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Critiques de Maureen Demidoff (47)
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Portraits de Moscou

Passionnée depuis des années par la Russie, j’ai eu envie de lire ce guide sur Moscou composé de témoignages personnels d’étrangers mais aussi de Russes venant d’horizons variés qui ont séjourné ou travaillé plusieurs années dans cette ville.

« Ici, tu sens très vite qu’il n’y a pas de limite.  Tu peux faire tout et n’importe quoi. Bien sûr, Moscou est une ville d’excès où il y a du danger, mais nulle part ailleurs on a cette sensation de liberté. Je pense que c’est une ville comparable à New-York. » (Arnaud Eppler employé dans une entreprise française) 
Cela permet d’avoir une vision bigarrée des différents aspects de la ville et de l’ambiance qui y règne. Chacun donne, après avoir fait part de son expérience moscovite personnelle, une liste des lieux dans lesquels ils ont aimé se rendre, où ils ont pris leurs habitudes.

« J’aime particulièrement les musées et les maisons d’artistes ou d’écrivains à Moscou. En fait, j’aime surtout les mamies qui sont postées dans les pièces de ces musées et qui surveillent, tels des dragons, les visiteurs. Elles sont prêtes à leur taper sur les doigts s’ils touchent ou effleurent un objet.  Elles savent absolument tout sur les pièces qu’elles gardent, elles sont la mémoire vive des lieux. » (Cécile Rogue, originaire de Rennes, mariée à un russe)



J’en retiens que, malgré des déceptions passagères, parfois douloureuses

(« Un soir, après être allée à l’hôpital, ma femme a vu tomber sa mère sur le plancher de la cuisine où elles buvaient le thé. Rupture d’anévrisme.  L’ambulance est arrivée, les hommes ont constaté le décès puis sont repartis en laissant le corps sur le sol. Cela ne les concerne plus puisque la patiente était morte… » nous raconte Gilles Chenesseau qui vit depuis 28 ans à Moscou), qui ont pu survenir au cours de leur séjour et selon leur difficulté à s’intégrer, tous s’entendent pour avouer leur attachement profond à Moscou et aux russes qu’ils ont rencontrés, la manière dont ils se sont laissés captivés et apprivoisés.

Au final, il y a ceux qui ne voudraient plus repartir et ceux qui ne peuvent s’empêcher d’y revenir. Le tout donne un guide différent, vivant.





J’ai pensé à Olivier Rolin qui lui-aussi dans « Le météorologue » dit :

« … qu’est-ce qui m’intéresse dans ce pays, la Russie, qui fait si peu d’efforts pour être aimable…?

(…) Et pourtant, depuis bientôt trente ans, je m’entête à y revenir. Alors ? Depuis mon premier voyage là-bas, en 1986, dans ce pays qui s’appelait encore l’URSS, j’ai bien dû y retourner plus de vingt fois. (…) À la fin du petit livre que j’avais écrit…, « En Russie », je me demandais si j’éprouvais quelque émotion au moment de quitter un pays dans lequel je n’avais « aucune raison de revenir jamais » : des raisons, il faut croire que j’en ai trouvé depuis.

Il n’est aucun pays du monde que j’aie, en fin de compte, fréquenté si assidûment.

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La tête et le cou

Images multiples de la Femme russe.



14 femmes (et un homme psychanalyste, pour la hauteur de vue) mêlent leurs voix pour nous décrire la société russe en plusieurs générations. Des récits qui nous entraînent dans l'intimité d'une population qui a subi des fractures majeures durant le 20ème siècle, voyant par deux fois s'écrouler un système politique pour le pire et le meilleur.



Les femmes russes, largement majoritaires démographiquement, forment un socle inébranlable, endurantes dans l'adversité du quotidien, reines de la débrouillardise et de la survie. Elles sont néanmoins différentes à l'image de leurs histoires personnelles, mais toutes combattives, exigeantes, conformistes, fatalistes, nostalgiques, toujours réalistes.

Dans tous les domaines, pour elles, la fin justifie les moyens.



Certaines expriment une nostalgie de l'époque soviétique, évoquent des souvenirs heureux et une grande fierté pour leur pays, ce qui peut paraître incroyable pour nous, occidentaux. Mais il faut bien mettre de côté nos visions angéliques de la démocratie et comprendre ce qu'a été, pour la population russe, le libéralisme sauvage des années 90.



Lauren Demidoff leur a donné la parole, intriguée par un constat étonnant: jamais elles ne parlent d'amour et sont souvent déçues par les hommes, surtout ceux qui ont subi la période de transition. Elles ont même la dent très dure envers la gente masculine.

Le décryptage du psychanalyste en est très éclairant.



Elles sont d'un pragmatisme confondant sur la vie de couple et la notion du bonheur familial. Elles évoquent leur rôle, leur statut au sein de la famille, la nécessité de pallier aux incapacités des hommes (ou à leur disparition) dans une culture traditionnellement patriarcale mais dans les faits organisée par les femmes.

Elles parlent métiers, éducation, religion, réussite et patriotisme tout en ayant un oeil admiratif et/ou critique sur la politique de Poutine et la montée du nationalisme.



Un livre formidable, touchant, dramatique, parfois cocasse et surtout explicatif. Une étude sociologique et historique passionnante, aux multiples facettes de ressentis et compréhension, qui se lit comme un roman.



Sélection Document du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018

Rentrée Littéraire 2017
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Moi, Marie-Madeleine

A l'époque de Marie-Madeleine, les femmes devaient se soumettre au père, au mari et au frère lorsqu'elle devenait veuve. La seule considération était apportée par sa faculté d'enfanter des garçons. Dans la mentalité de l'époque, les disciples avaient difficile de faire place à Marie-Madeleine. Jean était le plus conciliant, Pierre rejetait fermement Marie-Madeleine.



Les femmes adultères étaient lapidées.



Les sermons de Jésus animaient les hommes d'une réflexion nouvelle, provoquaient des querelles et dérangeaient considérablement le juifs pieux. Les palestiniens voyaient en Jésus un homme qui allait les libérer du joug romain. Ils se trompaient car Jésus leurs promettait un royaume éternel gouverné par l'amour et le pardon.



