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Citations de Nicolas d` Estienne d`Orves (140)


J’aime aller à la pêche aux minnows dans le silence des marais et j’aime surtout la crainte vague que j’éprouve chaque fois, depuis que je suis née ou presque, et dont je n’ai jamais parlé à Doug, la crainte d’être avalée par le marais, d’y disparaître pour toujours. De rejoindre les créatures mystérieuses qui vivent sous la vase. De devenir l’une d’entre elles.
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Les grandes traînées de suie sur les lambris du théâtre, ces pans de murs noircis, ces poutres rongées par le feu puis l’hiver étaient sa cathédrale. Une cathédrale égoïste et muette.
Quel gâchis, murmura-t-il avec un sourire triste. Parfois, l’ironie de sa vie le prenait à la gorge, mais il l’évacuait d’un geste las. Ce matin, pourtant, il n’était pas question de geste. S’il bougeait ne fût-ce qu’un cheveu, elles s’enfuiraient.
Elles étaient six.
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_ Toutefois, il y aurait bien eu une "procréation dirigée". Des candidates aryennes postulaient pour être engrossées.

_ On ne les y obligeait pas ?

_ Pourquoi donc ? Hitler avait besoin de jeunesse, et ces femmes aimaient leur Führer.

_ On dirait que vous trouvez ça normal !

_ Il n'est pas question de normalité ou d'anormalité ! Nous sommes là en historiens, pas en arbitre de la moralité...

_ Comme vous voudrez... dis-je, bien décidée à ne pas lâcher si facilement le mors.

_ Je disais donc que ces postulantes passaient devant des "conseillers à la procréation", qui les orientaient vers les bons lieux de reproduction... Et les bons géniteurs.

Vidkun parle lentement. Il teste sur moi l'effet de chaque donnée : procréation, reproduction, géniteurs... Je simule la décontraction.

_ Une fois enceintes, ces jeunes femmes étaient transférées dans de grandes propriétés où on les choyait jusqu'à l'accouchement.

Pour retrouver ma contenance, je griffonne sur mon calepin.

_ Et une fois nés, les enfants connaissaient-ils l'identité de leurs parents ?

