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Pablo Martín Sánchez : Voyage en terre anarchiste

Interview : Pablo Martín Sánchez à propos de L'anarchiste qui s'appelait comme moi

 

Article publié le 29/09/2021 par Anaelle Alvarez Novoa

 

Vous êtes-vous déjà amusé à taper vos nom et prénom dans un moteur de recherche ? C’est ce qu’a entrepris l'auteur espagnol Pablo Martín Sánchez et il a été ravi de sa découverte. A la clé, un roman foisonnant de 600 pages qui se concentre sur l’homonyme de l’auteur depuis sa jeunesse espagnole jusqu’à sa vie dans les faubourgs parisiens de Belleville. 

Révolutionnaire anarchiste condamné à mort en 1924, le double de l’écrivain avait déjà tout d’un personnage de roman. C’était sans compter sur la verve de Pablo Martín Sánchez qui lui offre ici une biographie romancée à la hauteur de sa destinée picaresque.

 

Nous avons souhaité en apprendre plus sur les deux Pablo Martín Sánchez à travers quelques questions.

 

©Isabel Rodriguez

 

A quel moment avez-vous décidé de raconter l’histoire de votre homonyme ? Qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer ?

Quand j’ai découvert que derrière cette coïncidence onomastique il y avait une histoire à raconter. C'est l’envie d’écrire et de récupérer une histoire oubliée qui m'ont décidé à écrire.  


Ce livre est une grande fresque historique qui entraîne le lecteur au cœur des années 1920 en France et en Espagne. Quels ont été votre parti-pris et votre méthode pour donner corps à cette intrigue ? Quelle place avez-vous accordé à la fiction face au réel ?

Six mois de recherches plus trois ans d’écriture. Comme je dis souvent, il y a dans mon roman 70 % de réalité et 70 % de fiction.

 

 

A la lecture de ce roman, on perçoit un travail de recherche titanesque tant sur l’époque et les modes de vie que sur les questions politiques. Quels livres conseilleriez-vous pour comprendre l’anarchisme et plus globalement l’état d’esprit des jeunes espagnols au début des années 1920 ?

Je ne citerai que des œuvres ayant été traduites en français, dont Le bref été de l’anarchie, de Hans Magnus Enzensberger ; la trilogie La forge d’un rebelle, d’Arturo Barea ; O.P. (Ordre Public), de Ramón J. Sender (où Pablo Martín Sánchez est mentionné au passage) ou encore Tea rooms : femmes ouvrières, de Luisa Carnés (dans une traduction toute récente de Michelle Ortuno). 

 

 

Au-delà de l’aspect historique, ce livre est aussi le portrait d’un jeune homme porté par une urgence de vivre, d’aimer, de réinventer les modèles et de casser les codes. Ce roman est-il aussi une ode à la jeunesse et à ses utopies ?

Je ne l’ai pas conçu comme ça, au moins de façon consciente, mais pourquoi pas !

 

 

Vous êtes très présent dans le titre du livre, également en introduction où vous expliquez votre démarche… Puis vous disparaissez du récit. Même si on sent parfois une pointe d’ironie de votre part dans la narration, le ton reste plutôt neutre. Pourquoi avoir choisi de vous effacer et de vous concentrer exclusivement sur votre homonyme ? N’avez-vous pas été tenté de faire cohabiter vos deux histoires dans ce roman ?

Oui, j’y ai songé, mais ça faisait trop Soldados de Salamina, de Javier Cercas, un roman qui était encore trop récent quand j’ai commencé à écrire L’anarchiste qui s’appelait comme moi. Et puis, j’avais envie d’écrire un vrai roman d’aventures, un roman-feuilleton quoi, et j’avais l’impression qu’une présence excessive du narrateur-chercheur pouvait déranger la lecture… Voilà pourquoi j’ai décidé de paraître au début, puis disparaître pendant plus de 500 pages et réapparaître à la fin pour boucler la chose !

 

 

Sans trop en dévoiler quant au final de l’intrigue, depuis la publication de votre roman, avez-vous été tenté de réécrire la fin de l’histoire ?

Oui, maintes fois. Sauf que… je ne connais pas encore la vraie fin de l’histoire ! Il y a une piste évidente que je devrais suivre et qui m’amènerait à un petit village du Midi, mais jusqu’à présent je n’ai pas trouvé le moment (ou l’esprit) de le faire. Je me dis que la parution du roman en France devrait me donner l’élan nécessaire. On verra.



L’anarchiste qui s’appelait comme moi est votre premier roman publié en France. Avez-vous envie de renouveler l’expérience de l’écriture ? Si oui, sous quelle forme et sur quel sujet ?

Avant la parution en espagnol de L’anarchiste qui s’appelait comme moi j’avais publié un livre de nouvelles, intitulé Frictions (La Contre Allée, 2017) et après j’ai écrit deux autres romans : L’instant décisif(La Contre Allée, 2018, qui sera réédité par Zulma & La Contre Allée) et Journal d’une vieille tête de mule, qui est en train d’être traduit par Jean-Marie Saint-Lu, le renommé traducteur de tous mes livres en français. Sinon, pour l’avenir, j’ai différents projets d’écriture : un deuxième livre de nouvelles, qui s’intitulera fort probablement Nouvelles frictions ; un nouveau roman autour d’un personnage historique, dont je préfère ne pas dévoiler le nom ; et un essai sur un sujet qui m’a toujours captivé : la fuite.

 

 

Votre livre paraît lors de la rentrée littéraire de l’automne 2021. Allez-vous lire certains romans à paraître en même temps que le vôtre ?

Sans doute, mais ils seront pour la plupart de la rentrée littéraire espagnole !

 

 


Pablo Martín Sánchez à propos de ses lectures

 

Quel est le livre qui vous a donné envie d'écrire ?

Cronopes et Fameux, de Julio Cortázar.


Quel est le livre que vous auriez rêvé d’écrire ?

Anima, de Wajdi Mouawad.


Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

La Vie mode d’emploi, de Georges Perec.


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Les Exercices de style, de Raymond Queneau.


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Madame Bovary, que j’ai commencé à plusieurs reprises, mais que je n’ai jamais fini.


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Jolie merde (Mierda bonita), de Pablo Gisbert.


Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

La Bible.


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

Plusieurs, mais je ne citerai que celle qui m’a accompagné pendant l’écriture de mon dernier roman : « Plots set in the future are about what people fear in the present. They’re not about the future at all », de Lionel Shriver.


Et en ce moment que lisez-vous ?

Les enfants sont rois, de Delphine de Vigan.

 

 

 

Découvrez L'anarchiste qui s'appelait comme moi de Pablo Martín Sánchez publié aux éditions Zulma & La Contre Allée 

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