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Citations de Michel Baglin (149)


Michel Baglin
      Sisyphe heureux



extrait 2

   Horizon jamais atteint, l’avenir ne le concerne pas.
Son sourire est un salut aux nuages. Son bonheur une
manière de soleil qui s’attarde aux corps nus et aux
jeux des vitraux. Il mûrît les fruits en chantant, par
accident.
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Michel Baglin
Les nomades



extrait 3

  Maigre était leur bagage. Prêter son âme à l’oiseau
prisonnier dans l’essieu des wagons donnait le change
à l’absence de but.
  Assis sous les tilleuls, nos vieux avaient retrouvé la
même simplicité : quand le jour était au plein de sa
force, ils prenaient le temps d’aimer une abeille, et
c’était l’autre manière de contempler les feux durables
qu’on entrevoit aux vitres des trains de nuit.
  L’une et l’autre disaient qu’une herbe aux lèvres peut
suffire.
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Le dos appuyé au radiateur, j'observe les petits vieux qui blaguent en épluchant les gousses d'ail. De temps à autre, une crise d'hilarité découvre leurs chicots et ils se mettent alors à réajuster leur béret sur le front d'un geste mécanique.
Puis la patronne ramasse les assiettes et leur porte l'étui de jeux de cartes, tandis qu'ils essuient et replient leurs canifs.
Les mariniers, eux, en sont à rouler leurs clopes.
Tout cela, un peu suranné, me fait du bien.
J'aurais juré que ça n'existait plus.
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J'emporterai des notes de graminées dans le soleil,
et l'étonnement des vaches ruminant leur candeur
près du ruisseau content de sa prairie,
un viaduc abandonné dans un village reculé
où les trains ne vont plus;
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Car tous les vers à Sète sont donnés, dans le quartier serré qu'écrase le soleil, dans l'ombre des cours où l'on se réfugie, les ruelles en pente ^ù la poésie s'installe.
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Cette vie, la fêter
en allant jusqu’au bout
dans la paix et la fièvre,
ayant su la risquer
en se tenant debout
et la caresse aux lèvres.

"Terre pleine" (1994).
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Être là,
vagabond
questionné
par son ombre
et sauvé
par ses pas.

Passer des messages,
frayer des passages,
n'être qu'un passant.

Être là ,
spectateur.
Parfois,
être las
et déjà
être ailleurs.
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Et puis un poème lu par hasard
me remet en marche,
m'ouvre un chemin de parole, me rend
à la brise sur la peau, au clapot des minutes,
au regard qui s'éprend d'une flaque, d'un reflet
de vitrine ou de ciel, d'une risée dans l'instant,
d'un bruissement de feuillage.


(Précipité )
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je me suis acheté un petit mobile-home sur l'île d'Oléron, entre Chaucre et la Côtinière.
(S. Vacher)
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Comme vous, tant de fois, je n'aurai pas su dire à temps,
pas su forcer la pudeur, pas su oser, tenter la faille
pour donner sens aux remous, vie au courant.
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Michel Baglin
Les nomades



extrait 4

  La raison d’état a pétrifié les nomades et tarifé le
Voyage. Des vagabonds sans feu ni lieu ont acquis
territoire et fait allégeance : emmurés, séparés, ils
ont plus froid que jamais. Et c’est à l’errance et à la
mémoire ― aux souvenirs des haltes ― qu’ils font
appel aujourd’hui pour y redécouvrir un semblant
de chaleur et de racines.
  Car les feux qu’ils aimaient étaient des feux follets,
les lieux convoités des escales amoureuses qui devaient
augmenter l’aventure.
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Le réel ne sera jamais tout entier contenu dans les disques durs, ni même dans la multiplicité des sites Internet.
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J'emporterai du pays des vivants le viatique des ombres
qui s'allongent vers le soir,
des aboiements de chiens
dans le lointain,
tout ce banal entraperçu
qui leste les passagers du quotidien
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Tout compte fait, si je devais rendre grâce ce serait à des riens.
De l'anodin qui compte pour zéro dans les colonnes et pèse pourtant dans la balance.
Des paysages et des passants qui ne figurent qu'au désordre du jour,
un peu de violon dans les fils télégraphique pour faire chanter une route d'hiver.
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la vie est là, l'insaisissable vie, devant.
Faite de faims comblées, de soif et de fontaines,
de fatigue et de sueur dans une journée pleine
qu'on ne saura pourtant habiter qu'en passant.
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Les seins à la proue de la lumière,
les lignes du nu épousant l'imaginaire
et ses galbes modelés par les générations,
les cimes immaculées crevant nos ciels intimes,
la grâce d'un geste quand il témoigne
de la fragilité du vivant s'élevant
au dessus de son propre néant,
voilà pour nous laisser croire que toute beauté
est naturelle et comme donnée.
Pourtant même reconnue
dans la fougue d'un torrent ou la mer
étirant son éternité sous la caresse du vent,
elle ne l'est pas plus qu'elle n'est,
sur la toile, le fruit des cogitations du peintre,
qui sait juste comme on fait danser les couleurs.
La beauté n'est peut-être
que le désir exaucé d'entrer dans le tableau
par la grâce des sentiers devinés
dans nos arrière pays,
une superposition improbable
du dedans et du dehors,
la coïncidence d'une attente secrète
et d'une rencontre de hasard.
Ainsi nos harmoniques intérieurs
trouvent-ils dans le monde l'accord
avec les notes qui lui correspondent.
Ainsi le réel, le terrible réel,
les mots soudain le font-ils chanter
tandis que la métaphore chez chacun
enracine le verbe dans le corps.
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Le lendemain matin, il avait marché dans la forêt d'érables et de bouleaux où les ocres et les roux commençaient à troubler le camaïeu des verts. Dans quelques semaines, ce serait l'explosion de l'été indien. Il avait pris des photos du lac et des chalets de la pourvoirie, sans oublier le panneau signifiant l'interdiction de nourrir les ours, qui l'amusait.
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Chute infinie vers le centre,
tassement sur soi,
la gravité est ce resserrement
qui fait le sang plus rouge
et nous rassemble
dans l’univers
éparpillé.
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L’autre, c’est lui…


L’autre, c’est lui, là-bas. Toujours là-bas. Parce qu’ici,
c’est moi, c’est toi, c’est nous – c’est du pareil au même.
L’autre, c’est la peur remontée du fond des âges qui
fabrique un étranger.
Qui fait serrer les fesses, et puis les poings, et puis les
rangs.
C’est quelqu’un que l’on attendait pas, quelqu’un qui
vient de loin,
quelque autre qui s’est invité dans nos jeux de miroirs
et s’y réfracte.
Il diffère, on le compare. Il se distingue, on s’en méfie.
Et parce qu’il nous ressemble trop, les différences
s’exaspèrent.
L’autre se tient là-bas, au delà d’une frontière.
Il est le nom d’une peur commune aux êtres
dissemblables,
qui porte les peuples depuis toujours aux solidarités
de clan, de tribu, de meute.


Michel Baglin s'en est allé le 8 juillet 2019.
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QUÊTE DU POEME

Il sait désormais qu'il doit renoncer à l'imposture des mots ancrés dans l'immuable et l'éternel : l'image poétique est verticale, fusée de lave qui retombe et pétrifie.
Qu'il doit regarder par cette déchirure commune : les mots ne sont debout que le temps d'un poème et nous n'habitons que des ruines futures.
Pour deviner déjà que tout poème, peut-être, est dans sa quête même.
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