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Citations de Pablo Martín Sánchez (31)


Les créations littéraires qui ont fini par franchir les frontières de la fiction pour donner un nom à des inventions de la vie moderne ne sont pas nombreuses, mais il y en a eu quelques-unes : Borges lui-même parle, dans une de ses nouvelles, je ne me souviens plus de laquelle, d’une tribu sauvage appelée Yahoo, mot étrange forgé par Jonathan Swift dans Les Voyages de Gulliver et qui a servi, presque trois siècles plus tard, à baptiser une des entreprises les plus prospères de l’aube d’Internet, même si elle a plus tard été absorbée par ce monstre glouton nommé Amazon.
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Qui sait offrir un livre, sait s'offrir soi-même.
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J’aime l’odeur des vieux livres. Bien que « j’aime » soit un peu en dessous de la vérité : les sentir est une vraie manie, une obsession, un vice. En fait, peu importe que le livre soit vieux ou neuf, avant de le commencer je ne peux résister à la tentation de fourrer mon nez dans ses pages, le plus profondément possible, là où elles s’insèrent dans le creux de la reliure. J’établis de la sorte une relation intime avec lui, j’oserais presque dire charnelle, tactile et olfactive à la fois : tandis que les ailes et la pointe de mon nez effleurent le papier et en déchiffrent la texture, mon nerf olfactif perçoit les effluves de l’encre, de la colle, de la fibre, du moisi, et envoie à mon cerveau des messages qui ridiculisent Proust et sa madeleine. Vraiment, je ne m’explique pas comment j’ai pu rester si longtemps sans renifler un livre. À une époque, dans les années dix, on a pu penser que l’e-book marquerait la fin du format papier mais ce ne fut qu’un mirage : celui-ci se refit une santé et connut un nouvel essor dans les années vingt et les heureuses années trente, avant d’amorcer une chute lente mais inexorable. Quelqu’un a dit un jour que le livre électronique gagnerait la partie quand il serait exactement semblable au livre papier : mêmes formes, mêmes textures, mêmes odeurs, mêmes défauts. C’est pour cette raison qu’on ne tarda pas à voir apparaître les coques en cuir, les écrans flexibles laminés ou les arômes synthétiques qui prétendaient reproduire les odeurs naturelles et qui incluaient, car il ne pouvait en être autrement, l’« odeur de vieux livre ». Je me souviens que la première liseuse que nous avons achetée à Leire incorporait un diffuseur qui envoyait différents arômes (herbe fraîchement coupée, terre mouillée, sous-bois, feu de cheminée, draps propres !) pour favoriser une lecture immersive.
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Sauter par-dessus un feu de la Saint-Jean est un acte téméraire. Le faire à mon âge, c’est de la bêtise. Hier soir, je me suis foulé la cheville et aujourd’hui je commence ce journal, comme au bon vieux temps, à la lumière d’une bougie, et le poignet tremblant faute d’entraînement. C’est improprement que je l’appelle journal, même si j’ai la ferme intention d’écrire tous les jours tant que je serai prostré dans ce lit de l’ancien pavillon des épileptiques, parce qu’à vrai dire j’utilise les feuilles blanches du livre que le docteur Audrey Lourenço m’a apporté cet après-midi pour me distraire : Le Journal d’un fou de Gogol. Je suppose qu’elle l’a pris au hasard (au-delà de l’ironie de trouver un tel livre parmi les volumes mités de ce qui a été un jour la bibliothèque d’un asile psychiatrique), mais le hasard est capricieux et si elle m’avait apporté les Confessions de Rousseau au lieu du Journal d’un fou, peut-être serais-je maintenant en train d’écrire des mémoires et non un journal.
(Incipit)
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L’odeur de terre mouillée n’a pas tardé à filtrer par les fenêtres, une odeur que j’aime presque autant que celle des vieux livres. Un jour quelqu’un, je crois que c’était Gabi, le jardinier, m’a raconté que cette odeur qu’émet la terre lorsqu’elle reçoit les premières gouttes de pluie est due à une bactérie inoffensive, appelée bactérie d’Albert, qui en entrant en contact avec l’eau produit une fragrance qui nous rend nostalgiques, nous les humains, et sauve la vie de certains animaux, comme les chameaux, qui grâce à elle sont capables de flairer l’eau dans le désert, même à des kilomètres de distance. Pétrichor, a dit Audrey, en s’étirant. Quoi ? Ça s’appelle pétrichor. Quoi donc ? L’odeur de la terre mouillée.
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Josep Pla disait que ceux qui lisent des romans après la quarantaine étaient d'authentiques crétins.
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J'aime l'odeur des vieux livres. Bien que "j'aime" soit un peu en dessous de la vérité : les sentir est une vraie manie, une obsession, un vice.
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Contexte: Paris, 1924, "épicentre de l'anarchisme espagnol", suite au coup d'état de Primo de Rivera

(...)meeting de protestation motivé par le premier anniversaire du coup d'Etat de Primo de Rivera... célébré avec trois semaines de retard, histoire de ne pas démentir une réputation espagnole bien méritée (...)

