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Critiques de Nicolas d` Estienne d`Orves (361)
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La gloire des maudits

« Trois amis ont pris la route.

Ils ont fait leurs études dans la belle ville de Paris, partagé espoirs, rêves et secrets. Lorsque la guerre a éclaté, tous trois ont rencontré un homme étrange et riche.

Le premier a pris la tête des affaires de l'homme étrange. Il a bâti un empire.

Le deuxième a épousé sa fille. Il est devenu l'homme le plus prospère du pays.

Le troisième a gagné l'appui de cet homme et a obtenu le trône de France. »



L'incipit d'une «Une histoire sans fard. L'Oréal, des années sombres au boycott arabe» de Michel Bar-Zohar, m'est revenu en mémoire en lisant « La gloire des maudits » où Etienne Licht (Eugène Schueller) est « un homme étrange et riche », Roger Verneuil « a pris la tête des affaires et épousé sa fille » et Morland « obtenu le trône de France ». le pacte des trois mousquetaires François Dalle, André Bettencourt, François Mitterrand et Pierre de Bénouville, tous collaborateurs d'Eugène Schueller chez L'Oréal, est d'ailleurs repris dans l'enquête «  En bande organisée : Mitterrand, le pacte secret » que Sébastien le Fol vient de publier chez Albin Michel.



Dans la IV° république de René Coty, la romancière Sidonie Porel règne sur le Paris intellectuel et artistique et préside l'académie Goncourt. Son oeuvre est aussi connue que sa vie personnelle méconnue … Gabrielle Valoria, fille d'un ex de Sidonie, incitée par Léon Drameille à enquêter sur le passé de la reine des lettres, la convainc de lui confier la rédaction de sa « biographie autorisée ».



L'enquête débute et nous plonge dans le monde littéraire des années cinquante où croassent et grenouillent résistants et collaborateurs et se préparent les carrières politiques sponsorisées par des investisseurs qui ont souvent largement profités de l'occupation, comme Etienne Licht.



Nicolas d'Estienne d'Orves, exécuteur testamentaire de Lucien Rubatet, possède deux inédits de l'écrivain collaborationniste (son journal d'après guerre et le roman La Lutte finale) qui lui fournissent les acteurs de la tragédie, Paul Morand, René de Chambrun et son épouse (fille de Pierre Laval), Jacques Benoist-Méchin, Arletty, Jean Cocteau, Louise de Vilmorin, etc. et peignent des décors parfois aussi glauques que ceux du Marcel Proust de Sodome et Gomorrhe .



Le romancier maitrise (malgré de vénielles incohérences) les règles du mélodrame où l'ambition (mais Mitterrand n'était pas ministre de février 1955 à janvier 1956), l'amour, l'argent (d'où Léon sort il son fric ?), les secrets de famille (comment un enfant né de père inconnu est il inscrit à l'état civil sous le nom paternel ?) et les crimes de Big Pharma forment un cocktail sanglant mais, comme dans ses précédents romans, rate la conclusion (à mon humble avis la dernière partie « l'ombre » n'éclaire pas grand chose) d'une intrigue qui dévoile les connivences éditoriales et les ombres de l'Oréal.



Ce roman apprend beaucoup sur le retour en grâce des maudits et la lecture est aiguillonnée par le jeu des devinettes … Ramon Fernandez a-t-il inspiré Enrique Valoria ?



PS : A noter l'anachronisme (page 186) évoquant l'ORTF (créée le 27 juin 1964) et la rupture Morland (Mitterand) Jacqueline Huet (présentatrice)… mais l'auteur né en 1974, n'a pas vu la naissance d'Oscar rejoignant en 1964 le trio Rémi, Toto, Fanfan (RTF) dans « Bonne nuit les petits » et est donc pardonnable !



PS : Les fidélités successives :
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Le silence et la fureur

Voilà un bon thriller psychologique qui privilégie l'ambiance, archi tendue, qui monte crescendo entre suspense et rebondissements avec au coeur la musique.



Une île lugubre au sein d'un lac perdu de l'Ontario, Lost Lake.

Un génie du piano, Max,retiré là depuis 10 ans, depuis l'Accident,littéralement bouffé par ses névroses, survivant à coup de rituels. La moindre note de musique est devenue pour lui un supplice qui lui inflige d'épouvantables douleurs physique.

Son fils, de retour, 10 ans après l'Accident, lui aussi très fragilisé depuis, semble vouloir renouer avec son père, à moins que ...

Susan, l'incontournable gouvernante qui veille farouchement sur Max, très présente, trop présente.



