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Critiques de Olivier Guez (545)
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La disparition de Josef Mengele

Ce livre retrace les 30 ans de la cavale de Josef Mengele, un docteur SS du camp d'Auschwitz. Surnommé "ange de la mort", il était chargé de sélectionner les prisonniers aptes au travail et ceux qui seraient envoyés dans les chambres à gaz. Passionné de génétique et obnubilé par les théories racistes, il sélectionnait certains prisonniers pour son "zoo humain", un laboratoire dans lequel il se lançait dans d'abominables expérimentations, en particulier sur les jumeaux et les individus ayant des difformités physiques.



Mais l'auteur ne fait qu'évoquer ces faits et se concentre sur la cavale de Mengele débutée en 1949.

Une fuite romanesque et aux nombreux rebondissements, et pourtant je me suis souvent ennuyée. Aussi bien dans la première partie présentant les dix premières années de la cavale de Mengele quand, soutenu financièrement par sa famille il ne manque ni d'argent, ni de femmes ni d'amis que dans la deuxième partie lorsque la vie de Mengele bascule après l'enlèvement du criminel de guerre Eichmann en 1960.



Ce roman de non-fiction est très bien documenté mais sa mise en forme m'a rendue sa lecture laborieuse. Les personnages et leurs pseudonymes s'accumulent et le récit m'a semblé très long (alors que le livre comporte peu de pages).

L'auteur veut nous laisser juge de la logique de chacun des personnages et nous ouvrir les yeux sans ambiguïté: le mal existe et il est protégé. Mais au vu de l'histoire de cet homme mauvais qui a rencontré un système où ses actes ignobles étaient légaux, je m'attendais à un récit plus exaltant, angoissant, révoltant. Il m'a manqué de la fougue, du sentiment, de la rage pour décrire cet homme en proie à la solitude et à la paranoïa et sa fin miserable dans une favela de Sao Paulo à la fin des années 70.

Au final, j'ai eu l'impression de lire un long, un très long article, certes bien documenté, mais manquant de saveur et d'âme.
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La disparition de Josef Mengele

Un récit qui fait froid dans le dos tellement il nous plonge avec réalisme dans la fuite de cet homme qui a commis les pires atrocités sans jamais éprouvé aucun remords. Une écriture limpide, réaliste sans jamais tombé dans la simple liste des horreurs commises. On connaît déjà l’histoire mais on se prend à espérer que cet homme sera tout de même jugé par ses victimes, ce qui n’est malheureusement pas arrivé.
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La disparition de Josef Mengele

Si le personnage n'était pas aussi répugnant, " La disparition de Joseph Mengele " aurait pu devenir un road-movie passionnant. Heureusement l'écriture précise et réfléchie de Olivier Guez ne masque pas sa répugnance pour l'horrible docteur, et évite très habilement d'en faire un héros.

L'auteur a choisi une forme romanesque qui lui donnait sans doute plus de liberté, mais c'est bien un reportage au long cours qu'il nous propose. Si on en croit Olivier Guez, Mengele a échappé aux juges mais pas à son destin, et c'est quelque part réjouissant d'assister à sa longue déchéance.

Un récit intéressant à découvrir.



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Le quatrième de couverture :



1949 : Josef Mengele arrive en Argentine.



Caché derrière divers pseudonymes, l’ancien médecin tortionnaire à Auschwitz croit pouvoir s’inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. L’Argentine de Peron est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la traque reprend et le médecin SS doit s’enfuir au Paraguay puis au Brésil. Son errance de planque en planque, déguisé et rongé par l’angoisse, ne connaîtra plus de répit… jusqu’à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979.

Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet, trente ans durant ?...
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La disparition de Josef Mengele

On ne dira jamais assez importance des machines outils agricoles parce que mine de rien grâce à celles de sa famille implantée en Allemagne, le criminel de guerre Joseph Mengele a pu poursuivre tranquillement sa vie en Amérique du Sud (espace bien connu des dictateurs en tous genres, quoi que le système se répand partout ...) après 1945

Le livre d'Olivier GUEZ est impressionnant et épouvantable : il décrit le quotidien d'un petit fonctionnaire sous le régime nazi (c'est bien difficile d'être un "médecin" tortionnaire et de devoir tout gérer par soi même sinon, c'est mal fait) et celui d'un homme en fuite, bien tranquille durant une longue période en Argentine (Merci PERON) avec tous ses petits copains nazis dont Eichmann avec soirées à thème "Reich" et discussions sur l'opportunité d'un retour au nazisme et la grande Allemagne. Il ne mourra que 30 ans après avoir fui l'Allemagne, malade et paranoïaque, mais trouvant toujours de "bonnes âmes" pour s'occuper de lui. Il aura le temps de divorcer de sa première épouse (qui lui préfère un marchand de chaussures) pour épouser la veuve de son frère, détesté car adoré par leur père, le puissant fondateur de la dynastie Mengele. Un bouquin magistral dans son effroyable ordinaire, loin des légendes urbaines de celui qui était surnommé "l'ange de la mort" d'Auschwitz.
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La disparition de Josef Mengele

Josef Mengele représente une figure hors du commun dans l’histoire de la Shoah. D’abord pour ses responsabilités pendant la seconde guerre mondiale : fonctionnaire nazi fanatique et zélé, il fut nommé médecin en chef à Auschwitz de 1943 à 1945, une fonction qu’il occupa en véritable docteur Mabuse, envoyant à la mort des centaines de milliers de déportés. Ensuite par la manière dont il est parvenu à disparaître de la circulation après 1945. De ce point de vue, son itinéraire de fuyard est symptomatique des lacunes de la dénazification après la seconde guerre mondiale.