Lorsque son époux la répudia, Marie-Madeleine voulu suivre Jésus. Ce prophète montrait qu'il traitait hommes et femmes, riches et pauvres, jeunes et vieux sur un total pied d'égalité. Ce Jésus n'avait pas jugé Marie-Madeleine, il avait plutôt posé sur elle un regard bienveillant. le père de Marie-Madeleine lui donna une somme importante correspondant à ce que son époux avait donné pour se dédouaner de la répudiation et avec l'acceptation du père, elle suivi celui qu'on nommait le Nazaréen. Les femmes qui suivaient Jésus assuraient l'intendance. Jésus considéra les femmes à l'égal des disciples. Les conventions sociales n'étaient pas celles de Jésus. Jésus écoutait les femmes. Il leurs permettait de dire et faire sans accord préalable du père, du mari ou du frère.



Les samaritains avaient mauvaise réputation. Ils étaient considérés comme des hérétiques. Ils faisaient l'objet d'une haine. Pourtant au puis, Jésus à parlé à une samaritaine. Il en a fait une messagère qui transmettrait en Samarie l'avènement du royaume de Dieu sur terre.



Jésus savait Marie-Madeleine profondément fidèle, capable d'aimer largement jusqu'au plus miséreux. Cela était une preuve de la foi inébranlable de Marie-Madeleine au message de Jésus. Jésus avait choisi Marie Madeleine, comme il avait choisi les douze, pour la transmission de ses enseignements. Il avait vu en elle la capacité d'aimer.



Jésus était prêt à abattre l'ordre social. Les grands prêtres, pharisiens, scribes et esséniens prirent peur.



La progression vers la passion

Jésus fut arrêté dans le jardin de Gethsémani, livré par l'un de ses frères, qui le désigna d'un baiser aux soldats romains. Tribun et prêtres juifs tenaient enfin ce rebelle qu'ils détestaient tant. Jésus devait être jugé. Pilate avait douté. Pourquoi crucifier ce Nazaréen ? Après tout, qu'avait-il fait en dehors d'agacer les prêtres Juifs ? L'assistance juive criait avec insistance : « Crucifiez-le ! » La peine infamante de la croix fût décidée, celle réservée habituellement aux esclaves criminels, brigands. Dans ce contexte Jésus meurt sur la croix. Les femmes sont au pied de la croix mais pas un disciple homme à l'exception de Jean.



Le tombeau est vide. Jésus est ressuscité

Marie-Madeleine sera la première à le constater et à en témoigner à l'Eglise chrétienne naissance. Sur ce, pouvez-vous dire chrétien d'aujourd'hui que les femmes ne tenaient pas de place auprès de Jésus qui annonçait le royaume de Dieu ? N'est-ce pas un fait qui peut étayer l'accès des femmes à la prêtrise ?



La page Evangiles se referme sur l'apparition aux disciples d'Emmaüs. Jésus tape sur le clou, il insiste sur le fait qu'il est bien ressuscité.



Maureen Demidoff nous livre un roman, une fiction reposant sur les textes canoniques. Elle éclipse, volontairement sans doute, un femme adultère, une prostituée. Pour Maureen Demidoff, les textes d'Evangiles sont des éléments racines pour imaginer son récits. Permettez-moi de corriger une erreur, les premiers arrivés au tombeau du Christ sont d'abord Marie-Madeleine, ensuite Pierre y est entré puis Jean.



J'ai lu en 2022 : « Marie de Magdala » de Patrick Banon qui s'appuie sur les Evangiles apocryphes ― et je lui donne raison ― pour dire qui était Marie de Magdala. Il reprend les chapitres et versets des auteurs mentionnant Marie de Magdala, ce qui donne consistance à son texte.



J'ai également lu en 2021 « le Christ Philosophe » où Frédéric Lenoir donne une magnifique interprétation de sens à saisir du Christ qui rencontre la Samaritaine au puis de Jacob. (Jn 4)



Je trouve assez riche de croiser les données pour parfaire son opinion.



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Le contrat

« Quand tu auras 20 ans, nous nous marierons », ainsi commence ce livre, car , alors qu’elle a à peine 7 ans, ses parents viennent de la fiancer à l’Épervier, un homme de plus de 30 ans son aîné qui vient juste d’être condamné à 13 ans d’emprisonnement pour une sombre histoire d’extorsion. Mais le plus important est que l’homme en question soit riche et puissant. Ainsi, devant tous les habitants du petit village au pied des montagnes, la parole est donnée et le contrat scellé.

Les années passent et l’Épervier s’envole de prison… C’est un déshonneur pour la famille de Nina qui se retrouve « mise au banc » de la vie du village. La jeune fiancée est ainsi éloignée pour retrouver un peu de paix, on l'envoie faire des études à la ville. Vous penserez certainement comme moi, qu’au final c’est un mal pour un bien mais cela serait sans prendre en compte 2 facteurs essentiels : la tradition et l’honneur. Car loin de se féliciter de cette liberté retrouvée, la jeune femme va se lancer à la recherche de l’oiseau évadé afin de l’obliger à l’épouser et à ainsi respecter le contrat.

C’est un livre que j’ai trouvé extrêmement intéressant car je dois bien dire que je n’avais jamais lu de livres abordant ce sujet de ce point de vue là. Ainsi, l’on comprend ici que dans certaines communautés, l’honneur et les traditions passent encore avant tout : Nina a beau être une jeune femme instruite et moderne, le poids de celles-ci pèse si fort qu’elle serait prête à se sacrifier pour elles.

C’est vraiment une lecture qui m’a marquée car bien évidemment je suis très loin des préoccupations de Nina et il m’est difficile d’imaginer qu’on puisse volontairement s’enchaîner pour se conformer aux traditions.

Un livre à découvrir !
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Le contrat

C'était il y a 11 ans. Les parents de Nina ont conclu un contrat avec l'Entrepreneur: il l'épousera quand elle aura 20 ans. Aujourd'hui, Nina a 18 ans, vient de terminer le lycée et l'Entrepreneur, surnommé l'Epervier, s'est enfui de la prison où il était incarcéré; personne ne sait où il se trouve. Pourtant, le contrat est une dette d'honneur, pour leurs deux familles. Nina est donc bien décidée à le retrouver pour faire sortir sa mère du lit où elle s'est réfugiée quand elle a compris que l'Entrepreneur ne reviendrait pas.



Je pense que ce n'est pas un roman à lire au premier degré. Parce que si on s'en contente, l'intrigue a peu de sens et est complètement farfelue.

Pour ma part, je l'ai plutôt vue comme une allégorie du paraître, des faux-semblants, des apparences.



"N'oublie jamais que nous ne sommes que ce que les autres disent que nous sommes". C'est par cette phrase de la mère que pourrait se résumer ce premier roman de l'autrice.

