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Critiques de Mokhtar Amoudi (71)
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Les conditions idéales

Qu'il est bon de redécouvrir la vie à hauteur d'yeux d'enfant, même si ce sont ceux d'un petit gamin algérien né en France, de père inconnu et abandonné très tôt par sa mère aux doux services de l'ASE.



Skander, c’est lui le gamin, le narrateur donc.



Collégien, il nous fait partager son quotidien singulier avec son langage, ses mots à lui, précieux parfois, populaire toujours.

Son vécu nous est donné à vivre, avec ses certitudes naïves de bambin crédule et ses candides découvertes agrémentées de commentaires spontanés.



Un certaine virginité.



Une espèce de Petit Nicolas, en moins bien gâté par la vie quand même, dont les amis s’appellent Ramos ou Mohammed plutôt que Clotaire ou Eudes, un petit Skander donc, qui devra comprendre rapidement qu'une famille d’accueil se disloque quand la mère de substitution meurt précipitamment.



La vie n’est pas un long fleuve tranquille.



Avec un humour subtil qui se veut symptomatique de âge et de son inexpérience il nous raconte ses premières fois :

-          Sa première rencontre avec celle qui veillera sur lui désormais

-          Sa découverte du Maroc lors de son premier voyage initiatique en terre étrangère

-          Son premier coup de cœur vite douché finalement.

-          Ses premiers accès de violence dans la colo d’une station de ski en Suisse

-          Sa première implication collective en tant que délégué de sa classe de lycée

-          Sa première approche de la religion musulmane

-          Sa première prise de conscience de la déshérence psychologique et physique dans laquelle se perd sa mère biologique

-          Sa première baston funeste

-          Sa première garde à vue aussi...



Des premières fois restituées sous la forme de pastilles successives écrites dans un style à part, mélangeant le langage naïf de l’enfance et le verbiage populo du peut-être caïd en devenir.



Au fil des pages, nous glissons progressivement du doux récit du gentil gamin naïf découvrant la vie à celui, plus acide, de la petite teigne en construction que le droit chemin n’intéresse plus que de très loin.



Reconnaissons cependant que certaines tournures de phrases plus alambiquées ou certains vocabulaires plus léchés s’avèrent trop précieux ou trop riches pour intégrer parfaitement le style adopté par le récit. Sûrement un clin d’œil entendu de l'auteur pour établir une complicité avec son lectorat qui n'est pas dupe, nous lisons là le roman fraîchement écrit par un homme et non pas le journal intime d’un gamin démarré il y a longtemps.



Le gamin est sensé, conscient des difficultés qui seront les siennes s'il veut finalement sortir des ornières que sa condition initiale a déjà tracées devant lui, d’autant qu’il veut devenir avocat.

Il est intelligent et son potentiel est reconnu sauf par un encadrement scolaire prompt à casser tout trublion susceptible de faire école autour de lui.

Lui est devenu trafiquant de drogue !



Un parcours individuel en guise d'état des lieux sur une difficile jeunesse de banlieue à qui rien n’est promis si ce n’est une délinquance systémique installée de longue date par un destin mangé par la poisse et l’absence de perspective. La faute à pas de chance surtout pas celle d’être né du bon côté de la Seine, celui qui offre un autre avenir que de systématiquement finir en prison.



Une tranche de vie qui va de la cour d’école au banc du bac dans un quartier où s'en sortir c’est faire preuve d’une force de caractère hors du commun.



Une bonne lecture malgré quelques passages en demi-teinte et un parti pris stylistique un peu redondant.



Les confessions d'un enfant du siècle !

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Les conditions idéales

BOULEVERSANT !



Mothkar Amoudi nous offre ici son premier roman, fortement autobiographique, inspiré de son enfance passée en famille d'accueil.



Un roman initiatique qui retrace l'itinéraire de Skander, un ado qui ne grandit pas dans les "conditions idéales". Placé à l'aide sociale à l'enfance, le jeune garçon se laisse entraîner dans la délinquance et la violence, suivant les "mauvais garçons du quartier". La littérature reste sa bouffée d'oxygène...