Olivier Guez raconte dans son roman historique, La disparition de Josef Mengele (éd. Grasset, Prix Renaudot 2017), le parcours clandestin de cette sinistre figure de la Shoah, des quartiers sinistres de Buenos Aires jusqu’à une ferme isolée de Nova Europa, en passant par le Paraguay de Stroessner ou l’Uruguay. C’est notamment là que Mengele épousa en 1958 en seconde noce Martha, sa propre belle-sœur.

En véritable détective, Olivier Guez nous prend par la main pour nous entraîner sur les pas du criminel de guerre, certes condamné par contumace, mais qui réussit grâce à ses nombreux soutiens en Amérique latine comme en Europe, à échapper à ses juges. En 1956, l’ancien médecin en chef et bourreau d’Auschwitz va même pouvoir revenir en Europe quelques mois pour voir ses proches, dont son fils.

Le lecteur découvre, effaré, une idéologie nazie bien vivace, que ce soit dans l’Argentine péroniste ou dans une RFA traumatisée mais peu encline à véritablement aider à la chasse aux criminels de guerre. En Amérique latine, les anciens fonctionnaires ou militaires du IIIe Reich peuvent trouver des soutiens ou, à tout le moins, de l’indifférence, sinon de l’indulgence.

À partir de 1960 et l’arrestation d’Eichmann, les choses se corsent cependant pour Mengele qui s’angoisse à l’idée de tomber entre les mains du Mossad. Le nazi en fuite vit dans la peur et la paranoïa permanente, qui ne le quitteront qu’avec sa mort en 1979, au cours d’une noyade au Brésil, sur les côtes atlantiques.

Olivier Grez signe dans avec ce roman historique un récit plus vrai que nature des trente années d’une vie clandestine, au cours de laquelle jamais Mengele ne manifestera le début d’un remord.
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La disparition de Josef Mengele





Un roman dur, éprouvant et qui ne laisse pas indemne.

Un roman nécessaire pour ne pas oublier, pour tenter de comprendre comment le boucher d'Auschwitz, l'ange de la mort de ce camp de concentration a pu échapper à toutes les recherches entreprises pendant les 30 années de sa cavale.



Mengele à la fin de la seconde guerre mondiale s'enfuit en Amérique du sud. Avec l'appui du gouvernement Peron et l'aide de nazis réfugiés comme lui dans ces pays peu regardants, il va vivre au départ une vie bien tranquille et même aisée puis la chance va tourner et il devra s'enfuir de nouveau et vivre dès lors une vie de fugitif.



Mengele est décrit comme un être imbu de lui-même, ne comprenant pas ce qu'il avait fait de mal en faisant ces expériences sur les déportés.



Le personnage nous est odieux, il nous dégoûte au plus profond de nous-même et rien n'atténue la peur qu'il engendre.



Olivier Guez réussit vraiment une œuvre extraordinaire et une enquête remarquable sur tout ce qui a permis à ce monstre d'échapper à tous ceux qui voulaient lui faire payer ses crimes de guerre.



Comme je le disais on ne sort pas indemne de ce livre et son prix Renaudot est vraiment justifié car c'est de la littérature qui est un véritable devoir de mémoire.


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La disparition de Josef Mengele

Sur les traces du commis du diable.



Comment ne pas se sentir groggy après la lecture de ce livre, objet hybride, moitié roman, moitié reportage. Nous, nous retrouvons en 1949 dans l'Argentine Péroniste, formidable machine à recycler le fascisme, grâce à l'apathie de l'Allemagne d'Adenauer, et la complaisances Américaines. Josef Mengele en froid bourreau des dogmes nazis tente d'échapper à la justice. Roman très documenté, au rythme maîtrisé. De souricières en délires paranoïaques le roman détaille la traque de celui que l'on aimerait qualifier de bête mais qui n'est malheureusement qu'un homme. Sans doute le commis du diable, mais un homme quand même.
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La disparition de Josef Mengele

Dans la première partie, le Mengele bénéficie de nombreuses complicités grâce à la dictature instaurée par Perón et ses sbires qui veulent ouvrir une troisième voie (face à la guerre froide entre russe et américain), une voie qui ressemble en tous points à celle d'Hitler. Perón accueille à bras ouverts les criminels de guerre allemands comme de fins stratèges susceptibles de lui être utiles.

Mengele jouit d'un train de vie plus qu'enviable et même d'une certaine considération jusqu'à ce qu'un mandat d'arrêt international soit lancé contre lui. Il faudra attendre 1958, l'enlèvement d'Eichmann, pour que la parole des survivants soit entendue ; que le scandale et l'horreur des crimes de ce "morticole" nazi soient enfin relayés par les médias.

Dans la deuxième partie on peut lire en exergue une phrase de Kierkegaard « le châtiment correspond à la faute : être privé de tout plaisir de vivre, être porté au plus haut degré du dégout de la vie »

On aimerait le croire. Pourtant Mengele règne en maitre sur la ferme où les Hongrois l'hébergent, et continue à exercer son despotisme sur les ouvriers dont il a la charge et même sur les enfants du couple ; il se construit un mirador pour surveiller les alentours ; il noircit du papier avec ces théories fumeuses. S'il se fait violer par la Gitta, c'est une bien piteuse humiliation dont il finira par s'accommoder. Et « son immense solitude » (p 157) est toute relative ; en rien comparable à celle vécue dans les camps de la mort. Il n'est pas un anonyme avec un matricule tatoué sur le bras. D'ailleurs, il reçoit des nouvelles de sa famille.

