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Critiques de Michael Pollan (6)
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Voyage aux confins de l'esprit

Intéressant essai sur l'esprit et l'expansion de la conscience, plus que l'écriture c'est bien entendu le contenu qui importe ici. Autant le dire de suite, nulle lecture, nulle réflexion, nulle recherche aussi bon puisse être le livre dont elle est issue n'approchera l'intensité, l'accomplissement, la mémorisation d'une expérience vécue. Ce livre peut au mieux développer un intérêt accompagné d'une immense frustration de ne pas ... Donc je ne sais pas si pour une fois je dois remercier Babelio pour cette masse critique et les éditions Quanto à moins que maintenant ils ne m'obtiennent de participer à un essai clinique de la psilocybine par exemple dans la banlieue de Londres pour l'équipe de Robin Carhart-Harris ou en Suisse. Je leur demande d'en faire part à Michael Pollan, il connaît tout le monde dans ce domaine de recherche et alors seulement, mais alors vraiment vous aurez toute ma reconnaissance.





Car s'il y a bien une partie du cerveau qui semble positivement libérée par les effets des psychédéliques ce sont les lobes actifs dans la visualisation et la réception des sens en général. Or je suis atteint d'aphantasia et il me semble qu'une expérience bien menée comme celles décrites par l'auteur pourrait, à plus de soixante ans sans avoir jamais approché le domaine, être une révélation. Il me semble que la possibilité de visualisation si l'effet perdure dans le temps pourrait être plus factuellement mesurable que l'impact sur d'autres pathologies et confirmer certaines des hypothèses sur la dissolution du moi et la diminution d'activité du cortex cingulaire postérieur donc du réseau du mode par défaut. D'où ma proposition. Et pour convaincre Michael Pollan : là sans doute réside toute ma difficulté à m'émouvoir de la beauté d'une orchidée ou à vibrer à l'unisson d'un violoncelle.





Comme toujours dans ce genre non-fiction et surtout basé sur une pédagogie à l'américaine, le mode de fonctionnement singulier de mon esprit à la recherche d'une compréhension globale et quasi instantanée s'est retrouvé face à une accumulation de détails faite de nombreuses répétitions et allant chercher une crédibilité par la multiplicité des références et d'un name droping soutenu dont il n'a que faire. De nombreux passages me sont donc apparus complètement superflus et ralentissant le cheminement de ma pensée plutôt que de lui être un précieux support comme en était l'intention de l'auteur. D'autres, nombreux, au contraire y trouveront des éléments pertinents et réconfortants alors que je n'accorde aucun crédit à quelque attribut d'autorité que ce soit.





Mais je lis toujours tout, comme j'écoutais en classe indistinctement bons ou mauvais profs. Un j'ai tendance à considérer les masses critiques comme un devoir moral de lire complètement le livre reçu, deux c'est un bel exercice de plasticité de pousser son esprit dans des territoires qui ne lui sont pas familiers, trois l'éveil critique m'a permis d'apprendre aussi des mauvais profs en exerçant ma propre pensée et en leur confrontant intérieurement de nombreux contre-exemples. Oui, j'ai ainsi appris beaucoup à l'école.





Trois chapitres m'ont plus particulièrement intéressés :

2. Histoire naturelle - la toute puissance du champignon (y compris le web naturel qu'ils constituent et l'asservissement d'espèces animales à leur profit.)

5. Neurosciences - le cerveau sous l'emprise des psychédéliques (notamment les comparaisons avec les recherches sur la méditation et le fonctionnement du cerveau des enfants en bas âge)

6. le traitement planant - Psychédéliques et psychothérapie (point sur l'état des dernières recherches dans le domaine)





Dans le voyage intérieur de cette lecture qui m'a permis de quelque peu repousser les frontières de mon esprit, je me suis entre autre laissé aller à imaginer quels pouvaient être ces états de conscience élargis. Je me suis alors rappelé une petite expérience où il fallait défocaliser son regard pour englober dans sa vision l'entièreté de son vis-à-vis -y compris le mouvement des pieds plutôt que de la concentrer sur son visage, une expérience similaire peut être réalisée en regardant suffisamment loin dans une rue piétonne et prendre conscience simultanément des mouvements de toutes les personnes qui y circulent où sont à l'arrêt. Cela doit-être un peu cela un regard amplifié sur la réalité.





