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EAN : 9782916597485
Editions Rhubarbe (15/03/2010)
4.62/5   8 notes
Résumé :
L'écriture de Michel Baglin s'articule en séquences de longs vers ou versets, à l'ampleur musicale peu habituelle. C'est d'un parcours personnel qu'il s'agit: " Au seuil de l enfance, j'hésite à rendre grâce. " Le poète nous parle de l'école, de la douceur des nids, des " goûters écrasés au fond des cartables ". Mais il nous parle aussi des femmes, des solitaires et des vivants " qui ne perdent pas pied ". On pourrait définir cet ensemble harmonieux comme un chant d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Michel Baglin, voilà bien un homme dont la poésie me parle et me touche profondément.
Après « Un présent qui s'absente » et « de chair et de mots : Suivi de Embruns de femmes », j'avais envie de retrouver ses mots.
A la recherche d'un recueil introuvable sur le net, je m'apprêtais à lui envoyer un petit mot pour savoir s'il ne lui restait pas quelques exemplaires à vendre quand Google m'appris que Michel Baglin s'était absenté du monde depuis quelques jours, le 8 juillet…
« Les mains nues » le resteront donc entre d'autres que les miennes, tant pis.

S'enivrer pour oublier, « L'alcool des vents » nouvellement réédité tombe à pic. du genre d'à pic qui commence à donner le vertige avant de donner des ailes.
« L'alcool des vents » c'est le vin de mess d'un officier et gentleman de la poésie. C'est la longue prière d'un non croyant au miracle qu'est la vie.

« Ainsi je rends grâce sans cesser de craindre et de jurer,
Comme on respire, comme on se bat peut-être et comme on aime,
Sans doute, oui,
Comme on aime. »

Le recueil est en quatre parties comme pour répandre la poésie aux quatre vents. Quatre vents qui se nomment Des mots qui penchent, D'élans et de lenteurs, Air du temps et Détours par le coeur. Quatre souffles au coeur de l'en vie. Quatre vents qui tournent, tantôt contraires tantôt favorables mais qui mènent vers le beau, vers le bon, vers ce qui devrait être notre unique moteur.
C'est peut être parce que j'ai une certaine conscience et que je n'arrive pas assez souvent à la mettre en application dans mon quotidien, que cette poésie me touche tant, qu'elle me gifle, qu'elle me bouge.
Dans l'alcool des vents, outre les nostalgies, les espoirs et les rages, il se dégage un doux parfum de sérénité. Les regrets sont balayés par le bonheur d'avoir vécu, les colères viscérales et sociétales sont présentes mais, je ne sais pas comment dire, plus posées qu'agressives ce qui leur ajoute une force certaine.
L'enfance, l'amour, l'amitié, la fraternité, la vie et puis la pluie, la liberté, un arbre, une fleur, un nuage, un rayon de soleil, un chemin creux, des ronces, un terrain vague, la mer, la ville, la nuit, partout, dans tout ce qui fait qu'un coeur bat, Michel Baglin prend le parti du verre à moitié plein.
Je devrais peut être me servir de cet angle de vie pour remplir cet à moitié vide que je vois malheureusement plus souvent.

L'alcool des vents ce sont des vapeurs à diffuser, à disséminer, à disperser aux quatre coins de nos inconsciences, de nos inconsistances.
Quand la poésie militante se fait apaisante, j'aime.
Quand la poésie apaisante se fait partisane, j'aime.
Quand la poésie partisane se fait douceur, j'aime.
Quand la poésie douceur se fait révolutionnaire, j'aime.
Parce que dans notre monde, la poésie ne peut qu'être révolutionnaire, dans tous les sens du terme.

Comme je l'avais dit sous « Un présent qui s'absente », Michel Baglin fait partie avec Ile Eniger et Bernard Giraudeau des rares écrivains, parmi ceux que j'ai lu, qui me touchent presque autant que la musique, elle qu'aucun mot ne détrônera jamais quant à la force du ressenti.

Un recueil 6 étoiles à garder à portée.
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La prière d'un athée
Les actions de grâce d'un amoureux de la vie,
Les litanies d'un frère des hommes.

Une prière à l'enfance
jamais oubliée,
aux heures claires, aux heures sombres qui l'ont tissée.

Une ode aux paysages du coeur
- pays de vagues et de vents,
pays pas sages-
 passages entre le vécu, le rêvé .

Un hymne aux fraternités sans drapeau,
aux amitiés sans serment,
aux minorités sans terre,
sans dieux,
aux rebelles têtus,
aux bêtes humiliées,

aux femmes libres,

Une antienne
Au vin joyeux,
À la proue qui fend la lame
À l'âme qui s'ébroue
Forte, dans la houle,
Sans renoncer aux arbres.

Une action de grâce
À l'alcool des vents
Qui délivre la parole
Que l'amer chagrin,
plombe comme une ancre.

Une action de grâce
À  l'alcool des vents.

Aux vents dissidents,
Turbulents,
Aux barques qui dérivent loin des ports d'attache,
Loin des phares

Et qui dansent.