Cependant le mari cocufié ne lui épargnera pas les railleries et ils en viennent aux mains. Sur la sellette, honni et considéré comme indésirable par le couple, il devra à nouveau fuir, traqué, cette fois, par toutes les polices du monde. Malgré sa fortune il échouera dans un bouge infâme. Mais là encore il bénéficiera de servantes attentionnées à son chevet et ne sera jamais complètement abandonné par sa fratrie. Son fils le renie en partie ; pas assez cependant pour le livrer à la justice. Il mourra dans un état physique déplorable au milieu des vagues... du romantisme à l'Allemande. On aurait rêvé une fin plus sordide.

Ce livre a l’immense mérite d’esquisser la trame d’une cavale qui n’aurait pu se faire sans des compromissions inadmissibles (dont l’omerta de la part des états y compris l’Allemagne) longtemps occultées et de nous livrer des témoignages capitaux et irréfutables sur les horreurs innommables commises par les nazis (350 médecins y ont participé) ; mais la fin misérable de Mengele n’est en rien une consolation ou un châtiment en rapport avec ses crimes. Pour ma part, j’aurais préféré le voir affronter la honte publique avec un procès en bon et due forme comme celui d’Eichmann.
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La disparition de Josef Mengele

Voici une nouvelle lecture en ce début septembre et une très bonne découverte, en même temps il s'agit du prix Renaudot 2017, enfin sortie chez le livre de poche.



La disparition de Josef Mengele relate la fuite après guerre en Amérique du sud du médecin tortionnaire d'Auschwitz, tristement célèbre pour ses expériences et pour sa cruauté bien loin du serment d'Hippocrate qu'il avait juré de respecter.



Olivier Guez, en un court roman d'un peu moins de 250 pages, nous relate ces années d'exil parfois dorées (oui, cela fait mal de lire que cet homme a eu des années heureuses après guerre) mais également ces années de galère où Mengele a fui la justice des hommes.



L'auteur appuie là où cela fait mal en nous (ré)expliquant que l'arrestation du S.S aurait pu être possible avec un minimum de volonté politique.



Le récit est nerveux et sans temps mort. L'auteur imagine quels furent les pensées et les doutes de Mengele, mêlant ainsi habilement réalité et fiction.



Il est dur de lire un roman quand on n'éprouve aucune sympathie pour le personnage principal. Olivier Guez réussit pourtant un récit haletant que je n'ai pas lâché avant la dernière page et que je vous invite à découvrir.

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La disparition de Josef Mengele

« La disparition de Josef Mengele », roman historique signé Olivier Guez, prix Renaudot 2017, poignant, horrifiant, contrasté, qui nous plonge dans la vie et la fuite d’un homme tordu et déséquilibré. Une œuvre qui génère des émotions assez violentes chez son lecteur : à la colère succède l’empathie puis la honte. Une histoire qui donne à réfléchir sur le passé et sur la psychologie humaine. Un franc succès !



Josef Mengele, ancien médecin nazi régnant en maître incontesté sur le camp d’Auschwitz, est en fuite. Une fuite qui le conduira dans plusieurs pays d’Amérique Latine en commençant par l’Argentine. Alors que sous Perón, l’ancien tortionnaire n’est absolument pas inquiété par les autorités pour les crimes qu’il a commis pendant la guerre, le voyage s’assombrit lorsque ressurgissent les souvenirs outre-Atlantique des anciens prisonniers des camps. Alors que la voix des survivants se fait de plus en plus présente, l’étau se resserre peu à peu autour de l’homme traqué.



A travers cette œuvre divisée en deux parties : l’apogée et la chute, on suit l’histoire d’un homme détestable qui n’a jamais cessé de prôner l’eugénisme des peuples et l’existence d’une race supérieure. On découvre, au fil de l’eau, les expériences atroces et non regrettées d’un médecin cruel, une personnalité instable et colérique, un amour inconditionnel pour la patrie et le Führer et une envie de tranquillité non méritée qui l’habitera jusqu’à la fin.

L’auteur nous fait entendre la voix du tyran, du psychopathe mais également du père de famille puis du vieux monsieur qui décline. Un portrait tout en nuances et en profondeur qui se dévore d’une traite. Sous couvert de l’informatif, on entre dans l’intimité et la tête de ce bourreau et on se demande souvent comment il est possible d’être ainsi. Curiosité malsaine ou volonté de comprendre le fonctionnement de l’incompréhensible, j’ai été entrainé dans cette fuite vers l’avant, à la rencontre d’hommes et de femmes qui ont, à des degrés différents et pour diverses raisons, rendu service à Mengele et lui ont permis d’échapper à un procès.



Le style est percussif et subtil ; ce qui rend l’histoire encore plus intéressante finalement. J’ai beaucoup apprécié cette façon de dire sans jamais trop en faire. Sans pathos, ni haine, l’auteur nous sert l’histoire de l’un des criminels de guerre et contre l’humanité les plus recherchés du monde. Une vraie belle découverte qui m’a tenue en haleine du début à la fin.




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La disparition de Josef Mengele

C’est avec la minutie, la distance nécessaire, le professionnalisme d’un journaliste qu’Olivier Guez nous entraîne dans cette enquête sur la fuite de Josef Mengele, le médecin nazi surnommé l’ange de la mort depuis ses expériences visant à atteindre la pureté de la race dans le camp d’Auschwitz de mai 1943 à janvier 1945.



En juin 1949, Joseph Mengele débarque seul à Buenos Aires sous le nom de Helmut Gregor. Sa femme Irène et son fils Rolf n’ont pas souhaité le suivre. Aidé par un réseau d’anciens nazis déjà bien installé en Amérique du Sud, Mengele profite dans un premier temps de l’admiration de Juan et Evita Perón pour le fascisme.

