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Citations de Michel Baglin (149)


Échappée

Je vous écris sans savoir l'heure ou le temps qu'il fait,
d'un café, d'un hall de gare ou d'un aéroport,
d'un endroit qui vous tire le regard au-dehors
sans que vous voyiez les flaques ni les ciels défaits.

Je vous écris dans cette échappée du quotidien.
C'est un voyage sans autre bruit que ceux des rues,
sans plus de larmes ou de cris ou de pas perdus
que dans une vie quelconque et son décor de rien.

C'est un lieu que je connais, un temps que je fréquente.
J'y ai des habitudes de vivant qui s'absente
dans un arrière-pays jamais très éloigné

où lève sous l'encre une nuée d'oiseaux de nuit
dont j'écris le vol dans l'espoir qu'il va m'enseigner
où ont émigré jadis les horizons promis.
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Michel Baglin

On me dit que la poésie n'est qu'affaire de langage
Mais je sais bien moi que le chant des hommes
est un sang qui revigore le mien
Qu'il m'aide à mieux embrasser le paysage,
à sentir plus fort, à voir plus grand,
et que le moindre poème m'aura donné du large.

(" Le présent qui s'absente")

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Je rends grâce à qui se cabre,
certain pourtant que le cimetière sauvage de l’humus
le réconciliera un jour avec la terre.
Aux bêtes que nous sommes et dont la vie se sert,
aux hommes que nous devenons en grattant la blessure.
A tous ceux qui, sachant qu’il est une même nuit,
n’ont renoncé ni à user de l’outil, de la guitare ou de l’encre, ni à soigner les corps,
ni à planter des arbres.

Je ne rends pas grâce à la peur, qui arme notre fragilité de ses mauvais alibis.
Mais à l’inquiétude, oui. Aux oreilles dressées, aux cœurs battants.
Aux paupières qui ne se ferment pas docilement avec la nuit.
Aux aguets.
Aux alertes qui nous valent de ne pouvoir consentir tout à fait au sommeil des justes
alors que des hommes dehors n’ont que des remparts de carton à dresser contre le froid
et que la paix n’est plus que le fruit blet des combats perdus.

A la main d’un petit d’homme dans ma main quelque part en Afrique
Aux citoyens du monde parce qu’ils répètent
qu’il n’est rien d’autre à partager qu’un peu d’air, d’émotion et de pain,
Au chagrin des gosses qui m’ont pris à témoin
Au clodo qui boit pour mieux compatir,
A ceux qui par avance ont tout pardonné pour entendre,
A la peau des femmes que l’amour satine, à leur ombre portée,
A celles qui auront posé leur énigme sur le coin de mes lèvres,
Je sais aujourd’hui que je ne rendrai jamais assez grâce de m’avoir désarmé.
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Je rends grâce à l’enfant qui n’en finit pas d’attendre son heure et que nous aurons tous ou presque trahie.
A celle que nous n’aurons pas même vue courber l’échine avec les années
Et qui n’aura pourtant jamais cessé de dessiner en nous des nids d’îles, des voiles faseyantes, des fortunes de mer.
A celle qui désespérant de nos croisières d’adultes a allumé ses feux de naufrageurs.
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Tu rendras grâce à nos fidélités, bien sur, mais plus encore à notre fidélité au vent
Qui tourne, retourne, détourne, contourne et jette à l’ortie le chapeau
Et flambe dans la paille des convictions et dépouille l’épouvantail de ses hardes,
Apportant parfois avec le sable rouge du désert ou le coup de tabac des nostalgies océanes
La terrible envie d’expatrier son ombre.

***

Je rends donc grâce à ces riens qu’on appelle escales,
Qui furent des haltes, des bivouacs, et resteront fragments,
Qui argumentent quand même en faveur d’un feu latent,
D’une trainée de poudre, d’un fil aussi ténu que corde sensible.
A cette ivresse qui persiste quand tout déchante et dont je ne connais pas la cause,
Qui vient de la mer sans doute, de très loin par le sang, la rime, l’obscur vertige
Et que je nomme l’alcool des vents, faute de mieux.
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Les plus lointains pays ne sont pas ceux qui viennent
à nous
au bout de la piste ou de la ligne aérienne ,
conquis.
Les pays que l'on sait les plus inaccessibles
sont là,
au creux du souvenir, un arpent d'émotions
vivaces.
C'est un carré de luzerne depuis longtemps fauché.
Un puits,
dont la poulie s'est tue. Un bosquet oublié ,
tout gris,
dans l'ocre d'un été et le bruit d'une ferme
lointaine.
Non la géographie ne pourra jamais rien
y faire:
Le plus lointain pays est plus près que la terre
natale.
Que ce lopin de friche impossible d'accès
- maudit,
quand dans l'odeur du foin renaît une patrie
perdue.

(Arpent)
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Dressé sur le rocher, je dérivais à force d'oubli, dos à la terre. Je pensais que nulle raison ne m'atteindrait ici, ma joie criant dans les haubans.

