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Critiques de Moses I. Finley (10)
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La Sicile antique

La Sicile antique a été un carrefour important du Monde méditerranéen. Les Grecs crurent d'abord que l'île était peuplée de Cyclopes et de Lestrygons. Mais les peuples les plus anciens de la Sicile étaient plutôt les Sicanes, les Sicules et les Elymes auxquels on attribua des origines troyennes. Les Phéniciens et les Grecs allèrent ensuite s'y implanter, Les Grecs y fondant de nombreuses cités, telles que Syracuse ou Agrigente. Les cités grecques de Sicile connurent de nombreux tyrans et des séditions. Après les guerres puniques l'île devint romaine pour plusieurs siècles puis byzantine, après avoir été occupée brièvement par les Vandales et vendue à Odoacre, jusqu'à la conquête arabe . Dans ce livre passionnant M.I. Finley s'appuie sur différentes sources pour tenter de reconstituer l'histoire de la Sicile antique : l'archéologie, l'épigraphie, la numismatique et les oeuvres de grands historiens tels que Diodore de Sicile.
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Le problème de la terre en Grèce ancienne

Que voilà un problème conséquent ! Il fallait bien une flopée d’historiens antiquistes pour y répondre. Et malgré un titre peu prometteur pour les non connaisseurs, la terre en Grèce ancienne est bien un problème conséquent, puisqu’elle est, ni plus ni moins, la raison première du lancement des grandes diasporas grecques à partir du VIIIe siècle avant J.-C.



Moses Finley dirige ici les actes d’un colloque tenu en 1969 sur ce questionnement. Nous commençons par explorer le monde colonial avec le problème de la main-d’œuvre dans les colonies que ce soit en mer Noire, en Italie du Sud ou Cyrénaïque. On visite, sous l’angle de vue rural, des cités comme Métaponte ou Megara Hyblaea. Les rapports nécessaires à la cité, détentrice de la terre, voire à la cité-mère, ne sont pas négligés. Des spécialistes de la question athénienne nous emmènent ensuite sur les traces des colons spécifiquement athéniens en mer Noire, en Attique, avant de « s’envoler » pour l’Égypte hellénistique et romaine. Ce volumineux flot de contributions se termine par un volet plus théorique, mais néanmoins non moins intéressant, sur le rapport de la mythologie et de la religion à la terre, la terre comme symbole en somme.



De par leur sujet comme par leur relative ancienneté, ces actes de colloque sont clairement à l’attention des spécialistes cherchant un éclairage sur un point bien précis du problème de la terre en Grèce ancienne. Toutefois, ne zappez pas non plus cet ouvrage en pensant qu’il se restreint à la Grèce proprement dite, bien au contraire la question des colonies est centrale et les ponts érigés avec la future puissance romaine sont légion.
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Mythe, mémoire, histoire

La question qui obsède Moses I. Finley est la suivante : « Nous autres, historiens, jouons-nous en fait un grand rôle ? »





Mais aussi, incluant l’interlocuteur du discours de l’historien, il demande : « Qu’est-ce que l’effet de l’étude de l’histoire ? […] Cui bono ? (à qui le profit ?) Qui écoute ? Pourquoi ? Pourquoi non ? »





C’est en se référant à l’étude de la Grèce antique qu’il parvient à se trouver des éléments de réponse. On observe par exemple que le thème de l’esclavage dans l’Antiquité n’a pas été abordé de la même façon en fonction des périodes et des situations politiques qui ont vu éclore les historiens qui se préoccupèrent de la question. Donc : « L’ardeur des débats [concernant un fait historique passé] ne peut s’expliquer que par les problèmes du présent, non par ceux du passé. »





Dans l’Antiquité grecque, on s’en foutait de l’histoire envisagée comme une enquête rationnelle. Les mythes et les légendes, transmis oralement, suffisaient à conférer aux hommes le sentiment d’une identité historique. « Aucun Grec, avant le cinquième siècle, ne tenta d’organiser quoi que ce soit pour son propre temps ou pour les générations antérieures, la matière essentielle de l’histoire. » Pourquoi pas de données ? Parce que le Grec de l’Antiquité s’en foutait de son passé. Et pourquoi ? Va savoir… S’ensuit une grosse étude sur la notion de liberté et de droits dans la Grèce antique, mais on ne sait jamais trop à quoi ça sert : est-ce que Finley cherche à découvrir ici l’origine du désintérêt des antiques à identifier une origine rationnelle de leur passé ?