Dès le départ, le lecteur est plongé dans le mystère absolu, il ne sait rien, suppose, élucubre, a le cerveau en ébullition pour découvrir ce qu'a été cet Accident avec un A majuscule, mais les auteurs font monter la tension sans aucune compassion sur fond de dévorations mentales père-fils. du coup, j'ai tourné les pages très très vite.



Bémol tout de même sur l'irruption du personnage de Molly ( chut ) que j'ai trouvé peu utile et ne servant pas un final un peu en dessous des promesses initiales.



Une lecture très addictive , qui ne vivra sans doute pas très profondément en moi, mais une très bonne lecture dans l'instant.
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Les fidélités successives

Dans Les fidélités successives, roman feuilleton et fresque exceptionnelle, Nicolas d'Estienne d'Orves nous montre comment la mécanique des sentiments peut tout broyer sur son passage.



Il nous raconte une histoire de frustration et de jalousie familiale dans le meilleur de sa veine d'auteur qui possède à la fois l'élégance du style, une plume alerte osant les répliques qui font mouche, un humour au second degré confinant parfois à l'absurde et un vrai sens du conteur historique.



Le travail de recherche est dantesque, digne du journaliste, mais surtout digne de l'héritage du petit-neveu d'un officier de la marine française, Honoré d'Estienne d'Orves, héros de la Seconde Guerre Mondiale, mort pour la France en tant que martyr de la Résistance.



L'auteur opte pour une intrigue où Paris occupée par les allemands, Paris des collabos et des marchés noirs, devient une sorte de huis clos, refusant toute échappatoire à ses personnages, pris dans un engrenage fatal.

Le récit est jalonné d'humanité, d'amour, d'horreur et cette complexité compose une histoire déchirante.



NEO exploite le hasard des rencontres et la conjonction de destinées qui poussent les êtres à prendre des décisions incohérentes et paradoxales, devenant des jouets du sort, des funambules flottant entre deux mondes et s'accommodant d'une conscience modulable au gré des circonstances.



La fin est un régal d'intelligence et de sens de l'intrigue. En surplus le message en filigrane, calqué sur l'absence de jugement de la part de l'auteur, qui aimerait que le lecteur se questionne sur ce qu'il aurait fait s'il s'était retrouvé dans la peau des personnages.





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Les fidélités successives

« Pour Laurence, qui a finalement acheté Les fidélités successives et qui fait la joie de son auteur…»



Oui oui, je me la pète avec cette dédicace.

C'est qu'au détour d'un mini salon littéraire du neuf-deux, NEO avait su gentiment me persuader de lire son dernier roman.

Il a bien fait.



Deuxième guerre mondiale. Déraciné de sa petite île anglo-normande pour rejoindre Paris occupé, le jeune Guillaume Berckeley se cherche. Ses expériences le mèneront d'un extrême à l'autre presque malgré lui, de l'opportunisme collaborationniste au supposé grand frisson du mouvement résistant. Les méandres complexes qui orienteront inéluctablement ce destin pour le moins ambigu se déploient au fil des rencontres et des péripéties qui jalonnent ce récit luxuriant.



Et il y en a pour tous les goûts : Les fidélités successives est une fiction romanesque doublée d'une chronique historique abordant cette période trouble de l'occupation de façon plutôt originale. Mais c'est aussi, et à mon avis le plus remarquable, un portrait intime illustrant sans manichéisme combien choix de vie et compromissions peuvent s'avérer paradoxaux et bien moins évidents qu'on aimerait le croire (« Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait de bonne foi, sans haine, sans animosité, avec une candeur sans doute excessive, une naïveté de jeune insulaire, une fraîcheur que j'ai peu à peu perdue au contact d'un monde vicié »). L'expression très juste de cette ambivalence douloureuse se trouve habilement portée par une écriture élégante et précise, le si joli titre du roman en est à lui seul une savoureuse illustration.



NEO… merci de m'avoir convaincue, j'ai passé un agréable moment à vous lire.




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Les fidélités successives

Si je vous dis NEO, les plus cinéphiles d'entre vous m'évoqueront Matrix. D'autres, aussi férus de religion que d'à peu près, me parleront d'un gars qui construisit une barcasse avant le déluge. Certains, enfin, taperont dans le mille avec Nicolas d'Estienne d'Orves, romancier que j'avais déjà découvert avec Les Orphelins du Mal, petite comédie romantique traitant des Lebensborn et plus généralement des expérimentations nazies. J'en gardais un souvenir plaisant mais pas impérissable contrairement aux Fidélités Successives qui tape fort et juste.



Malderney, petite île Britannique, 1936.