J'étais cette grève nue comme un témoin du temps, ce phare balayant les brisants où le rêve commence.
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A la main d’un petit d’homme dans ma main quelque part en Afrique
Aux citoyens du monde parce qu’ils répètent
Qu’il n’est rien d’autre à partager qu’un peu d’air, d’émotion et de pain,
Au chagrin des gosses qui m’ont pris à témoin
Au clodo qui boit pour mieux compatir,
A ceux qui par avance ont tout pardonné pour entendre,
A la peau des femmes que l’amour satine, à leur ombre portée,
A celles qui auront posé leur énigme sur le coin de mes lèvres,
Je sais aujourd’hui que je ne rendrai jamais assez grâce de m’avoir désarmé.
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J'écris pour demeurer devant la porte ouverte
et renaître nomade en sachant discerner
en tout feu une escale en tout lieu un sentier
et en chaque être ému une parole offerte.
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Nous avons des manies de vivants qui s'absentent,
qui pour prendre enfin pied s'accrochent à des leurres
en faisant reculer l'horizon qu'ils s'inventent.
partir est toujours une façon d'être là,
lever l'ancre encore un rêve de pesanteur,
et c'est pour aller plus loin qu'on ne va pas.
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Je rends grâce à ma naissance qui m'a fait Noir,
même si ça ne se voit pas.
Arabe aussi. Et Juif un peu, même si je ne crois pas qu'un dieu puisse me délivrer la carte d'identité des hommes.
Indien encore, et bien que trompé, pillé,
exterminé depuis.
Dissident de quelque minorité ethnique.
Minoritaire à l'heure des prises de pouvoir.
Oui, Noir, Indien, Juif, Arabe et dissident pour
m'inventer des frères.
De ces frères tellement bafoués qu'ils n'ont plus
de couleurs sur leurs drapeaux
et que leurs dieux leur ont tourné le dos.
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Je rends grâce aux rebelles à l’air du temps
Qu’on ne gave de décibels ni d’images publiciées,
Qui ne tiennent pas leur place, hors la loi du marché
Et qui toujours passent à coté

***

Aux solitaires je rends grâce,
Solidaires de chacun mais à l’écart des foules.
Sur les évidences futures en avance souvent,
Ils aiment de loin, à jamais séparés des places qu’on pavoise
Par le dégoût qu’ils ont des victoires consommées.

***

Je ne rends pas grâce à la peur, qui arme notre fragilité de ses mauvais alibis.
Mais à l’inquiétude, oui. Aux oreilles dressées, aux cœurs battants.
Aux paupières qui ne se ferment pas docilement avec la nuit.
Aux aguets. Aux alertes qui nous valent de ne pouvoir consentir tout à fait au sommeil des justes
Alors que des hommes dehors n’ont que des remparts de carton à dresser contre le froid
Et que la paix n’est plus que le fruit blet des combats perdus.
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Avec la nuit
quelque chose s'en va
qui doucement vous floue,
qui vous a mis à nu
et ressemble toujours
à un malentendu.
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Cette vie, la fêter
en allant jusqu’au bout
dans la paix et la fièvre,
ayant su la risquer
en se tenant debout
et la caresse aux lèvres.
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Je rends grâce aux nuits qui n’ont plus d’heures,
Aux nuits que l’on pousse à force de cigarettes et d’alcools
Jusqu’au cœur chaviré, aux confessions bêtes, aux bégaiements de l’innocence retrouvée,
Quand le monde comme il va ne saurait plus nous aller,
Quand la langue chargée de régler les additions
Bafouille l’humanité avec des mots qui penchent.
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Michel Baglin
J'écris pour mieux aimer, poèmes aux mains tendues,
et j'invite chacun au creux de sa mémoire
à raviver sa soif pour lui donner à boire
à la source ameutée des sensations perdues.
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Michel Baglin
De chair et de mots


Extrait 15

Grain de sable
agaçant l’huître ;
la mort sous la langue
appelle la nacre
et le poème :
œuvrant la perle
et sûre d’avoir
le dernier mot.
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Un filet de sang entre les lèvres.
Comme un sourire assassiné.
Il n'entendra pas le hurlement dans son dos.
(J. Nivard)
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Ainsi font les petites mains du temps qui fabriquent la rouille qu'on ne se sent bientôt plus nulle part en pays de connaissance
et que la soute prend l'eau et qu'on perd pied dans son bocal
et qu'on rend grâce à des connivences infimes qui consolent
de l'insidieux cheminement des lézardes et des rides,
à l'obole d'une fougère, à une once de mousse parce qu'elle fleurit les brèches,
à des poèmes de terre et bouts de vers -tessons.
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La mer.

Le vent. La mer.
Au centre de sa maison
exorcisée,
pure de légendes,
ne se défendre plus
de la lente invasion
des marées
et recueillir
cette gratitude sans objet,
cette faim sauvée des ripailles,
la mer, ce grand regret.
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