« A la fin des années 1940, Buenos Aires est devenue la capitale des rebuts de l’ordre noir déchu. »

Adolf Eichmann y débarquera aussi en juillet 1950.



Grâce à l’argent de l’entreprise familiale des Mengele et au vaste réseau nazi, Mengele qui, entre temps a épousé sa belle-sœur par intérêt, vit tranquillement et richement en Argentine jusqu’à la guerre civile et la fuite de Perón au Panama.

Mais L’Allemagne se réveille, des juifs témoignent. En 1956, un mandat international est lancé contre Eichmann. Mengele, apeuré s’enfuit au Paraguay. Il obtiendra la nationalité paraguayenne en novembre 1959.



Après l’arrestation d’Eichmann, le Mossad s’intéresse à Mengele qui fuit, cette fois au Brésil. Un couple de fermiers, Geza et Gitta Stammer accepte de l’héberger, moyennant des récompenses financières de plus en plus exigeantes. Il faut dire que cet hôte est particulièrement encombrant et désagréable.

La traque se resserre de plus en plus, Mengele vieillit et devient de plus en plus acariâtre.



Le récit de Olivier Guez, sans jugement, se concentre sur les faits. Mais les aléas internationaux de la traque, le soutien intense du réseau nazi, les relations personnelles de Mengele avec ses proches mettent en évidence la complexité et l’atrocité du sujet. Nul besoin de s’attarder sur l’évocation de ses agissements pendant la guerre, de son comportement odieux pour comprendre toute la noirceur de cet homme.



Rolf, le fils de Josef Mengele évoque pourtant la question philosophique inévitable du devoir, de la responsabilité individuelle ou collective, du remords éventuel dans cette tragédie.

« Le vieux n’éprouve-t-il aucun regret, aucun remords? Est-il la bête cruelle que les journaux décrivent? Est-il à ce point malfaisant et dégénéré? Peut-il l’aider à sauver son âme? Et lui, Rolf, est-il un être mauvais par sa faute? »

Peut-on encore se demander si ces nazis tortionnaires n’étaient « qu’un rouage parmi d’autres » et n’ont fait que leur devoir de soldat, ni plus ni moins qu’un pilote qui largue ses bombes sur une ville en territoire ennemi ?



D’une belle écriture littéraire, Olivier Guez propose davantage une enquête. Certes passionnante, juste et bien documentée. Mais le sujet reste difficile et le personnage si détestable que je ne serais pas allée naturellement vers ce roman. Constater qu’un tel bourreau s’en tire si bien en continuant à profiter des autres est insupportable. Mais cela ne peut être reproché à l’auteur.



Pour compléter votre lecture, dans un genre différent,plus romancé, je vous conseille Wakolda de Lucia Puenzo.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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La disparition de Josef Mengele

Un livre très prenant et qui fait froid dans le dos pour nous faire découvrir un pan historique de l’Europe des années d’après-guerre où des nazis ont été accueillis par l’Argentine et ont pu en toute impunité et avec la complicité de beaucoup vivre des jours tranquilles. Un livre remarquable dans tous les sens du terme et qui fait partie du travail de mémoire sur une époque heureusement révolue mais dont on a souvent du mal à parler.
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La disparition de Josef Mengele

La Disparition de Josef Mengele, roman récompensé par le Prix Renaudot 2017 ; j'ai cependant des difficultés à lui reconnaître la qualité d'un chef d’œuvre. Certes, l'auteur Olivier Guez a effectué une recherche documentaire sérieuse et de qualité, il déclare avoir effectué plusieurs voyages en Amérique du Sud. C'est là un travail à saluer. Mais pour quelle fin ? Romancer la vie de ce tortionnaire en exil dans des pays qui ont accueillis de nombreux nazis qui se sont offerts de véritables paradis terrestres. Autant j'aime les reconstitutions historiques romancées, autant là j'en éprouve un malaise. Si le but est de faire un succès littéraire et beaucoup d'argent, c'est fait. La récompense de l'auteur est acquise et il n'est pas nécessaire d'attribuer à son roman un statut de chef d’œuvre immérité. Puisque l'auteur romance, il aurait pu s'investir davantage en son terme et nous livrer ses motivations, son analyse, comme le fait un historien. Eh bien non, il s'est contenté de raconter et finalement que le fils, la famille, les neveux n'ont pas été inquiétés par la justice.



Ceux qui ont lu HHhH de Laurent Binet relatif à l'opération Anthropoid afin de supprimer Heydrich (roman récompensé par le Prix Goncourt du premier roman en 2010), peuvent apprécier le vide de celui-ci sur l'exil de Mengele.



J'avoue que sa position d'observateur éloigné me dérange et justifie une notation de 3,5/5 : bon roman mais absolument pas une œuvre salutaire au service de l'humanité ni même modestement pour comprendre pourquoi les organismes qui rapprochent les nations sont restés muets et ont laissé faire ce scandale historique.
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La disparition de Josef Mengele

A la fois glaçant et dérisoire dans ses évocations, ce roman restitue la cavale éperdue du médecin maudit d’Auschwitz, Josef Mengele qui, de 1945 à 1979, va échapper à la traque organisée par le Mossad avec l'aide, souvent un peu molle, des services allemands. Localisé plusieurs fois, en Argentine, Paraguay et Brésil, il échappe à ses poursuivants, aidé en cela par d'anciens nazis dévoués à sa cause et encore nostalgiques de la grande époque du Reich. Il bénéficie aussi de la complaisance de Perón en Argentine.

C'est un homme odieux qu'on nous décrit, intrusif dans la vie de ses hôtes et « assistants », exigeant et aigre,nostalgique de ses recherches stoppées (quand on pense qu'il a emporté des échantillons de tissus et liquides organiques d'Auchwitz !! - geignard et sans le moindre regret, au point d'en écœurer son fils Rolf venu en vain une dernière fois avec l'espoir de trouver une once de compassion chez ce fou furieux.