Victor et Guillaume Berkeley,comme tous les étés, se languissent de voir débarquer leur ami Simon Bloch. Il faut dire que les occasions de se distraire sont plutôt rares et qu'il devient vite fatigant de se balader pour se demander au bout de 10 mn si l'on est pas déjà passé par là. Deux personnalités qui se complètent parfaitement. Victor, fort et intrépide. Guillaume, plus en retrait adorant dessiner. L'objet de la discorde, Pauline, la fille espiègle du beau-père fraîchement rapatriée d'Amérique et qui se fera un malin plaisir de titiller les susceptibilités. Début des emmerdes pour la fratrie. Amorce d'un exceptionnel destin pour Guillaume l'exilé.



Son parcours est inclassable. Façonné par l'hérédité, ballotté par l'Histoire, il aura eu mille vies. Certaines magnifiques, d'autres beaucoup plus discutables en ces temps d'Occupation. Tout est question de déraison, de circonstances. Guillaume ne se projette jamais. Il vit juste l'instant présent, se laisse porter par ses aspirations. Son problème récurrent, un esprit de synthèse aux abonnés absents, une propension à se laisser déborder par ce qu'il ne maîtrise pas. Pour autant, il n'est pas un salaud. Juste un gamin influençable qui aura eu le tort de faire de mauvais choix aux mauvais moments.



Fresque historique, héros pathétique, NEO amalgame le tout avec brio. L'écriture est captivante. Le contexte fascine tout comme ces illustres personnages - Cocteau, Marais, Céline...- intégrés à ce roman fiction. Les anonymes ne sont pas en reste. Truculents en ces temps de morosité, ils apportent la petite touche fraîcheur indispensable à un équilibre émotionnel parfait.

Les Fidélités Successives ou la chronique d'une mort annoncée. Passer à côté serait à l'aune du sentiment récurrent qui habita Guillaume Berkeley pour son plus grand malheur, irresponsable...





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La gloire des maudits

L'auteur, à travers cette fresque historique et sociale , nous plonge dans la France de l'après guerre, dans les années 50.

Il met en scène , entre réalité et fiction, à l'aide d'une solide documentation, un Paris complexe, trouble pour le moins....... à travers les nombreuses pistes de recherche de Gabrielle Valoria , fille d'un collaborateur exécuté à la Libération sous ses yeux, qui (par manque d'argent ) doit écrire la première biographie d'une célèbre romancière :Sidonie Porel.

Est- elle une grande amoureuse ?

Une manipulatrice ? Une Séductrice invétérée,? Une menteuse ? Une imposture littéraire ?



Toute une kyrielle d'individus grouillent au sein de troquets clandestins, anciens collabos qui se cachent, prisonniers de leur passé, sur leur garde, aux aguets,arrangements , manipulations, les vampires flamboyants d'une époque morose, un monde parallèle, et ses repaires , bars et cabarets infâmes, silhouettes louches qui rôdent , arrangements de toute sorte.........



L'auteur dénonce les zones d'ombre, les non - dits, les mensonges, les manipulations, le cynisme, les profiteurs du système , les arrangements hâtifs avec L'Histoire .





Le monde littéraire n'est pas épargné, les tricheurs, menteurs, jaloux , perfides ne sont pas oubliés , les changements d'alliance, les coteries , les codes secrets qui régissent les prix littéraires, piètre tableau........



Nous croisons Louis-Aragon, Armand-Salacrou, Beauvoir, Jean-Paulhan, Roland-Dorgeles, Martine Carole, Tino -Rossi et même Fernandel ..





Gabrielle est l'outil de vengeances qui ne sont pas les siennes face aux écrivains, politiciens, journalistes, prostituées, grands patrons qui tous cachent un secret qui tue .

Les rebondissements les coups de théâtre , les jeux dangereux , les images mensongères et biaisées ne manquent pas.

Un tableau trouble , glauque où il est difficile d'y voir clair ........

Quelques pages magnifiques vouées à la création littéraire éclairent cet ouvrage !



C'est une fresque historique et sociale d'ampleur , bien documentée, qui montre que le passé rattrape toujours les êtres et que les guerres ne se terminent jamais , un éminent

pavé romanesque où l'on croise les grandes figures du Paris intellectuel et artistique de ces années- là .

Un récit que j'ai failli abandonner , en cause : de trop nombreux personnages, je suis allée jusqu'au bout , une fin réussie ......ouf!

Je ne connais pas l'auteur .

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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, Le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d’expression.



L’ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n’est rien pour un tel recueil.



Dans un délai incroyablement court, l’éditeur a réussi à rassembler cette meute d’auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.



60 textes forcément inégaux, certains se contentant d’une ou deux maigres lignes, d’autres de plusieurs pages. De l’analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.



L’éditeur a eu la bonne idée d’entrecouper les textes des auteurs actuels, d’extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d’expression n’est pas neuf et qu’il faut défendre cette liberté jour après jour contre l’obscurantisme.



Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j’ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d’écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…



Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l’obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu’est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
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Marthe ou les beaux mensonges

Encore un livre qui m'a été offert par ma fille pour ces fêtes de fin d'année. Ah,à propos de fêtes, je souhaite une très bonne et heureuse année à tous les amis babeliotes qui me liront , aux responsables de ce merveilleux site et à tous les amoureux du livre qui chercheront toujours la paix et l'élévation de l'âme humaine dans la littérature, dans ce qu'elle a de plus beau ou...de plus vil.

Marthe,c'est un prénom, celui d'une femme issue d'un milieu plus que modeste et brutal, qui ,pour lui échapper, affrontera bien des épreuves.Bien entendu , comme à vous , Marthe Richard,ça me parlait.Oui ,c'était cette femme qui avait fait fermer les maisons closes.En fait,cette femme ,je connaissais son nom mais je ne la connaissais pas et c'est avec beaucoup d'intérêt que , grâce à Nicolas d'Etienne d'Orves.,j'ai découvert une partie de sa vie.Et quelle vie!!!

Cette biographie se lit avec attention , intérêt, comme un roman,facilement,tranquillement.Du reste,l'auteur nous la dépeint comme une" fantaisie biographique".Une vie , palpitante, secrète, pleine d'actions, faite de rencontres,belles ou non , une vie sujette à caution ,trouble , aisée, portée vers une classe de dominants ,puis critiquée, décriée, condamnée. Marthe Richard n'est pas une sainte , pas un démon ,et , même bien longtemps après sa mort ,reste un être autant méprisé qu'adulé. Sa vie,c'est ce roman raconté avec passion.C'est bien , vivant , facile à lire,,on ne s'ennuie pas avec ce personnage ambigu mais attachant.

Nicolas d'Etienne d'Orves a rédigé une très intéressante "Note de l'auteur "qui explique son point de vue ,ses choix, qui nous apporte d'un coup un éclairage nouveau.( Ne pourrait -on pas en faire une préface ?)Marthe était un "Personnage".Ni tout blanc,ni tout noir,adulé, critiqué, ou détesté, mais jamais ignoré . Un personnage encore bien flou aujourd'hui.

Je trouve que l'auteur à su retracer avec brio les attitudes et agissements de ce personnage si étrange encore aujourd'hui.Un bel hommage au combat pour la liberté des femmes , combat maladroit peut-être mais novateur et respectable.Une étape dans le long chemin vers l'égalité.

Un livre émouvant,vivant, un livre à lire pour mieux comprendre.Je vous le conseille.
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La dévoration

Suivez-moi bien :



- Nicolas d’Estienne d’Orves, personnage pour de vrai, écrivain aristocrate a priori propre sur lui. Auteur, entre autres, des « fidélités successives », son avant-dernier roman, qui pour ma part m’avaient bien embarquée.

Vient de sortir « La dévoration » dont Nicolas Sevin, le personnage central, est… écrivain.



- Nicolas Sevin donc, romancier fictif imaginé par le précité Nicolas d’Estienne d’Orves. Sources exclusives d’inspiration : carnage, souffrance, hémoglobine. Garçon aimablement perturbé, existence un brin compliquée.

Envisage la rédaction d’un ouvrage sur Morimoto.



- Morimoto, patronyme pour de faux mais évocation pour de vrai d’Issei Sagawa, japonais cannibale notoire qui en juin 1981, à Paris, trouva bon de croquer une copine batave qui n’avait rien demandé à personne.

Consigna son forfait anthropophage dans quelques essais autobiographiques.



- Rogis, ascendant originel d’une interminable lignée de bourreaux parisiens depuis 1278.

Hormis quelques décilitres de plasma par-ci par-là, pas grand point commun, en principe, avec les protagonistes susmentionnés.

En principe.



Ça s’appellerait quasiment une mise en abyme, si j’ai bien tout saisi du concept de mise en abyme. En l’occurrence un abîme à nuances carmin, où l’on fera bien de plonger avec l’estomac pas trop plein, mais c’est vous qui voyez.



Car du plus profond de son imaginaire perso, NEO délivre ici – libère même – un roman dérangeant, une composition d’un réalisme sensuel, charnel et sanglant. Sans pour autant provoquer ni s’auto complaire, il se laisse appréhender cette fois en auteur tourmenté et confesse avoir invoqué cet autre Nicolas comme une « projection fantasmée » de lui-même, une sorte de double en miroir, plus authentique mais également plus sombre et plus… mordant, évidemment.



