L'Accent de Miguel Zamacoïs, dit par Fernandel.
- Ce fut par une nuit ... une nuit opportune ...
Une nuit faite exprès ... toute noire ... et sans lune,
Comme en fait pour sortir Belphégor le maudit !
- Sans lune ! Vous voyez, je vous l'avais bien dit !
- Un sorcier avait fait un rond cabalistique ...
Une torche éclairait la scène ... fantastique ...
Et l'on trouva un coffre en creusant ... comme il faut !
Je m'appelle, Seigneur, Narcisse de Bellaître ;
J'occupe chez les fous le plus haut échelon
Car je joins à l'esprit la beauté d'Apollon ;
Et l'esprit n'est pas tout, l'oeil a son exigence,
Il aime à se poser sur un peu d'élégance ;
Pourquoi pour serviteur choisir un laideron
Qui déshonore un parc et gâte un perron ? ...
L'accent
« De l'accent ! De l'accent ! Mais après tout en-ai-je ?
Pourquoi cette faveur ? Pourquoi ce privilège ?
Et si je vous disais à mon tour, gens du Nord,
Que c'est vous qui pour nous semblez l'avoir très fort
Que nous disons de vous, du Rhône à la Gironde,
« Ces gens là n'ont pas le parler de tout le monde ! »
Et que, tout dépendant de la façon de voir,
Ne pas avoir l'accent, pour nous, c'est en avoir...
Eh bien non ! je blasphème ! Et je suis las de feindre !
Ceux qui n'ont pas d'accent, je ne puis que les plaindre !
Emporter de chez soi les accents familiers,
C'est emporter un peu sa terre à ses souliers,
Emporter son accent d'Auvergne ou de Bretagne,
C'est emporter un peu sa lande ou sa montagne !
Lorsque, loin du pays, le cœur gros, on s'enfuit,
L'accent ? Mais c'est un peu le pays qui vous suit !
C'est un peu, cet accent, invisible bagage,
Le parler de chez soi qu'on emporte en voyage !
C'est pour les malheureux à l'exil obligés,
Le patois qui déteint sur les mots étrangers !
Avoir l'accent enfin, c'est, chaque fois qu'on cause,
Parler de son pays en parlant d'autre chose !...
Non, je ne rougis pas de mon fidèle accent !
Je veux qu'il soit sonore, et clair, retentissant !
Et m'en aller tout droit, l'humeur toujours pareille,
En portant mon accent fièrement sur l'oreille !
Mon accent ! Il faudrait l'écouter à genoux !
Il nous fait emporter la Provence avec nous,
Et fait chanter sa voix dans tous mes bavardages
Comme chante la mer au fond des coquillages !
Écoutez ! En parlant, je plante le décor
Du torride Midi dans les brumes du Nord !
Mon accent porte en soi d'adorables mélanges
D'effluves d'orangers et de parfum d'oranges ;
Il évoque à la fois les feuillages bleu-gris
De nos chers oliviers aux vieux troncs rabougris,
Et le petit village où les treilles splendides
Éclaboussent de bleu les blancheurs des bastides !
Cet accent-là, mistral, cigale et tambourin,
À toutes mes chansons donne un même refrain,
Et quand vous l'entendez chanter dans ma parole
Tous les mots que je dis dansent la farandole ! »
Miguel Zamacoïs
Ne pas avoir d’accent, pour nous, c’est en avoir.
Eh bien non, je blasphème, et je suis las de feindre
Ceux qui n’ont pas d’accent, je ne peux que les plaindre.
Emporter avec soi son accent familier
C’est emporter un peu sa terre à ses souliers,
Emporter son accent d’Auvergne ou de Bretagne
C’est emporter un peu sa lande ou sa montagne.
Lorsque loin de chez soi, le cœur gros on s’enfuit,
L’accent, mais c’est un peu le pays qui vous suit,
C’est un peu cet accent, invisible bagage,
Le parler de chez soi qu’on emporte en voyage.
C’est, pour le malheureux à l’exil obligé,
Le patois qui déteint sur les mots étrangers.
Avoir l’accent enfin, c’est chaque fois qu’on cause
Parler de son pays, en parlant d’autre chose.
Cette chanson d'amour j'aurai voulu l'apprendre
Pour la redire un jour à l'ami doux et tendre :
Du grand bruit que fait le monde,
O mon ami, j'ai si peur,
Que je veux là, sur ton coeur,
Appuyer ma tête blonde...
Par les deux pieds fourchus du diable, et par la corne
Dont le front de Satan doublement cornu s'orne,
Baroco, tu seras le seul bouffon choisi,
Quand je devrais raser ce vieux château moisi ! ...
En ce temps de progrès à quoi peut-on donc croire ?
Pas même au vieux plaisir de manger et de boire;
Siècle du laboratoire municipal,
Le mouton c'est du chien, le boeuf c'est du cheval,
le homard c'est du veau, dont les marchands rapaces
bourrent paisiblement les vielles carapaces,
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Aussi né dans la sarthe, ayant donc eu l'aubaine
d'une intelligence au dessus de la mayenne,
je ne suis rien qu'humble faiseur de vers
qu'on accuse tout bas de cervelle à l'envers,
De la vie où la mort l'amour est le surnom :
La vie est dans un "oui", la mort est dans un "non"!
L'amour, selon qu'on a l'âme triste ou joyeuse,
C'est le soleil obscur où l'ombre lumineuse !
C'est la force d'en haut qui fait joindre nos mains
Par-dessus les grands murs des préjugés humains.
- Les hommes ont, vois-tu, des âmes de marmots ;
Quand on n'a pas de sucre, on leur donne des mots.
Je m'en vais les payer d'une petite histoire :
On est très riche avec un talent oratoire, ...
Emporter avec soi son accent familier, C'est emporter un peu sa terre à ses souliers ; Avoir l'accent, enfin, c'est chaque fois qu'on cause, Parler de son pays en parlant d'autre chose.