On découvre avec un certain étonnement qu'il a pu communiquer durant des dizaines d'années avec sa famille, protéger, voire développer sur place, l'entreprise Agriteknik Mengele qui assure la fortune de la famille restée en Allemagne et même hériter de son père, le tout sous diverses fausses identités ou, pire encore, sous son vrai nom.

Un livre nécessaire, extrêmement documenté et qui a le mérite de la vraisemblance quand l'auteur est obligé d'inventer, les pensées et les rêves du personnage.
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La disparition de Josef Mengele

La disparition de Josef Mengele raconte la fuite et la traque du tristement fameux médecin chef d'Auschwitz surnommé l'« Ange de la mort », bourreau sadique qui, au nom de la science, s'adonnait à des expériences monstrueuses sur des êtres humains ou bien envoyait celles et ceux qui ne l'intéressaient pas se faire gazer. « Ne jamais s'abandonner à un sentiment humain. La pitié est une faiblesse : d'un mouvement de badine, l'omnipotent scellait le sort de ses victimes, à gauche la mort immédiate, les chambres à gaz, à droite la mort lente, les travaux forcés ou son laboratoire, le plus grand du monde, qu'il alimentait en « matériel humain adéquat » (nains, géants, estropiés, jumeaux) chaque jour à l'arrivée des convois. »

Après la guerre, on le sait, bon nombre de nazis sont allés trouver refuge en Amérique latine, c'est le cas de Mengele (encore jeune puisqu'il n'a que 38 ans), qui s'installe sous le nom de Helmut Gregor en Argentine dans un premier temps.

Le roman d'Olivier Guez est une plongée terrible au coeur de ces groupuscules nazis qui ont su profiter de la bienveillance du président Juan Perón, de nombreux réseaux, de multiples combines et de liens avec leur famille. Ainsi, il faut bien le dire, ces criminels ont réussi à vivre, pas trop mal parfois, pendant de nombreuses années.

« A la fin des années 1940, Buenos Aires est devenue la capitale des rebuts de l'ordre noir déchu. S'y croisent des nazis, des oustachis croates, des ultranationalistes serbes, des fascistes italiens, des Croix fléchées hongrois, des légionnaires roumains de la garde de fer, des vichystes français, des rexistes belges, des phalangistes espagnols, des catholiques intégristes ; des assassins, des tortionnaires et des aventuriers : un Quatrième Reich fantôme. »

Voilà, tout est dit et ce sont ces gens-là que l'on va croiser sur les beaux boulevards de Buenos Aires, l'un sirotant une bière à la terrasse d'un café, l'autre digérant un repas gastronomique en dégustant un cigare à l'ombre d'un arbre : de vrais pachas qui se la coulent douce, dans les premiers temps au moins.

Ces nazis, en nombre assez important, vivent en micro-sociétés, se reçoivent, s'entraident, passent d'agréables moments à discuter du bon vieux temps, rêvant de recréer un nouveau Reich en Allemagne, persuadés pour certains que la Guerre Froide se terminera dans un bain de sang entre les deux blocs et que ce sera enfin à leur tour d'entrer de nouveau en scène. C'est cette atmosphère que nous découvrons dans la première partie du livre intitulée de façon très explicite : « Le pacha ». En effet, et grosso modo jusqu'en 1960, Mengele « s'amuse et s'enrichit », il est à la tête d'une charpenterie et d'une fabrique de meubles quand il ne joue pas le représentant de commerce pour aller vendre, au Paraguay, les engins agricoles, moissonneuses-batteuses et autres épandeurs à fumier, fabriqués par l'usine familiale. Quelques avortements clandestins pour arrondir les fins de mois. Il se lancera plus tard dans l'industrie pharmaceutique. Avec ses petits camarades, « bottines luisantes, cheveux laqués », il va au théâtre, au cabaret, au dancing, chez les prostituées. La vida es bella...

Il se remarie, habite une villa somptueuse avec jardin et piscine, s'achète un coupé Borgward Isabella et reprend même son vrai nom (c'est dire comme il est inquiet!). Il part même en vacances au Chili avec ses petits amis : ils explorent « les volcans du désert d'Atacama, nagent nus dans des lagunes turquoises et campent sous des ciels limpides et étoilés. » Lorsque j'ai lu ces lignes pour la première fois, j'ai été saisie, je les ai relues, incrédule. N'étaient-ils pas plus recherchés que ça, ces meurtriers, ces monstres ? Le monde entier ne s'était-il pas mis à leurs trousses en déployant tous les moyens possibles et imaginables? Pourquoi ? Pourquoi tout ce temps perdu ?

Le roman d'Olivier Guez donne des éléments d'explication et pourtant, je demeure dans le même état de stupéfaction, moi qui pensais bien naïvement qu'aussitôt après la guerre, TOUT, absolument TOUT avait été mis en œuvre pour retrouver les assassins. Ce que j'apprends me laisse éberluée, saisie.

Et 1956, Mengele s'organise même un petit voyage en Europe, fait du ski en Suisse (!!!), l'année 1957 se poursuit dans la même douceur : « L'avenir s'annonce prometteur, le pire est derrière lui, Mengele se sent en sécurité. » Je crois rêver… Il se marie : le voyage de noces a lieu en 1958 en Uruguay dans un hôtel superbe face au lac Nahuel Huapi et Moreno. Debout, face au paysage, il en est bien persuadé « dans ce monde de ruines et de vermines déserté par Dieu, il a la liberté, l'argent,le succès, personne ne l'a arrêté et personne ne l'arrêtera. » Finalement, n'a-t-il pas toutes les raisons d'y croire ?