Avec toutes ces conneries, Finley nous dresse une étude critique des théories des historiens marquants qui ont abordé l’Antiquité, mais aussi de Max Weber, de Sombart, de Marx, Aristote, Platon, Hérodote, Jefferson, etc. Il indique également que tout système historique est fondamentalement subjectif, même si certains veulent nous faire bouffer leurs vessies en nous les faisant passer pour des lampions de jour de fête : « Le choix des événements qu’il faut organiser en une séquence temporelle, qu’il faut mettre en rapport les uns avec les autres, dépend inévitablement d’un jugement qui postule qu’ils ont par définition des rapports entre eux […] ; jugement, de surcroît, qui découle de la manière dont l’historien conçoit les relations existant entre ces événements qui forment le récit et des facteurs de longue durée qui, eux, ne sont pas directement des maillons de la chaîne évènementielle. »





En gros, l’écriture de l’histoire représente une forme d’idéologie, et c’est tout le mérite de Finley de le rappeler –sans y échapper.

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Le monde d'Ulysse

Petit essai passionnant pour ceux qui souhaiteraient en savoir un peu plus sur la vie des Grecs de l'époque héroïque. Moses I. Finley analyse scrupuleusement les récits homériques et fait des recoupements avec les données archéologiques. Chaque hypothèse se fonde sur des arguments cohérents et fondés. Moses I. Finley ne perd jamais de vue que l'Iliade et l'Odyssée sont des fictions et , en tant que telles, doivent être abordées avec prudence et circonspection.

Attention, cette édition est assez datée (années 1970, tout de même!). Les recherches archéologiques et philologiques ont, depuis lors, sans doute apportées quelques éclaircissements nouveaux sur cette période de l'Antiquité.
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Le monde d'Ulysse

Historien antiquisant Moses I. Finley né aux Etats-Unis, est spécialiste sur la Grèce Antique comme en atteste sa nombreuse bibliographie : Les anciens grecs ; L’économie antique… Historien qui n’hésite pas à croiser les sciences humaines pour faire évoluer son domaine de recherche, pour l’écriture de son livre Le monde d’Ulysse Moses I. Finley s’est inspiré d’après le site internet Anabase spécialisé sur le monde antique, des travaux des anthropologues Bronislaw Malinowki, Richard Thurnwald, et particulièrement de sa relation intellectuelle avec Karl Polanyi qui travaillait sur l’échange et la circulation des biens dans des sociétés non capitalistes.

Son rapport avec le socialiste Karl Polanyi qui lui valut un exil en Angleterre en pleine Guerre Froide, n’empêche cependant pas l’auteur de travailler à de nouveaux livres dont Le monde d’Ulysse où ce dernier cherche à mettre en avant l’idée que l’Odyssée et l’Iliade raconte l’âge obscur avec quelques anachronismes. Ce livre possède toutefois une double fonction, puisqu’il cherche aussi à offrir aux étudiants et au grand public une approche de la société homérique selon l’auteur.

Publié en France en 1969, soit 15 ans après sa sortie américaine en 1954 grâce à des antiquisants et une maison d’édition très ouverte à gauche : les éditions Maspéro. Ce livre dédaigné par les Annales - peut-être parce qu’il est américain et que les Annales, dont Lucien Febvre, peuvent se montrer opposées à l’impérialisme intellectuel américain dans les années 50-60 -, a été depuis plusieurs fois réédité grâce à son succès et sa réflexion nouvelle sur l’approche des textes homériques.



Dans ce livre, Moses I. Finley cherche donc à démontrer que les textes homériques ne sont pas de l’époque mycénienne, mais sont de l’époque obscure qui s’étend du 12ème au 8ème siècle environ. Pour se faire, l’auteur est parti de l’idée que les tablettes en Linéaire B ne racontaient pas l’époque des combattants de Troie, mais l’époque antérieure mycénienne avec un fonctionnement bien différent. Partant de ce postulat, qui se révèlera visiblement juste, Moses I Finley a donc tenté grâce à des croisements de discipline et des réflexions personnelles, de tracer la frontière entre le réel et le mythe des textes homériques, et ceci à travers l’approche des mentalités, de la pratique poétique, de l’économie, de la création du peuple grec, etc.

A travers cinq chapitres, l’auteur va commencer par remettre ces deux textes antiques dans leur contexte historique et culturel. Il en ressortira pour commencer la place de l’Iliade et de l’Odyssée dans la Grèce antique, qui montre la valeur d’un homme si on lit Xénophon, mais aussi ce qu’on leur reprochait déjà à l’époque où certains grecs y voyaient la « glorification de la piraterie » (p.83). Dans le même temps on remarquera aussi la suspicion qui règne sur ses textes à travers l’approche de l’historien Hérodote qui critique l’absence d’esprit critique avec la figure d’Hercule en Egypte, quand d’autre parle de réécriture.

En outre dans cette partie, on (re)découvrira qu’Homère n’est pas un seul homme, mais plusieurs hommes - au moins deux - qui ont chacun leur écriture et qui ne sont accessoirement pas de la même époque, les deux textes n’étant en effet pas ouvert sur le même horizon.