_ Bien sûr que oui. Le père, c'était Hitler, et la mère, l'Allemagne !
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"Elle est fascinée par ce qu'elle a sous les yeux: un concentré des lettres françaises contemporaines.
Toute une petite cour qui singe la sympathie, s'ébroue, glougloute, champagne en main.
Les cocktails de Gallimard sont les raouts les plus courus de l'édition et beaucoup se " damneraient" pour en être .
Est - ce bien "Françoise Sagan "qui remplit le verre de "Roger Nimier " avant de laisser tomber la bouteille sur la pelouse dans un éclat de rire ?
Et ce regard torve n'est - ce pas celui de "Jean- Paul Sartre"?
Et le vieux "François Mauriac "là- bas? Voûté comme un robinet"?
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"Le meurtre de dix personnes, c'est un crime; la mort de cent mille, ça devient de la statistique ..."
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"Ce sont des "vaincus".....se dit-elle encore en tournant les yeux vers une console de marbre couverte de photographies...
Gabrielle comprend que la maîtresse de maison est fière d'exhiber ses " amitiés maléfiques ".
Tout sourire, elle y est aux bras du maréchal Pétain, de Goebbels,de Goering, de Mussolini, et même pendue au cou d'Hitler sur le perron du Festpielhaus de Bayreuth, en 1939.....".
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Vous n'imaginez pas le bonheur que constitue une journée qui commence par un chapitre. Je vous souhaite de connaître un jour cette joie. On en s'improvise pas romancier : on l'est ou on ne l'est pas.
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Je vous souhaite de connaitre un jour la jouissance intime, absolue, de cette écriture de l'aube. C'est l'instant où tout possible, où le monde balbutie, où le langage n'existe pas encore. Tout est affaire de regards, d'intuitions, d'idées confuses. Nous sommes dans le grand magma qui a précédé les mots. Il faut alors extraire un cocon de lave, puis le muer en phrases, en pays, en personnages. il perd déjà de son innocence mais il est grisant.
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On peut être flamboyant dans la vie, fanfaronner, jouer les mondains comme je le fais devant cette cour qui vient se pavaner dans mon salon. mais lorsqu'il s'agit d'écrire, on est seul et nu.
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Le romancier est l'égal de Dieu. Il a droit de vie et de mort, il bénit et damne. Il peut changer d'avis, retourner une situation, sauver in extremis, tuer un héros et glorifier un traître ; c'est prodigieux !
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Le romancier est l'égal de Dieu. Il a droit de vie et de mort, il bénit et damne. Il peut surtout changer d'avis, retourner une situation, sauver in extremis, tuer un héros et glorifier un traître : c'est prodigieux ! Ce qui est merveilleux, voyez-vous, c'est de donner à voir. Peu à peu, le lecteur oublie qu'il a des mots devant les yeux, des lettres, des signes de ponctuation. Il oublie qu'il tient un livre.
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- Je n’ai pas pu arrêter la voiture, maman, tu me crois ?
- Bien sûr, mon cœur.
- C’est pareil avec Emilie. J’ai vu la lame, mais chaque fois il m’empêche de bouger, comme si je n’avais plus le droit de vivre…
Lucie respire profondément, cette phrase l’a toujours terrifiée.
- Il est toujours là, reprend Valentin. Il me regarde. Il ne me quitte jamais…
Levant la tête, l’enfant scrute l’horizon, comme s’il guettait une silhouette. Puis il ajoute, d’une voix étrangement adulte :
- Toujours lui : le démon.
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- Comme je te l'ai dit tout à l'heure, je dois jouer mon rôle.
- Cela veut dire que tout est mensonge ?
- Qui te parle de mensonge, Gabrielle ? Personne ne ment. Il n'est d'ailleurs pas question de vérité. Nous devons juste être à la hauteur de nos personnages.
Son raisonnement semble bien factice.
- Mais vos personnages sont dans vos livres, cela suffit, non ?
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Je pense que le romancier ne devrait jamais s'occuper d'autre littérature que la sienne. Il doit être en tête à tête avec son inspiration, avec ses mots, comme pour un duel sans vainqueur. C'est une vie de moine, pas d'abbé de cour. J'en suis le parfait contre-exemple, mais je ne suis plus à un paradoxe près, vous l'aurez bien compris...
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La sincérité est essentielle dans les romans, Gabrielle. Si vous n'êtes pas sincère dans vos écrits, vous n'arriverez à rien. En revanche, dans la vie, le mensonge et l'hypocrisie sont nécessaires, car vous trouverez toujours plus menteur que vous.
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Je crois à la puissance de l'imaginaire, à sa possibilité d'incarnation. Elle est ce qui nous distingue des bêtes. Elle est ce qui nous sur-humanise, nous rend comme des dieux.
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Vous croyez cher lecteur, vivre dans un monde de vérité révélée. Vous prenez l'histoire comme telle, sans songer que quelque chose - ou - quelqu'un - a déjà pu la modifier à bon escient.
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- Oui. Tu as du courage. Un courage étrange, bancal, parfois mal placé, mais un vrai courage. Tu aurais pu rester dans ton petit cocon, tu es venu à Paris; tu aurais pu jouer les attentistes, tu t'es engagé, même si tu ne t'en rendais pas compte. Et lorsque tu as eu des scrupules, tu as essayé de changer les choses... Moi, j'appelle ça être fidèle à soi-même...
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Nicolas d' Estienne d'Orves
- Oui. Tu as du courage. Un courage étrange, bancal, parfois mal placé, mais un vrai courage. Tu aurais pu rester dans ton petit cocon, tu es venu à Paris; tu aurais pu jouer les attentistes, tu t'es engagé, même si tu ne t'en rendais pas compte. Et lorsque tu as eu des scrupules, tu as essayé de changer les choses... Moi, j'appelle ça être fidèle à soi-même...
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- Ce n'est pas toi qui es ignoble, Guillaume, c'est l'époque; c'est cette viande avariée sous les toiles de Picasso; c'est cette escouade de brigands, qui campent dans ton salon, à l'ombre des Vélasquez; c'est cet air qui flotte dans Paris et qui pue la haine, la revanche, l'humiliation et la merde. Tout est ignoble, Guillaume. Tout est pourri. Moi comme le reste. Alors, oublie tes scrupules et, si besoin est, fais ton devoir et dénonce-moi sans remords. Tu sais que j'y aspire au plus profond de moi-même. Et puis, il y va de ta survie, petit homme...
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