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"Sans destination finale" de Michel Claise, Éditions Genèse
C'était donc cela l'exil : la contrainte de partir, se battre pour trouver un pays d'accueil, subir le regard méfiant des habitants, tenter de se fondre dans une nouvelle société tout en conservant ses racines. Et puis un jour rentrer au pays et constater que tout a changé, au point de se sentir une nouvelle fois ailleurs.
L'exil, c'était donc, dans le monde et quel que soit l'endroit où l'on se trouve, n'être qu'un humain décalé, déboussolé, abandonné. Celui que tous les autres citoyens désigneraient dorénavant par un seul mot : étranger. Page 240
(...) je me dois de vous dévoiler que ce qu'on appelle communément les mafias italiennes ne sont elles aussi que des sociétés initiatiques reposant sur les mêmes principes rituéliques lorsqu'il s'agit d'impétrer un initié, de se réunir hors de l'espace profane et de se faire reconnaître de ses membres par des mots et des gestes séculaires.
(pages 30-31)
CODE KANUN
…je compte beaucoup travailler pour aider ma famille.
Qu’est-ce que tu entends par « travailler »? Dans notre pays, pour gagner beaucoup d’argent, tu dois devenir malhonnête.
-Selon un rapport d'une ONG, il y aurait trente mille Albanaises qui pratiqueraient la prostitution en Europe. (......) Parfois même, leurs familles les livrent aux trafiquants en échange d'une somme d'argent ou d'une voiture. Ou elle tombent dans les bras d'un beau parleur qui les embarque vers une destination qu'elles n'avaient pas prévue au départ d'une idylle à l'apparence romantique. La réalité est cruelle.
Il existe toujours dans les hiérarchies politiques, policières et judiciaires de hauts personnages qui refusent de considérer l’ampleur du phénomène et l’écartent des priorités en terme de lutte, contrairement à des matières comme le terrorisme ou la criminalité des rues, alors que son importance le place à leur niveau.
Le combat contre la fraude financière est difficile, sans être spectaculaire. non seulement, par rapport à l’image, il est peu médiatique et percutant aux yeux des citoyens, mais qu’en outre, il présente un caractère dérangeant, par l’implication des individus visés par les enquêtes, alors qu’ils occupent les plus hautes places dans l’économie du pays ou dans la sphère politique.
Voyez donc comment nous sommes traités. Manque de moyens, nouvelles procédures qui aggravent notre service administratif, sans personnel ni locaux supplémentaires. Enfin ! Si on entend le pouvoir actuel, il n’y aura bientôt plus de criminalité financière. Notre propre président de la République souhaite dépénaliser les fraudes des cols blancs. Et pendant ce temps, on nous en veut de faire notre travail.
La vieille femme en peignoir rose, les cheveux gris et blancs mêlés comme des cordages de navire, brandissait un couteau de cuisine, la pointe dirigée vers le coeur de la policière. Ses yeux étaient embués de larmes retenues et ceux qui assistaient à la scène ne savaient pas si elles étaient l'expression de sa colère ou de sa détresse.
-La fin du communisme a dû être un choc pour la population - demanda Jean-Michel. (......)
-Ici c'était comme la Corée du Nord. Des milliers de personnes sont mortes ou ont disparu. Quand Hoxha a passé le main à un de ses sbires, en 1982, un certain Ramiz Alia, ce fut le désespoir chez les citoyens qui aspiraient à la liberté. Alors, vous vous imaginez que le jour où le mur de Berlin est tombé, la révolte à commencé à gronder, surtout parmi les étudiants. Et quand les frontières se sont ouvertes, alors, ça a été la fête pendant de semaines. Mais nous étions le peuple le plus pauvre de l'Europe. La jeunesse s'est enfuie en Grèce, en Italie. Et ce sont toujours les anciens du communisme qui tenaient en main les administrations.
CODE KANUN
-Mais comment s'organise cette vendetta ?
-Le prix du sang. Chaque vie se rachète par une autre, sans nécessairement que ce soit l'auteur du crime précèdent qui paie. Un membre de la famille suffit.
Une vraie escroquerie ne se commet bien qu'à condition d'être énorme, et pour la rendre impunie, tout l''art consiste à bien choisir ses victimes.
Depuis 2020, la police scientifique internationale avait réussi à pénétrer deux serveurs gérés par des sociétés qui proposaient un service de communication cryptée, pain béni pour les membres des organisations criminelles. Le coût d'utilisation n'était guère élevé pour le service rendu. Mille euros pour l'appareil et huit cents pour l'abonnement mensuel.