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Critiques de Maurice G. Dantec (242)
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Cosmos Incorporated

Au début du roman, on saisit qu’un homme retrouve peu à peu ses souvenirs. Il avance vers sa mission qui se dévoile à chaque instant, au moment le plus opportun. C’est un tueur sur la terre en dévolution, avec une post humanité en perte de repère.



Ce roman est difficile à suivre, certains passages sont brillants mais on passe parfois très près d’abandonner la lecture. Pourtant, le génie de Dantec est de saisir cette faiblesse et de rattacher le lecteur à des messages intemporels.



Le monde est extrêmement sombre, heureusement la fin est grise foncée !

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Les Résidents

Quelle lecture étrange…Dans le cadre du challenge pavés 2016-2017, je m’étais lancée avec enthousiasme sur ce livre de Maurice Dantec, dont je n’avais lu qu’un seul ouvrage jusqu’à présent, La sirène rouge. Mais était-ce suffisant pour appréhender cet ultime roman ? Sans doute pas au vu de ma perplexité grandissante au fil des pages...

Pourtant, malgré les 20 ans qui séparent ces deux opus, j’y avais retrouvé des éléments communs : la musique, les voitures, les supers flics carburant aux produits illicites, mais aussi l’enfance bafouée et résiliente, la parentalité toxique et nocive…

Mais le style a évolué, sans conteste, et je me suis sans doute trouvée un peu trop malmenée pour l'apprécier… la griffe Dantec, puissante, noire mais très technophile, psychanalytique à outrance...



Dans un futur très proche, nous suivons le cheminement de trois personnages : Sharon, une tueuse en série, transformée par un viol collectif qui l’a laissée pour quasi morte ; Vénus, tueuse à gage, transmuée depuis une séquestration de 15 ans dans un sous-sol aménagé par son père pour en être l’esclave sexuelle, et Novak enfin, tueur de sang froid, transmuté depuis le massacre qu’il a opéré dans son établissement scolaire. Ces trois destinées se retrouvent pour n’en former qu’une, une fois rendu sur la base de Trinity-station. Le lieu, ainsi que ses occupants, accompagneront leur mutation jusqu’au dénouement final dantesque…



Décomposé en trois parties (le chiffre 3 est obsédant dans ce livre...), très structuré, mais difficilement racontable, ce « techno-thriller »- est comme teinté d'une religiosité re-visitée, avec ces humains mutants, transfigurés par la violence qu'ils ont subie pour devenir des anges de la mort, menant l'humanité à l'Apocalypse pour mieux renaître.



Je ne sais trop encore ce que je vais retenir de ce livre, si ce n'est le constat d'une société à l'agonie, d'une humanité qui s'abrutit en se noyant dans tous les réseaux accessibles (facebook, google ou CNN) et s'autodétruit dans sa consommation immodérée de technologies de tout genre. Les théories du complot, le virage manqué des luttes des années 70, m'ont posé question bien sûr sur le fond, mais la forme m'a rebuté.



Tant pis.
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Comme le fantôme d'un jazzman dans la station ..

Un an et demi que j'avais plus lu Dantec, et vu le contexte étudiant, je pouvais certainement pas prendre un de ses pavés... Je me suis donc rabattu sur ce fond de tiroir, au sens propre, ce roman/nouvelle d'abord écrit en 1996, laissé à l'abandon puis réécrit et enfin publié en 2009. A t-il décidé lui-même de le sortir, ou est-ce Albin Michel qui voulait à tout prix un texte entre la parution d'Artefact et celle de Metacortex? Je n'en sais rien, mais ça restera une oeuvre complètement anecdotique...



Certains critiques parlent de Dantec digest, et ils ont raison, mais dans le mauvais sens : on retrouve ses fameux thèmes, mais rabâchés de Babylon Babies (Jeremy Narby, l'Ayahuasca, l'ADN, les schizophrènes comme supérieurs au reste de l'humanité), qui seront encore répétés plus tard dans Satellite Sisters... La fin WTFesque avec la station Mir m'a rappelé aussi la dernière partie de Villa Vortex. Les moments de cavale au début évoquent évidemment La Sirène rouge et plein de ses autres romans, mais en moins bien... Bref, je suis déçu, j'avais peur, au vu du synopsis, que ce soit l'équivalent dantequien de Tueurs nés d'Oliver Stone, et au final, j'aurais préféré que ça le soit, plutôt qu'une énième résucée sur les schizophrènes et le sacrifice christique, qu'on retrouve dans TOUS ses bouquins post-Sirène rouge, un peu comme les femmes chez Ellroy (mais ça, c'est quand même bien plus agréable :p).



Ceci dit, la narration du personnage principal possédait quelques moments sympas, céliniens (que je soupçonne d'avoir été écrits en 96), son attitude tranchait bien avec celle de Karen et restituait parfois celle du lecteur, face au verbiage mystique de la demoiselle (lui, sans doute de 2009!)... Mais l'écriture m'a moins emballé que les autres fois, et le style, lors de la fin avec Mir, est vraiment gonflant, prélude aux défauts de Satellite Sisters. La longue baston à Abidjan est pas non plus très inspirée. Donc bon, je me pose la question : fallait-il vraiment sortir ce condensé succédané en tous points moins réussi? Je dois être de mauvais poil...
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La Sirène rouge

Le genre de romans qu'on n'oublie jamais. Peut-être le plus commercial de Dantec, pour lui c'est un "roman de commande", et pourtant, il se pourrait bien qu'il reste son meilleur!