Nous ne saurons jamais où se passe l'intrigue, nous saurons juste qu'on est à la fin des années 90.

En ville, Nina est une jeune femme comme toutes les autres, qui s'inscrit à l'université, se fait une amie de sa voisine dans la cité universitaire,... En miroir, c'est la montagne, milieu hostile, où se niche tout un village dans lequel Maureen Demidoff fait jouer les ressorts d'une tragédie. Une mère qui se terre dans son lit depuis des années pour échapper au regard du village. Ce village qui est toujours représenté comme un choeur qui médit, qui scrute, qui épie, qui se gausse, qui se moque, qui juge. Une mère qui rejette sur sa fille, dont elle ne supporte plus la présence, sa déchéance et la perte de son honneur.

Le noeud de la délivrance, pour tous, se limitera à sauver les apparences, à recréer l'illusion d'un honneur retrouvé et d'un futur prospère.



La plume de l'autrice, quant à elle, s'enrichit au fur et à mesure que Nina gagne en assurance, aussi comme un effet miroir. Dans les premiers chapitres, les phrases sont courtes; sujet-verbe-complément-point qui s'enchaînent. Et puis doucement, les adjectifs et les adverbes arrivent apportant plus du corps aussi bien au récit qu'à la forme de celui-ci.



Je remercie Babelio et les ateliers Henry Dougier pour la confiance et la découverte lors de la dernière masse critique.
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La tête et le cou

Un documentaire plaisant à lire qui aborde l’aspect historique, sociologique et humain d’une société souvent énigmatique. Ces femmes sont touchantes et leurs récits nous apprennent beaucoup. Elles nous invitent dans leur intimité, tentent de nous faire comprendre qui elles sont et quels sont leurs combats.

Pas de langue de bois quand il s’agit de parler politique, elles assument leurs opinions, et leur patriotisme frise parfois le nationalisme. Il y a une vraie rage de vivre chez elles, mais leur univers est aussi dur et cynique. Pas de place pour la mièvrerie ou les grands sentiments l’amour est plus que secondaire, c’est le pragmatisme qui prime. Ce qu’elles recherchent c’est la sécurité, la stabilité, un homme avec une bonne situation sur qui se reposer. Ce qu’elles veulent c’est un homme, un vrai et à leurs yeux cela n’existe plus en Russie (sauf Poutine qui semble être la référence en matière d’homme). D’après elles il ne reste que des hommes faibles, alcooliques, dépressifs, bref rien à voir avec leur idéal.

Malgré l’honnêteté dont ces femmes font preuve une certaine distance et une certaine froideur demeure dans ces témoignages, peut être le fruit d’une forme de fierté, ou peut-être est-ce là l’une des manifestations de la mystérieuse « âme Slave ». J’ai trouvé les deux derniers témoignages particulièrement intéressants, a contrario certains ne m’ont pas marqué et me sont plutôt apparus comme redondants. Je regrette également que l’intervention du seul homme ayant participé à cet ouvrage se place uniquement du point de vue professionnel du psychanalyste. J’aurais aimé qu’il nous donne son avis en tant qu’homme, voire qu’il plaide leur cause, au moins qu’il prenne position.

Il est évident qu’on ne peut pas comprendre la Russie à la seule lecture de ce livre mais c’est un angle de vue inattendu et intéressant.
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Moi, Judas

Très belle découverte, très beau livre.

J apprécie beaucoup l idée de faire raconter Judas,de lui permettre de nous donner sa version des événements.

Les peintures qui sont insérées au fil du récit sont très jolies et intéressantes.

Judas sera ou non réhabilité selon votre point de vue.

A lire
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Le contrat

Quelle jolie découverte que ce premier roman de Maureen Demidoff, "Le contrat", reçu via les Editions Ateliers Henry Dougier, dans le cadre de l'opération Masse critique de septembre.

Une histoire de mariage arrangé, dans un village reculé d'Albanie, où Nina, petite fille de 7 ans, est promise pour ses 20 ans, à un homme, riche et puissant, de 30 ans son ainé. Un contrat moral et financier passé entre les deux familles, qui tourne au drame quelques années plus tard, avec la disparition du futur gendre. 

À l'aube de ces 20 ans, Nina part en quête de cet époux fantôme, avec courage et détermination, pour sauver l'honneur de ses parents.  



🅼🅾🅽 🅰🆅🅸🆂 

💍 Je me suis laissée surprendre par cette histoire, délicieusement contée. Un subtil mélange entre roman contemporain et policier qui m'a enchantée.

Une lecture très agréable, rythmée par des chapitres courts. Des paysages bien dessinés, des personnages bien croqués.

Une intrigue passionnante où Nina, jeune femme moderne et attachante, nous embarque dans ses recherches et nous tient en haleine jusqu'au bout.  

Et pour couronner 👑 le tout, une fin originale, avec un joli pied de nez à la vindicte populaire.  

🙏 Merci à Babelio et aux Editions Ateliers Henry Dougier de m'avoir permis de rencontrer cette talentueuse autrice.
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Le contrat

J'ai reçu ce livre grâce à la masse critique de Babelio et je remercie le site et les éditeurs pour cet envoie.



C'est un tout petit livre qui se lit très rapidement (250 pages à peine). Le synopsis me plaisait car on y comprends qu'il va y avoir un mariage arrangé qui est déjà prévu dès l'âge de 7 ans. Alors je me suis dit : "super, cela va être un livre émouvant, sur les conditions des femmes, le poids des traditions familiales...".



Et en fait... même si les traditions familiales, le regard des autres personnes dans le village sont très présents, il n'y a aucune émotion, aucun tiraillement du personnage principal entre la vie qu'on lui impose et la vie choisit. D'autant plus que la vie choisit, Nina y goûte puisqu'elle a l'occasion de poursuivre ses études et d'aller en ville ce qui à l'air de bien lui plaire.



Le personnage principal, Nina, veut et est convaincu de devoir honorer sa famille. Jusque là, je peux comprendre car elle veut honorer la promesse faite et que sa famille retrouve sa place dans le village car elle est déshonorer (le mari qui lui était promis à disparue).

Mais je trouve dommage que Nina, malgré sa volonté de retrouver son futur mari ne soit pas aussi tirailler par l'idée de le voir et de devoir se marier avec lui (alors qu'il à 30 ans de plus !!!).



