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Citations de Maxime Rovere (183)


Ne sommes-nous pas des êtres si extraordinairement complexes qu’aucune science, ni même la totalité de nos sciences, n’est encore parvenue à nous cerner ? Nous sommes susceptibles d’être étudiés par notre morphologie, notre physiologie, notre neurologie, notre chimie, notre psychologie, notre génétique, mais aussi du point de vue de mouvements historiques, sociologiques, linguistiques, symboliques, et ainsi de suite, à perte de vue.
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L’idée que l’on puisse être « hypersensible » ou « pas assez sensible » fournit une variante à la culpabilisation de soi et des autres : elle consiste à refuser la dimension naturelle et logique des querelles en les situant en dehors d’une norme ou d’une moyenne où nous devrions toutes et tous nous situer. Mais enfin, comment peut-on se blâmer d’être « trop » sensible, alors que c’est par là que l’existence révèle tout son relief et que la beauté de la vie prend son sens ? Ne serait-il pas plus fécond de considérer que tous les individus humains sont sensibles, même s’ils ne le sont pas aux mêmes choses ?
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N’importe quelle étincelle, même ridicule, peut mettre le feu aux poudres et engendrer les interactions négatives qui les définissent. Les mots prennent alors une tonalité dissonante, les gestes deviennent plus brusques, le ton plus sec… En peu de temps, quelques échanges de plus en plus irritants donnent forme à un tourbillon qui, s’il n’est pas étouffé, peut dégénérer en un fantastique ouragan.
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Dans la vie quotidienne, cette décorrélation nous fait souvent penser que « c’est vraiment trop bête », que « ça n’aurait pas dû arriver », etc. Cette manière de déplorer les événements est un premier indice de bonne volonté. Pourtant, tant qu’elle reste confinée au registre des regrets et de la honte, elle nous diminue nous-mêmes et les autres avec nous. En nous apitoyant, nous cherchons surtout des coupables à blâmer et des victimes à consoler.
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Les disputes les plus graves comme les plus superficielles peuvent naître de n’importe quoi. N’importe quelle étincelle, même ridicule, peut mettre le feu aux poudres et engendrer les interactions négatives qui les définissent. Les mots prennent alors une tonalité dissonante, les gestes deviennent plus brusques, le ton plus sec…
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Les leçons de la vie ne réclament pas des élèves appliqués tirant la langue consciencieusement, montrant aux autres comme ils savent bien faire la paix, bien faire le deuil, bien faire le bien, etc. Le propos de l’éthique est tout autre. Il consiste à utiliser les mots les plus simples et les concepts les plus affûtés pour faire mouvoir la manière dont nos propres interactions s’organisent en nous, afin qu’elles agissent les unes sur les autres un peu différemment.
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Pour lutter contre cette part d’ombre, beaucoup de donneurs de leçons aiment parler de vertus qu’ils décrivent en détail : l’écoute, l’ouverture, l’acceptation de l’autre, la patience, la douceur, la générosité, la bienveillance, etc. Ils finiraient par nous convaincre qu’on n’y avait jamais pensé. Mais, dans la vie quotidienne, les disputes surgissent principalement contre notre gré ; on s’y engage presque toujours à reculons. Dans ces conditions, à quoi bon nous faire honte de nos souffrances et de nos maladresses ? Est-ce qu’on acquiert des qualités en s’accusant de ses propres défauts ? Par contraste, mon intuition est la suivante : s’il se dit ou se fait des choses laides ou méchantes au cours d’une dispute, c’est parce que ces choses ne viennent pas exactement des individus.
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Les querelles vraiment blessantes, celles qui laissent derrière elles les traces les plus profondes, viennent précisément des personnes avec lesquelles on vit l’intimité la plus intense. Plus on s’aime, mieux on se déchire.
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La pratique de la philosophie permet d’éprouver par sa propre expérience que la bonne volonté, lorsqu’elle s’exprime comme une force en action et ne reste pas qu’un mot, nous donne une prise palpable sur la réalité – y compris sur nous-mêmes.
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Lorsqu’elle y prend sa source, la discipline qu’on nomme « éthique » peut améliorer notre façon de naviguer à travers la vie de manière tangible, à condition de se garder des jeux d’esprit et des exercices littéraires. En faisant confiance à la manière dont notre intellect et notre sensibilité peuvent dialoguer l’un avec l’autre, nous pouvons avancer activement ensemble, malgré la diversité de nos expériences.
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Les conflits font partie de la vie. Aucune relation entre des êtres humains ne pourrait se déployer indéfiniment sans rencontrer de turbulences. Pourtant, cela ne signifie pas que nous puissions nous satisfaire des souffrances que nous endurons, ni nous réjouir des peines que nous nous infligeons les uns aux autres, surtout quand on s’aime.
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Le grand défi de nos disputes, l'un des plus grands défis en cette vie, n'est pas d'accepter ou de surmonter les différentes souffrances qui circulent entre nous; il s'agit plutôt de pardonner sans cesse à la souffrance elle-même, ainsi qu'à ses agents en nous et hors de nous, sans recourir aux transferts et aux rejets qui encombrent et entretiennent le tribunal moral. Ainsi dans les situations les plus pénibles, au lieu de nous cabrer et de refuser par tous les moyens les circonstances où l'on se trouve, il convient d'apprendre à défaire avec tact et patience l'entrelacs qui contribue à nous aveugler.
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Voilà pourquoi l'étude des disputes ne peut en aucun cas se satisfaire de la "morale" habituelle : les conflits entre ceux qui s'aiment montrent combien nos propres actes peuvent nous surprendre et nous dépasser, autrement dit s'émanciper de nous et dépendre de tout autre chose. Si l'on veut espérer les comprendre, il convient de les aborder comme des interactions circulaires, dont les agents se trouvent parfois entièrement prisonniers.
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Elle se produit souvent comme en plein paradis : là, au bord d'un paysage, au cours d'une promenade, lors d'un week-end, dans un repas de fête ou pendant un moment qu'on espérait privilégié... Voilà qu'on s'embrouille. Plus étrange qu'un tremblement de terre fissurant le sol, la dispute a surgi, laide, hirsute, inacceptable. Une révélation choc, une phrase qui dérange, une réponse qui dérape, un vieux conflit qui réparait, une attitude sempiternelle - bientôt les oiseaux ne chantent plus, le dessert n'a plus de goût, la promenade n'a plus de sens. Tout est gâché.
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[ … ] jamais la certitude morale ne gagnera quoi que ce soit à vouloir déstabiliser la certitude mathématique. [ … ]