Un excellent thriller, course-poursuite, roadtrip, à travers l'Europe, tueurs aux trousses, avec deux personnages centraux géniaux, des personnages secondaires qui le sont tout autant, un sujet (les snuff movies) terrifiant, tout est parfait, maîtrisé, on est scotché au roman, je me rappelle avoir passé plusieurs après-midis au 4ème étage de la bibliothèque, voyant défiler le soir comme Toorop voyait défiler les horizons européens...



Que de souvenirs. Dantec est merveilleux. Pensez toujours à ce roman, détracteurs!
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Artefact

Retour à Dantec, avec ce roman si particulier, recueil de novellas. J'ai toujours été très étonné de la violence de certaines critiques même pour cette oeuvre-ci, me disant que, malgré les outrances stylistiques indéniables du bonhomme, ces histoires-là seraient plutôt plaisantes par rapport à ses pavés, surtout la première. J'avais hâte de le lire pour me faire mon propre avis, c'est chose faite, et je rejoins en partie certains lecteurs ici, tout en réaffirmant certaines frustrations que j'ai pu avoir par le passé avec mes lectures de Dantec.



Le problème avec Dantec, ce n'est pas tellement ses opinions (au contraire, c'est la dernière chose qui me dérange chez un écrivain de talent) mais c'est qu'à partir de Villa Vortex, dont je garde pourtant un souvenir incroyable, il ne sait pas tenir un pitch. Il détient un pitch incroyable, mais il le délaisse à la moitié pour des considérations mystiques, chrétiennes et deleuziennes où son personnage, qui est en permanence (mais vraiment) un double de lui, connaît des révélations de cet ordre, énoncées à coups de paradoxes antithétiques répétés encore et encore. Dantec avait été comparé à Hugo un jour sur Internet dans l'outrance stylistique, le fait qu'il écrive trop, qu'il se déverse, qu'il faille trier dans l'excellent et dans les répétitions et redites en moins bien, et sur ce point, ils se ressemblent beaucoup, bien que totalement opposés idéologiquement (sauf dans la chrétienté) et ne jouant pas du tout dans la même catégorie. L'exécution de l'idée ne vaut jamais non plus le potentiel de l'idée. Je regrette que tous ses éditeurs successifs n'aient jamais essayé ou réussi à lui faire élaguer certains passages ou certaines scories qui gâchent ses romans, car il a un style impressionnant, même si énervant à la longue et qu'on peut facilement pasticher (un peu comme le grand Hugo, là encore^^).



La première novella, Vers le Nord du Ciel, est la meilleure, la plus réussie, celle où son histoire est vraiment tenue du début à la fin, même si elle possède tout de même les défauts habituels, mais dans un degré moindre. le 11 septembre 2001, le narrateur, apparemment un extraterrestre, se réveille dans la Tour Nord du World Trade Center avec pour mission auto-attribuée d'y sauver une petite fille, avec qui il effectuera un roadtrip jusqu'au Canada pour la remettre au vaisseau-mère de son espèce. C'est honnêtement un des meilleurs textes de l'oeuvre de Dantec, avec de très belles descriptions, notamment dans les paysages américains, la forêt, le chapitre "Le monde de blanc en blanc", pleins de passages coups de poing... le fait que ce narrateur alien soit un énième double idéologique de Dantec et le côté kitsch de son univers de SF sont atténués par le twist final à la Shyamalan très appréciable. Certains passages de la vie à l'américaine du narrateur avec la petite Lucy m'ont immanquablement rappelé Lolita de Nabokov, sans le côté sexuel. On en vient même à songer à une lecture autobiographique de cette vie en Amérique, un souvenir de séjour de vacances entre Dantec et sa fille immortalisé en fiction, la part d'autofiction étant indéniable dans son oeuvre. On a plaisir à retrouver une nouvelle fois le roadtrip qui est vraiment un leitmotiv des romans de Dantec.



La deuxième nouvelle, Artefact, est la plus controversée et il y a de quoi. Beaucoup plus courte, et heureusement, un narrateur amnésique, et même vierge de toute connaissance sur lui-même, se réveille un matin dans une maison vide, en Toscane, dans un décor italien estival et maritime pour le moins inédit chez Dantec. Il trouve une machine à écrire grâce à laquelle il écrira la nuit, sans en avoir le moindre souvenir et ces séances d'écriture lui permettront de modifier/découvrir son identité, changeant peu à peu le décor également, en mode écrivain démiurge, narrateur performatif, parole en acte, etc. Il y a de très belles descriptions et le personnage évolue dans un univers vide, lynchéen, avec plusieurs ambiances successives... Ce simple pitch est gâché par les réflexions du narrateur/de Dantec sur les paradoxes et antithèses néo-hugoliennes du processus de création et autres concepts deleuziens sur lesquels il peut tourner en rond pendant des pages, le problème étant que le lecteur est saoulé et que Dantec cherche à rendre complexe quelque chose qui ne l'est pas vraiment... Comme souvent.