J'ai donc tout lu avec intérêt et même j'ai été compléter en allant regarder les conférences mentionnées sur youtube. Il me reste de gros points d'interrogations et notamment sur la validité des interprétations des régressions statistiques mais je n'ai malheureusement pas les données pour les examiner en détails rien que cela vaudrait la peine que je rencontre certains membres d'une des équipes de recherche. Mais au vu des nuages de points entrevus sur les supports de conférences il paraît clair que d'autres facteurs explicatifs restent à mettre en évidence car des R² bien inférieurs à 0.5 démontrent que malgré une solide p-value le facteur étudié est totalement incapable à lui seul d'expliquer les variations du résultat. D'où l'auteur a bien raison de faire appel à la prudence et d'insister sur les facteurs externes (set & setting, auto-prediction, suggestions) et internes pouvant aisément faire basculer le voyage sous psychédélique en bad trip (même si aucune overdose n'est possible).





Je m'en voudrais de conclure sans mentionner un fait inattendu dans ce genre de lecture à caractère informatif, bien que certains passages m'ont hérissés par leurs longueurs et par des comportements typiquement américains (entendez une attention exagérée à la bienséance de façade), j'ai perçu une grande bienveillance de la part de Michael Pollan qui n'est pas sans rappeler celle que peut dégager un Mathieu Ricard.



4 étoiles donc !
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Voyage aux confins de l'esprit

Erreur de casting?

Comment mon esprit cartésien a t il sélectionné ce livre proposé dans le cadre de l'opération masse critique (dont je remercie Babelio et les éditions Quanto)?

Erreur de sélection?

Pas du tout! Le titre ( et son sous titre) à lui seul laisse entrevoir que l'ouvrage ne se résume pas à un récit d'un "retour en grâce" du LSD, ou à une histoire du psychédélisme.Il est le résultat d'une enquête approfondie d'un journaliste scientifique, qui au delà d'un sujet de livre, s'est passionné pour ce thème. A tel point qu'il a tenu à vivre lui même les expériences sous psilocybine (le chapitre "carnet de bord" y est consacré).Cet ouvrage ne vise à être ni un brûlot, ni une apologie des psychédéliques.



Certes, son volume (400 pages ) ne le met pas à l'abri de quelques longueurs ou redites. Elles sont cependant vite éclipsées par l'autodérision (notamment quant à son matérialisme le freinant dans l' utilisation du mot mystique, qu'il finit par retenir ... faute de mieux: "un mot qui transpire trop le surnaturel pour moi") et un certain humour, la sincérité de l'auteur, qui admet volontiers quelques peurs, travers, ou déceptions par rapport aux expériences vécues ou personnes rencontrées. De même ses interrogations de matérialiste face au mysticisme sont rafraîchissantes: toujours septique, il remplit consciencieusement un test "Mystical Experience Questionnaire" pour déterminer s'il a vécu une expérience "mystique".



C'est à la fin du chapitre dédié aux neurosciences que l'ampleur du projet de Michael Pollan est énoncée précisément. Il s'agit de la recherche d'une expérience spirituelle que son matérialisme solidement ancré veut soumettre à une analyse rationnelle. Plus précisément " il s'agissait pour moi de franchement secouer ma "boule de neige" afin de savoir si je pouvais réinventer ma vie mentale en y introduisant davantage d'entropie et d'incertitude... Mon objectif était de voir s'il n'était pas trop tard pour m'affranchir des sillons les plus profonds creusés dans mon esprit par mes habitudes de longue date".

Et c'est bien la l’intérêt majeur de ce livre. Les LSD et autres psilocybine sont relégués au rang d'instrument pour atteindre cet objectifs. Voire ils sont mis en concurrence avec d'autres approches comme la méditation, la respiration holotropique, le jeûne etc.Les descriptions des expériences sous psychédéliques (que le langage peine à traduire et se réduisent souvent selon Pollan à des "banalités" ou des "platitudes") sont complétées par les convergences ou contradictions avec des expériences IRMf, confrontées aux théories freudiennes concernant le moi, l'inconscient. Bergson est également évoqué.