Pour un premier roman c'est une réussite totale. J'ai été emportée autant par l'écriture maîtrisée que par les personnages très attachants aux destins d'un réalisme touchant. Et si les livres, et l'amitié, pouvaient changer les vies ?



Un coup de ❤
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Les conditions idéales

Chaque matin, ma fille aînée va travailler à la prison de la Santé.

Presque chaque matin.

Onze grilles avant d’arriver à la bibliothèque, à son bureau.

Onze verrous.

Tous les matins elle se bat pour la réinsertion par les livres, grâce aux livres.

Elle est courageuse, et audacieuse.

Elle croit en la littérature et aux deuxièmes chances.

Elle croit aux vertus de la littérature sur les détenus.

Tous les matins, elle anime, organise, réfléchit, avance.

Après les onze verrous.





Le prix Goncourt des détenus, c’est un prix particulier, celui de lecteurs singuliers.

L’année dernière, ils avaient choisi le livre de Sarah Jollien-Fardel « Sa préférée ». Nous aussi, on avait adoré.

Cette année, ils ont lu et élu :

« Les conditions idéales » de Mokhtar Amoudi.

Alors, ma fille aînée l’a acheté et me l’a donné. Emballé dans un joli papier.

En quelques jours, quelques heures, à peine le temps d’une garde à vue, je l’ai commencé et terminé.

C’est un premier roman inspiré de la vie de son auteur.

De la veine des grands romans initiatiques.

Quelque chose de « La vie devant soi » dans le Val de Marne si Madame Rosa s’appelait Khadija, si Momo s’appelait Skander - qui est un enfant de l’ASE, l’aide sociale à l’enfance.



Un enfant placé, un enfant des cités, un enfant du trafic de drogue mais pour acheter des chaussures américaines et une veste en cuir.

Un enfant brillant qui vise le bac, les études de droit, la finance.

Parce qu’il désire plus que jamais ces chaussures américaines et plus jamais un jogging troué pour sortir.

Qui fait de mauvaises rencontres et des rencontres qui sauvent.

Qui découvre une prison, qui raconte :

On arriva enfin, la prison apparut. C’était donc ça, Fleury, du gris et du marron, moins de couleurs que l’enfer. Le mot prison, c’est pas assez fort pour la décrire. Ces murs épais comme des frontières contenaient cinq mille délinquants, femmes et mineurs compris. On pourrait pourtant mieux la remplir.



La langue de Mokhtar Amoudi est celle du réel entre Courseine et Créteil.

C’est la voix de l’enfance mais pas celle de l’innocence.

Un langage précis, fleuri.

De l’émotion et du rire, tout est réuni. Les conditions idéales.



Ce soir, je prêterai ce livre à ma fille aînée.

Elle le lira, en sortant de la Santé.

Après les onze verrous.

Je sais qu’elle va l’aimer.





instagram : @mesmotsdanslesleurs
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Les conditions idéales

« Il arrive que l’on marche à côté d’un autre monde sans le savoir ».

Ce monde parallèle, Skander, placé tout petit à l’Aide sociale à l’enfance, va y être confronté brutalement, par l’un de ces mauvais tours que la vie peut vous jouer. Le voilà soudain plongé au cœur d’une cité de la banlieue parisienne ; l’enfant modèle, curieux de tout et qui excellait à l’école, découvre alors un milieu qui lui est étranger et à mille lieues de la bienveillance que l’on pourrait lui souhaiter. À Courseine, c’est la loi de la jungle. En grandissant, les ennuis s’accumulent et Skander est très vite entraîné par les jeunes du quartier. Fini l’innocence.



Attention, ce livre n’est pas un réquisitoire contre les institutions ni un pamphlet misérabiliste. C’est beaucoup plus malin, sincère et touchant, à l’image de son personnage principal qui en est le narrateur. Skander pose un regard « gravement » intelligent et doux-amer, sur le monde qui l’entoure ce qui rend ce roman d’apprentissage souvent drôle alors que les circonstances ne le sont pas.