Enfin, la dernière, le Monde de ce Prince, est un récit narré par un personnage qui prétend être le petit frère du Diable et qui va commettre moult massacres sur la Terre. D'entrée, on reconnaît encore Dantec derrière sa voix, mais Dantec très énervé, qui va s'en prendre à ses cibles habituelles : Les progressistes, ceux qu'il considère comme les collaborateurs de l'Islam radical, les écologistes, les journalistes, les pédophiles, les serial killers, les gourous de sectes... Il est d'ailleurs très étrange et contradictoire que ce narrateur apparenté au Diable, qui cautionne les actes du Diable, s'en prenne alors aux marionnettes du Diable en condamnant leurs actes...! Dantec essaie de justifier la logique de son narrateur mais cela reste boiteux tout du long, jusqu'à une révélation finale que l'on sentait venir et qui rend tout un peu plus cohérent. le Monde de ce Prince est divisée en deux moments, outre la fin en Enfer : Les tueries individuelles, spécifiques, du narrateur dans un premier temps, avec parfois des machines de tortures dignes de Saw, puis les tueries de masse dans diverses grandes villes, où il va même faire jouer l'humanité pour qu'elle décide du sort de tout un chacun dans une sorte de téléréalité ultra-morbide révélant son individualisme et ses tendances qu'il exècre, faisant jusqu'au bout son procès, jusqu'à son auto-destruction totale. Là encore, il y a des passages extraordinaires, le début, certaines victimes, la Love Parade de Berlin, le métro parisien, certaines morts horribles... mais d'autres endroits auraient dû être complètement amputés par Dantec ou par Albin Michel, où Dantec n'en finit plus d'insister sur les paradoxes, inversions et symétries de tels ou tels dispositifs dans lesquels les victimes sont enfermées...



Chaque nouvelle incarne une facette différente de Dantec, tantôt la science-fiction, tantôt la théologie, tantôt le polar ultra-violent, même si en fait chaque genre vient déborder sur les autres et qu'aucune n'est entièrement ceci ou cela. Mais encore une fois, au risque de me répéter autant que lui, s'il avait taillé à la serpe plutôt que de réasséner 15 fois les mêmes principes que lui seul fascinent, le résultat aurait été meilleur. Avec le Monde de ce Prince, il y avait de quoi pondre Les Racines du mal 2.0, et ça n'est pas vraiment le cas, certains passages sont plutôt inspirés, d'autres vraiment inutiles, et globalement, on le trouve moins inspiré que dans ses plus grands romans. L'épiphanie du narrateur a lieu lors d'une phrase à rallonge à la David Peace, mais sous David Peace. Dantec a fait mieux... Je maintiens que Vers le Nord du Ciel, elle, reste incontournable pour tous ses lecteurs, même ceux qui ont décroché après les années 90.



En somme, j'ai bien apprécié, mais c'est encore une oeuvre de Dantec gâchée par ses tics et ses scories, et on aurait bien voulu qu'il entende raison là-dessus de son vivant...





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Artefact

Edition originale : 2007



Temps de lecture :

un peu moins de 8h00 pour un lecteur moyen (300 m/m)



Un mot sur l’auteur : Maurice Georges Dantec est un auteur Canadien d’origine française né en 1959 et mort en 2016. il est connu pour ses polars mâtinés de science-fiction ainsi que pour ses prises de positions radicales (il se disait « catholique - royaliste » et était farouchement opposé à la religion musulmane et plus particulièrement ses dérives intégristes).



Synopsis : il s’agit non pas d’un roman mais de trois courts romans (ou longue nouvelles…)





Que faut-il en retenir ?

Dantec se considérait comme un auteur d’Amérique du nord. On retrouve effectivement le style « sériel et chronique » d’un Ellroy ou d’un Burroughs.



Les trois textes n’ont que peu de liens entre eux.



Des trois textes, le premier me paraît à la fois le plus accessible et le plus abouti. L’histoire touchante de cet « extra-terrestre » qui à décidé de trahir les siens pour sauver une petite fille du world trade center lors des attaques du 11 septembre, offre de beaux moments (et ce, même si la fin à rebondissement a déjà été vue/lue mille fois).



Le second texte tient un bon sujet : une machine a écrire tape durant la nuit ce que le narrateur à vécu la journée. Malheureusement le traitement « stylistique » est tellement exagérément pompeux que le thème se dilue pour finalement n’être plus qu’une bouillie confuse.



