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Citations de Michael J. Sandel (21)


Michael J. Sandel
La marchandisation de nos sociétés érode la solidarité sociale et le sens de la communauté. Nous avons de moins en moins de lieux de mixité sociale. [...] Ce fractionnement de la société en fonction de l'argent constitue peut-être l'un des plus gros défis pour nos démocraties.
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Ceux qui ont profité de l’abondance économique des marchés globaux, des chaînes de distribution et des flux de capitaux ont, dans le même temps, renoncé à compter sur leurs concitoyens producteurs et consommateurs. Leurs perspectives économiques et leurs identités se sont détachées de leurs communautés locales ou nationales. En s’éloignant des perdants, les gagnants de la globalisation ont inventé leur propre mode de distanciation sociale.
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Pendant des décennies, les élites méritocratiques ont entonné leur mantra : ceux qui travaillent dur et respectent les règles méritent la place que leur réserve leur talent. Elles n'ont pas réalisé que les individus placé au bas de la hiérarchie sociale ou qui luttaient pour surnager voyaient dans la rhétorique de l'ascension plus une provocation qu'une promesse.
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Les économistes postulent souvent que le marché n’affecte pas ni ne souille les biens qu’il régule, mais c’est inexact : il laisse une marque spécifique sur les normes sociales, les incitations marchandes érodant ou évinçant fréquemment les incitations non marchandes.

L’étude de plusieurs crèches israéliennes a montré comment cela peut se produire. Les établissements en question étaient confrontés à une difficulté familière : les parents ne récupérant pas toujours leurs enfants en temps voulu, une puéricultrice devait rester avec les petits jusqu’à ce que leur père ou leur mère vienne les chercher, si tard que ce soit. Pour régler ce problème, les crèches concernées ont infligé une amende aux parents retardataires, et que croyez-vous qu’il arriva ? Encore plus de parents arrivèrent en retard.