Qu’on se rassure, au-delà de cette inédite et envoûtante mise à nu de ses obsessions intimes – la bouffe et le sexe (sic) – le NEO d’aujourd’hui conserve indubitablement sa rigueur narrative ainsi que la plume élégante et minutieuse qui m’avait tant séduite dans « Les fidélités successives ». En revanche, s’il m’était à nouveau permis de le croiser pour de vrai, sans doute l’approcherai-je avec une réserve prudente, on ne sait jamais…



Ҩ



Grand merci à Babelio d’avoir une fois de plus exaucé mon souhait, et aux éditions Albin Michel pour l’envoi de ce roman fascinant.






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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.

Je me souviens...

Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!

Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.

J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.

Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.

Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs cœurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.

Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.

Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
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Petit éloge de la gourmandise

L’auteur est petit-neveu du célèbre Honoré d’Estienne d’Orves, héros de la résistance, mort au mont Valérien en 1941, trahi par un de ses lieutenants. Nom célèbre donc et l’écrivain héritier manie la plume avec noblesse et finesse. C’est un parcours mémoriel, de la sienne, intime, de tout ce que lui évoquent les plats de sa jeunesse, de ce que sa mémoire lui rappelle en rapport avec l’art culinaire et les lieux fréquentés, de son héritage culturel et de celui qu’il transmettra aux siens.

On peut se retrouver avec nostalgie, parfois, dans certaines descriptions de toutes les saveurs qui faisaient partie de notre quotidien et qu’on a souvent oubliées. D’abord parce qu’ils sont intimement liés à une tranche de vie révolue, une situation, des sons des odeurs qui ne sont plus là pour compléter la perception qu’on en a eu au moment où s’est forgé leur souvenir dans nos mémoires et parce que certaines choses ont complètement disparu, comme l’andouillette et son fumet si ...

Mais ce livre a la saveur d’un monde très privilégié, très « branché », comme cette citation de l’entrée « poète » le suggère fort bien :

« Emmanuel Giraud avait organisé une performance dans un club privé parisien : des langues de veau étaient pendues à des cordes à linge, on mangeait des bouts de cervelle et, comble du raffinement, on picorait des tranches de boudin tièdes sur le corps d’une femme nue ».

A noter qu’il y a bien une entrée « Fouquet('s) ».

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Les fidélités successives

C'est l'histoire d'une fraternité brisée, la séparation irrévocable de deux jeunes frères, amoureux de la même femme.



C'est l'histoire de celui s'éloigne, car il en faut bien un...



Guillaume laisse donc le champ libre à son frère Victor, jeune potentat britannique de son ile anglo-normande. Il part à la conquête d'un monde jusqu'alors inconnu, toujours magnifié depuis son rocher insulaire.

S'ouvre un parcours d'apprentissage dans la France des années de la drôle de guerre, le monde des Lettres, des idées, des artistes ( Aragon,Triolet, Céline, Gide, Picasso, Cocteau, Marais...), des courants de pensées antisémites, racistes, fascistes, communistes, colonialistes...

Entrainé par un pygmalion, grisé dans un tourbillon de nouveautés et de rencontres de hasard, doué pour le dessin et l'écriture, il se laisse porter dans la légèreté de ses vingt ans, encombré de ce tempérament d'observateur dilettante.

Cela devient un engrenage, une fuite en avant irréfléchie et irrésistible dans la collaboration, avec la toile de fond de Paris occupé, affamé et sous couvre-feu.



Les compromissions insidieuses avec les allemands dans les milieux artistiques, les opportunismes des mondains, de la presse, des artistes, la mentalité anti juive de bon ton, la mouvance fasciste, la gaité perverse et artificielle des fêtes faussement fraternelles, les trafics, Guillaume vivra tout, observera tout, tel un insecte piégé dans une toile.

Il lui faudra néanmoins faire des choix, des fidélités successivement choisies ou imposées.



Un livre dramatiquement passionnant, à la plume alerte, quasi historique en recréant une période ambigüe de la société française sous tutelle nazi, analysant avec précision les mécanismes des engagements individuels et les coups fourrés que la vie réserve aux hommes de bonne volonté.



Impossible de juger le passé avec la connaissance du présent. Qu'aurions nous fait?

"Une destinée marquée du sceau de l'infamie".
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La gloire des maudits

Je viens de vivre un de ces merveilleux moments de lecture, où, la dernière page tournée,  le dernier point posé en bout de ligne de l'épilogue, n'efface pas le sentiment de bonheur d'avoir été emporté par un formidable roman.

Que dire d'un livre de plus de 500 pages quand il vous happe comme ce fut le cas avec La gloire des maudits ?

D'abord, parler du sujet ?

Oui, mais alors, le strict minimum, parce que, comme je le dis toujours, c'est au lecteur d'en découvrir l'essence.