Le troisième texte est une succession quasi continue de toutes les tortures les plus violentes. Une liste à la Prévert de sévices physiques que le narrateur décrit avec force détails. Sur le fond, à nouveau, l’idée est digne d’intérêt : quels sont les limites de la tolérance face à la violence ? Le pardon ? Celui de la société, celui des individus ? Le narrateur choisit d’opposer la violence à la violence. Aucune tolérance pour le journaliste faisant acte de complaisance vis à vis de l’intégrisme djihadiste ; aucune tolérance pour la star de cinéma qui n’a de considération que pour elle-même… tout cela avec le soutien / l’aval du public friand de cette télé-réalité débile et ultra-violente que le narrateur diffuse sur internet. OUI MAIS, encore une fois, c’est bien difficile à lire (outre la cruauté parfois insoutenable des sévices) du fait de la « lourdeur » stylistique, usant à outrance de répétitions (de redondances serait plus adapté) d’inversions (du genre « je vis pour manger / je mange pour vivre ») et de phrases pseudo-métaphysiques…





Pour conclure :

un avis assez mitigé ma foi… en effet, il y a vraiment de belles idées et (parfois) des pensées profondes parées de belles tournures. Hélas ! Ces petits diamants sont trop souvent enfouis dans un galimatias logorrhéique vaguement ésotérique dont la lecture est éprouvante. Loin d’être le meilleur Dantec… et à ne conseiller qu’aux masochistes littéraires.
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Babylon babies

Oui, j'étais passé à côté. Quelle erreur. Enfin rattrapée pendant les vacances. Ouf. Ce roman de 1999 est très très très en avance sur son temps. Résumé euh franchement non. C'est un roman total et totalement maîtrisé sur tous les points. La SF déjantée, la schizo permanente, les services secrets, la machination... On s'y perd ? Oui un peu entre le réel, le virtuel, le présent, le passé, le fantasmé, le rêvé, mais l'auteur (un génie) a la brillante idée de mettre en place un système gigogne de commanditaires qui ne cessent de poser des questions au pauvre mercenaire qui est censé piger queue dalle mais qui en fait en sait plus que tout le monde dans le fond. Ces dialogues amènent une théâtralité, une légèreté et un humour qui permettent de "recadrer" le propos sans s'y perdre. En post covid 19 franchement, s'il avait su. Un très bon livre !
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La Sirène rouge

Elle a douze ans, une mère meurtrière et une armée de mercenaires sur leurs talons.

Il a trente ans, l'habitude de tuer et pas grand chose à perdre.

Ensemble, ils vont traverser l'Europe, d'Amsterdam à Porto. Le genre de voyage ou les cadavres servent de bornes kilométriques...

Un bon polar, genre "road-movie" hollando-franco-portugais. Quelques esquisses des thèses géo-politico-statégiques fumeuses qui feront le succès de Dantec plus tard ne nuisent pas trop au rythme...efficace ! Difficile, aussi parfois dans la noirceur.
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Babylon babies

Complètement fou. Une ambition folle. Celles et ceux qui vous diront qu'il est difficile de suivre vous priveront d'un grand moment.

A l'époque, ce roman a changé énormément de chose dans ma vision géopolitique du monde.
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Les racines du mal

Les racines du mal ou la vision obsolète d'un futur déglingué



Premières lignes, premières pages : ugénial ! Je suis, dans la tête du tueur. Je suis avec lui, je vis avec lui, je comprends pourquoi, ses souvenirs me font mal... je tue avec lui ! et puis... plus rien.

D'un coup le récit passe à la première personne et je suis passivement et difficilement les péripéties d'un scientifique doué imbu de lui même et tête à claques. Mais que serait ce scientifique sans sa... MACHINE ! cet espèce de double digital, ersatz d'un idéal cérébral capable d'assimiler, d'analyser, de comprendre tout et n'importe quoi pourvu qu'on lui donne de l'information ?



Et bien voilà : les racines du mal c'est ça.

La seconde partie du roman - la plus longue - m'a fait l'effet d'un déballage de cyber fantasmes technologiques dans un futur pas si lointain mais tellement improbable (on est à l'aube du passage à l'an 2000 dans l'histoire) !



Ce n'est pas vraiment un roman policier ou un thriller : c'est de la science fiction. Avec juste une pointe de sang - bien humain celui là - pour l'aspect meurtrier. On s'empêche presque de sourire à l'évocation des crochets de bouchers tant ça fait cliché !



Donc si les termes "neuromatrice" "combinaison cybersex" "fractales" et "théorie du chaos" vous excitent : foncez.

En revanche si vous cherchez de l'intrigue policière, du suivi psychologique changez de crèmerie !
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Métacortex : Liber Mundi II

... Il y a quelques temps, j'ai écrit ici que je préférais les auteurs avec un style, au détriment du contenu, que l'inverse, et j'ai cité Dantec, par rapport à mes lectures d'il y a quelques années. 808 pages de Métacortex après, je ne suis pas sûr d'être toujours d'accord avec moi-même...



Dantec a un style unique, du talent. Mais dans chacun de ses livres, il s'égare dans ses considérations mystiques, théologiques, historiques, géographiques, politiques... Que tout lecteur de son oeuvre connaît, mais qu'il réassène 15 fois par livre jusqu'à ce que ce qui tenait sur 300 pages en fasse 800. C'est infernal...



On a compris : le trauma de la seconde guerre mondiale ne s'est jamais arrêté, le monde vit dans un pacifisme hypocrite, un totalitarisme masqué sous couvert de paix universelle, et la menace islamiste révélée par le 11 septembre finira par emporter l'humanité, qui ne peut être sauvée que par des doubles de lui fantasmés : Derniers flics ultra virils qui cognent et qui lisent les Pères de l'Église, les contre-révolutionnaires ainsi que d'autres de ses idoles. Cela peut être aussi agaçant qu'ils aient perpétuellement des épiphanies proustiennes (du style "Je compris/Il comprit que...") dans n'importe quelles circonstances, même en pleine fusillade ou horreur apocalyptique. Mais vous savez que je ne suis pas très copain avec Marcel, le super-décodeur du réel...