J'ai aussi eu beaucoup de mal à situer géographiquement l'histoire. Et cela peut être bizarre mais ça m'a gêner également car du coup on ne comprend pas toujours d'où viennent ces traditions. Alors il est plusieurs fois évoquer "les montagnes" et "un livre qui sert de référence au village pour résoudre des conflits" mais peut-être n'avais-je pas les références pour bien comprendre ? J'ai trouvé ça assez frustrant que le contexte ne soit pas bien expliqué.



Elise__♥
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Le contrat

Nina a 18 ans et des rêves plein la tête. Enfin, un rêve surtout : retrouver l'Epervier.



Et qui est cet oiseau ? Son fiancé. Un entrepreneur riche et puissant. Un parti de choix. Selon les critères des parents de Nina. Peu importe qu'à l'époque des fiançailles, Nina n'avait que 7 ans ou que son promis ait été condamné à 13 ans de prison.



Dans les montagnes d'Albanie, un entrepreneur est un homme important et surtout une promesse a été conclue : le mariage aura lieu aux 20 ans de la jeune femme.



Seulement, le fiancé s'évade de prison et les années passent sans nouvelles de lui. L'honneur de la famille est bafoué, elle devient la risée du village. Une seule solution pour Nina : retrouver cet homme.



Ce premier roman de Maureen Demidoff est un joli portrait d'une région dans laquelle l'honneur, le regard des autres est d'une importance capitale.



Face à cela, Nina qui fait des études se trouve tiraillée entre deux mondes, deux possibilités : tout faire pour que la promesse soit honorée, allant à l'encontre de ses désirs pour satisfaire ses parents, ou bien tourner le dos à son passé et ses racines pour accéder à sa liberté.



Ce roman se lit avec plaisir, le style de l'auteure est fluide et agréable. Je regrette seulement que les personnages secondaires n'aient pas été davantage creusés, pour que l'on en apprennent davantage sur eux.



Au final, cela reste une jolie découverte et je suivrai avec attention les prochaines publications de l'auteure.
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Le contrat

N° 1531

Le contrat – Maureen Demidoff – Ateliers Henry Dougier.



Tout d’abord je remercie les Ateliers Henry Dougler de m’avoir fait parvenir ce roman.



Avec ce livre le lecteur plonge dans la tradition albanaise des mariages arrangés. Nina, sept ans, fille unique, est promise par sa mère à un homme de quarante ans, riche et puissant, mais elle doit attendre d’avoir vingt ans pour la cérémonie. D’ici là sa future belle-famille devra s’occuper de ses parents pauvres. Vu avec nos yeux de Français, cela peut paraître archaïque mais c’est une coutume ancrée dans la société et d’autant plus forte qu’elle est scellée devant tout un village rural qui en est le témoin. C’est une question d’honneur et surtout de honte en cas de non respect de la parole donnée. Quand le futur mari est condamné à treize ans de prison puis s’évade, les parents de Nina se considèrent toujours tenus par cette transaction alors que la famille de son futur mari s’en estime déliée en l’absence du fugitif. Dès lors Nina est rejetée par sa mère qui voit disparaître, avec ce mariage qu’elle souhaitait, l’assurance de sortir de sa pauvreté et son entretien à vie. Elle part faire des études à la ville, en revient diplômée, ira plus tard à l’université, mais souhaite, en recherchant cet homme, parfaire ce « contrat » qu’elle n’a pas pour autant signé personnellement. J’imagine que cette jeune fille, belle, instruite, moderne, libre, pourrait trouver un mari de son âge et de son niveau intellectuel ou simplement fuir, choisir de vivre dans l’anonymat de la ville ou profiter de la vie comme l’y incite Lucia, son amie, mais sa démarche me paraît inspirée, certes par le respect de cet usage ancestral, mais surtout par l’amour qu’elle porte à son père soumis à une épouse dominatrice qui ne pardonne pas à sa fille cet échec dont elle n’est cependant pas responsable. Elle entend même instiller en elle une culpabilité judéo-chrétienne et entretient un état valétudinaire constant face au quant-dira-t-on du village alors que si ce mariage se faisait, il ne ferait en réalité qu’unir deux familles miséreuses !

A titre personnel, Nina entame des recherches d’autant plus étonnantes que cet homme n’a plus aucune aura pour elle. Elle prétend, dans ce texte écrit à la première personne, comme une confidence, qu’elle veut revenir au village pour retrouver ses racines et son identité, mais en réalité il y a de la fierté dans son geste : retrouver cet homme et en faire son mari, non seulement pour redonner l’honneur de sa famille mais surtout pouvoir se pavaner à son bras devant tout ce village où tout se sait, après avoir assumé le destin de ces jeunes filles qui attendent patiemment leur futur mari. C’est d’autant plus étonnant que lorsqu’elle le trouve enfin, c’est non seulement un repris de justice fugitif qu’elle rencontre et qui ne veut plus de ce mariage, mais c’est surtout un vieillard miséreux, abandonné de tous et qui a perdu de sa superbe d’antan. Est-elle attirée par lui à cause de la pleutrerie d’un père inexistant ou d’une éventuelle fascination pour les mauvais garçons ? Elle est rejetée par lui comme elle l’est de chez ses parents. Reste sa mère et sa future belle-mère qui ne songent plus qu’à assurer leurs vieux jours. Il y a un mystère autour de sa mère qu’elle baptise de noms peu élogieux, mais surtout de son père qui n’ose affronter son épouse et ce jusqu’à souhaiter le départ de sa fille qu’il aime cependant.

Je comprends mal Nina qui a tant besoin des autres pour s’épanouir, qui est une jeune fille libre et qui cherche à s’enfermer dans un mariage quelque peu contre nature à cause d’une parole donnée par un autre et le respect d’une tradition anachronique. En retrouvant cet homme, elle risque le kidnapping et peut-être pire, mais elle n’hésite pas. Je ne suis que très peu entré dans cette histoire dont on devine aisément la fin à double détente, d’une part en forme de pantalonnade où personne n’est dupe et où la police est ravalée à un rôle de figuration et de collaboration des plus douteuses et d’autre part à une forme de « happy end » un peu trop facile.

Il s’agit d’un premier roman qui se lit facilement, et donc d’une fiction de cette auteure qui s’est par ailleurs signalée notamment par des ouvrages documentaires sur la société russe (« La tête et le cou », « Portraits de Moscou», « Vivre la Russie »). Le livre refermé je me rends compte que j’ai eu beaucoup de mal à en suivre à la fois les méandres et à adhérer à cette comédie. Cela vient sûrement de moi !
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Le contrat

Nina a sept ans quand sa mère lui annonce, à vif, que tout est planifié : elle se mariera à vingt ans avec un homme bien plus âgé qu’elle. Il est riche mais sa richesse n’a rien à voir avec le facteur travail. Il se dit que c’est un escroc notoire.

