AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Nick Tosches (86)


Nick Tosches
“J’ai passé ma jeunesse à boire, prendre des drogues et baiser à droite, à gauche”
Nick Tosches (1949-2019)
Commenter  J’apprécie          373
Dans l’après-midi du 29 septembre [1976], jour du quarante et unième anniversaire de Jerry Lee, Norman « Butch » (Mastoc) Owens, qui était son bassiste depuis trois ans, rendit visite à Jerry Lee et à Jaren [l’épouse de Jerry Lee à cette époque…]
Les deux hommes étaient assis à boire et à bavarder, pendant que Jaren regardait la télé dans la salle de séjour. Jerry Lee sortit un 357 Magnum et le pointa sur Owens. Il dit :
- Regarde bien le canon de ce flingue.
Puis il dirigea le revolver vers un point situé à la droite d’Owens et dit :
- Je vais exploser cette bouteille de Coca-Cola ou je ne m’appelle pas Jerry Lee Lewis.
Puis il tira.
Owens porta la main aux deux trous sanguinolents sur sa poitrine et s’effondra. Jaren cria après lui parce qu’il saignait sur le tapis blanc tout neuf de la salle de séjour.
Il fut emmené à l’hôpital Saint-Joseph, où il subit une intervention chirurgicale d’urgence. Jerry Lee fut accusé d’avoir tiré à l’arme à feu dans l’enceinte de la ville, ce qui était un délit.

[En mémoire de Jerry Lee Lewis, décédé hier à 87 ans.]
Commenter  J’apprécie          293
Je ne recyclais jamais mes ordures. Même si je n'avais pas su que le tout allait finir dans la même décharge, je ne les aurais pas recyclées. Le monde est flingué, et ce de façon irrémédiable. Recycler ses ordures, ça revient à enlever les peluches du col d'un cadavre allongé dans son cercueil.
Commenter  J’apprécie          280
Nous vivons en un temps de pseudo connaissance, par quoi nous nous efforçons vaniteusement de nous distinguer de la médiocrité ambiante. S’asseoir autour d’une bouteille de jus de raisin rance et évoquer de délicats arômes de groseille, de fumée de chêne, de truffe, ou n’importe quelle autre gracieuse ineptie que l’on croit découvrir dans le goût de cette piquette, c’est être un cafone de premier ordre. Car s’il y a un délicat arôme à découvrir dans n’importe quel vin, ce sera vraisemblablement celui des pesticides et des engrais. Voici ce qu’un “connaisseur” dit d’un Château-Margaux de 1978 : “Aéré pendant une heure, ce vin dévoile de doux parfums de cassis, de chocolat, de violette, de tabac et de vanille. Attendez encore dix ans et ce vin pourra aboutir au mélange caractéristique du Margaux classique : cassis,truffes noires, violette et vanille.” Comme si tout cela n’était pas déjà assez absurde, il y a“une note poivrée cachée dans le cassis”.

Comment un nez aussi sophistiqué peut-il ne pas détecter la bouse de vache avec laquelle les propriétaires de ce Bordeaux si réputé fertilisent leur vin ? Un véritable connaisseur en matière de vins, si une telle chose pouvait exister, reconnaîtrait principalement le goût des pesticides et des engrais: il ne serait pas un goûteur de vin, mais bien plutôt un goûteur de merde. La seule connaissance qui vaille en matière de vins est celle des gens qui savent que la véritable âme du vin, c’est le vinaigre. C’est en buvant d’un trait ces rares vinaigres d’un grand âge étiquetés da bere que l’on goûte réellement des merveilles: le vrai truc, à mille lieues de ce jus de foutaise industriel enrobé d’épithètes prétentieuses.