C’est également une réflexion sur le système de l’ASE avec ses réussites et ses faillites mais aussi sur la résilience et les choix contraints ou assumés, les rencontres bonnes ou mauvaises, qui déterminent un parcours individuel.

L’écriture est formidable, enlevée, parfois très drôle (le premier voyage au Maroc ou la visite à la mosquée notamment), les personnages finement décrits.

Une très bonne lecture, à conseiller notamment à ceux qui pourraient penser que la réussite a tout à voir avec la génétique et rien avec l’environnement…
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Les conditions idéales

C'est l'histoire de Skander, placé dès l'enfance à l'aide sociale. Si tout démarre bien, il arrive chez Khadija et là, son destin bascule.

Livre bien écrit mais un peu longuet. Je me suis ennuyée. Heureusement, Skander, le jeune héros, est drôle et attachant. Il est curieux, et cela lui permet de s'en sortir. Ou du moins, on y croit. La fin est optimiste.
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Les conditions idéales

Pas convaincue.



Skander est placé à l'Aide sociale à l'enfance depuis toujours, intelligent et passionné par la lecture, sa vie prend un mauvais tournant lorsqu'il est placé chez Madame Khadija.



C’est l’histoire de Skander un enfant qui pourrait être comme tous les autres. Mais Skander n’est pas comme tous les autres. Placé à l’Aide sociale à l’enfance depuis la petite enfance, sa vie semble déjà avoir pris un mauvais départ. Néanmoins sa grande intelligence le fait se démarquer des autres enfants de l’ASE.



Initialement placé dans une famille aimante, Skander va voir sa vie basculer au décès de sa tutrice. Sur la demande de sa mère qui souhaite le voir souvent, ce dernier va être placé chez Madame Khadija en banlieue parisienne. Celle-ci est assistante maternelle pour l’argent.



Et c’est le début de la chute. De bon élève Skander se transforme en petit délinquant. L’histoire est supposée être racontée avec humour, je l’ai surtout trouvée poussive et répétitive. Si enfant Skander est touchant avec sa naïveté, il devient tête à claque à l’adolescence. Le voir abandonner son travail à l’école juste pour suivre la masse, et essayer de vaguement plaire à quelques petits caïds, donne une sensation d’immense gâchis.



Toutefois, les passages concernant la religion sont très drôles et justes. Le passage dans la mosquée salafiste est excellent. Sous couvert d’humour, il montre la main mise des extrémistes religieux sur certains quartiers. Enfin, la fin montre une lueur d’espoir pour la suite. Skander parvient à se reprendre in-extremis et va faire des études. Je regrette malgré tout qu’il n’y ait pas un épilogue plusieurs années après pour voir son évolution.



Bref, un premier roman qui ne m’a pas convaincue.



Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE 2024
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Les conditions idéales

On ne peut pas dire que les fées se soient penchées sur le berceau de Skander, jeune adolescent :



Abandonné et placé en familles d’accueil, le voilà qui atterrit dans le 93, chez Madame Khadija, à Courseine, bien occupée à joindre les deux bouts avec l’argent que lui rapportent les enfants de l’Aide Sociale à l’Enfance. Lui, le bon élève rêvant d’études supérieures, se retrouve au beau milieu des caids de banlieue, des bagarres et de la délinquance, à deux doigts des filets tendus, d’un côté par l’idéologie salafiste, de l’autre, par l’argent facile de la drogue.



Habitué à s’accommoder d’un environnement affectif défaillant, Skander doit maintenant résister à la pente, où, pour avoir la paix, il lui serait facile de suivre les autres jeunes.



De petits trafics en actes de délinquance de plus en plus lourds, l’engrenage et la dérive de plus en plus franche. Sans pour autant de complaisance ni lui chercher d’excuse, la narration observe les tiraillements de l’adolescent, entretenant la tension née de la certitude de le voir vaciller sur une ligne de crête décisive.



Pour lutter contre les forces de gravité qui menacent de l’enfermer lui aussi dans le vase clos de ce milieu, il dépendra de sa propre capacité de resilience.



