mots qu'ils faisaient surgir dans mon monde.
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