Mais un beau jour le futur mari promis disparaît, sans laisser ni trace ni message. Il s’évade de la prison où il devait purger une peine de treize ans. Cette soudaine disparition suscite de vives réactions au sein du village et la mère de Nina est complètement anéantie, jusqu’à la maladie. Une seule question les hante tous : reviendra-t-il pour honorer sa promesse ?



« Je veux seulement me réconcilier avec l’endroit d’où je viens. Je suis le village et sa poussière, je suis les ragots des vieilles femmes, je suis aussi l’ambition et l’orgueil de ma mère, et la faiblesse de mon père. »



Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Nina décide de le retrouver. Non, pas pour elle. Pour ses parents. Au détour d’une discussion vive avec son père, elle découvre que ce mariage arrangé est un contrat : promettre leur fille dès 7 ans à cet homme leur vaudrait une vie plus confortable jusqu’au mariage. Une monnaie d’échange. Mais Nina décide de quitter la maison pour aller à l’université, non sans promettre à ses parents de revenir si son prétendant venait à réapparaître.

On pourrait penser que cette disparition simplifierait les choses, que Nina se sentirait libérée… il n’en est rien. Pour elle, sa priorité, cst l’honneur, celui de sa famille. Elle est prête à tout, même à faire semblant…

Dans son roman, Maureen Demidoff traite d’un thème complexe mais à travers sa protagoniste, le regard qu’on lui porte est différent. J’ai été saisie par les émotions que j’ai ressenti mais surtout par son rythme. J’ai eu l’impression d’être prise au piège dans une course effrénée, dans sa quête de celui à qui elle a été promise.

J’ai aimé l’histoire, j’ai apprécié l’écriture, j’ai été absorbée par son suspens… J’ai couru avec elle, nous avons parcouru ses montagnes ensemble… J’ai eu un coup de coeur !
Lien : https://littelecture.wordpre..
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La tête et le cou

L’auteur, qui a vécu plusieurs années en Russie, nous conte la vie de quelques femmes russes d’âges et d’origines diverses. Le livre se compose de courts chapitres, intitulés du prénom de chaque femme présentant les grandes lignes de sa vie et quelques anecdotes à la première personne du singulier.

J’ai eu de la peine à ressentir de l’empathie pour ces femmes, qui ne sont pratiquement pas décrites et qui finalement se ressemblaient toutes dans mon esprit. Beaucoup d’entre elles ont souffert du régime et de l’absence des hommes, de leurs pères en particulier que plusieurs d’entre elles n’ont pas connus.

Je me suis demandé si le postulat de ne faire parler pratiquement que les femmes était judicieux, dans la mesure où les témoignages finissent par devenir répétitifs et ne peuvent rendre compte que d’un point de vue de la relation hommes-femmes. Il y a certes un homme à la fin de l’ouvrage, qui m’a semblé bien isolé et qui ne parle qu’en tant que psychanalyste, tout en livrant en partie sa biographie dans un exercice assez confus. Pourquoi choisir un homme pour juger ce livre d’un point de vue pseudo scientifique ? Je n’ai pas bien compris ce qu’il fabriquait là et n’ai d’ailleurs trouvé ses explications ni limpides, ni bien écrites, ni même structurées (sans parler des fautes d’orthographe). La postface est certes intéressante, mais trop statistique à mon goût et, de ce point de vue, sans aucun lien avec le reste du livre.

J’ai regretté également la forme choisie des témoignages courts à la première personne du singulier, qui font penser à de petites biographies juxtaposées, manquant souvent de profondeur et dans lesquelles l’auteur ne s’implique jamais pour nous expliquer où il veut en venir.

Enfin, le style est très simple et facile à lire, sans grande originalité et très uniforme. Je trouve qu’il n’aide pas non plus à embarquer le lecteur dans ces histoires diverses, qui finalement se lisent avec intérêt, mais sans grand plaisir littéraire.

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Le contrat

Grosse déception avec ce roman "le contrat" de Maureen Demidoff, que j'ai demandé lors de la dernière masse critique Babelio.

En lisant le résumé, "Nina a sept ans lorsqu'elle est promise à un homme", je pense qu'il s'agit d'un livre sur la condition féminine, les mariages arrangés, les traditions familiales" mais pas du tout ! On se retrouve avec Nina qui veut sauver l'honneur de sa famille en respectant une promesse et un mariage arrangé alors qu'elle a le choix d'une autre vie car elle fait des études.

Incompréhensible pour moi cette histoire, on ne sait pas trop où l'action à lieu, des désignations vagues, "dans les montagnes", je crois que c'est en Albanie.

Le choix de police d'écriture du livre est difficile à lire et je n'ai vraiment trouvé aucun intérêt à cette histoire. J'ai l'impression d'avoir été trompée en lisant le résumé.



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Le contrat

Pourquoi accorder tant d'importance à l'apparence ?



Nina habite un petit village situé dans le nord de l'Albanie où la parole est sacrée et les traditions anciennes sont toujours d'actualité.

C'est pourquoi, depuis ses sept ans, elle est promise à un homme de presque trente ans son aîné. Il est riche et puissant ; et pour ses parents, c'est tout ce qui compte. « L'affaire » est conclue : quand elle aura vingt ans, elle se mariera à cet inconnu.

Au sein du village, c'est l'effervescence : les habitants voient en cette union la possibilité d'enrichir le village avec de nombreux futurs projets.

Seulement, cet homme va subitement disparaître et ça va être la décadence pour Nina et ses parents, mais aussi pour tout le village.

Nina va subir la méchanceté de sa mère et la lâcheté de son père ; ainsi que la médisance des femmes du village. Aux yeux de sa mère, elle est responsable de la situation, de cette malchance, du déshonneur de sa famille.

Mais où est donc passé le futur époux ? Comment rétablir l'honneur de sa famille ? C'est avec ces problématiques que démarre toute l'intrigue.



J'ai aimé l'écriture de Maureen Demidoff qui est très fluide. C'est facile à lire tant l'intrigue est bien menée, on a envie de savoir le fin mot de l'histoire.



Nina est obstinée et va tout faire pour retrouver les traces de l'homme qu'elle doit épouser. On va suivre sa quête improbable.