Dès les premières pages, je me suis attachée à ce jeune homme, qui n’a pas tiré les bonnes cartes à la naissance, c’est peu dire.

Ce roman est drôle, tendre et empreint de gravité à la fois et montre l’importance des rencontres décisives et de leur influence pour la construction d’un parcours de vie.



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Les conditions idéales

La mère de Skander n'étant pas capable de l'élever, il est placé dans différentes familles d'accueil.

La première est stable et il s'épanouit. Il adore lire le dictionnaire.

La seconde famille est différente et il se retrouve en contact avec la banlieue et ses bandes.

Après d'excellents résultats en primaire,le collège verra baisser ses notes et le lycée plus encore.

Heureusement, quelques adultes qui lui font confiance lui permettront peut-être de s'en sortir.

Le sort des enfants placés n'est pas toujours évident.

La vie des banlieues et l'influence des bandes ne sont pas toujours favorables.

Les chances de s'en sortir sont minces.

Quand, sur le chemin de ces enfants, des adultes bienveillants ouvrent une porte attentive ; tout peut alors changer.

C'est un roman assez dur, qui donne le sentiment d'une part d'autobiographie, je ne sais pas si c'est le cas.

Mais il dénonce une réalité bien dure.

Heureusement, certains parviennent à s'en sortir, mais pas assez hélas.



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Les conditions idéales





Les conditions idéales ici pas réunies pour Skander et ses débuts dans la vie.



Enfant de l'ASE (ex DDASS), placé chez Khadidja en banlieue parisienne, à Courseine (la fictive), Skander évolue sur le fil, entre désir d'apprendre et délinquance, entraîné par les jeunes du Grand Quartier.



L'auteur a mis beaucoup de lui en Skander.

Avec un ton naïf et drôle, il le fait parler d' enfance malheureuse, gâchée, de drogue, de violence, de repères moraux en totale perdition.

Et cette écriture décalée donne une couleur singulière au récit où l'ultra réalité côtoie le 2ème degré.



Lecture à la fois sombre et fraîche, mais oui mais oui les deux à la fois..



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Les conditions idéales

Skander est doué et voue une passion pour le dictionnaire, son livre de chevet. Placé dans une famille d’accueil et entouré de l’affection de Jessica, le jeune garçon ne fait pas de vague. Mais voilà qu’un jour, il atterrit chez Madame Khadija, ombre au tableau que de se retrouver dans le « 9-3 ». Les nouvelles conditions sont-elles idéales pour Skander qui ne rêve que de grandes études ?

« Quand on a été abandonné une fois, on se dit que ça ne pourra plus arriver, que jamais on ne se permettra de vous la refaire. Mais un adulte, c’est capable de tout. »



Vous allez me dire que ce roman est un énième texte sur les cités et ses caïds et vous n’auriez pas tout à fait tort mais ce qu’écrit Mokhtar Amoudi va bien plus loin que ça. En sortant des clichés, l’auteur rend le personnage de Skander plus attachant, plus à sa place, plus lui. Le gosse, balloté par l’Aide Sociale à l’Enfance, m’a émue, fâchée et même parfois donnée envie de le secouer (mais pas trop fort).



Porté par une voix sincère, sans faire dans le misérabilisme, ce premier roman percutant, drôle parfois, donne à garder sa bonne humeur dans l’adversité. Séduite.

« En guise de famille sanguine, j’étais donc cerné par des repris de justice, des abrutis, ou des inconnus, éparpillés entre la France et l’Algérie. Sans compter les fausses familles issues de l’assistance, celles qu’on subit ou qui abandonnent. Tout ça pour moi. J’aurais donné beaucoup pour naître ailleurs. »



http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2024/02/19/40211130.html
Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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Les conditions idéales

