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Critiques de Miguel Zamacoïs (4)
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Les Bouffons

"Les bouffons" est une pièce de théâtre en quatre actes, écrite en vers par Miguel Zamacoïs.

Elle a été représentée, pour la première fois, le 25 janvier 1907, à Paris, sur la scène du théâtre Sarah Bernardt.

Il y a dans ce morceau de scène, dans cette farce, une énergie, une vitalité, un style qui immanquablement font penser à Molière, et dans une moindre mesure à Rostand.

A dire vrai, cette pièce n'est qu'un prétexte à nous offrir quelques vers.

L'on peut même dire, sans nullement porter atteinte à l'auteur, que le récit, le fond de l'histoire a été traité par dessus la jambe.

Tout le soin a été versé dans la forme.

Et le fond, quelque peu flou et fumeux, s'en est trouvé délaissé.

La poésie était enveloppée dans un mince fourreau de théâtre.

L'action se déroule en France, en 1557, dans le vieux château pittoresquement délabré du baron Enguerrand de la Douve-Mautpré.

Sa fille, la jeune et pure Solange, se languit d'y attendre désespérément l'amour.

Pour la distraire, la détourner de son ennui, messire Olivier, à la fois homme de confiance et mère adoptive, organise un concours d'éloquence où quelques fous vont se mesurer les uns aux autres :

- Jeannot, qui est drôle à force d'être bête ...

- Baroco, qui fut pendant dix ans le rire de Florence ...

- Hilare, qui est en général un petit bouffon gai, espiègle et plaisantin ...

A ces derniers viennent s'ajouter deux étranges baladins, derrière lesquels se cachent le comte René de Chancenac et le chevalier Robert de Belfonte, qui plus que d'amour sont à la recherche d'un trésor :

- Jacasse, qui parle d'or ...

- Narcisse de Bellaître, qui chez les fous occupe le plus haut échelon ...

Si la trame de la farce retient peu l'intérêt, ses vers, par contre, tissés de la plus fine des poésies, font, par leur sonorité, tout l'éclat du morceau de scène.

On ne sait si il eût été préférable de les entendre déclamer ou s'il vaut mieux dans ce recueil les découvrir pour en mieux apprécier la fine tournure.

Car ici, le théâtre se fait littérature et poésie.

Et sa lecture se fait gracieusement un pur moment de plaisir ...

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Les Bouffons

Quel plaisir pour les oreilles et quelle histoire !

Sarah Bernhardt a bien de la chance parce que Miguel Zamacoïs lui a dédicacé "Les bouffons", pièce de théâtre en vers. Il écrit en janvier 1907 : A Madame Sarah Bernhardt, hommage d'admiration et d’affectueuse reconnaissance.

Il faut dire que le plus surprenant est qu'elle joue René dit Jacasse, un des bouffons et non pas Solange, fille du baron de Mautpré.

Ceci-dit, j'ai un problème de conscience pour rédiger ma critique parce que j'ai beaucoup aimé cette pièce mais quand j'ai découvert que son auteur avait collaboré au journal Je suis partout, ça m'a fait froid dans le dos. En général, je ne lis pas ce genre d'auteur par principe.

Bref, je vais quand même admettre que ces vers poétiques sont impressionnants d'autant plus que l'histoire s'y prête puisque les cinq candidats pour être le bouffon attitré de la belle Solange doivent s'affronter par joutes verbales.

C'est Olivier, au service du baron de Mautpré qui en a eu l'idée. Ce dernier étant totalement ruiné, il refuse tout contact avec l'extérieur pour ne pas se déshonorer. Pourtant, deux gentilshommes cherchent à entrer au château pour approcher la jeune fille recluse par obligation : René qui brille par son esprit et Robert par sa beauté. Olivier pense qu'ils sont de beaux partis pour Solange qui ne demande qu'à connaître l'amour, mais il faut convaincre le baron. Il va juste accepter de faire plaisir à sa fille qui doit choisir son bouffon parmi cinq candidats dont Jacasse alias René et Narcisse alias Robert. Elle a un mois pour choisir, durant lequel ils vont devoir montrer leurs qualités oratoires.

Heureusement, le subterfuge va permettre aux jeunes gens de trouver l'amour et au baron la richesse... et de payer ses domestiques qui travaillent sans gages depuis de nombreux mois.

Outre le rôle important des personnages secondaires, il y a l'histoire de capes et d'épées pour conquérir la belle, séduite par le bel esprit avant tout.