Milieu des années 50, Gabrielle, jeune femme qui approche de la trentaine, élève seule son jeune frère. Elle trouve devant sa porte, sous le paillasson, une lettre. Un inconnu se dévoile. D'autres missives suivront toutes plus intrigantes les unes que les autres et, un jour, l'homme se présente, il a besoin de l'aide de Gabrielle. Besoin qu'elle entre en contact avec Sidonie Porel, présidente de l'académie Goncourt, femme mystérieuse, adulée et courtisée...

Pourquoi ?

Je ne vous en dirai pas plus.

Voyage au coeur de l'après-guerre, au milieu de gens qui ont plus collaboré que résisté, qui ne regrette rien, d'opportunistes de tous bords. Voyage au coeur du mensonge. Histoires d'hommes et surtout histoires de femmes. Histoires d'amours qui s'emmêlent. Histoires de gens qui s'aiment ou se détestent. Histoires de gens qui se cachent.

Telle une espionne, Gabrielle va nous entrainer dans les méandres d'une enquête à rebondissements.

Jusqu'à ces fameuses révélations, que l'on n'attend pas, que l'on n'attend plus, qui nous laissent pantois.

Je ne connaissais pas la plume de Nicolas d'Estienne d'Orves, je me suis régalé de la découvrir.





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Le silence et la fureur

L’histoire semble calme et paisible au bord d’un lac de l’Ontario, alors que le lecteur sent peu à peu la tension monter. Quel est ce drame survenu, il y a dix ans, qui a fait se retirer le talentueux pianiste ? Ce dernier vit en autarcie avec seulement une jeune femme qui vient, en journée, s’occuper de la maison. Pourquoi s’implique-t-elle autant ? Quelle est la promesse faite avec son mari ? Une lecture aux chapitres aérés qui se lisent sans difficulté. Pour moi, un changement à la page 218 qui a infiltré un malaise jusqu'à la fin. A cause d’un petit mot : hélas. Je cite : ‘Hélas, au cœur même de la partie, la glace avait rompu. Vingt-trois enfants avaient péri, coincés sous la banquise ou juste tués par l’eau glacée’. Par contre une coïncidence m’a amusée. Alors que j’en attaquais la lecture, Nicolas d' Estienne d'Orves et sa mère étaient sur France Inter. Ils expliquaient qu’ils avaient rédigé ce thriller dans une maison de famille sur les lieux de l’intrigue. Ils écrivaient chacun à un étage et le fils téléphonait à la mère pour faire le point. D’autres anecdotes qu’il aurait été sympa d’insérer à la fin ou avec un livre dans le livre ? Merci à Masse critique et aux éditions Fixot.
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Les fidélités successives

Nicolas d’Estienne d’Orves m’étonne par les fins de ses livres qui me semblent aussi improbables qu’invraisemblables.



Les « orphelins du mal » m’avaient déconcertés par une conclusion totalement déjantée, « les fidélités successives » s’achèvent sur une page incroyable.



Le trio amoureux Guillaume, Pauline, Victor, ne m’a pas séduit et Pauline m’a semblé psychologiquement incohérente mais il est vrai que nous avons affaire à deux citoyens britanniques et à une américaine … personnages par essence incompréhensibles et ajoutons à leur décharge que survivre à Paris entre 1940 et 1944 devait être singulièrement compliqué.



Mais si la dimension romanesque de ce livre ne m’a pas convaincu, la dimension historique est remarquable et fait de ces pages un chef d’oeuvre !



Nicolas d’Estienne d’Orves est le neveu du héros de la Résistance, et donc apparenté à Antoine de Saint Exupéry et Louise de Vilmorin. C’est aussi l’exécuteur testamentaire de Lucien Rebatet, l’écrivain collaborationniste et il connait les moindres détails de ces années d’occupation notamment dans le monde de l’édition dont il rappelle les errements de Grasset, Denoël, Baudinère, etc.



Drieu la Rochelle et Rebatet, mais aussi Brasillach et les Luchaire, père et fille, Göring et Céline, Jean Cocteau, Sacha Guitry, Jean Marais, sont les acteurs tragiques de ce drame dont les victimes furent Simon Bloch et tant de juifs.



Le monde culturel s’est en partie prostitué durant l’occupation et ce roman nous le rappelle à juste titre.



Mais ne généralisons pas … Romain Gary, Antoine de Saint Exupéry, Jean Bruller (Vercors) et Irène Nemirovsky, pour ne citer qu’eux, ont écrit des pages sublimes qui les ont parfois menés au sacrifice suprême !



« la gloire des maudits » est dans ma pile de lecture … j’aurais donc l’occasion de revenir sur l’oeuvre de Nicolas d’Estienne d’Orves.
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La gloire des maudits

🎶 Douce France 🎶 ... de l'après-guerre...