Skander, d'origine algérienne, abandonné par sa mère qui se prostitue,a été placé, par l'ASE (Aide Sociale à l'Enfance) dès son plus âge en famille d'accueil. La dernière en date, alors qu'il a une dizaine d'années, le voit arriver dans une banlieue difficile, chez une assistante maternelle marocaine qui essaye de gagner le pus d'argent possible en accueillant autant d'enfants que possible. Sa mère réapparaît dans sa vie mais ne souhaite pas le reprendre avec elle. Ses résultats scolaires qui étaient excellents se détériorent, il est happé par les petits trafics, la délinquance, fait l'expérience de la violence gratuite entre bandes de banlieues ennemies, deale. Jusqu'à ce qu'il se fasse arrêter pour trafic de drogue, soit mis en garde-à-vue, ce qui provoque un électrochoc. Il comprend que seules les études le sortiront du marasme dans lequel il s'enfonce. Il se reprend en main avec l'aide de son assistante sociale, de l'ASE, d'un juge compréhensif, d'un professeur qui lui donne des cours et il décroche son bac. Il va pouvoir faire les études dont il rêve.

Le sujet des banlieues, de leurs dangers, de leur violence a été traité de nombreuses fois, parfois de façon similaire et peu originale; ce qui fait tout l'intérêt de ce roman, c'est le point de vue choisi par l'auteur : celui d'un enfant, puis celui de l'adolescent qu'il devient, au plus près de la vie réelle qu'a connue Mokhtar Amoudi lui-même. Un mélange de naïveté, de peur face à la violence, d'amitié, de doutes sur lui-même. le regard est curieux, rarement accusateur. le fait que ce soit un enfant qui raconte dédramatise les situations qu'un adulte considèrerait comme graves. On sent une certaine tendresse de l'auteur pour Skander mais aussi pour d'autres personnages, pourtant peu sympathiques au premier abord. Il n'y a pas de colère, pas de haine, pas d'idée de vengeance et le roman se termine sur une note d'espoir pour Skander, bien sûr, mais le message s'adresse aux autres Skander : on peut combattre le déterminisme social et en sortir grandi.

Ce roman rend hommage à l'ASE et à toutes ces personnes qui essayent de sortir des enfants qui ont mal démarré dans la vie, du destin qui les attend, qui croient en eux, qui savent voir derrière les apparences : beaucoup de dévouement, d'amour, de volonté de faire bouger les choses.

Le ton est assez humoristique, pas larmoyant du tout comme, par exemple, la description savoureuse d'une séance au hammam, la première pour Skander ou l'équipée pour partir au Maroc. Le style est celui d'un enfant puis d'un adolescent, simple, sans fioriture. Quelques longueurs, que l'on pardonnera volontiers à un primo-roman, alourdissent la narration et conduisent à un certain relâchement de l'intérêt.

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Les conditions idéales

Prix Envoyé par la Poste 2023



Goncourt des Détenu(es) 2023



Le personnage principal de ce roman est un jeune garçon, Skander. Comme beaucoup d’autres, il a été placé très jeune dans une famille d’accueil par l’Aide sociale à l’enfance. C’est peu de dire que sa mère est défaillante, le père, lui, est inconnu.



Skander est intelligent, passionné de lecture et s’intéresse à tout et a de bons résultats scolaires. Malheureusement, au décès de son assistante familiale, il est placé en banlieue parisienne chez Madame Khadija. Celle-ci, plutôt sévère et revêche, aura à coeur de lui inculquer les principes de vie de sa communauté d’origine, à savoir la religion musulmane.



Bien malgré lui, il va être confronté aux dures lois de la vie dans une cité : violences, guerres entre bandes, vols, trafics de drogue. Déboussolé, sans repère parental et malgré l’attention de son éducatrice de l’ASE, il va dériver petit à petit vers la délinquance, jusqu’au sursaut salvateur.



J’ai été très touchée par la lecture de ce roman que j’ai trouvé très juste dans sa façon d’aborder les choses.



Dans mon cadre professionnel, je travaille avec des enfants placés par l’ASE et ai assisté à des rencontres médiatisées parents-enfants. J’ai retrouvé dans le regard de Skander sur sa mère ce que j’ai constaté pendant ces rencontres.



J’anime aussi des ateliers auprès de détenus en maison d’arrêt. Les jeunes personnages du roman sont des copies conformes, quant à leur parcours de vie, de ceux que je rencontre.