p. 534
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Pour Leibniz, lorsque le rationalisme devient une théologie, il se transforme de fait en une insulte généralisée à ceux qui ne comprennent pas Dieu et qui tâchent pourtant de l’aimer. En ce sens, il considère que l’ambition spirituelle des rationalistes, si louable qu’elle soit, met en danger l’équilibre social et juridique de la société ; et que leur optimisme intellectuel, qui consiste à croire que rien n’est inconnaissable en soi, prend une consonance arrogante qui peut nuire à la science elle-même.


p. 533.
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Pourtant, la mort n’emporte pas si facilement un philosophe. Spinoza a soutenu que l’on meurt seulement au sens où l’on s’imagine vivre – au sens où nous croyons que vivre consiste à se mouvoir, à respirer, à avoir conscience de soi, à opérer certaines fonctions organiques, etc. Mais ce n’est pas seulement cela, vivre. C’est aussi, c’est même, essentiellement, participer d’un enchaînement éternel de causes et d’effets qui font varier à l’infini une seule et même substance. Vivre, c’est précisément s’inscrire comme une variation singulière dans cette réalité mobile et immuable, dont les articulations dépendent de règles si complexes qu’on peut les dire à la fois ordonnées et désordonnées, constantes et chaotiques.

p. 516
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{ … ] Ce que les philosophes fabriquent – les livres – avec la complicité des imprimeurs et des libraires ne sont pas des produits de consommation culturelle destinés aux moments où l’on prend du temps pour soi. Ce sont des impulsions violentes données au destin de la collectivité, au risque de lui faire perdre ou gagner l’Éternité. En ce sens, les philosophes du XVIIe siècle ne sont pas des écrivains ; ce sont des hommes d’action.

{ … ]

P. 329
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Il a compris que l’ignorance vide la liberté de son sens, et a vu là une occasion splendide de faire bénéficier les autres de sa connaissance du judaïsme.
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A cet instant, Spinoza se dit peut-être que, lorsqu'on cherche des adversaires, il n'est pas utile d'aller chez l'ennemi : les amis y suffisent.

Les testaments sans fin.
p. 486
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