Je me suis rapidement attachée à l'héroïne qui fait tout pour que sa mère lui décroche ne serait-ce qu'un sourire. Comment peut-on être aussi dur envers son propre enfant ? Ce récit expose une relation mère/fille complexe, qui m'a bouleversée. L'auteure nous plonge dans une ambiance familiale assez pesante, oppressante et triste. Je suis souvent rester sans voix face à certaines situations.

On embarque dans un monde bien différent de celui qu'on connaît, où faire de la prison est un signe de puissance, où les mots sont sacrés, et où les parents pensent à l'argent avant le bonheur de leur enfant. Dans ce village il est question de semblants et faux-semblants, de mensonges et surtout des apparences. Nina parviendra-t-elle à vivre pleinement et à profiter de la vie ? Deux rencontres lumineuses vont apporter joie et douceur au récit.



J'ai beaucoup aimé ce livre qui n'a rien à voir avec mes lectures habituelles. Les émotions sont très présentes. Cette histoire m'a plu pour son originalité, sa particularité à ressembler à aucune autre. Ce livre est émouvant, énigmatique, addictif. On est vraiment pris dans l'histoire du début à la fin. Une histoire sensible, parfois cruelle, mais une histoire avant tout percutante, abordant le poids du regard des autres, le poids des traditions familiales et des coutumes albanaises.



Cette lecture est déroutante, étonnante ; elle bouscule, parce que jusqu'au bout, les personnages restent fidèles à eux-même. J'étais loin d'imaginer à quel point ce livre allait m'émouvoir. J'en ressors surprise et chamboulée, certes, mais surtout conquise.



Gros coup de cœur pour cet ouvrage de qualité. Je suis plus que ravie d'avoir découvert cette auteure.
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La tête et le cou

Cet essai donne la voix à des femmes russes de trois générations. Elles racontent la Russie qu’elles ont connue, celle qu’elles vivent aujourd’hui. Il n’y a pas de question initiale, il y a un flot de paroles, un discours libre, qui dit quasiment unanimement la nostalgie d’une URSS multiculturelle, l’échec de l’occidentalisation et le soutien à Poutine, symbole d’une force recouvrée. Il y a dans cet essai une idée nécessaire qui est soulevée, et c’est ce qui fait selon moi toute la richesse de ce livre : l’Histoire n’est jamais neutre, et il ne faut jamais cesser de se rappeler que nos livres d’école ne racontent pas l’Histoire mais une histoire : celle de l’Occident.



Quand j’imagine un planisphère, je vois toujours la France au centre, les Etats-Unis à gauche et l’Europe à droite. Je sais que la terre est ronde, mais c’est ainsi que je me représente le monde : centré sur la France. Un américain, lui, est convaincu d’être au centre de la carte, entre l’URSS à gauche et l’Europe, à droite. Nous savons que personne n’est vraiment au centre, tout comme nous savons qu’occidental ne veut pas dire universel. Mais nous l’oublions. C’est ainsi que le livre de Maureen Demidoff fait encore, à l’heure où l’information fait fi des frontières, l’effet d’un tremblement de terre, parce que la voix russe ébranle des certitudes solidement ancrées dans nos consciences occidentales.



Je pense aux réformes Gorbatchev, que nous, occidentaux, jugeons bénéfiques (c’est un ralliement à nos valeurs !), et que les femmes russes interrogées qualifient d’une même voix de déplorables, à Poutine que nous abhorrons, et qui est adoré là bas, et tout aussi fascinant, à la nostalgie partagée par ces femmes nées en URSS, d’une union soviétique multiculturelle en paix, dont nous n’imaginons pas une seule seconde qu’elle ait pu exister. Ces témoignages visent à nous rappeler que le danger ne vient pas de l’ignorant, mais celui qui croit savoir et nous appellent donc à remettre en perspective nos valeurs et nos croyances.



Il y a un autre sujet prégnant abordé par cet essai : celui de la place des hommes et des femmes dans la société russe. Toutes ont le même désir d’homme fort, dominant, mais toutes sont déçues dans leur vie quotidienne. Ainsi, la demi-déification de Poutine apparaît moins étonnante : il représente l’homme idéal, la puissance et la sécurité. Autre fait notable, commun à ces témoignages : le couple ne semble pas lié à une quelconque histoire d’amour : il est désenchanté.



Je reproche à l’auteur de ne pas avoir donné plus de détail ni sur le choix des femmes invitées à témoigner, ni sur leur milieu, ni sur les conditions de l’entretien. A des fins d’honnêteté intellectuelle, et pour renforcer le propos, j’aurais aimé qu’il soit consacré une préface à l’explication des méthodes de sélection et d’entretien. A la fin de l’essai, je ne sais quelles voix j’ai entendues : celle de la Russie tout entière ou purement et simplement celles de quelques femmes sélectionnées de manière parfaitement aléatoire ? Je regrette, et même plus désapprouve absolument l’idée de terminer le livre par un témoignage d’homme, de surcroît psychanalyste. Le symbole est terrible : le sentiment est du côté des femmes, l’analyse du côté des hommes (même si ce n’est sans doute pas ce qu’a voulu signifier l’auteur !). En outre, je ne pense pas que ces témoignages nécessitaient l’œil d’un psychanalyste. Un meilleur éclairage historique ou des chiffres sur la situation des femmes en Russie ou mieux encore, le témoignage de l’auteur elle-même sur ce qu’elle retirait de ce livre, sa conclusion à elle, en tant que femme occidentale, aurait été plus pertinents et auraient fait de ce livre intéressant une référence.

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La tête et le cou

Lire "LA TÈTE ET LE COU" de Maureen DEMIDOFF c'est comprendre d'un seul coup le parcours explosif et incroyablement romanesque de l'histoire de la Russie à partir du XXème siècle et ceci grâce des témoignages de femmes Russes, de ces femmes qui véhiculent l'âme Russe, sa grandeur et sa contradiction.

En cela cet ouvrage est d'une pédagogie implacable, on peut réciter la leçon une fois le livre fermé : l'époque des tsars règne jusqu'en 1918 puis s'efface pour laisser apparaître l'époque soviétique qui se meurt en 1982 pour faire émerger une époque de transition jusqu'en 2000 date de l'arrivée de l'homme fort, Vladimir Poutine. Et les femmes dans cette chronologie ?

