Citations de Michel Polac (47)
Je ne devrais pas me plaindre d'être abandonné à moi-même : c'est la preuve de ma liberté.
Je n'aime que la littérature vertigineuse.
Que des gouffres s'ouvrent sous nos pieds, que nous traversions les apparences pour nous retrouver face au mystère.
La littérature française est bien rarement vertigineuse ; elle ne questionne pas assez, elle décrit.
Les livres qui m'intéressent sont les livres qui me changent.
Mais si le vrai lecteur était celui qui n'aime pas "changer".
Si le vrai lecteur était celui qui attend qu'on l'enchante ?
Si l’on vit, on ne se voit pas vivre (et on fait n’importe quoi) et si on se regarde vivre, on ne vit plus et il n’y a plus rien à regarder.
Nasrudin le clown mystique cherche quelque chose sous un réverbère.
"Tu as perdu quelque chose Nasrudin ?"
- "Oui mes clés."
- "Tu es sûr de les avoir perdues à cet endroit ?"
- "Non."
- "Alors pourquoi cherches-tu ici ?"
- "Parce qu'ici il y a de la lumière."
Je doute de ce que je vis.
Je me fierais presque à ce qu'on m'en dit.
Je finis par croire dur comme fer à ce que j'écris.
Je ne suis pas épuisé par les combats, seulement par des simulacres de combats.
Se dire qu'on peut toujours se masturber comme on se dit qu'on peut toujours se suicider : il y a une porte de sortie, un moyen d'éviter l'esclavage.
-D.H. Lawrence, l'énergumène-
Mais D/H.L (Lawrence) n'est pas qu'un prophète écumant, il a de l'humour aussi: "je ne supporte pas l'art que l'on peut admirer en tournant autour. Un livre devrait être un bandit ou un rebelle .[...]Un auteur devrait être au milieu de la foule, leur donnant des coups dans les tibias ou les poussant à faire des bêtises ou à rigoler un peu. [2001]---(p.160)
-Un misanthrope généreux-
J'ai eu des passions successives pour des écrivains ou penseurs, mais il n'en est qu'un seul que j'aime: Tchéhkov. Oui, Tchékhov, sa vie, son oeuvre aussi admirables l'une que l'autre: petit-fils de serf, fils d'un épicier ivrogne, Tchéhkov réussit ses études de médecine et subvint aux besoins de sa famille en publiant des nouvelles dans les journaux, sans jamais cesser de pratiquer son métier de médecin des pauvres (comme Céline certes, mais quelle différence !) et il est mort épuisé par la tuberculose à quarante-quatre ans. Il faut avoir lu la biographie de Simmons parue en 1968 chez Laffont et aussi -Regardez la neige qui tombe- de Roger Grenier chez Gallimard [2001]---(p.161)
Pas de balivernes. Ce que je vous dis, moi, qui n'est pas banal c'est que je suis mort né, et que personne s'en est aperçu. Oui, Monsieur, je suis un monstre de la nature, je ne suis pas né comme les autres.
La célébrité à 20 ans : un accident qui rend infirme pour la vie.
Elle s'éveillait dès que je pinçais un peu fort la pointe de ses seins, bientôt il fallut les tordre et même les mordre, et à mon grand étonnement, car je ne soupçonnais pas cette part de sadisme au fond de moi, je me retenais de la mordre jusqu'au sang, je me retenais malgré ses encouragements "plus fort, oui, mords, mon amour", puisqu'elle finit par dire "mon amour".
De toute façon on la perd la vie. Même le génie ne la sauve pas.
Tous ces intellectuels qui, du haut de leur perchoir, dénoncent la connerie des hommes.
Moi aussi, je cède à cette tentation. Mais quel temps perdu ! Il vaut mieux chercher ce qu'il y a d'aimable, encore, dans ce monde foutu.
Ma seule arme, comme le bouffon, c'est le rire.
-Un misanthrope généreux-
Pourtant il y a tout dans Tchekhov: le comique, le tragique, la tendresse, le désenchantement (sa facette la plus connue), et Lénine considérait -Salle 6- comme la nouvelle révolutionnaire par excellence. Et Tchékhov gravement malade traversa toute la Sibérie en traîneau pour enquêter sur le bagne (L'Ile de Sakhaline...) (p. 162)
Je ne peux pas me sentir, vous m'entendez ?
« Le secret du bonheur, c’est de vivre juste au-dessous de ses moyens.
Le secret de la réussite sociale, c’est de vivre juste au-dessus de ses moyens. »
Michel POLAC / Journal (1980-1998) / PUF 2000
« Développer une idée m’a toujours paru indécent, c’est pourquoi j’aime l’aphorisme.Développer une idée,
c’est prendre le lecteur pour un imbécile : il ne comprendra que si on lui répète de mille manières ce qu’on
veut lui faire entendre. »
< 22 juillet 1984, p.105 >
Rien de tel que de travailler dans l'édition pour se dégoûter d'écrire.