Il y avait là les gens les plus divers, mais tous réunis par une double qualité: être espagnols et exilés. Les libertaires prédominaient, car Paris est à ce moment-là l'épicentre de l'anarchisme espagnol, mais il y avait aussi un grand nombre de communistes, de républicains et de catalanistes, de syndicalistes et d'intellectuels, et même des fugitifs et des déserteurs. En définitive, tous ceux qui pour une raison ou une autre ont dû se réfugier en France, pour fuir les coups et les tortures de la Garde civile espagnole. Etaient présentes des grandes figures politiques du moment, comme Marcelino Domingo ou Francesc Macià; ou même, en dépit de sa très vive inimitié avec Blasco Ibáñez,$, Rodrigo Soriano, le politicien et journaliste qui s'était battu en duel quelques années plus tôt avec Primo de Rivera en personne. Des intellectuels renommés, comme Eduardo Ortega y Gasset, qui avait dû s'exiler en France pour avoir crié "Vive la liberté" quand Miguel de Unamuno l'était à Fuerteventura, ne manquaient pas non plus ce rendez-vous. (...) Il y avait aussi dans la salle les hommes d'action, comme Buenaventura Durruti, avec son air sérieux de pistolero strabique, ou Francisco Ascaso, qui insistait pour démentir avec son esprit andalou ce qui était un secret de polichinelle: à savoir qui c'est lui qui a tiré l'an dernier sur l'archevêque de Saragosse, Juan Soldevila.
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Alexander Berkman était devenu l'un des anarchistes les plus célèbres d'Amérique après sa tentative manquée , en 1892 , d'assassiner Henry Clay Frick , le sanguinaire exécuteur du programme élaboré par La Carnergie Steel Company pour réprimer la grève de ses propres ouvriers ; maintenant , après quatorze ans de prison ( bien que condamné à 22 ans ) , il était de nouveau dehors , changé en une véritable icône de la cause libertaire , dont la branche la plus radicale considérait les tyrannicides et les régicides comme le moyen le plus direct pour atteindre ses objectifs . Si on en veut confirmation , qu'on en parle au vingt- cinquième président des États-Unis , William Mc Kinley , assassiné au début du siècle par l'anarchiste Léon Czolgosz .
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L'origine de la peine de mort, telle que l'appliquent actuellement les Etats, est certainement la vengeance, la vengeance sans mesure, aussi terrible que peut l'inspirer la haine, ou la vengeance réglée par une sorte de justice sommaire, c'est à dire la peine du talion : dent pour dent, oeil pour oeil, tête pour tête.

Elisée Reclus
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...l'importance de récolter des fonds parmi les ouvriers espagnols d'Amiens, en déplorant l'esclavage auquel nous soumet "ce puissant seigneur appelé argent, cet opium trompeur inventé par la bourgeoisie pour nous salir les mains et l'esprit ".
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Prologue

Il y a quelque chose d'émouvant et d'effrayant à la fois dans l'idée que le hasard puisse gouverner nos vies. D'émouvant, parce que cela fait partie de l'aventure même de vivre; d'effrayant, parce que, comme tout ce qui est incontrôlable, cela donne le vertige. Dans le cas de l'écriture, le hasard joue souvent un rôle plus étrange qu'on ne le pense généralement, même si certains auteurs en ont fait le protagoniste de toute leur oeuvre. Toutefois, l'histoire que le lecteur a entre les mains n'aurait pas vu le jour si le hasard n'avait pas frappé avec insistance à la porte de celui qui écrit ces mots. Ou plutôt: cette histoire n'existerait pas telle qu'elle est racontée, car une bonne partie des faits concernés peuvent être débusqués dans les hémérothèques et les archives, ces cimetières sans fleurs de la mémoire. Mais une histoire sans récit est une histoire qui n'existe pas encore: il faut que quelqu'un tisse le fil des évènements. Et le hasard ou la coïncidence a croisé mon chemin pour que ce soit moi. C'est l'histoire d'un anarchiste qui s'appelait comme moi. C'est l'histoire de Pablo Martin Sanchez, une histoire qui vaut peut-être la peine d'être contée. (p. 11)
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Le seul amour que peut se permettre un révolutionnaire est l'amour de l'humanité.
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Si je meurs pendant la journée, peut-être le noterai-je dans ce carnet ; mais si je meurs en pleine nuit, sans me réveiller, où atterrira mon dernier rêve? Existe-t-il quelque part un banc à la disposition des noctambules aux rêves inachevés, de ceux qui sont morts au milieu de la nuit?
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On ne peut soutenir qu'il existe un terrorisme anarchiste, parce que l'anarchisme représente l'idéal de paix et d'économie le plus parfait, ce qui revient à dire d'amour et de justice.
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Tu es je et tu as encore beaucoup de chemin à faire et beaucoup de choses à découvrir ; mais n'oublie jamais que les chemins de la découverte sont plus importants que la découverte elle même.
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Les intrigues qui se déroulent dans le futur traitent de choses qui effraient dans le présent. En réalité, elles ne traitent pas du futur.

(Lionel Shriver)
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C'est qu'en plus d'être végétarien, écologiste, et naturiste.Robinson est abstème.Un type curieux, un type en avance sur son temps qui pratique un anarchisme tendance mystique,ou panthéiste, une façon particulière de comprendre le monde et d'entrer en relation avec tout ce qui l'entoure.(p.42)
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Qu'est-ce que la vie? Une illusion, une ombre, une fiction, et le plus grand bien est peu de chose, car toute la vie est un songe, et les songes mêmes ne sont que songes.
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Désolé,je ne donne pas de conseil,dit Julian. Vous m'excuserez, mais en général les gens demandent des conseils pour ne pas les suivre; et s'ils les suivent, c'est pour avoir quelqu'un à qui reprocher de les avoir donnés.
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