Mais le vent tourne ENFIN et Mengele va devoir fuir au Paraguay puis au Brésil : deuxième partie « Le rat ». Tout s'accélère… Il est temps !

Ce qui est intéressant dans ce roman, c'est que l'on vit vraiment la traque de Mengele « de l'intérieur » même s'il ne s'agit pas d'un récit à la première personne, on le suit pas à pas et l'on découvre à quel point cette seconde partie va se révéler être une plongée au coeur de l'enfer, un cauchemar quotidien, la longue cavale angoissée d'un homme devenu une bête traquée et terrorisée.

Je ne vais pas entrer dans le détail de cette chasse à l'homme incroyable, des changements d'identité de Mengele (Peter Hochbichler entre autres), de ces arrestations loupées à un cheveu près ! On en rage ! Il est vraiment passionnant de découvrir la façon dont a été organisée cette traque, notamment par les services de renseignement israéliens, le Mossad, et le chasseur de nazis Simon Wiesenthal, et surtout dans quelles circonstances et pour quelles raisons ils ont manqué de très peu d'arrêter ce grand criminel de guerre.

Certains passages de cette seconde partie mettant en scène un Mengele de plus en plus narcissique et autoritaire sont absolument sidérants : par exemple, son séjour chez les Stammer, un couple de hongrois expatriés chez qui il va se cacher pendant plusieurs années, les menant à la baguette, critiquant leur mode de vie, leur nourriture, l'éducation de leurs enfants, ce qu'ils sont… Une cohabitation insensée qui manque à plusieurs reprises de tourner au drame.

Ce roman montre ainsi l'enlisement progressif de Mengele, transpirant de trouille et de haine depuis qu'il a appris l'arrestation d'Adolf Eichmann en 1960, sombrant dans une terrible paranoïa, vivant avec la peur au ventre, oui, c'est le portrait, au fond, d'un être fondamentalement mauvais, minable, pathétique, malade, complètement fou, tristement perché sur sa tour de guet en tenue d'apiculteur, regardant la route départementale qui mène à la ferme avec des jumelles super puissantes Zeiss, entouré de ses chiens, toujours prêt à se sauver avec, dans sa mallette, ses opéras de Wagner, ses cantates de Bach, ses livres, ses journaux et ses cahiers de notes sur ses terribles expériences, obligé de vivre loin de ceux qu'il aime, seul, profondément seul et plein de haine pour ce que sont les hommes et le monde devenus. Un être abject.

Il ne regrettera aucun de ses crimes. Non, jamais il ne se repent, persuadé qu'il est d'avoir raison, d'être dans le juste, la vérité. Même face à son fils, il dira : « la conscience est une instance malade, inventée par des êtres morbides afin d'entraver l'action et de paralyser l'acteur ».

Comment est-ce possible ?

Mengele s'enfoncera jusqu'au bout, s'enlisant dans une vie qui ne veut plus de lui.

« Mengele, ou l'histoire d'un homme sans scrupules à l'âme verrouillée, que percute une idéologie venimeuse et mortifère dans une société bouleversée par l'irruption de la modernité. »

Un texte extrêmement documenté (l'enquête d'Olivier Guez a duré trois ans), un récit haletant qui nous fait vivre la période de l'après-guerre en Amérique latine, la fuite de ces démons qui vont espérer retrouver ailleurs un nouvel Eldorado.

Terrible et saisissant !

A lire absolument.

Je terminerai par ces mots de Primo Levi : «... dans la haine nazie, il n'y a rien de rationnel : c'est une haine qui n'est pas en nous, qui est étrangère à l'homme, c'est un fruit vénéneux issu de la funeste souche du fascisme, et qui est en même temps au-dehors et au-delà du fascisme même. Nous ne pouvons pas la comprendre ; mais nous pouvons et nous devons comprendre d'où elle est issue, et nous tenir sur nos gardes. Si la comprendre est impossible, la connaître est nécessaire, parce que ce qui est arrivé peut recommencer, les consciences peuvent à nouveau être déviées et obscurcies : les nôtres aussi. »

Si c'est un homme, 1947.






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La disparition de Josef Mengele

Josef Mengele était un médecin tortionnaire nazi surnommé l'ange de la mort, il a sévi au camp d'Auschwitz pendant 21 mois, il avait fait du camp un laboratoire pour ses recherches notamment sur la gémellité. C'était un monstre qui prenait plaisir à collectionner les yeux bleus...



Inscrit sur la liste des criminels de guerre, arrêté par les américains il est pris pour un simple soldat et rapidement libéré. En juin 49, à 38 ans, il arrive sous la fausse identité de Grégor dans l'Argentine de Péron. En effet le dictateur argentin, fasciné par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste, adopte comme stratégie d'ouvrir son pays à des milliers de nazis. convaincu de la suprématie que va acquérir l'Argentine une fois que les États Unis et la Russie se seront écharpés lors de la guerre froide.

Officiellement porté disparu, Mengele ne révèle son identité qu'à quelques rares proches, il cache à tous son métier de médecin. Il n'ambitionne pas de reconquérir l'Allemagne comme certains de ses amis préférant faire prospérer les affaires familiales, ainsi il représente l'entreprise familiale de machines agricoles tout en pratiquant des avortements clandestins sur de jeunes bourgeoises. Mengele mène alors une vie de pacha, au milieu d'autres nazis, mais il va être privé de ses protections lorsque Péron est contraint de quitter le pays en 1955.