Eh bien c'est là tout le sujet de ce livre dans lequel des femmes de tout âge, Ella, Tatiana, Karina, Elena et les autres nous racontent leurs souvenirs à ces différentes époques, leurs visions politiques et surtout leurs cohabitations avec les hommes tout au long de ces terribles transformations historiques. C'est comme si on buvait le thé avec une amie Russe, des amies Russes et que l'on apprenait cette défection de l'homme Russe, cet abandon masculin et cette reprise en main de chaque femme pour continuer à faire exister le pays face à tous les remous et face au reste du monde : bien sûr on comprend d'autant mieux pourquoi le pays adhère aussi unanimement à la politique de Vladimir Poutine. On intellectualise également pourquoi nous ne pouvons pas en tant qu'Européen ou Européenne appréhender cette adhésion comme étant logique et parfaitement légitime pour beaucoup de Russes.

Et surtout quelle révélation que de connaître cette génération perdue, qui a environ la cinquantaine aujourd'hui, élevée sous les préceptes du communisme et jetée en pâture dans un libéralisme sauvage sans la bouée de sauvetage d'un autre système de société possible comme leurs grands-parents ou parents ont pu connaître.

Deux toutes petites remarques cependant : Le témoignage d'un homme, psychanalyste de surcroit qui n'apporte rien au déroulé du livre et qui casse la dynamique littéraire des témoignages des femmes. Et le titre dissuasif, catastrophique d’un point de vue markéting car il peut faire penser à un traité d’orthopédie ou à un autre essai rebutant alors qu’il s’agit en fait d’un aphorisme Russe. C'est dommage !

Car il faut faire sans réserve la publicité de ce livre !



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La tête et le cou

Cet ouvrage sur trois générations de femmes russes est à lire. C’est la société russe qu’on découvre ; une société heureuse malgré l’absence de libertés durant les années de l’ère communiste ; une société qui perd ses repères durant les années de transition qui ont suivi l’effondrement du communisme ; et une société pleine de doutes et d’espoirs depuis l’arrivée de Poutine au pouvoir. « Je pense que les Russes ne savent pas vivre sans un pouvoir fort et qu’ils ont besoin d’être dominés ». Cette phrase est dite par Elena D, une des femmes qui se sont confiées à l’auteur. Et je trouve qu’elle résume bien le livre. Quelle que soit la femme qui est interrogée, quel que soit son âge, j’ai été frappée par le fait que toutes (à deux exceptions près) souhaitent une vie patriarcale où l’homme serait le dominant dans le couple et dans la famille, alors que ce modèle est obsolète et qu’elles –mêmes disent plus loin qu’elles ne supportent pas l’idée d’être dominées et, surtout, qu’elles parlent toutes des hommes en termes peu flatteurs. Doux euphémisme quand on voit qu’à leurs yeux les hommes russes sont faibles, alcooliques, absents. Elles ne leur laissent aucune chance d’ailleurs de pouvoir exister en tant que mari ou père. Il est vrai que les deux guerres mondiales ajoutées aux années de révolution et de répression stalinienne ont eu pour conséquence une baisse de la population masculine et que de nombreuses femmes se sont retrouvées veuves ou seules et qu’elles ont dû assumer l’éducation de leurs enfants. Du coup, elles idéalisent l’homme viril, un Poutine multiplié à l’infini (au secours !) qui saurait diriger leur vie et surtout prendre soin d’elle. Si toutes les femmes russes pensent comme elles, inutile de se dire qui sera élu en 2018 ! Pour se rassurer, on peut se dire que l’auteur a interrogé une poignée de femmes, toutes sans hommes et qu’on ne peut pas tirer de conclusion générale à partir de cas particuliers. Ceci dit, je vous recommande cet ouvrage ne serait-ce que parce qu’ils parlent de femmes qui vivent sur le même continent que nous.

15/20
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Moi, Judas

Je connais Maureen Demidoff car j'ai lu son premier roman Le Contrat que j'avais beaucoup aimé. Je suis donc très contente de la retrouver dans un autre genre ici. Je connais aussi très bien les ateliers Henry Dougier pour avoir lu plusieurs de leurs livres, je suis surtout très friande de leurs très belles collections, Le roman d'un chef-d'œuvre, où une histoire est racontée autour d'une oeuvre d'art, et Autobiographie d'un mythe, dont fait partie justement ce livre. Dans cette collection, des auteurs donnent la parole à des figures légendaires et offrent une nouvelle interprétation du mythe à travers leurs récits. J'ai déjà lu sur Oedipe, et j'étais très contente de recevoir celui-ci sur Judas, grâce à la masse critique de Babelio.



Tout d'abord, avant d'aborder le sujet, j'aimerais parler du livre en lui-même. Même si on n'est pas attiré par le sujet, on ne peut que l'être pour le livre. C'est un très bel objet, pouvant rivaliser avec les plus beaux livres d'art. La couverture reprend une toile célèbre, avec le sujet principal, la tête de Judas peinte par Fédor Bronnikov, les rabats du livre sont d'autres œuvres de Marco d'Oggiono et de Caravage. Le papier utilisé est de très haute qualité, avec un beau papier glacé, avec une très belle mise en page. D'autres illustrations représentant des œuvres de Vermeer ou de Rubens entre autres autour de Judas et de Jésus agrémentent la lecture. Rien que pour ça, ce livre est déjà un coup de cœur et mérite d'être dans une bibliothèque. 



Pour parler du fond maintenant, tout le monde connaît Judas, qu'on soit chrétien ou pas, on sait tous son rôle dans l'arrestation de Jésus, le nom de Judas est même employé couramment lorsque l'on veut parler d'un traître. Mais que sait-on de plus sur cet homme ? De mon côté pas grand chose. Je connais juste ce que tout le monde sait à peu près sur Jésus et son arrestation, la Cène, etc.. J'avais donc très envie d'en savoir plus sur cet homme. Même si bien sûr, rien n'est avéré et prouvé, cela fait aussi partie de la légende, l'autrice s'est appuyé sur de nombreux autres ouvrages sur le sujet dont la liste nous est donnée à la fin du livre. Tout le monde n'est pas d'accord d'ailleurs sur ce qu'aurait vraiment fait ou pensé Judas. 