Cela conduit par exemple à un débat intéressant quant à la pondération souhaitable d'un lâcher prise de l'ego, du cerveau (plus précisément le Mode Par Défaut ou MPD).D'un coté, comment se passer du rôle de gardien de l'efficacité qu'est l'ego et de son "codage prédictif" qui s'appuie sur l'accumulation des expériences qui lui permettent de filtrer les émotions...De l'autre, ce même ego, risque de distorde les émotions ou de les négliger en proposant rapidement une interprétation issue de l'expérience,  rapide mais basée sur un nombre limité de sensations triées sur le volet.En allant un peu plus loin, les psychédéliques: source de créativité, ou au contraire retour arrière à un état primaire, de nouveau né inexpérimenté? "Simple" (mais efficace) source d’allègement des souffrances d'un malade en phase terminale, ou ouverture à un altruisme, à une fusion avec la nature perdurant après les séances de psychédéliques?



En conclusion: une lecture instructive .... et qui pousse à la réflexion.
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Les nouvelles promesses des psychotropes

Il s'agit de l'édition poche de "Voyage aux confins de l'esprit" des éditions Quanto.

Je ne comprends pas vraiment le choix de ces deux titres tapageurs et peu représentatif du contenu. Ainsi, veuillez préférez le titre original "How to Change Your Mind: What the New Science of Psychedelics Teaches Us About Consciousness, Dying, Addiction, Depression, and Transcendence" reflétant davantage le contenu.



Chapitre 1- Renaissance

Chapitre 2- Histoire naturelle - La toute-puissance du champignon

Chapitre 3 - La première vague

Chapitre 4 - Journal de bord - Voyages dans la clandestinité

Chapitre 5 - Neurosciences - Le cerveau sous l'emprise de substances psychédéliques

Chapitre 6 - Le traitement planant - Psychédéliques et psychothérapie



Je ne vais pas y aller par quatre chemins, il s'agit là d'une base excellente à tous ceux qui veulent en savoir plus à propos des psychédéliques. L'auteur est un journaliste, ce qui veut dire: écriture simple, claire, concise. On pourrait résumer son livre à un style d'enquête passionnante sur la recherche psychédélique. L'auteur y raconte ses rencontres avec nombreux scientifiques qui constituent les légataires des pionniers des années 50 - 70. À travers son tour d'horizon, on y entrevoit les problématiques, les questionnements, et les découvertes que ces substances malheureusement interdites et à la mauvaise réputation notoire, soulèvent. Quand l'auteur en vient à raconter ses propres "voyages", sa sensibilité, et son langage clair est parfait pour narrer ces expériences ineffables. Franchement, chapeau !



(On pourrait seulement reprocher quelques condescendances (ou la naïveté) de l'auteur par rapport à ce qui n'est pas scientifique et mesurable. Oui... quand Whitman écrit des vers, ce n'est pas inexplicable et cryptique. Les poètes mettent du sens derrière ce qu'ils écrivent, quelle sacrée découverte !)
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Botanique du désir : Ces plantes qui nous sédui..

Un des meilleurs ouvrages que j'aie lus sur les relations plantes homme où, enfin, l'homme n'est pas au centre de la relation. Un changement radical de point de vue, que viennent étayer les récentes recherches et découvertes sur la sensibilité des plantes, leur manière de communiquer en entre et qui sait, avec nous.

Bien sûr, l'auteur ne nous assomme pas avec des noms latins ou des références scientifiques incompréhensibles pour le commun des jardiniers ou croqueurs de pommes. Il nous prend par la main et, à travers l'exemple de 4 plantes domestiquées par l'homme, il montre que "tel est peut-être pris qui croyait prendre". Ou, plus simplement, que des plantes anodines se sont répandues bien au delà de leur aire de répartition simplement parce qu'elles ont su s'adapter au désir de l'homme.

De la pomme à la pomme de terre en passant par la tulipe et le chanvre, excellente promenade.
Lien : https://sites.google.com/sit..
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Botanique du désir : Ces plantes qui nous sédui..

Je l'ai lu il y a des années, mais je m'en souviens encore, il était passionnant ! Dommage que cette collection d'Autrement n'existe plus...
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Botanique du désir : Ces plantes qui nous sédui..

La thèse de l'auteur n'est pas très documentée scientifiquement et l'écriture part aisément dans le lyrique et des comparaisons fumeuses : c'est bien l'oeuvre d'un journaliste et non d'un scientifique. Néanmoins, cet ouvrage d'une lecture facile raconte des faits fascinants sur les plantes, je le recommande chaudement.
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