J'aimais bien le parti-pris idéologique qui faisait la singularité de Dantec, qu'on soit d'accord ou pas. Mais il le répète encore et encore et encore... Ses romans, à partir de Villa Vortex (et même avant) ne sont plus que prétexte à l'essai géopolitique, avec son double pour porte-voix. le problème est là. D'autres auteurs font ça, Ellroy, une de ses idoles, est aussi derrière la quasi-totalité de ses personnages. Sauf qu'on vit ce qui leur arrive, qu'ils ont tous une identité distincte, et que bon sang, il pense à son intrigue avant toute chose.



Métacortex est la suite/reprise de Villa Vortex. Ce dernier qui a beaucoup divisé, m'avait plu, malgré le fait que ce soit un monstre littéraire polar/SF/essai géopolitico-historico-théologique où la fiction a le même rôle de démonstration des propos de Dantec. Il y avait plein de scènes hallucinantes, à Paris, sur Omaha Beach, en Allemagne, etc. Métacortex est censé être "le roman le plus fluide" de Dantec en 2010. Alors...



Cela commence par des scènes impressionnantes marquées par son esprit et sa patte : le naufrage de deux vaisseaux de réfugiés au bord de la côte canadienne futuriste puis l'assassinat de deux flics dans leur bagnole (cette scène est absolument géniale, avec une dilatation du temps digne d'un film de de Palma, et sera reproduite vers la fin). Quel rapport entre les deux me direz-vous? Justement, cette question n'a de cesse de nous hanter ensuite, alors que Dantec semble multiplier les débuts d'intrigue policière sortis de son tiroir, qui devraient être le sujet unique d'un roman qui leur est propre, mais qui n'ont rien à faire ensemble : Tueurs en série pédophiles ET meurtres en série de ces pédophiles, attentats terroristes avortés, nouvelle scène d'arrivée de migrants génialement écrite, émeutes, dérèglement climatique... On ne sait où est le centre du roman, et on a l'impression de lire une suite de passages qui tient à peine avec du scotch. Dantec se mettra justement ensuite à radoter ad infinitum sur le centre, la périphérie, la carte et le territoire, dans des délires géométriques deleuziens qui atteindront leur climax à la fin, avec le repaire des malfrats. On a l'impression qu'il manque des explications. Idem pour le fameux Métacortex, objet technologique Deus Ex Machina qui fait de Paul Verlande, le flic du roman, une sorte d'humain augmenté omnipotent : Jamais l'origine de cet objet ne sera expliquée, alors qu'il l'a pourtant pris aux criminels du livre! Ou alors j'ai loupé quelque chose, et il est normal que dans l'univers christique de Dantec, un gadget capable de tout, fruit divin, surgisse de lui-même... Même chose pour l'apocalypse finale, qui vient comme un cheveu sur la soupe, sans jamais être expliquée.



Le récit des investigations de Verlande est entrecoupé d'un autre récit (le chiffre 2 est très présent dans le roman), celui de son père SS à contrecoeur durant la seconde guerre mondiale. Ces derniers passages m'ennuyaient au début, puis ont fini par beaucoup m'intéresser, il y en a de très réussis, notamment celui dans les tunnels, la traversée de la rivière, l'exécution sommaire de déportés, la fuite après la défaite, etc. On se dit qu'il y aura un rapport à la fin, un lien surprise entre les deux récits. Il y en a plus ou moins un, mais il vaut mieux que j'évite de m'attarder dessus, tant ça fait Deus Ex Machina au-delà de toute cohérence et de vraisemblance technique qui est normalement la base de toute SF...



En somme, il y a des scènes mémorables, où Dantec est très inspiré, d'autres où il ressasse encore et toujours ses mêmes obsessions, et l'ensemble est vraiment très inégal, en plus de faire 400 pages de trop. C'était déjà valable avec Villa Vortex, mais j'avais quand même été séduit. J'ai peut-être vieilli? Il y a des échos assez sympas aux Racines du mal à partir de la deuxième moitié, ainsi qu'à Villa Vortex à d'autres. Dantec dit ne pas faire de plan, et on a une impression désagréable d'inachèvement à la fin. le duo Verlande/Voronine rappelle instantanément Lee Blanchard et Bucky Bleichert dans le Dahlia noir d'Ellroy, mais jamais les personnages ne sont aussi développés et distincts que chez le grand James... Voronine n'est là que pour représenter la Russie (le face-à-face US/URSS fascine Dantec) et comme faire-valoir des illuminations et de la toute-puissance christique et proustienne de Verlande (et de Dantec). Et puis tous ses personnages parlent tout le temps comme lui, même un nonagénaire, c'est n'importe quoi... Les dialogues d'exposition sont aussi subtils que les armes technologiques badass qu'il met en scène (je loue son inspiration à leur sujet, par contre, et son habituelle fascination - qu'il répudie - pour les armes).