C’était autrefois la boisson noble et sans apprêt des paysans nobles et sans apprêt des paysans bien plus nobles et compétents que ces connards bourrés de fric qu’on escroque en leur faisant croire que le vin appelle d’autres commentaires que “bon”, “mauvais” ou “ferme ta gueule et bois un coup”.
Commenter  J’apprécie          254
Pourquoi étaient-ils venus là ? Parce qu'ils avaient lu que c'était le lieu où il fallait vivre. L'école avait bonne réputation. Les prix de l'immobilier montaient. Le quartier était sûr. C'était un bon investissement. L'endroit idéal pour élever des enfants. Alors ils sont venus, ils ont envahi l'école, créé une bulle immobilière, attiré la délinquance, provoqué l'inflation, exclu ceux qui étaient là avant eux, et reconstruit le quartier à leur image, claironnant leur domination sur les vestiges finissants de ce qui avait été, et n'était plus.
Qui étaient-ils ? Des transfuges de l'Upper East Side. Des nouveaux riches venus d'Europe et d'Asie. Des voleurs de Wall Street. Des spéculateurs. Des yuppies. La lie de New York et de la terre. Je devenais raciste. J'en arrivais à détester les Blancs. Ces Blancs-là.
Commenter  J’apprécie          240
Nick Tosches
A propos de Lester Bangs : "Il était un romantique dans le sens le plus grave, le plus triste, le meilleur et le plus ridicule de ce mot usé. Il ne pouvait pas simplement se taper une fille ; il devait tomber amoureux d'elle. Il ne pouvait pas simplement détester quelque chose ; il devait s'échiner à le combattre."
Commenter  J’apprécie          190
On peut dater les débuts de l'âge d'or du rock n'roll à 1945, quand la musique noire urbaine branchée a divergé en deux courants révolutionnaires distincts : le courant froid, plus cérébral et apollonien du be-bop, et le torrent plus fébrile et dyonisiaque du rythm'n'blues, dont les pionniers furent des "brailleurs de blues" propres à l'époque comme Wynonie Harris. Cette époque dura un peu moins de dix ans.
Commenter  J’apprécie          160
Il est toujours plus facile de voir chez les autres ce qui nous gêne chez nous. Quelques jours après ma deuxième rencontre avec Sandrine, j'ai compris brusquement que lorsque je croyais sonder son cœur, c'était en fait le mien que je sondais.
Commenter  J’apprécie          160
Apprendre à lire ce que l'amour silencieux a écrit, se courber sous la force du vent, c'est vivre.
Commenter  J’apprécie          150
Jamais après-midi ne s'est écoulé avec autant de sérénité, jamais la vie n'a été aussi pleinement vécue, délivrée des larves qui rongent cette boule de viande grossière, pleine de circonvolutions, que nous appelons l'esprit. Être ici maintenant, sans paroles, comme si chaque souffle était une naissance, en regardant, calme et détaché, à travers les interstices de l'éternité.
Commenter  J’apprécie          141
Le 28 mars [1958], qui était un samedi, Jerry Lee prit l’avion pour New York, où il devait se produire dans le concert d’ouverture de la nouvelle tournée de vedettes montée par Alan Freed. Appelée The Big Beat (Le Grand Coup), le spectacle comprenait Jerry Lee, Chuck Berry, Buddy Holly, Frankie Lymon, les Chantels et autres célébrités.
Le concert eut lieu au Paramount de Brooklyn. Pendant toute une année, Jerry Lee avait exigé de clôturer tous les spectacles dans lesquels il jouait. Pendant plusieurs années, Chuck Berry avait eu la même exigence. Cette fois, ils devaient jouer dans le même spectacle, et ils se disputaient pour savoir lequel des deux allait passer devant l’autre. Alan Freed s’interposa et décréta que Chuck Berry clôturerait le spectacle, étant donné son antériorité sur Jerry Lee en matière de rock’n’roll.
Jerry Lee fit ce soir-là ce qu’on lui avait ordonné : il passa avant Chuck Berry. Il fit hurler la foule et l’incita à s’approcher de la scène, et, quand les cris devinrent plus forts et la ruée plus chaotique, il se leva, rejeta violemment du pied le tabouret du piano et se lança dans Great Balls Of Fire. Le chaos hurlant atteignit alors une ampleur sublime ; Jerry Lee tira de sa veste une bouteille de Coca pleine d’essence, dont il aspergea le piano d’une main, tandis que l’autre main martelait la chanson ; puis il frotta une allumette et mit le feu au piano, et ses mains, telles les mains d’un fou, ne quittèrent pas les touches flamboyantes mais continuèrent de pilonner, jusqu’à ce que tout ne soit plus que langues inconnues, sainteté et feu, et toute cette frénésie rendit les gosses complètement déchaînés, ensorcelés ; puis Jerry Lee rentra en coulisses, puant l’essence et la colère, et dit à Chuck Berry, très calmement, alors que le bruit des gosses devenus fous, qui tapaient du pied et criaient, faisait trembler les murs :
- Assure après ça, négro.