» Les conditions idéales » est un roman profondément humain qui pousse à la réflexion sur l’inégalités des chances, le milieu géographique où l’on grandit et le fait d’avoir la chance, ou pas, que quelqu’un vous tende la main.



Un roman dont la lecture me semble nécessaire pour comprendre notre société.
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Les conditions idéales

Ce premier roman de Mokhtar Amoudi est le lauréat du prix Goncourt des détenus, et on comprend pourquoi. En retraçant le parcours, chaotique et surprenant à la fois, d'un enfant placé à l'aide sociale à l'enfance, l'auteur retrace deux sujets difficiles : l'enfance d'un enfant placé de familles d'accueil en familles d'accueil et, ce qui m'a le plus touché, le circuit infernal de l'adolescence en banlieue. On arrive à en sortir, ou pas...



L'écriture est assez fluide et évolutive selon l'âge du personnage, démarrant à la Gary (La vie devant soi) lorsque le narrateur n'est encore qu'un enfant, puis terminant avec le langage d'un jeune adulte de 18 ans.



À la lecture de ce roman, j'ai ressenti beaucoup de frustration, d'angoisse et même d'énervement. Pourquoi commet-il ces erreurs si facilement évitables? C'est peut-être là la plus grande leçon de ce premier roman de Mokhtar Amoudi : c'est facile avec le recul de dire "non, ne fais pas ça", mais quand on est dedans, quand on vit béton et délinquance, c'est le seul chemin qui s'offre à nous, la seule façon d'avancer, jusqu'à avoir assez de curiosité et de courage pour mettre un pied à l'extérieur.
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Les conditions idéales

Le sujet de ce livre ne manquait pourtant pas d'intérêt : Skander, enfant curieux et intelligent, est placé à l'Aide sociale à l'enfance en raison d'un père absent et d'une mère marginale, prostituée et droguée, qui ne sait pas s'occuper de lui. Au fil du récit largement autobiographique, au gré de mauvaises décisions de placement et d'un environnement toxique, on voit cet enfant brillant s'enfoncer dans la délinquance. Nous assistons, à hauteur d'enfant, à tout ce qu'il a enduré.



Je me suis tout d'abord intéressée à ce récit qui m'a fait penser aux "Ritals" de Cavanna. Le personnage de Skander m'a touchée par le fait que décidément, il ne puisse rien choisir, comme s'il était un passager clandestin de sa propre vie. En cela, le recours à l'écriture est pour Mokhtar Amoudi un moyen de redevenir le sujet de son existence, en plus d'être une victoire admirable pour quelqu'un dont la scolarité a été si abîmée, ce dont on ne peut que se réjouir. Elle prouve, mais ce n'est malheureusement pas une nouveauté, que certains enfants naissent avec bien peu de chances de devenir heureux. À cet égard, "Les Conditions idéales" nous force à regarder cette injustice sociale en pleine face.



Pourtant si je ne juge que le livre en soi et non l'intérêt du témoignage, mon bilan de lecture est négatif. J'ai peiné à le lire, j'ai trouvé l'écriture enfantine, parfois à la limite du compréhensible (que signifie "elle avait la fibre d'aider les pires"?). Les scènes sont traitées avec vulgarité et sans profondeur (que dire du récit de ce conseil de classe grotesque, page 96, qui n'a rien de réaliste mais qui n'offre rien de plus ?). Il est difficile de transformer la boue en or, n'est pas Genet qui veut...

Je ne comprends pas trop l'enthousiasme autour de ce livre ni le choix d'un éditeur aussi prestigieux que Gallimard.

J'ai refermé ce livre en ressentant un fort sentiment de malaise.



Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices Elle 2024.
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Les conditions idéales

📚 Début de l'histoire - Skander, le narrateur, est un jeune de l'aide sociale à l'enfance. Il sera placé en banlieue parisienne, à la suite d'un changement brutal de famille d'accueil. Il va faire l'apprentissage de la vie dans le quartier... Ses résultats scolaires étaient pourtant bons, va-t-il se couper d'un avenir possible ?



