Dans "Le dernier homme blanc" (Grasset), Anders, jeune homme sans histoire, constate au réveil que sa couleur de peau a changé. Rapidement, alors que des émeutes racistes éclatent dans la ville, il comprend qu'il n'est pas le seul à subir une telle mutation. Écrit à la la manière d'une parabole, ce court roman nous interpelle sur la question raciale et la violence dans nos sociétés occidentales.
Mohsin Hamid répond à nos questions en vidéo.
Les deux femmes jouent à un jeu de patience : la plus vieille attend que l’autre vieillisse, la plus jeune attend que son aînée meure. C’est un jeu auquel l’une et l’autre gagneront inévitablement.
La poursuite de l’amour et celle de la richesse ont de nombreux points communs : toutes deux ont le potentiel d’inspirer, de motiver, de stimuler et de tuer.
C’est en étant lu qu’un livre devient un livre, et comme un million de lectures différentes en sont possibles, il devient chaque fois unique parmi un million de livres différents, tout comme une ovule devient une personne parmi un million d’autres potentielles lorsqu’il est abordé par un banc de spermatozoïdes frétillants qui nagent de toutes leurs forces dans sa direction.
«L'économie, c'est un animal, a continué Jim. En constante évolution. Au début, il avait surtout besoin de muscles, mais maintenant tout le sang qu'il a pu économiser est dirigé dans son cerveau. C'est là que je voulais être, moi. Dans le cerveau. La finance. La coordination de l'ensemble. [...]»
Nous ne sommes qu’information et nous sommes tous de l’information, tous, lecteurs ou écrivains, toi ou moi. L’ADN de nos cellules, les impulsions bioélectriques de notre système nerveux, les émotions chimiques dans notre cerveau, les configurations d’atomes en nous et les particules subatomiques en elles, les galaxies et les constellations en rotation que nous percevons non seulement en regardant au loin mais aussi en regardant au-dedans, tout cela, jusqu’au moindre bout et au moindre bip, est de l’information.
Pour être efficace, un livre d’aide au développement personnel nécessite deux éléments : premièrement, que l’aide en question en soit vraiment une, et deuxièmement, point sans lequel le premièrement serait impossible, que la personne qu’il prétend aider ait au moins une vague idée de ce pour quoi elle a besoin d’aide.
Dès que tes parents, frère et sœur déparquent de cette équipée, tu personnifies l’une des grandes mutations de notre époque : alors que ton clan était jadis innombrable – non pas infini mais d’un nombre difficile à déterminer -, vous êtes désormais cinq. Cinq. Les doigts de la main, les orteils d’un pied, une minuscule formation si on la compare à des bancs de poissons, à des nuées d’oiseaux ou, précisément, à des tribus humaines. Dans l’évolution historique de la famille, toi et des millions d’autres migrants représentez une prolifération continuelle d’ordre nucléaire. C’est là une transformation explosive, quand les liens solidaires, étouffants et stabilisants de la famille élargie se relâchent et cèdent, générant insécurité, anxiété, productivité et potentialité.
Avec leur prétention à sublimer le chétif être humain et à reformuler les simples définitions en concepts largement abstraits, les idéaux ne sont-ils pas par nature dirigés contre l’égo ?
L’effet d’une barbe sur vos compatriotes, surtout quand elle est portée par quelqu’un de basané comme moi, est un phénomène extrêmement intéressant.
Au fil du temps, le ciel au-dessus de la ville est devenu trop bouché par la pollution pour que l'on puisse vraiment contempler les étoiles, mais par les nuits dégagées, après toute une journée de pluie, il arrive encore au père de Saïd de sortir le télescope sur le balcon où la petite famille sirote du thé vert, se laisse rafraîchir par la brise nocturne et vient tour à tour poser l'oeil sur l'objectif afin de regarder des astres dont la lumière a été émise le plus souvent bien avant qu'aucun d'entre eux n'ait vu le jour, un rayonnement venu d'autres siècles et millénaires qui ne parvient que maintenant à la Terre. Le père de Saïd dit que c'est leur voyage dans le temps.