Quel plaisir de retrouver une solide intrigue romanesque sur fond historique, après une période de nombreuses lectures contemporaines (souvent auto centrées sur le vécu, réel ou transposé, de leur auteur).



Nicolas d'Estienne d'Orves nous entraîne dans les remugles de la Seconde Guerre mondiale (thème de prédilection, semble-t-y-il), de l'Occupation et de la collaboration française, dans un livre à double intrigue sur le thème de la mystification, de la trahison et de la vengeance.

Et l'originalité est de situer les faits sur une spoliation de création littéraire, introduisant dans son propos des personnages réels du temps.



Avec une efficacité narrative affirmée, l'auteur construit une embrouille carrément improbable de secrets et scandales mais se fait le chroniqueur documenté d'une époque, nous immergeant dans la société reconstruite sur les mensonges des uns et les ressentiments des autres. À la façon des poupées russes, on passe des milieux intellectuels corsetés de bienséance et jalousie, aux bas-fonds des bars interlopes où se croisent des fantômes troubles au passé et présent ambigus. On sent derrière la plume, la jubilation d'un auteur embarqué par ses personnages qu'il peine à maîtriser!



D'inspiration historique, le propos tourne rapidement au thriller suranné, façon film noir des années 50, avec des rebondissements un peu tirés par les cheveux. En dépit de ces incohérences et grosses ficelles, le tout se tient en équilibre et les sommets de romanesque sont atteints en point d'orgue.



Et si on en accepte le principe, cette enquête en moralité se suit avec plaisir et addiction.

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Les Orphelins du Mal

Un riche collectionneur de tout ce qui touche au nazisme désire écrire un livre et engage une jeune journaliste pour lui servir de nègre.

Les voilà embarqués dans une aventure incroyable qui bouleversera leurs vies les emmenant aux tréfonds de l’histoire du nazisme et particulièrement des lebensborn.



Début un peu paniqué.

Près de 750 pages sur une histoire horrible sordide, ça passe ou ça casse.

Et bien c’est passé.

Passionnée de la première à la dernière page.

Un thriller avec pour toile de fond la folie nazie.

Avec un talent fou, l’auteur mêle l’Histoire à la fiction, au point qu’on ne sait parfois plus où l’on en est.

Quelle imagination pour avoir réussi un roman aussi complet et fourni.

Quelle maîtrise pour avoir mené ça de bout en bout en mettant le lecteur en haleine permanente.

Que ce soit à partir de 1936 ou en 2005, les deux histoires parallèles qui se rejoignent sont captivantes.

Franchement, je ne sais pas où il est allé chercher tout ça.

Le malaise et l’horreur font parie de cette histoire sans qu’on puisse pour autant la lâcher.

C’est le troisième livre d’Estienne d’Orves que je lis.

Trois livres qui m’ont dérangée quelque part mais que j’ai beaucoup aimés.

Chic, il m’en reste d’autres à découvrir.

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Les derniers jours de Paris

J’avais lu « La dévoration », un livre qui m’avait interpelée, d’où ce nouvel achat.

Celui-ci est plus ancien, il date de 2009

Ah, il a une patte cet auteur !

J’ai beaucoup aimé suivre Sylvain Masson dans les dédales de Paris.

Le voir se perdre dans ses relations avec sa mère, si possessive, si inquiétante parfois.

Sentir qu’il perd pied dans des situations surréalistes, dans un monde qui devient de pure science fiction.

Quelquefois, ça peut paraître un peu excessif, mais c’est un roman, alors tout est permis.

Et un roman d’une grande imagination servi par une écriture sensible et intelligente.

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Les fidélités successives

Les fidélités successives évoque les pérégrinations d'un jeune ressortissant britannique, Guillaume Berkeley, venu s'émanciper à Paris après une jeunesse dorée vécue dans l'univers préservé de sa famille de notables sur une île anglo-normande. Il débarque en France au mauvais moment de l'histoire de notre pays, 1939, au mauvais moment de sa propre histoire, se croyant adulte en n'ayant rien vécu de ce qui forge un homme.



Projeté dans le monde artificiel du gotha de la culture par son chaperon, Simon Bloch, un riche producteur de cinéma, il rencontre tout ce que la vie publique de l'époque comporte de célébrités : Sacha Guitry, Jean Cocteau, Jean Marais, Céline et tant d'autres. Trop vite abandonné par son mentor, lequel a très tôt compris le tort qu'il y a à être juif sous le régime de Vichy, Guillaume est livré à lui-même, aux certitudes de son âge. Aussi, lorsqu'il est confronté au choix entre résistance et collaboration, il décide de jouer sur les deux tableaux.