En 1956 il récupère son identité pour s'enraciner et se remarier au moment où le monde prend conscience de l'extermination de millions de juifs. Les israéliens lance alors la chasse aux nazis. C'est pour Mengele le début de la descente aux enfers et la fuite au Brésil. Va commencer pour lui une vie de rat traqué par les services secrets israéliens et allemands puis par les journalistes.



Olivier Guez brosse le portrait d'un homme égocentrique et manipulateur qui ne manifeste aucun remords. Sûr de lui, certain de son impunité, il se pense intouchable et bénéficie largement de la protection financière de sa puissante famille. Il se comporte en despote acariâtre avec la famille hongroise qui le cache. Déchu de ses diplômes universitaires, il s’apitoie sur son sort... Mais cet homme va vivre pendant des années dans la plus extrême solitude et dans la paranoïa.



Mengele a un fils Rolf qu'il n'a pratiquement jamais vu. Rolf Mengele qui a longtemps cru son père mort, sera bouleversé d'apprendre le passé de son père. Torturé, il lui rendra visite en Amérique Latine à l'âge de 33 ans pour tenter de comprendre. La scène de leur rencontre est bouleversante... Rolf Mengele éprouvera un infini mépris pour son père mais il refusera de donner la moindre indication susceptible de provoquer son arrestation.

Cet épisode était déjà relaté dans le livre de Tania Crasnianski : Enfants de nazis



Ce roman sur l'après guerre est très documenté comme en témoigne l'impressionnante liste bibliographique de l'auteur. Olivier Guez limite à de courts passages complètement insoutenables le récit des activités du médecin SS dans le camp, l'essentiel de son propos est de raconter les années de fuite du médecin tortionnaire et d'imaginer ses ressentis. Il relate des années de vie qui se sont révélées toutes aussi punitives que l'aurait été un emprisonnement. J'ai trouvé ce récit, qui tient à la fois du document et du roman, passionnant et instructif.
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La disparition de Josef Mengele

Il ne fallait rien moins qu'un bouquin sur un nazi pour me soustraire à la superficialité de ma vie.

Tout cela est très délassant, un dérivatif douteux comme il est vrai que le nazisme m'égare dans un voyeurisme pisseux, un mal à propos aussi facétieux qu'un glaviot sur mon visage.



Je m'établis avec facilité dans ce livre, l'accueil est placide, la narration fonctionnelle me réservant sans façon la déconfiture de Mengele. Je me mets donc à l'aise, les panards du côté de la grande histoire, la saluant au passage, je me redresse un peu, question de respect, suffisamment pour admirer l'emplâtrage de ce nazillard de seconde zone dont la destinée n'intéressait pas grand monde avant la fin des années 50.



En déployant ma carte routière destination fêlés-du-casque sur laquelle les points d'intérêts ne manquent pas, je me délecte toute entière de cet hobby délicieusement douteux, je convoque le pire, charnier, camp, génocide, goulag, pogrom, que sais-je, ça pisse de tous les côtés, j'aligne donc les feutres, j'ordonnance le code couleur, je pioche selon l'inclinaison de la dégueulasserie.



Je fais la moue. Comment ce Mengele a-t-il raflé tant de postérité ? Après la guerre, il n'y avait qu'à se baisser pour attraper de la blouse blanche à croix gammée. De là quand on sait que la plupart ont rouvert leur cabinet médical sans trop de fâcherie, éclipsant la merde sous le tapis avec l'air absorbé de circonstance, et sans besoin de mettre le turbo car au moment de passer à la caisse de la responsabilité, du self-service à l'addition, c'était du gratis ; alors qu'on m'explique, a-t-on crucifié Mengele pour absoudre le reste de l'intelligentsia ? A-t-il trinqué pour tous ?



Car ce Mengele, au milieu de cette marée puante, après les coteries à la sauce Wagner, le shnaps bu entre les bras ronds des secrétaires, à lui tout seul, il nous a bouffé toute la couverture médiatique, raflant la destinée du nazillon le plus recherché de son temps. Incroyable car c'est là un gus qui bricolait dans la hiérarchie nazie, les macarons épinglés sur sa veste, du peanut, à peine si l'éclat chatoyait la pupille, du pin's à l'apprêt de marchand forain.



Olivier Guez plante donc sa tente là, faisant circuler de formidables exhalaisons, fétides au possible, tant épaisses qu'on s'en pommaderait le tarin. Il nous tapisse une frise d'un clandestin excité aux vices, il s'applique dans un soin officieux, presque impératif, car sans doute que Monsieur Guez s'est incarcéré dans un plan glauque, je me figure le coup mental de cette opération biographique, affreux, remettre de l'ordre dans cette cavalcade tremblante. Le ton est journalistique, nous évite le sensationnalisme facile ou les suppositions oisives. Le livre s'épaissit au gré du factuel, hors d'une forme de fantaisie narrative qui viendrait draguouiller le lecteur.



L'auteur est démerdard, il lève rapidement la difficulté de s'identifier à Mengele, ce remarquable pleurnichard singulièrement émotif quand il s'agit de sa propre vie. Je me réjouis du destin post-Reich de l'homme, mon sourire s'est arrondi au fur et à mesure de ma lecture, la fable se pénètre d'une forme de cynisme.



La carne a fini par en chier un peu, il s'est rétréci à l'état de larve qui s'embourbe dans un cache-cache de hors-la-loi. Les tripes nouées, les années le fracassent dans un dénuement de chien galeux, il manque d'air, planqué dans une gargote d'un quartier de guenilleux. Il amorce sa vieillesse les fesses serrées, il devient un vieux vétilleux qui chouine car personne n'est plus là pour lui torcher son derche, il flasque dans sa culotte, marmonnant ses trésors d'inquiétude, cafouille, ça se bouscule au portillon mais plus personne n'est là pour écouter. Hum. Dommage.