Si l’on suppose que les êtres humains réagissent aux incitations, c’est un résultat embarrassant, car on s’attendrait à ce que l’application d’une amende en cas de retard parental réduise l’incidence des récupérations d’enfants trop tardives plutôt que le contraire. Alors, que s’était-il passé ? L’instauration d’un paiement monétaire avait modifié les normes en vigueur : ne se sentant plus coupables comme auparavant de contraindre des puéricultrices à les attendre, les parents en étaient venus à penser que la possibilité d’arriver en retard était un service qu’ils étaient prêts à s’offrir ; confondant amende et frais, ils avaient payé le surcroît de travail de quelqu’un au lieu de le lui imposer.
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IL est généralement souhaitable que des gens bien formés gèrent les affaires publiques, à condition qu'ils aient une bonne faculté de jugement et que leur sensibilité leur permette de comprendre la vie des gens ordinaires - ces facultés qu'Aristote appelait la sagesse pratique et la vertu civique. Mais l'histoire montre qu'il n'y a pas vraiment de lien entre les qualifications universitaires prestigieuses et la sagesse pratique ou la sensibilité du bien commun. L'ouvrage de David Halberstam The Best and the Brightest (les meilleurs et les plus brillants), un classque, comporte l'une des meilleures descriptions d'une diplômanie qui a mal tourné : l'équipe de technocrates brillants aux références étincelantes réunie par John F. Kennedy a entraîné les Etats-Unis dans la folie de la guerre du Vietnam.
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Michael J. Sandel
Si je suis responsable de mon succès, les moins chanceux sont responsables de leurs échecs. C'est cette logique qui rend la méritocratie si dangereuse pour le collectif. Avec une conception aussi catégorique de la responsabilité, il m'est difficile de m'imaginer à la palce des autres.
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Supposez qu’un incendie se déclare dans une clinique de procréation médicalement assistée, et que vous ayez le choix entre sauver une petite fille de cinq ans et un récipient contenant une vingtaine d’embryons congelés. Serait-il moralement répréhensible de choisir la petite fille ? Je n’ai pas encore rencontré de défenseur de l’égalité morale qui admette qu’il ou elle sauverait plutôt les embryons. Mais si vous croyez vraiment que ces embryons sont des êtres humains, et que vous soyez dans une position neutre (c’est-à-dire que vous n’ayez aucun lien personnel avec les embryons ou la petite fille), au nom de quoi pourrait-on justifier de sauver la petite fille plutôt que les embryons ?
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Les gens sont révoltés par le fait que des « vautours » puissent profiter du désespoir d’autrui ; ils veulent qu’on les punisse – et non qu’on les récompense en leur permettant d’empocher des profits considérables. Ces sentiments sont souvent balayés d’un revers de main au prétexte que ce sont des émotions archaïques et qu’elles ne doivent pas interférer avec les politiques publiques ou la loi.
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Si l’on regarde attentivement les éléments en jeu dans le débat sur les prix abusifs, on s’aperçoit que les arguments s’organisent de part et d’autre autour de trois grandes idées : maximiser le bien-être, respecter la liberté et promouvoir la vertu. Chacune de ces idées correspond à une manière particulière de penser la justice.
Lorsqu’on défend le libre jeu du marché, on fait en général valoir deux choses : le bien-être et la liberté. On commence par affirmer que les marchés favorisent le bien-être de la société dans son ensemble, parce qu’ils incitent les gens à travailler dur pour procurer aux autres les biens qu’ils désirent – sachant que, bien souvent, on assimile ce bien-être à la prospérité économique, en laissant de côté les dimensions non économiques du bien-être social.
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Au Moyen Âge, les philosophes et les théologiens croyaient qu’un « juste prix », déterminé en fonction de la tradition ou de la valeur intrinsèque des choses, devait gouverner l’échange de biens. Mais dans des sociétés de marché, où, comme le rappellent ces économistes, les prix dépendent du rapport entre l’offre et la demande, le prix d’une chose n’a rien à voir avec la « justice ».
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la demande qui nous est faite de séparer notre identité en tant que citoyen de nos convictions morales et religieuses signifie que, lorsque nous nous engageons dans une discussion publique ayant à traiter des questions de justice et de droits, nous devons nous conformer aux limites de la raison publique libérale. Non seulement le gouvernement ne peut pas faire sienne une conception particulière du bien, mais les citoyens ne peuvent pas davantage introduire dans le débat public leurs propres convictions morales et politiques.
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Se demander si une société est juste revient à se demander comment s'y répartissent les choses auxquelles nous accordons de la valeur- revenus et patrimoines, devoirs et droits, pouvoirs et opportunités, positions et honneurs. Une société juste est une société qui répartit ces biens comme il convient;elle donne à chacun ce qui lui est dû. L'affaire se complique quand on cherche à déterminer ce qui est dû et pourquoi.
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Les lycéens et étudiants ont compris que les stimulants sous ordonnance améliorent la concentration chez les individus dont l’attention est normale ; certains rachètent de la Ritaline ou en empruntent à leurs camarades de classe pour obtenir de meilleurs résultats aux tests d’admission ou aux examens universitaires.
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Les psychologues scolaires notent qu’un nombre croissant de parents cherchent à faire diagnostiquer un trouble de l’apprentissage chez leur collégien ou leur lycéen dans le seul but de leur faire accorder du temps supplémentaire lors du test d’admission aux universités. Ces « diagnostics à vendre » ont apparemment été encouragés par la décision prise par la direction des tests en 2002 de ne plus afficher un astérisque à côté des résultats des élèves ayant bénéficié d’un supplément de temps à cause de leurs troubles de l’apprentissage. Les parents sont prêts à débourser jusqu’à 2 400 dollars pour une évaluation et à payer un psychologue 250 dollars de l’heure pour qu’il atteste des troubles de l’élève auprès du lycée ou de l’Educational Testing Service qui produit les tests d’admission aux universités. Si un psychologue refuse de leur fournir le diagnostic qu’ils désirent, ils vont consulter et faire leurs affaires ailleurs.
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Il a aussi un côté idéaliste, très présent dans ce que l'on pourrait appeler la rhétorique de l'ascension : la promesse que ceux qui travaillent dur et respectent les règles du jeu méritent d'aller aussi loin que leurs talents et leurs rêves les portent.
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Avant de pouvoir reconquérir leurs électorats, les partis européens doivent repenser leur mission et leurs objectifs. Pour y parvenir, ils devraient comprendre les protestations populistes qui les ont écartés du pouvoir, non pas en endossant la xénophobie et la ferveur nationaliste de l'électorat, mais en prenant au sérieux ses plaintes, légitimes bien que mêlées à de mauvais sentiments.
Ils devront commencer par reconnaître que ces grifs ne sont pas seulement économiques, mais aussi moraux et culturels, qu'ils ne portent pas seulement sur les salaires et les emplois, mais aussi sur l'estime sociale.
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Quand on tente d’échapper à un ouragan avec sa famille, le prix exorbitant qu’il faut payer pour se procurer de l’essence ou un abri ne relève pas franchement d’un échange volontaire. Il tient plus de l’extorsion. Pour déterminer si les lois interdisant les prix abusifs sont légitimes, il nous faut donc évaluer ces manières différentes de concevoir le bien-être et la liberté.
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« Ce n’est pas se livrer à des escroqueries que de pratiquer des prix dont le marché s’accommode. Ce n’est pas une preuve de cupidité ou d’indécence. Dans une société libre, c’est ainsi que se vendent et s’acquièrent les biens et les services. »
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« Il faut avoir atteint en son cœur un degré ahurissant de cupidité pour être prêt à tirer profit de la souffrance d’une personne que vient de frapper un ouragan. »
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"si les êtres humains qui le peuplent (l'univers marchand) en sont réduit à communiquer en s'adressant des signaux plutôt que, disons, des mots ou des marques d'affection, de confiance ou d'intérêt, c'est qu'ils sont radicalement couper les uns des autres" Dans la préface de Jean-Pierre Dupuy
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