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Challenge XIXème siècle 2021

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La Fleur Merveilleuse

Je suis enchantée d'avoir trouvé une belle édition anglaise de 1929 de "La fleur merveilleuse", pièce en 4 actes écrite par Miguel Zamacoïs en 1909. Très beau titre pour cette découverte. J'ai adoré cette pièce de théâtre en vers dans sa version originale en français.

J'ai eu envie de la lire grâce à Emmanuelle Riva. Dans sa biographie, publiée récemment "C'est délit-cieux ! entrer dans la confidence", elle évoque sa première expérience de comédienne :

"Comment vous êtes-vous sentie attirée par ce métier ?

Il y avait à Remiremont une très jolie salle : le théâtre des Grands-Jardins, qui a, depuis, été détruit ; j'en suis encore révoltée. Il y avait une troupe de comédiens amateurs, très motivés. Cette troupe était dirigée par un maroquinier, passionné de théâtre, M. Chabrier, il cherchait une jeune fille pour jouer dans La fleur merveilleuse, de Miguel Zamacoïs. Mon père était peintre en bâtiment ; il restaurait le magasin de la maroquinerie. Alors, M. Chabrier demande à mon père, qui était sur son échelle : «Monsieur Riva, connaîtriez-vous une personne pour jouer une jeune première ?» Mon père a répondu : «Il y a bien ma fille qui nous casse les pieds avec ça mais...» Et pourtant, (...)"

J'ai donc saisi cette occasion de lecture et je ne la regrette pas.



L'histoire commence dans une auberge de l'Artois, près d'Arras, où vont se rencontrer une chevalier avide en route vers la Hollande pour se marier et récupérer la dote de la fille d'un riche producteur et Régine, mère esseulée d'un fils dépressif, blessé par une rupture amoureuse. Spéranza, la bohémienne bien nommée, va pourtant prédire le bonheur de Gilbert après le désespoir.

Les protagonistes vont se retrouver à Harlem, en Hollande, où Zamarcoïs fait le portrait très drôle des producteurs de tulipes et de de la famille van Amstel.

Comme dans les pièces de Molière, les valets ont un rôle essentiel et Gobelousse a fait le succès de cette pièce grâce à une tirade exceptionnelle à propos de son accent du sud; déclaration qu'il fait suite à une gentille moquerie des jeunes filles de Harlem.

Puis, le mariage de la jeune Griet Amstel va être mis en jeu. Après un affront au concours de tulipes, le père va proposer la main de sa fille à la personne qui lui apportera la plus belle tulipe.

Spérenza va intervenir car elle possède cette fleur merveilleuse. Elle va l'offrir à Régine, femme honnête, bonne et ouverte aux autres qui l'a considérée quand les autres la rejetaient. Ce cadeau est pour Gilbert, pour qu'il puisse épouser Griet et enfin vivre heureux et épanoui. C'est un beau sacrifice car la bohémienne est amoureuse du jeune homme.



Cette pièce sur le sacrifice amoureux et la reconnaissance m'a donné envie de lire cet auteur qui semble malheureusement peu joué au théâtre.





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Suzanne et les deux vieillards

Issu d'une prestigieuse famille d'artistes d'origine basque espagnole, Miguel Zamacoïs fut une petite célébrité du monde des lettres, abondamment lu depuis les années 1890 jusqu'au début de la Seconde Guerre Mondiale. Principalement connu pour des pièces de théâtre plutôt comiques, on lui doit aussi nombre de recueils de contes, de nouvelles, de pastiches, ainsi que quelques poésies et chansons joyeuses.

De cette oeuvre prolifique qui s'étale sur plus d'un demi-siècle, il faut bien reconnaître qu'il ne reste déjà pas grand chose. Il n'y a hélas pas de métier plus ingrat que de s'échiner à amuser ses contemporains. L'humour est toujours le produit d'une époque, voire d'une génération, il résiste fort mal au déroulement de l'Histoire, et heureux les Alphonse Allais, les Tristan Bernard et autres Sacha Guitry qui ont su séduire la postérité par leurs mots d'esprits intemporels.

Miguel Zamacoïs n'a pas vraiment eu cette chance, même s'il n'est pas totalement oublié non plus. L'oeuvre qui lui survit, et qui lui vaut d'être adulé dans tout le sud de la France, c'est un poème intitulé « L'Accent », un hymne à l'accent provençal qui résume assez bien son talent, mêlant une vraie tendresse humaniste à une ironie caustique et un hédonisme gai. Miguel Zamacoïs était en effet un homme joyeux et convivial, et la preuve en est précisément ce poème qui est davantage un exercice de style qu'une profession de foi, car l'accent, Miguel Zamacoïs ne l'avait pas, étant né à Louveciennes et ayant pratiquement passé toute sa vie à Paris, où il est d'ailleurs enterré. Mais s'il était joyeux, Zamacoïs était aussi quelqu'un qui se mettait en joie pour pas grand chose, et c'est sans doute ce tempérament insouciant et un peu facile qui lui a coûté sa place au panthéon de nos grands esprits.