🖊️ Skander nous entraîne avec lui dans son adolescence. Il doit composer avec les codes d'un monde brutal, sans merci.



🖊️ Écrit à la première personne (le narrateur vit ses années collège/lycée), le texte de ce premier roman est précis, sec. L'écriture est affûtée ; pas un mot de trop. C'est difficile d'écrire un texte en faisant parler un enfant ; on y croit : les mots, le style, l'humour parfois...



👌 Et alors ? Ça fonctionne. On lit un roman dans lequel les situations sont (d)écrites d'une façon vraiment intéressante. Les mots ne cherchent pas à faire vibrer la corde sensible, à faire pleurer sur la vie des jeunes des quartiers populaires, et je crois que c'est intentionnel, au diapason de l'état d'esprit du personnage.



👏 Bilan ? J'ai vraiment apprécié lire ce texte. Un premier roman pour réfléchir. Oserais-je dire que ces mots ont une dimension politique ?
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Les conditions idéales

[Lu dans le cadre du Prix des lectrices de Elle 2024]



Chez Madame Nicole, ce n’était pas mal. Il y avait Delphine, sa grande fille, et puis Jessica, une autre enfant placée, comme Skander. S’il excelle à l’école, le petit garçon a de sérieux problèmes : un ami imaginaire très présent et des cauchemars épouvantables. Skander va de temps en temps chez sa mère qui l’a abandonné quand il était très jeune. L’enfant de 8 ans qui raconte cette histoire n’en est pas encore pleinement conscient, mais le lecteur a compris qu’elle se prostituait. Tout va vraiment mal tourner quand Skander rentre de colonies de vacances : Madame Nicole est morte d’un cancer, et la mère du petit garçon bénéficie de nouveau de ses droits parentaux. Elle obtiendra que Skander soit placé chez Mme Khadija, qui jongle pour s’en sortir avec l’argent que lui donne l’ASE, et là, une nouvelle vie va s’ouvrir pour lui : on n’ira pas vers le mieux…

***

Ce que nous raconte Mokhtar Amoudi dans ce roman percutant semble en grande partie autobiographique. Skander se démarque des autres enfants placés et de ceux du quartier parce qu’il est curieux de tout, qu’il aime lire le dictionnaire, que ses résultats scolaires sont bons et qu’il paraît posséder déjà l’intuition de ce que ses qualités peuvent lui apporter. Cependant, il va connaître de multiples galères à cause de concours de circonstances malheureux. Il va inexorablement dériver, adopter les pratiques de ses copains et devenir à son tour un de ses gamins de banlieue présentés de manière assez caricaturale par certains médias. Une série de hasards va changer le cours des choses. J’ai beaucoup aimé les trois-quarts du roman malgré certaines maladresses. La voix de l’enfant sonne juste peut-être parce que sa relative naïveté écarte tout misérabilisme. En grandissant, Skander perd (heureusement !) cette naïveté, mais même dans les moments particulièrement difficiles, Mokhtar Amoudi évite les outrances d’un certain pathos et les nombreux lieux communs sur cette jeunesse des « quartiers ». Je suis restée sans voix devant les erreurs et les errances commises par les adultes censés apporter de l’aide à ces enfants. Certains sont très au-dessous de ce qu’on est en droit d’attendre d’eux. D’autres, au contraire, se démènent et ne lâchent pas les enfants dont ils ont eu à s’occuper. Malgré les ratés de quelques-uns, on sent toute la reconnaissance que l’auteur voue aux autres. Je me suis un peu perdue vers la fin du roman et j’ai trouvé le ton moins juste, mais la féroce ironie portée par le titre m’a enchantée et a influencé ma lecture. Un bon premier roman !



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Les conditions idéales

Itinéraire d'un enfant "placé"



Autofiction depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte, nous suivons Skander dans ses placements et ses déboires. L'ASE décide du sort des "placés". Quelque soit la bienveillance des acteurs, l'institution ne remplace pas une famille et protège mal des mauvaises rencontres.