[En mémoire de Jerry Lee Lewis, décédé hier à 87 ans.]
Commenter  J’apprécie          112
(...) l'opium était considéré comme efficace dans le traitement du diabète.
L'idée de violer la loi me posait un grave problème. Mais j'ai toujours souffert d'une autre maladie ; le désir de vivre. Ne pas faire tout ce qui était en mon pouvoir pour sauver ma propre vie aurait été violer la loi de Dieu et de la sainteté de la vie. Je délibérai. Je méditai. Je priai. Je m'ouvris de ces pensées à un prêtre – sans lui parler, toutefois, de ma vision des jolies gambettes sortant des robes fendues de putes droguées ; à quoi bon ? - et il me dit : ''Allez-y.'' Je me sentis mieux. Désormais, si jamais je devais entrer en conflit avec la loi, je pourrais dire que c'était la faute du prêtre.
Commenter  J’apprécie          110
Ils étaient morts. Le voisinage était mort. La ville était morte. Même ce putain de siècle était mort.
Ma limousine démarra. Elle ressemblait à un corbillard. Je décidai de vivre. Voilà la chose toujours insaisissable, la chose qui continue de nous échapper tandis que nous nous dirigeons vers la tombe.
Commenter  J’apprécie          100
Et dès le début, il (Jerry) fut impressionné également par le sens inné de la comédie de Dean. Pour Dean le monde était une blague obscène et il semblait en prendre conscience à chaque respiration. (...) Il n'avait pas seulement le sens de l'humour, il avait un sens de l'humour qui s'appliquait à tous les gens et à toutes les choses qui l'entourait.
Commenter  J’apprécie          90
Les yeux du vieux Tonio s'égaraient parmi les ombres horripilantes qui venaient les envahir, et qui paraissaient contenir le miroitement des souvenirs depuis longtemps égarés.
Commenter  J’apprécie          90
D'une voix douce, il s'adressa en anglais à celui dont le la bras reposait sur la fenêtre: "Le jockey est de retour."
Le coude du bras qui était à la fenêtre se souleva soudainement, à peine, et d'en dessous explosèrent trois éclairs de feu, une foudre sourde, brève, précise. Dans l'instant qui précéda son pas en retrait et sa chute, les yeux du jeune homme se fermèrent et sa bouche s'ouvrit, et il émit un son étrange. L'homme en chemise à fleurs pensa qu'à cet instant il ressemblait à une gonzesse en train de se le prendre dans le cul et qui commence juste à aimer ça.
Commenter  J’apprécie          90
Les artistes de music-hall étaient comme l'alcool, comme mes machines à sous et toute cette merde entassée dans l'entrepôt de Longie : un moyen supplémentaire pour un club de piquer du fric aux pigeons.
Commenter  J’apprécie          80
La plupart des hommes sont persuadés que leur vie se distingue de celle des autres. Mais la vie qu'ils mènent n'a pas plus d'intérêt que de sens, et tout ce qu'elle mérite, c'est l'extinction.
Commenter  J’apprécie          80
Tandis que la culture et le commerce de l'opium se développaient d'une façon inouïe, l'art de fumer l'opium disparaissait. Sa fin était un ouroboros : la demande baissait, sans que rien ne vienne la raviver ou la soutenir, puisque ceux qui étaient en mesure de la satisfaire pouvaient gagner beaucoup plus d'argent en transformant l'opium en héroïne. La fleur de joie, écrasée par la fleur de misère, pouvait rapporter dix sacs d'or, dix sacs d'accoutumance, et ainsi de suite, exponentiellement.
Commenter  J’apprécie          70
Les calmars du vieux n'étaient pas cette chose blanchâtre et caoutchouteuse qu'on vous servait partout. Il n'utilisait que les calamaretti, les tout petits calmars; et la chair de leur sac et de leurs tentacules était tendre comme nulle part ailleurs et contenait un arrière-goût de marée très doux. Les calamaretti doivent être freschissimi, le vieux ne se lassait pas de le dire, usant des termes siciliens calamaricchi et frischissimi. Une fois morts depuis deux jours, disait-il, ils perdaient leur parfum véritable et leur succulence.
Commenter  J’apprécie          70



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nick Tosches (563)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur le livre "moi et le diable" de Nick Tosches.

Avec quoi Sandrine mélange-t-elle l'eau pour prendre un bain ?

du miel
du chocolat
du lait
des billes de bain parfumées

10 questions
4 lecteurs ont répondu
Thème : Moi et le Diable de Nick ToschesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}