« Suzanne Et Les Deux Vieillards » est par ailleurs un très bon exemple du talent de Zamacoïs, mais aussi de ses limites. Ce recueil qui rassemble 37 courts récits humoristiques, sans thématique particulière, montre tout ce que l'inspiration de l'auteur pouvait avoir d'inégale, voire de prévisible. Ces petites historiettes, ne reposant parfois que sur une anecdote minimale - une chute, un malentendu, une expression rigolote ou une escroquerie, un cambriolage ridicules - évoquent sur bien des points le travail d'écrivains très "vieille France" de la même époque, comme Henry Bordeaux ou Gabriel Chevallier, attachés aux moeurs françaises ancestrales, tant gauloises que chrétiennes, et aimant dépeindre des originaux, des bouffons, des ratés gentillets dans un esprit boulevardier. Peut-être d'ailleurs ces contes sont-ils nés d'idées que Zamacoïs n'a pas réussi à placer dans une de ses pièces. Toutefois, il faut reconnaître à l'auteur qu'il évite généralement quelques ficelles trop usées, comme tout ce qui touche aux moeurs, aux maris cocus, aux femmes adultères... Lorsqu'il s'y abandonne, c'est avec le souci d'y apporter un peu de nouveauté, comme dans le conte « Le Micro-Détective », où un bourgeois mondain, possédant une propriété un peu isolée où il reçoit quantité d'amis, a l'dée d'installer un petit magnétophone dans sa voiture, afin d'enregistrer les conversations de ses invités pendant que son chauffeur les raccompagne à la gare la plus proche. Il découvre horrifié que ses amis qu'il affectionne tant nourrissent envers lui le plus grand mépris et la plus mesquine jalousie, mais aussi que sa compagne le trompe avec le chauffeur, et il en conçoit un grand désarroi qui le pousse à rompre contact avec absolument tout le monde - ce qui ne le rend pas heureux non plus. La thématique n'est pas tellement nouvelle, Eugène Chavette avait écrit un conte un peu similaire soixante-ans auparavant, sur un homme dissimulé en haut d'une église, et qui découvrait affligé tout ce que ses amis disaient de lui dans son dos. Mais Zamacoïs en signe ici une version plaisante et réactualisée. « Le Lâcheur », quelques pages plus loin, brosse le portrait d'un homme passablement méfiant et caractériel qui "lâche" à peu près tout et tout le monde : son travail, sa famille, ses amantes, ses amis, et qui pour finir "lâche" la vie en se laissant mourir, mais néanmoins s'invite régulièrement aux tables des spirites, cédant à la tentation irrépressible de "lâcher" aussi l'au-delà.

Miguel Zamacoïs a du goût pour ceux qui dans la vie sont des "personnages fantasques" : marginaux, caractériels, artistes infréquentables, aventuriers... Cette fascination maintes fois mise en scène fait parfois mouche (comme avec le Lâcheur), et parfois pas, car étant lui-même l'émanation d'une société morale très rigide, Zamacoïs se passionne parfois pour des individus vaguement anarchisants, devenus finalement assez communs et archétypaux dans notre société moderne.

Au final, ce « Suzanne Et Les Deux Vieillards », originellement le titre du premier conte, pourtant peu passionnant, laisse l'impression volontiers mitigée d'un humoriste pas toujours drôle, mais qui ponctuellement, nous arrache encore de temps à autres un sourire joyeux et féroce. De plus, Zamacoïs conserve le charme de la brièveté. Même quand son histoire est ratée, elle ne nous a mobilisés que sur 4 ou 5 pages. On l'oublie sans rancune, et on passe à la suivante. Mais cependant, une fois refermée la dernière page, force est de reconnaître qu'on se souvient avec bonheur de cinq à six contes fort réussis, mais pas tellement plus. Zamacoïs fut pourtant bien plus inspiré par le passé, mais ce recueil marquant ses 30 premières années de carrière témoigne d'un auteur arrivé qui écrit avec habitude et confiance à l'attention d'un public qui lui était certainement acquis d'avance. Un siècle plus tard, tout ça se laisse lire sans déplaisir, mais le recueil semble un peu paresseux, un peu conventionnel, un peu attendu aussi. Toutefois, les amoureux d'ambiances très "vieille France" apprécieront l'immersion dans cette patrie insouciante d'il y a à peine un siècle, et qui nous apparaît déjà comme d'un temps lointain...
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