Citations de Nicci French (446)
Depuis notre installation ici, juste après notre mariage, j’ai appris à reconnaître le cri d’alarme typique émis par la femelle du colvert lorsqu’on lui prend un de ses petits. Elle cancane et bat des ailes avec l’énergie du désespoir. Elle semble inconsolable, mais au bout de dix minutes ou d’un quart d’heure, elle reprend paisiblement sa place devant ses canetons survivants.
Cela peut sembler idiot, mais les femmes sont conçues pour encaisser ce genre de coup, pour continuer à avancer. Pendant des milliers et des milliers d’années, elles ont vu leurs enfants mourir et elles ont continué à vivre, de sorte que cette capacité à redémarrer est inscrite dans leurs gènes. Non seulement les femmes, mais toutes les femelles du règne animal.
on a beau passer son temps à tailler les bordures au cordeau et à arracher les mauvaises herbes, il suffit de s’éloigner cinq minutes pour que la jungle reprenne ses droits.
Dans la vie réelle, au contraire, nous sommes prisonniers des choses qui ont effectivement eu lieu. Le reste n’existe pas, même si notre esprit a du mal à l’accepter.
L’imparfait de l’indicatif ne s’applique qu’aux actions qui se sont effectivement déroulées. Mais il y a des tas de choses qui auraient pu ou dû se passer. D’autres qui ne sont pas arrivées et qui n’arriveront jamais. D’autres encore qui sont arrivées mais qui n’auraient jamais dû.
Les gens ne peuvent pas vivre ensemble éternellement. Les gens finissent toujours par partir.
Plus on possède, plus on s'invente des besoins.
Ils ne me soignèrent pas. Ils aggravèrent mon cas. J'étais comme une voiture qui avait besoin de réparations basiques, mais au lieu d'être amenée à l'atelier de carrosserie, on l'amenait à la casse où les véhicules étaient entassés les uns sur les autres, dépouillés de leurs portes et de leur autoradios, et de tout ce qui avait de la valeur, puis condamnés à rouiller.
Mon cerveau mouille me faisait l'effet d'avoir été oublié sous la pluie.
C'est ce que disaient toujours les gens au sujet des morts. Soudain ils devenaient experts en ça qu'ils "auraient voulu".
Je suis allée le rejoindre et le prendre dans mes bras, pour le consoler de m'avoir fait du mal.
L'une des leçons de la vie, c'est que plus on tient à impressionner, moins on le fait.
C'était comme si je succédais à une défunte.
Il a laissé ses doigts courir le long de mon épine dorsale dénudée et j'ai eu l'impression qu'on de servait de mon corps pour en jouer: des basses inconnues m'echappaient tandis qu'il pianotait mes vertèbres comme autant de touches, faisant vibrer une corde en moi, dans un plaisir proche de la douleur.
Je pensais que, en fin de compte, j'étais extrêmement seule -et que tout le monde l'est aussi dans ce monde tumultueux. C'est une condition pour être humain. Pendant toute votre vie, vous cherchez l'amour et l'intimité; vous cherchez une loyauté inconditionnelle, et la reconnaissance. De vos parents, de vos amis, de vos associés. Nous nous faisons tous des promesse, et nous les croyons, ou nous feignions de les croire. Et pourtant en ce moments de grande crise et de désespoir intense, la seule personne qui peut vous sauver, c'est vous-même.
La mémoire disait-il, est intangible, et les souvenirs qu'on a de l'enfance, dont l'éclat illumine si fortement toute la vie adulte, sont séduisants et nostalgiques. Lorsque notre enfance est heureuse, l'âge adulte nous vient comme un exil: jamais nous ne pouvons revenir en arrière.
« La famille, disait-il, Alan Martello l'appelle tourment et paix. Jane Martello, ma soeur, dit que c'est là qu'on donne le meilleur et le pire de soi-même. Erica, ma femme, la qualifie de havre et de prison -on peut toujours y retourner mais, si loin qu'on s'en aille, jamais on ne peut y échapper. »
Je suis morte deux fois. La première fois, j'ai voulu mourir. Je considérais la mort comme l'endroit où la douleur s'arrêterait, où la peur cesserait enfin.
La seconde fois, je n'ai pas voulu mourir. En dépit de la douleur et de la peur, j'avais décidé que la vie méritait d'être vécue. Cette vie compliquée, angoissante, fatigante, merveilleuse, blessante, avec son lot de ratés et sa tristesse, avec toutes ses joies soudaines et inattendues qui vous font fermer les yeux et dire : " Raccroche-toi à cela, ne l'oublie pas. "
[ Incipit ]
J'étais dans le noir. Ma vie était ce trou noir. Tout ce sur quoi je m'étais appuyée dressait à présent une silhouette horrible et menaçante autour de moi. J'avais cru que quelqu'un à l'extérieur cherchait à me faire du mal, ce qui m'avait déjà paru terrifiant, mais aujourd'hui je me rendais compte que nulle part, je n'étais à l'abri. Ni dehors, ni à l'intérieur, ni aux côtés de l'homme à qui j'étais mariée depuis 15ans, ni dans ma propre chambre, ni dans mon propre lit. Nulle part.
" Je peux attendre aussi longtemps qu'il faudra. J'observe, j'attends, et en mon for intérieur, je ris"