Je suis content de le refermer enfin et de passer à autre chose. Mais je réitère qu'il est dommage qu'un auteur avec un style si singulier, et qui puisse aller aussi loin dans la noirceur, ait gaspillé son talent dans autant de réassertions par centaines de son propos. Il a été une fois comparé à Hugo dans l'excès, et la comparaison m'a paru évidente en lisant Métacortex. Sauf que le grand Victor nous emporte dans des océans d'émotion, quand bien même il a aussi ses passages toujours répétés, ceux où il prêche, ou ses personnages sont lui... Mais ils ne jouent absolument pas dans la même catégorie!
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Les Résidents

Un préalable, une certitude : Dantec est une sorte de génie, très fou, qui crache sur le papier tout ce que son métabolisme cérébral a ingéré. Dantec s'attache à décrire ce qu'il conçoit. C'est inexplicable, c'est sans respirer, les mots s'accumulent, les idées, les associations... De deux choses l'une, soit on observe le phénomène et on tente d'apprécier sans le pénétrer vraiment ; soit on le pénètre vraiment mais alors on peut passer sa vie à exégétiser, vérifier la pertinence du monde qu'il crée, et ça ça demande une vie. Et moi perso j'ai pas une vie à lui accorder. Du coup je reste loin, j'observe, je suis épaté et en même temps je me demande à quoi bon tout ça. Je ne sais plus qui disait que le quantique était absolument hors de portée de notre imagination, un peu comme un carré ne peut s'imaginer un cube, eh bien le Dantec, il tente le coup. Je ne comprends pour ainsi dire rien... Tout va bien... C'est normal... Tout est normal...
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Les racines du mal

Andréas Schalzmann est un jeune homme schizophrène et paranoïaque. Lors de ses crises de délire, de plus en plus rapprochées, il tue. L'absence de logique dans ces meurtres - commis au gré des peurs irrationnelles d'Andréas - et la virginité de son casier judiciaire compliquent la tâche de la police, d'autant plus que malgré sa folie, le jeune homme sait faire preuve d'intelligence.



Des comportementalistes et un spécialiste de l'intelligence artificielle tentent de comprendre Andréas pour aider à sa capture, mais aussi par intérêt scientifique. Ils découvrent que d'autres personnes ont profité de la série de meurtres qu'il a récemment commis pour cacher leur propres méfaits, Andréas constituant un bouc-émissaire presque parfait ...



Une course contre le montre va commencer pour démasquer ces tueurs hors normes et tenter de mettre fin à leurs agissements.



L'histoire ainsi résumée - sans rien en dévoiler d'important - semble plutôt banale dans ce type de littérature. Il n'en est rien : les criminels et leurs actes sont particulièrement atypiques (par leurs motivations et leur cruauté), et l'auteur y mêle de manière très originale les genres "policier" et "science-fiction". De ce fait, les méthodes de l'enquête et la manière dont elle est racontée sont inédites à ma connaissance.



Le récit est plein de suspense et de surprises, mais certains passages m'ont semblé à la fois très confus et trop longs (je les ai lus en diagonale, sans perdre le fil du récit). Ainsi, les pages 471 à 476 me sont apparues illisibles et sans intérêt (vous pouvez vous y reporter, par curiosité, mais auriez une image trop peu flatteuse du livre en vous y arrêtant), à tel point que l'auteur écrit peu après "ce petit détour de quelques pages dans la Kabbale n'a rien de gratuit" ! De même l'épilogue m'a paru inutile.



Ces réserves ne m'ont pas empêché d'apprécier par ailleurs l'originalité du livre et de ressentir une certaine jubilation à sa lecture (je vous rassure, ce ne sont pas les scènes de cruauté que j'évoque ici...). En fait le manque de clarté que j'ai signalé à propos de certains passages m'est apparu comme une technique narrative visant à donner de la crédibilité au récit, en laissant croire au lecteur que ce qu'il ne conçoit pas n'est pas inconcevable mais simplement inaccessible pour lui. C'est efficace - ainsi, le "Docteur Schizo" qui m'a un peu perturbé au début du récit m'a semblé finalement "normal" - mais il n'aurait pas fallu abuser autant de cette technique.



En résumé : ce roman est très original, et sa lecture très agréable malgré quelques longueurs (qui peuvent être lues en diagonale). Je comprendrais que les avis à son sujet puissent être très partagés.

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Les racines du mal

Ce roman débute comme un simple polar, avec l'angoisse shizophrénique d'Andreas Shaltzmann, jeune homme rejeté, humilié, pratiquement crucifié par sa mère décédée depuis peu et plus ou moins abandonné par un père qui veut surtout "ne pas faire de vagues." Très jeune, le petit Andreas - en qui l'on reconnaît des traits empruntés à Richard Chase, tueur en série américain - ne trouve la paix qu'en allumant des incendies. Malgré des séjours en hopitaux psychiatriques, il est en fait abandonné à lui-même et aucun effort réel n'est fait pour l'aider. Ce qui fait qu'un jour, tout naturellement, dans les affres d'une angoisse épouvantable, il commence à tuer "parce que son estomac pourrissait." Shaltzmann est en outre persuadé qu'un complot aliéno-nazi le traque, lui, le seul Terrien authentique et pur, qui a besoin de sang pour survivre et rester pur. Quelque part, dans les limbes, erre le spectre hideux de sa mère qui, de temps à autre, lui téléphone pour continuer à l'empoisonner ...