Avec un tel personnage, vierge de tout pré requis politique, sociologique, sentimental, Nicolas d'Estienne d'Orves se livre à une étude de laboratoire quant aux atermoiements qui ont pu se présenter à tout homme ouvert à l'engagement en cette période noire. Le périple de Guillaume Berkeley sera évidemment jonché de chausse-trappes auxquelles la naïveté de son âge ne l'aura pas préparé.



C'est ouvrage souffre de beaucoup d'invraisemblances. Il pèche par excès, en particulier quant aux innombrables rencontres prestigieuses que Guillaume Berkeley sera amené à faire lors de ses errements dans les domaines politique et culturel, tant français qu'allemands, jusqu'au docteur Petiot dont la célébrité est aussi funeste, au point de prendre une tournure caricaturale. On comprend toutefois bien que cette caricature n'est pas fortuite. Elle sert l'intention de l'auteur de placer son lecteur face au dilemme auquel ont pu être confrontés nos compatriotes de ces temps troublés quand il s'est agi de faire le choix entre le héros de Verdun et le renégat de Londres.



Juger est facile aujourd'hui. L'histoire a désigné celui qui avait eu la bonne intuition, et la force de caractère de l'assumer. Nul n'ayant vécu cette tragédie peut dire aujourd'hui s'il n'aurait pas trouvé dans la personnalité de Pétain celui qui allait sauver le pays une seconde fois, tant le traumatisme de la défaite avait été fort alors que la grande boucherie de 14 ne s'était terminée que vingt ans plutôt.



L'aspect caricatural que l'on peut reprocher à ce pavé est fort heureusement compensé par les rebondissements que connaît la vie de notre héros balloté entre amour et trahison. Un héros bien trop tendre, même s'il s'en défend, pour affronter la fourberie de plus aguerris que lui dans les travers de la nature humaine. Cela reste un bon moment de lecture qui tient en haleine.

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Arletty, un coeur libre

Léonie Bathiat est née en 1898. Sa mère était lingère. C’était une femme de conviction, très pieuse, avec un caractère affirmé. Son père travaillait à la Compagnie des tramways. D’un tempérament discret, c’était un libre-penseur. A seize ans, en juin 1914, Léonie a rencontré son premier amour, elle ne l’oubliera jamais. Elle l’appelait Ciel, en référence au bleu de ses yeux. Hélas, le 15 août 1914, le jeune homme a été tué au front. La souffrance de la jeune fille était incommensurable. « Ni veuve de guerre, ni mère de soldat. » (p. 47) est devenu sa devise. C’est la raison pour laquelle elle a refusé toutes les demandes en mariage qu’elle a reçues.



Ce drame, la mort de son père, son idylle avec Jacques-Georges Lévy, ses débuts dans le mannequinat, puis sa répartie, lors d’une rencontre du hasard l’ont menée sur les planches. En 1919, Léonie Bathiat est devenue Arletty. D’elle, je savais seulement qu’elle avait été comédienne et actrice et il me semblait que son attitude, pendant la guerre, était contestable. J’ai demandé à mon époux ce qu’elle lui évoquait, il m’a cité la célèbre réplique : « Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? »



Si j’ai voulu lire ce roman, c’est en raison de son auteur. Depuis que j’ai lu Les fidélités successives, j’éprouve une passion et une fascination pour la plume de Nicolas d’Estienne D’Orves. Aussi, je suis prête à le suivre dans toutes les aventures littéraires.



Avec Arletty, un cœur libre, j’ai ressenti que ma perception de cette artiste était étriquée. J’ai découvert le portrait d’une femme libre, talentueuse et amoureuse. Même si le grade et le nom du « parrain » de celui qu’elle a aimé, pendant l’Occupation et une grande partie de sa vie, continuent à me glacer, j’ai compris que les faits et les sentiments ne sont pas binaires. Lorsqu’il se rendait chez elle, son amant n’était pas en uniforme, il n’était pas un officier, il était « Monsieur ». Arletty était très amie avec la fille de Laval, mais aussi avec des Résistants. En 1943, elle a tourné Les enfants du Paradis, un scénario de Jacques Prévert, réalisé par Marcel Carné. Ce film semble être une parabole de la présence allemande.



Le récit est écrit à la première personne du singulier, ce qui donne une sensation de proximité avec Arletty. Elle attise l’empathie et invite à entendre ses choix, ses élans, à gratter l’aura pour approcher son cœur et ses pensées. Sans jugement, l’auteur déroule la vie de l’icône, sous le prisme de la femme indépendante, soufflée par un élan romanesque époustouflant. J’ai eu un immense coup de cœur pour Arletty, un cœur libre.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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