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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Je rends grâce à qui se cabre,
certain pourtant que le cimetière sauvage de l’humus
le réconciliera un jour avec la terre.
Aux bêtes que nous sommes et dont la vie se sert,
aux hommes que nous devenons en grattant la blessure.
A tous ceux qui, sachant qu’il est une même nuit,
n’ont renoncé ni à user de l’outil, de la guitare ou de l’encre, ni à soigner les corps,
ni à planter des arbres.

Je ne rends pas grâce à la peur, qui arme notre fragilité de ses mauvais alibis.
Mais à l’inquiétude, oui. Aux oreilles dressées, aux cœurs battants.
Aux paupières qui ne se ferment pas docilement avec la nuit.
Aux aguets.
Aux alertes qui nous valent de ne pouvoir consentir tout à fait au sommeil des justes
alors que des hommes dehors n’ont que des remparts de carton à dresser contre le froid
et que la paix n’est plus que le fruit blet des combats perdus.

A la main d’un petit d’homme dans ma main quelque part en Afrique
Aux citoyens du monde parce qu’ils répètent
qu’il n’est rien d’autre à partager qu’un peu d’air, d’émotion et de pain,
Au chagrin des gosses qui m’ont pris à témoin
Au clodo qui boit pour mieux compatir,
A ceux qui par avance ont tout pardonné pour entendre,
A la peau des femmes que l’amour satine, à leur ombre portée,
A celles qui auront posé leur énigme sur le coin de mes lèvres,
Je sais aujourd’hui que je ne rendrai jamais assez grâce de m’avoir désarmé.
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Je rends grâce aux oyats sur la dune que les pèlerins de l’été vont piétiner.
A l’arbre sentinelle et à son ombre grêle sur le désert qui gagne.
Aux herbes asphyxiées qui s’échinent dans le ghetto des fissures.
Au rare bleuet survivant aux génocides des champs.
Au sang des coquelicots, ces réfugiés des terrains vagues.
Aux terrains vagues où la vague résiste sous la houle des graminées.
Après le passage des grandes marées, je rends grâce à ce qui reste.
A la fleur de sel sur le sable mazouté.

***

Je rends grâce au poète en nous qu’une simple vague fascine,
A cette part résiduelle qui nous ressemble encore au bout de nos fatigues et des journées perdues,
A cette part que nous voudrions croire aussi irréductible qu’elle est rebelle aux injonctions des modes,
Rétive aux rêves qu’on affrète pour nous perdre
Et qui nous fait chercher des mots pour tenter dans la foule
D’aller réveiller en chacun le poète qui s’est tu.
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Tu rendras grâce à nos fidélités, bien sur, mais plus encore à notre fidélité au vent
Qui tourne, retourne, détourne, contourne et jette à l’ortie le chapeau
Et flambe dans la paille des convictions et dépouille l’épouvantail de ses hardes,
Apportant parfois avec le sable rouge du désert ou le coup de tabac des nostalgies océanes
La terrible envie d’expatrier son ombre.

***

Je rends donc grâce à ces riens qu’on appelle escales,
Qui furent des haltes, des bivouacs, et resteront fragments,
Qui argumentent quand même en faveur d’un feu latent,
D’une trainée de poudre, d’un fil aussi ténu que corde sensible.
A cette ivresse qui persiste quand tout déchante et dont je ne connais pas la cause,
Qui vient de la mer sans doute, de très loin par le sang, la rime, l’obscur vertige
Et que je nomme l’alcool des vents, faute de mieux.
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Je rends grâce au gros temps qui trempa mes ferveurs de marcheur.
Au crachin des grèves de Bretagne
Comme au pin s’égouttant dans un brouillard d’automne.
A ces rochers du bout des terres où l’on se risque quand se mêle aux déflagrations d’océan
L’orgueil d’être sous les bourrasques un vivant qui contemple et qui tient
A cette envie qui me prend alors de me dissoudre sans cesser d’être une proue.
A cette ivresse d’écume venue de l’enfance dans les embruns du large
A jamais absorbé avec l’alcool des vents.
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Je rends grâce aux rebelles à l’air du temps
Qu’on ne gave de décibels ni d’images publiciées,
Qui ne tiennent pas leur place, hors la loi du marché
Et qui toujours passent à coté

***

Aux solitaires je rends grâce,
Solidaires de chacun mais à l’écart des foules.
Sur les évidences futures en avance souvent,
Ils aiment de loin, à jamais séparés des places qu’on pavoise
Par le dégoût qu’ils ont des victoires consommées.

***

Je ne rends pas grâce à la peur, qui arme notre fragilité de ses mauvais alibis.
Mais à l’inquiétude, oui. Aux oreilles dressées, aux cœurs battants.
Aux paupières qui ne se ferment pas docilement avec la nuit.
Aux aguets. Aux alertes qui nous valent de ne pouvoir consentir tout à fait au sommeil des justes
Alors que des hommes dehors n’ont que des remparts de carton à dresser contre le froid
Et que la paix n’est plus que le fruit blet des combats perdus.
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Videos de Michel Baglin (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Baglin
Bruno Doucey lit le texte "Merci à la vie" de Michel Baglin, extrait de l'anthologie "Courage ! Dix variations sur le courage et un chant de résistance", publiée aux Éditions Bruno Doucey en 2020.
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