Voilà notre premier tueur. Et curieusement, on finit par avoir pitié de cet homme qui abat n'importe qui parce qu'il est sincèrement persuadé de se trouver en face d'un "espion", d'un ennemi, d'un envoyé de la Mère, dans le pire des cas. Il commence une cavale meurtrière à travers notre pays, cavale qui le mène notamment à la frontière montagneuse de l'Est de la France.


Et c'est là que, brusquement, Andreas, qui écoute la radio entre deux crises et qui est loin d'être idiot bien que complètement "fou", se rend compte qu'un autre tueur agit en parallèle. Or, s'il est tout-à-fait d'accord pour finir par payer tôt ou tard les crimes qu'il a commis, il est indigné à l'idée qu'on lui mette sur le dos des meurtres qui ne sont pas les siens et qui portent d'ailleurs la marque d'un sadisme beaucoup plus prononcé, beaucoup plus pensé. Andreas tue pour se défendre mais le (ou les) Tueur(s) parallèle(s) tue(nt) par plaisir, pour la jouissance du Pouvoir.


Nous sommes à l'aube du troisième millénaire lorsque commence l'action. Arrêté après une tentative de suicide solitaire dans sa voiture, Andreas est soigné et soumis aux questions d'un trio de chercheurs. Très vite, ceux-ci se rendent compte que quelque chose ne "colle" pas. Commence alors pour eux une longue quête sur la piste des véritables monstres ...


Vous en dire plus serait vous dévoiler l'intrigue. Sachez en tout cas qu'on ne sort pas indemne de cette lecture qui prouve que l'on peut utiliser avec génie - le mot n'est pas trop fort, croyez-moi - les bases d'une intrigue policière (fortement mâtinée de futurisme étant donné l'ordinateur tout-à-fait étonnant qu'utilise l'un des chercheurs après l'avoir créé) pour faire passer un message quasi métaphysique. Dantec s'est, il faut bien le dire, solidement documenté tant sur le cas du "Vampire de Sacramento" - nom donné par la presse américaine à Richard Chase - que sur les grands courants philosophiques et religieux issus essentiellement du Manichéisme avant de gagner en finesse et en complexité.


Sa force, son coup de maître, c'est de réussir à entraîner son lecteur avec lui, au coeur le plus sombre de l'Etre Humain, là où tout peut basculer dans des abysses dignes de Jérôme Bosch ou, au contraire, s'élever à jamais vers la Lumière. Une grande question qu'un autre très célèbre tueur en série au quotient intellectuel particulièrement élevé, Ted Bundy, ne cessa jamais de se poser en désespérant d'y répondre.


Bonne lecture mais n'oubliez pas : "Les Racines du Mal" n'est pas un policier comme les autres et ça peut même faire penser à Ellroy ... ;o)
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Les racines du mal

Polar noir et futuriste, Les racines du mal plonge dans le psychisme humain, dans ce qu’il a de plus terrible et singulier. Enorme fresque, brassant un grand nombre de thèmes, l’intrigue se découpe en plusieurs parties sans nous perdre. Epopée sanglante mais magistrale, ce roman est servi par une écriture ciselée. Il m’a scotché pendant plus de 750 pages.


Lien : http://www.lavisdedeidre.org..
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Les Résidents

Un début de roman difficile à appréhender. Le lecteur suit l itinéraire insolite d une jeune femme blonde Sharon à la beauté plastique parfaite. Elle commet bon nombre de crimes au volant de sa chevrolet. Elle est accompagné d un ado Serbe, dont on ne sait pour l instant pas grand choses, si ce n est que c est le seul être vivant autorisé à pénétrer dans l habitacle de la chevrolet conduite par Sharon. Peu à peu, ce duo imprévisible arrive à la destination secrète. Le récit devient vif mordant et dérangeant. Le lecteur remonte les racines du mal et apprend pourquoi Sharon est obligée de manière chirurgicale et diabolique de tuer et de maîtriser ce corps si parfait. Puis c'est au tour d une auré résidente du centre d entrer dans le récit .

Une écriture coupante, avec un découpage en chapitres court et concis, à l image d une lame incisant la chair humaine

Bravo !
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Les racines du mal

Ce livre est juste génial. Je l'ai lu et relu, me délectant de sa noirceur... Dantec est un visionnaire, un allumé certes, mais un vrai visionnaire.

Pour preuve, ce roman écrit fin des années 90, décrivait déjà comment la police aurait pu utiliser l'informatique pour la traque des tueurs en série.

A cette occasion, à la sortie du livre, Maurice G. Dantec était venu signer son livre dans une petite librairie militante à Chambéry, et tenir conférence par la même occasion, avec les services de police criminel de Lyon et des informaticiens, pour un colloque autour des possibilités des nouvelles technologies, et des déjà nombreux cyber-criminels qui pouvaient sévir par le biais d'internet. J'y étais. Et je garde le souvenir d'un homme bourru mais extrêmement intelligent, caché derrière sa barbe et ses lunettes rondes noires, les cheveux en pétard, tout comme il l'était de voir que les services de police n'était pas foutu de se coordonner ne serait-ce que sur le territoire français, pour traquer des criminels au-delà des frontières juridiques...