Le vécu de l'auteur a planté ses crocs dans la fiction et cela se sent : Il n'y a pas de pathos, pas de justifications, peu d'articulations logiques : c'est un style que je résumerai aride. Une prose réservée, qui s'apitoie peu, les mots de quelqu'un qui a grandi sans pouvoir crier Maman et donne du Monsieur et Madame à ceux de l'institution. Il y a un style et la précieuse puissance du premier roman, celle qui n'emploie pas de formule. J'ai particulièrement aimé la peinture de la banlieue inventée de Cousrseine, termitière glauque et grise, pleine de ces insignifiants destins qu'elle digère et consume.



Un peu surpris des critiques jugeant ce livre téléphoné et pauvre, j'ai trouvé ce livre bon. J'ai peur que des âmes chagrines regrettent que l'auteur s'appelle Mokhtar.
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Les conditions idéales

Les conditions idéales

Mokhtar Amoudi

roman (premier)

Gallimard, 2023, 246p





C’est l’histoire d’un gamin, Skander, qui grandit, fils d’une mère droguée et prostituée, et placé dans des maisons d’accueil. Au fil des placements, il change de « frères » et « sœurs ». On ne s’occupe pas de son bien-être. On le place. Il aurait aimé un autre foyer. Sa mère préfère qu’il ne soit pas trop loin de là où elle habite. Sa chance relative est d’être bon élève.

Il arrive à Courseine dans la maison de Khadija qui veut argent et références. Les autres enfants de la maison touchent à la drogue, ils en prennent ou ils en vendent dans le Grand quartier. Des rivalités de bandes sont fréquentes et font mal. Peu à peu, Skander a pour domaine la rue.

Khadija l’entraîne, lui l’Algérien, au Maroc où sa famille exploite celle-ci de façon scandaleuse. Tout va de mal en pis pour Khadija, ruinée puis calomniée. Skander lui donne un peu d’amour.

Il rencontre un avocat, et il a envie de devenir avocat. Cet avocat ne s’embarrasse pas de sentiments. Il ne veut pas entendre parler de drogue. Cependant Skander sait ce qu’il veut. Pris dans une affaire de trafic, et grâce à ses aptitudes scolaires -quelque chose d’inouï dans le monde des enfants placés- il pourra faire des études longues.

Ce roman, qui rappelle pourtant La vie devant soi, ne m’a pas emballée. Il est écrit à la première personne, avec un regard d’enfant puis d’adolescent déjà désabusé, et une langue de banlieue. Skander ne m’est pas sympathique, bien qu’il soit très attentif aux autres, qu’il lutte pour s’en sortir. C’est sûr que de conditions idéales, il n’en a pas, lui qui manque d’amour et d’argent, mais qui a intelligence, recul et lucidité ; les conditions qui lui sont offertes en fin de roman paraissent, elles, venir d’un conte de fées. Je n’étais sans doute pas dans les conditions idéales pour me laisser prendre par ce bouquin, je suis restée au bord de la route.

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Les conditions idéales

Même si le sujet abordé ici m'intéresse (l'aide sociale, les parcours compliqués de l'intégration), je ne me suis pas attachée au personnage principal, ce qui a rendu ma lecture laborieuse et sans émotion aucune.

En plus l’écriture est peu maîtrisée, voire parfois enfantine.

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Les conditions idéales

Immense déception pour ce roman que je me faisais une joie de découvrir. J’ai attendu ce moment avec impatience, alléchée par les chroniques dithyrambiques que j’ai pu lire.





Skander est un garçon curieux, qui aime lire. Placé à l’Aide sociale à l’enfance, il atterrit à Courseine, une banlieue parisienne, chez Madame Khadija. Entraîné par les jeunes du quartier, Skander réussira-t-il à sortir de ce guet-apens et ne pas sombrer dans la violence ?



Encéphalogramme plat.



Absence totale d’intérêt pour ce roman

Ennui abyssal

Absence de toute forme d’empathie pour les personnages

J’ai tourné les pages dépitée
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