Citations de Noémya Grohan (16)
Je dédie ce livre à toutes les victimes
et anciennes victimes de harcèlement scolaire.
En hommage à Noélanie (8ans), Pauline (12 ans),
Marion (13 ans), Mattéo (13 ans), Alexandre (14 ans),
et tous les autres,
partis " martyrs ", morts sous les coups
ou acculés au suicide...
Dans l'espoir très fort que briser le silence
permette que cela n'arrive plus jamais...
[dédicace de l'auteur]
Actuellement, à l'école, les enfants sont éduqués à la concurrence et à l'individualisme purement "rentables". On pousse à rentrer dans le rang, on enferme dans une case, on enseigne implicitement la loi du plus fort. Je considère qu'enseigner, ce n'est pas seulement faire son cours, et se contenter de cela ! Un enseignant, un professeur, doit faire preuve de vigilance et être attentif au bien-être de ses élèves. S'il assiste à des phénomènes de harcèlement, il doit intervenir, permettre l'échange, être un soutien pour la victime et sanctionner intelligemment le ou les meneurs.
Chaque épreuve est selon moi un perpétuel défi qui donne un sens à la vie, même si nous n'en avons pas immédiatement conscience. Un seul évènement, qui peut sembler a priori anodin, peut bouleverser le cours des choses. Rien n'est acquis, mais je pense que rien n'est à fuir pour autant. Derrière chaque obstacle auquel le quotidien nous confronte se cache une leçon de vie...Une incitation à combattre, et à repartir.
" C'est probablement cela, le début de la sérénité ; s'accorder de nouveau avec son enfance pour éprouver avec plus de justesse et de sincérité ce qu'il reste à vivre. "
[dixit Roseline Cardinal, auteure canadienne d'une nouvelle intitulée " Juliette et les autres " (cité dans le roman)]
Si je les avais écoutés,
je serais devenue l'ombre de moi-même,
Le cœur lourd, l'âme étouffée,
je n'avais aucune chance mais je l'ai prise quand même...
[citation d'ouverture
de Keny Arkana]
Un matin je me suis levée comme toujours,
Et la nuit a subitement remplacé le jour,
Autour de moi le monde est subitement devenu sourd...
C'est comme si brusquement j'avais basculé en enfer,
Je n'ai pas changé, pourquoi est-ce qu'on m'enferme ?
Condamnée mais non coupable,
Comprendre, j'en suis bien incapable !
Depuis ce jour, dans ma tête, je cours,
Portant un fardeau de plus en plus lourd...
Jean-Pierre Bellon et Bertrand Gardette peuvent être considérés comme les pionniers de la prévention du harcèlement scolaire en France. Ils ont créé en 2006 le site www.harcelement-entre-eleves.com, puis fondé un an plus tard l'APHEE. Jean-Pierre Bellon est professeur de philosophie, Bertrand Gardette est conseiller principal d'éducation. Ils sont les auteurs de Harcèlement et brimades entre élèves, La face cachée de la volence scolaire (Fabert, 2010), Prévenir le harcèlement à l'école, Guide de formation (Fabert, 2012) et Harcèlement et cyberharcèlement à l'école (ESF, 2014).
De mon point de vue, tout est à revoir à la base. Il faudrait que, dès leur plus jeune âge, les enfants soient éduqués à la solidarité, à la tolérance, au respect des différences et à une foule d'autres valeurs. Et que celles-ci soient en cohérence avec tout le reste de la société. Malheureusement, ce n'est pas du tout le cas actuellement. La violence, le non-sens, l'incohérence et l'absurdité règnent partout autour de nous... et tant que cela persistera, même si nous mettons en place toutes les actions du monde, le résultat global ne sera jamais à la hauteur de celui attendu.
Actuellement, à l'école, les enfants sont éduqués à la concurrence et à l'individualisme purement "rentables". On pousse à rentrer dans le rang, on enferme dans une case, on enseigne implicitement la loi du plus fort. Je considère qu'enseigner, ce n'est pas seulement faire son cours, et se contenter de cela ! Un enseignant, un professeur, doit faire preuve de vigilance et être attentif au bien-être de ses élèves. S'il assiste à des phénomènes de harcèlement, il doit intervenir, permettre l'échange, être un soutien pour la victime et sanctionner intelligemment le ou les meneurs.
Lorsqu'on évoque les conséquences du harcèlement, on pense spontanément aux lésions et aux marques corporelles que certains jeux, rackets, bagarres violentes peuvent causer. On réalise après coup que le harcèlement peut également avoir de graves conséquences physiques, sociales et psychologiques à long terme. Les souvenirs de mon ancien collège restaient ancrés en moi. J'étais pleine de blessures, incapable de trouver la paix. Ces blessures n'étaient pas seulement causées par la honte ou l'angoisse. Il y avait aussi de la rage. Un désir de revanche qui brûlait en moi et dont l'intensité m'a moi-même stupéfiée quand il s'est déclenché.
Négatifs,
Leurs paroles me font l'effet d'un sédatif...
Les profs me condamnent,
Me mettent sur la tête un bonnet d’âne,
Me blâment
Et se foutent de mes états d’âme...
Solitaire par défaut
Démolie par des mots
leur mot d'ordre n'est pas beau
C'est ''tolérance zéro''...
Je me sentais coupable de ce que je subissais. Comme si je l'avais cherché, d'une manière ou d'une autre. Dans ma tête de gosse, ça ne pouvait pas être "gratuit", ce n'était pas concevable.
Je t'ai pardonnée de ne rien avoir vu, et tu m'as pardonnée de ne rien avoir dit.
Cela peut paraître fou, mais je préférais encore les coups. Les mots étant bien plus destructeurs, c'était invivable.
La solitude, le sentiment de décalage, dès le début, je les avais ressentis. Le harcèlement scolaire, c’était un mot plus grave. Mais plus les jours passaient, plus l’évidence était là, sous mes yeux. Je n’étais pas qu’une élève chahutée par quelques meneurs.
De manière générale, les harceleurs n’ont aucune empathie, aucune capacité à se mettre à la place de l’autre. Ils savent faire en sorte que leurs méfaits soient cachés aux yeux des adultes mais parfaitement visibles pour les autres élèves.
[...] l’impact psychique du harcèlement se mesure sur le long terme.
[...] l’indifférence tue, l’indifférence a les mains pleines de sang.
J'étais gentille. Trop gentille. On pouvait tout me demander. Une feuille blanche. Un stylo. De l'argent même, si j'en avais. Je n'étais pas capable de refuser. Non pas par naïveté, mais pas pure gentillesse. Avec le recul, je me demande pourquoi j'agissais ainsi. La peur des représailles, déjà ? Un réflexe pour me faire accepter ?
Pendant la récréation, je me mettais à l'écart. Je m'asseyais sur un banc, et je me faisais le plus petite possible. Je regardais les autres élèves jouer dans la cour, épanouis, et je les enviais. J'aurais aimé être à leur place. Je rêvais souvent d'avoir un autre physique, une autre personnalité, qui m'auraient permis de trouver ma place au sein d'un groupe, comme les autres. J'avais le sentiment que tout aurait été tellement plus simple... Mais je restais moi : si j'avais pu avoir un don, j'aurais choisi celui de l'invisibilité.
Pourquoi, dès les premiers jours, suis-je devenue la cible de ma classe?