Il faut aussi se rappeler que Dantec, avant de fuir la France pour le Canada, avait passer plusieurs mois en ex-Yougoslavie, en Serbie et Croatie, au moment de la guerre, avec les équipes de ravitaillement d'une O.N.G. Il écrira plus tard sur le sujet avec "Le théâtre des opérations", essai "philosophico-stratégique" autour de la guerre des balkans.

Pour revenir aux Racines du Mal, ce livre est halluciné, hallucinant, terrifiant, et subversif.

Il n'existe aucun autre livre comparable, ni aucun auteur comparable à Dantec, si ce n'est peut-être Philip K. Dick, autre visionnaire, autre temps, même talent.
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Babylon babies

J'ai lu ce roman l'été dernier, avec plein d'attentes, comme beaucoup de gens après les claques inoubliables que sont La Sirène rouge et Les Racines du mal. J'étais ouvert au passage SF de Dantec, et j'ai de l'affection pour l'individu qui est plus souvent victime du protocole télévisuel (où il faut surveiller ce qu'on dit, sortir des banalités, faire de la lèche, parler des livres en surface, ne retenir que trois phrases pseudo-chocs sur l'ensemble d'une oeuvre, se faire traiter de polémiquard alors que les ainés et influences respectées comme K. Dick et Céline avaient des vues toutes aussi particulières, mais sont désormais vénérés...) Et je fais même un mémoire, entre autres, sur Les Racines du mal!



Étant donnés la trajectoire vers le Canada, et le goût pour le roadtrip de Dantec, je m'attendais, en lisant la quatrième de couverture, à une sorte d'errance vers la terre promise, intimiste, entre Toorop et Marie Zorn... C'était tout sauf ça. Ça m'a à la fois rebuté et fasciné. Ces personnages de chefs de guerre, qui spéculent sur les conflits, étaient terrifiants, le sujet ne m'intéressait pas, et pourtant, la perspective, et la façon dont l'auteur les révélait étaient effrayantes, j'étais happé, mais pas passionné. Le propos sur l'homo sapiens neuromatrix n'était pas non plus génial ou crédible, mais j'ai surtout retenu l'ambiance de ce bloc noir au milieu du Canada, refuge autotellique, utopique, paradisiaque (mais temporaire) des penseurs/pionniers, amorce de ce que sera Satellite Sisters où cet éloge de la recherche de l'évolution permanente est scandé.



Babylon Babies est très bien écrit, avec un style à la fois chargé et harmonieux, ce qui n'est pas forcément le cas de sa suite. Le seul problème, c'est que malgré le caractère percutant de tout ce à quoi on assiste (et on s'en souvient bien, mention spéciale aux crises de schizophrénie de Marie et celle qu'elle provoque à Toorop) le sujet nous intéresse moins... Babylon Babies et Satellite Sisters ont pour moi la même note, mais je préfère nettement le style littéraire du premier, et l'histoire du deuxième.



Très agréable de retrouver Joe-Jane aussi, avec les discrètes allusions qu'il descend de Schaltzmann.
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La Sirène rouge

Alice 12 ans est pourchassée par les acolytes de sa mère après avoir déposée une cassette au commissariat montrant un snuff movie dont sa génitrice est la responsable. Et embarque dans sa fuite Hugo 30 balais, genre mercenaire qui va accompagner Alice vers le Portugal dans l'espoir de retrouver son père. Chez Dantec, pas de demi mesure, les gentils et les méchants sont bien définis, ça flingue à tout va, il ne laisse aucun répit au lecteur et ne s'embarrasse pas de psychologie. Ici c'est Alice au pays de l'horreur, ce road movie est noir, violent et efficace et vous sortez éreinté de cette cavale. Une adaptation ciné ratée d'Olivier Mégaton est sortie en 2002.
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Laboratoire de catastrophe générale : Journal..

Après quelques polars reconnus en général dérangeants mais bien ficelés, Maurice Dantec passe à l’essai et théorise via une trilogie pour le moins controversée : « Le théâtre des opérations », « Laboratoire de catastrophe générale » et « American black box ».

« Le théâtre des opérations » et « Laboratoire de catastrophe générale » sont des journaux d’une lecture malaisée. Le texte d’abord, parfois plus qu’abscons ; les idées, ensuite, parfois fumeuses en matière de géopolitique et de géostratégie : l’auteur casse du Serbe à la pelle… dénonce "la bonne conscience de gauche" , "l’hypocrisie jésuitique antiraciste" (rien de moins) et « la démocratie totalitaire de l’ONU ».

Une vision noire et baroque de notre société, une métaphysique hallucinée ou triomphent les extrémismes de tout poil, le politiquement correct et les marchands du temple, voilà la chose. Malgré tout, si on parvient à nettoyer le propos de ses boursouflures digressives, la matière sèche mérite d’y regarder d’un peu plus près…

Pour ma part, je me suis payé les deux premiers tomes à une époque où de nombreux déplacements professionnels en train, m’obligeaient à une lecture fractionnable et pourquoi pas introductive à la douce somnolance. Soporifique… ? Non, tout de même ;.. (quoique ?) Quant au troisième tome… On verra.



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