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La disparition de Josef Mengele

Olivier Guez, lui, choisit d'enquêter sur "l'après" à travers un personnage emblématique, Josef Mengele, le docteur d'Auschwitz qui sélectionnait (entre autres) les jumeaux déportés pour ses expérimentations médicales... L'auteur ne s'attarde pas sur ce qui s'est passé dans les camps - et heureusement car les passages où il s'y réfère sont quasiment insoutenables - mais à la façon dont le tortionnaire échappera aux procès de Nuremberg et d'Auschwitz.

De l'Argentine de Perón à la traque du Mossad, de l'entre-soi nazi aux cachettes incertaines, en deux parties intitulées Le Pacha et Le Rat, Olivier Guez retrace le parcours de Josef Mengele. La fiction vient parfois combler les silences de l'Histoire et il parvient ainsi à incarner le personnage tout en nous dévoilant peu à peu un portrait sans concession ni compassion - ce qui aurait été inacceptable tant cet homme est abject.

La littérature rend peut-être là aux victimes une forme de justice face à l'absence de regret du coupable et à la défaillance des institutions.
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La disparition de Josef Mengele

Voici un roman qui nous fait suivre la fin de la vie de Josef Mengele, le médecin d'Auschwitz.

Deux grandes parties se dégagent: d'abord l'arrivée dans l'Argentine de Peron, indulgente voir complaisante face aux anciens nazis même si Mengele reste très prudent.

Dans la seconde partie, la traque commence et l'ancien nazi doit se cacher. Il s'isole et s'aigrit, vivant dans la mémoire de ses années de gloire.

C'est un roman intéressant qui se construit autour des quelques éléments connus de cette vie dissimulée de Mengele. Assez peu de souvenirs d'Auschwitz sont évoqués. L'auteur a choisi de nous montrer le Mengele de la fin qui ne fait pas du tout pitié car il ne s'appitoie que sur lui-même et ne semble ressentir aucun remords. Un personnage définitivement détestable..

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La disparition de Josef Mengele

La disparition de Josef Mengele, second roman d’Olivier Guez, journaliste, est un livre fort, historique et biographique sur le tristement célèbre Médecin d’Auchwitz-Birkenau. Un livre qui a juste titre, a été récompensé par le Prix Renaudot 2017.



Olivier Guez a tout lu sur Mengele, a fait des recherches historiques et a enquêté pendant 3 ans, se rendant en Allemagne, en Argentine, au Paraguay et au Brésil sur les dernières traces du criminel de guerre.



Ses investigations et sa plongée dans l'après-guerre, nous fait découvrir une Amérique du Sud, et plus particulièrement l’Argentine où les anciens nazis étaient accueillis à bras ouverts par Juan Peron, le père de la révolution péroniste. Celui-ci rêvait de grandeur dans une troisième voie entre Etats-Unis, et URSS, persuadé que la guerre froide entre les deux pays allait dégénérer et qu’il pourrait e^tre un recours.



1949, Mengele, quitte l’Allemagne pour l’Amérique du Sud, aidé par un réseau nazi et la croix rouge internationale. Depuis 3 ans, il vivote en Allemagne, mais sa famille, une puissante et riche famille industrielle, préfère le voir s’éloigner par peur que ne remonte à la surface son passé, risquant de ternie la réputation de la Famille. Pendant des décennies, elle financera Mengele en Amérique du Sud dans ses divers pérégrinations.



Le roman d’Olivier Guez, si il ne répond à la question que l’on se pose - comment un homme lambda peut se transformer, selon certaines circonstances, en un monstre sans pitié - arrive par petites touches à nous dépeindre le destin funeste d'un homme qui jamais ne renia ses idéaux, un homme veule, lâche, méchant, cruel, jaloux.



Celui que l'on surnomma l'ange de la mort ne fut en effet qu'un monstre banal, l'un des rouages d'un système infernal qui mit le monde à feu et à sang durant la seconde guerre mondiale. Le médecin sanguinaire a disséqué, brûlé et torturé des enfants et a fait subir des atrocités innommables à des milliers des personnes « au nom de la science et de la recherche ».



Le roman est passionnant car il reste au plus près de Mengele. le lecteur partage les affres, la souffrance et les multiples déceptions d'un homme traqué, un homme que la presse internationale décrivait comme insaisissable, vivant dans le luxe alors qu'il errait chichement dans des fermes puis dans une cabane insalubre dans les faubourgs de Sao-Paulo.



Le livre est documenté, précis, les multiples complicités dont bénéficia Mengele font froid dans le dos : le régime Péroniste, sa famille, riches industriels bavarois, toute une flopée de nostalgique du troisième reich. Grâce à ces nombreux facteurs mais aussi à la situation politique internationale, le médecin d'Auschwitz ne fut jamais capturé et mourut sur une plage brésilienne à l'âge de 68 ans, sans avoir eu à répondre de ses actes.



Olivier Guez nous montre comment le Mossad est souvent "à ça" de mettre la main sur Mengele mais que, conflit israëlo-arabe oblige, ses agents sont monopolisés sur d'autres fronts. Et donc tant pis pour Mengele. Il nous fait découvrir que les services secrets ouest-allemands infestés d'anciens nazis n'ont tout simplement rien fait avant les années 1980.



Il fallait que cette génération de monstres disparaisse pour qu'un douloureux travail de mémoire officiel puisse commencer.



Avec cet ouvrage, à l’écriture fluide, factuelle, Olivier Guez réalise un formidable travail d’informations et de mémoire, utile à nos générations pour se souvenir et retenir « Plus jamais çà ! »

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