L'autrice lui donne donc la parole ici, on rentre dans sa tête. Il entend parler de Jésus et des miracles qu'il fait, n'y croit pas beaucoup, pense qu'il est possible de tricher. Judas est très terre à terre dans ses pensées, il est comptable, manie les chiffres, et c'est en cela qu'il essaie d'aider Jésus. Et de fil en aiguille, Judas va suivre celui qui se fait appeler le fils de Dieu, il fait partie des apôtres, même si il n'est pas bien vu par certains, et devient ainsi l'ami de Jésus. Il est même très proche de lui. Judas n'a pas compris au début ce que voulait vraiment Jésus, il pensait qu'il voulait prendre les armes et lutter contre les Romains, il se rendra vite compte que le combat est beaucoup plus spirituel. Pour ce qui est de sa trahison envers Jésus, Maureen Demidoff donne une version que je n'avais pas encore vue et qui me semble tout aussi cohérente que ce que l'on connait. Bien sûr, rien n'est vérifiable, certains pensent même que Judas n'a pas existé, étant un prétexte pour justifier l'arrestation du Christ. On ne le saura jamais, rien ne peut prouver quoi que ce soit, c'est pour cela que tout peut être écrit sur ces personnages. 



Qu'on soit croyant ou pas, c'est toujours intéressant de connaître ce genre d'histoire. Je n'y suis pas, pour ma part, mais ce n'est pas pour autant que je n'ai pas envie d'en apprendre plus sur leur vie et sur leur légende. J'ai d'ailleurs appris certains détails sur Judas que je ne connaissais pas. J'ai beaucoup aimé comment Maureen Demidoff raconte l'histoire et fait parler Judas. L'utilisation de la narration à la première personne du singulier m'a permis de rentrer encore plus dans la tête de ce personnage. Le style de l'autrice, que j'avais découvert dans un autre genre d'écrit, est toujours aussi fluide. Le livre n'est pas très long, il se lit très facilement et rapidement. Peut-être aurais-je aimé qu'il soit un peu plus étoffé, mais le principal a été dit, et l'autrice a surtout voulu mettre l'accent sur la période où Judas suit Jésus jusqu'à l'arrestation de celui-ci. On aurait pu en apprendre plus sur sa vie avant sa rencontre avec le prophète, mais ce n'était pas le sujet et cela ne m'a pas dérangée. 



J'ai passé un très bon moment de lecture. Je suis très contente d'avoir pu découvrir ce livre. L'autrice donne des références d'autres œuvres littéraires sur le sujet avec des extraits de certaines, donnant d'autres pistes de réflexion avec des avis différents. J'ai noté certains livres que j'aimerais lire, ils seront plus complets, comme celui d'Amos Oz , Judas, ou encore la pièce de théâtre du même nom  de Marcel Pagnol. Je trouve cela très enrichissant, ce livre fourmille de belles œuvres d'art, de nombreuses références littéraires et culturelles, j'adore quand la lecture d'un livre ouvre des horizons sur d'autres. L'autrice a d'ailleurs dû avoir un gros travail en amont de son écriture, vu toutes les références de fin de livre.



Si vous aussi, vous avez envie de découvrir la vie de ce personnage trop souvent décrié, je ne peux que vous recommander la lecture de ce livre. Et je vous invite également à découvrir la superbe collection des Ateliers Henry Dougier, où d'autres personnages ont déjà été édités, Oedipe, Vénus, Icare, Ève, etc... Plein de livres très beaux visuellement et très enrichissants intellectuellement. 



De mon côté, il ne me reste plus qu'à remercier Maureen Demidoff pour cette lecture très enrichissante. Et je remercie également les Ateliers Henry Dougier et Babelio pour cette belle masse critique. 
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Moi, Judas

Inscrite depuis peu sur Babelio, j'ai découvert en septembre ma 1ère masse critique. N'étant pas difficile sur le choix de mes lectures car assez éclectique (pour les connaisseurs, on y verra ici un clin d'oeil aux Inconnus et Tournez ménage), j'ai coché un grand grand nombre de livres.

Et j'ai eu la chance pour ma première masse critique de recevoir cet ouvrage.



Je vais tout d'abord commencer ma critique par le livre en lui-même. Il est noté dans la catégorie Beau Livre alors qu'il a le format d'un roman classique. Et, ce que j'ai apprécié, au premier abord, c'est la texture des pages: tout en papier satiné. Et puis, pour la petite anecdote, il y a une chose que je n'avais pas notée à la réception du colis et que ma "grande" fille m'a fait remarquer quand je lui ai montré le livre. Elle l'a ouvert et je l'ai vu plonger son nez dans les pages... Bizarre non. Je lui ai demandé pourquoi elle faisait cela et elle m'a répondu: "Maman, ce livre, il sent bon!" Et c'est vrai qu'il a une odeur bien particulière qu'on ne retrouve pas partout. Je ne sais pas si cette odeur persistera mais il est agréable d'avoir de telles sensations quand on prend un livre en mains (c'est aussi pour cela que je n'aime pas utiliser de liseuse).



Ensuite l'histoire: Judas, tout le monde, qu'il soit chrétien ou non, en a déjà entendu parler. C'est cet homme qui aurait trahi le Christ et à cause de qui celui-ci aurait été arrêté. D'ailleurs son nom est resté dans le vocabulaire courant pour désigner un traitre.



Mais voilà, sait-on vraiment tout de cet homme et la vérité n'a-t-elle pas été quelque peu déformée selon les Evangiles? Cette trahison en était-elle vraiment une?



J'avoue avoir appris beaucoup de choses sur Judas car on connait bien la partie liée à l'arrestation du Christ sur le Mont des Oliviers mais en règle générale, sauf à étudier son histoire, on sait peu de choses de son enfance, de sa mort ou de son rôle exact dans le groupe formé de Jésus et de ses disciples.



Ce livre a un autre avantage, c'est qu'il contient 13 reproductions de peintures (ou une partie de celles-ci), dont certaines pour moi totalement inconnues. (d'où également sa catégorisation Beau Livre). Je ne pensais pas qu'il y avait autant d'œuvres liées à Judas que ce soit en peinture mais également, comme il est noté en fin de livre, de textes/ chansons sur lui venant de personnages aussi variés que Pagnol ou Lady Gaga.



Une seule petite déception pour cet ouvrage: je l'ai trouvé trop court et trop rapide. Je l'ai terminé en à peine 1h30 et j'aurais voulu rentrer plus dans les détails ou les émotions des protagonistes. Alors il est vrai que, je le répète, il est dans la catégorie Beau Livre et non roman mais j'aurais aimé des chapitres plus longs et pouvoir rester plus longtemps en compagnie de ces personnages. Après, me direz-vous, son nombre de pages réduit permettra, même aux non bibliophages ou aux plus "jeunes", de pouvoir se l'accaparer et le découvrir.



En tout cas je remercie encore Babelio et espère pouvoir faire partie de nombreuses masses critiques, à l'avenir, pour découvrir des livres que je n'aurais pas forcément choisis de prime abord.



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