Toujours dans cette partie de présentation, l’historien va aborder la figure de l’aède, ceci en appuyant son propos avec un comparatif plus « actuel » : un barde serbe qui va lui permettre d’aborder la tradition artistique poétique. Via ce fil, Finley va chercher par ce biais à expliquer les redites dans les textes d’Homère qui servent de repère à l’auditoire, et à mieux faire cerner au lecteur la longue tradition poétique qui se cache derrière un exercice d’expression qu’on imagine pas si compliqué.



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Démocratie antique et Démocratie moderne

La civilisation grecque antique m'intéresse beaucoup, et je l'ai étudiée avec plaisir. En seconde, notre professeure d'Histoire nous avait dit qu'un piège récurrent était de comparer la démocratie athénienne à la démocratie contemporaine, ce qu'il fallait absolument éviter. Et, comme on peut s'en douter, il ne s'agit pas, dans ces trois conférences de Moses Finley (professeur d'Histoire proche de l'école de Francfort, américain naturalisé anglais à la suite du Maccarthysme), de jouer aux sept différences. Il s'agit de mener une réflexion de philo politique sur la démocratie.



Pour ce faire, des évènements historiques, des sources littéraires ainsi que des éléments juridiques (dont certains, comme la graphè paranomon, sont assez pointus) sont analysés. Dans le chapitre sur le débat et la liberté de parole, qui analyse le procès de Socrate, le délit d'impiété est examiné en détail. J'ai aussi apprécié le passage, dans le premier chapitre cette fois-ci, où il est dit que la Cité d'Athènes n'est pas un monde de l'écrit, mais de l'oralité.



Pour comprendre et apprécier pleinement cet ouvrage, il faut un minimum de culture, notamment grecque antique, et politique. Un défaut que le lectorat français pourrait lui prêter est (mais ce n'est pas la "faute" de Finley) qu'il est assez centré sur la culture anglophone, l'auteur étant américain naturalisé anglais. Ce sont ainsi des références de cette partie du monde qui sont mobilisées : Stuart Mill, la constitution des USA. Pourtant, même ce problème peut être résolu, puisque l'historien français Pierre Vidal-Naquet préface en "francisant" l'oeuvre. La Révolution Française, qui eut pour modèle l'Antiquité grecque, apparaît ainsi dans les premières pages.



Je vous laisse découvrir les réflexions de Finley sur l'apathie en politique, la théorie qu'il nomme élitiste, la nature d'une société politique, et d'autres sur l'un des concepts-phares de la politique contemporaine.

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Le monde d'Ulysse

Le roman d'Ulysse de Simone Bertière est un vrai petit bijou, léger et jubilatoire à souhait. D'abord parce qu'il nous rappelle, en raccourci et en prose, les aventures d'Ulysse et la délicieuse humanité de ce héros optimiste. Ensuite parce qu'on sent la jubilation de la personne qui a longtemps fréquenté les textes et les mythes grecs et qui est ravie de nous faire partager son plaisir et ses connaissances. Enfin parce que le dispositif narratif est astucieux : Ulysse rentré à Ithaque raconte à Euphore, ancien chevrier devenu apprenti aède, ses aventures et Euphore (qui n'a pas la langue dans sa poche et un don certain pour son nouveau métier) lui explique comment raconter une histoire qui passionne les auditeurs. On retrouve un peu le dispositif de JM Coetzee dans Foe pour faire raconter les aventures de Robinson Crusoé en écrivant une bonne histoire.

C'est léger et à la portée de tout lecteur ; JM Coetzee est un peu plus difficile et arrange à sa sauce (noire) l'histoire de Robinson, alors que Simone Berthière s'en tient aux vrais aventures d'Ulysse avec quelques interrogations de son cru.

Un livre pour l'été qui met de bonne humeur sans éluder la profondeur de l'aventure humaine.

Vous avez compris, j'ai adoré. J'y retrouvais cette enthousiasme de ma prof de grec qui enseignait à 3 élèves (nous n'étions plus que 3 dans toute la classe à suivre les cours de grec) l'arrivée d'Ulysse chez les Phéaciens et la rencontre de la belle Nausicaa. C'était l'été ou presque et une si belle histoire pour des gamines de 16 ans.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Le monde d'Ulysse

Ayant lu et relu l’Odyssée je fus attiré par la réputation de ce texte qui fut, en son temps une révolution : Finley faisait de l’œuvre une approche sociologique et non littéraire et contrairement à la doxa de son époque, il écrivait que le monde décrit par Homère ne renvoyait pas à la période mycénienne, mais aux siècles postérieurs. Depuis , d’autres ouvrages ont paru sur ce sujet et de nouvelles découvertes vinrent enrichir la réflexion mai ce livre reste important.
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