Barcelone est resplendissante quand il pleut : les arbres récupèrent leur vert, les boites aux lettres leur jaune, les toits de bus leur rouge vif, lavés par la quantité d'eau. Je ne sais pas ce qu'ils foutent avec les bus de Barcelone, mais vus d'en haut ils sont toujours crades. Sauf quand il pleut fort et que tout redevient vert, bleu rouge, couleurs primaires sur gris marengo, la ville ressemble alors à un jouet, un circuit de petites bagnoles dans un décor de Légo.
J'avais commis la pire erreur : parler sérieusement avec elle. J'en étais là, préoccupé par la sécurité de mon Formidable Frère, la vie de mon Cher Père et l'équilibre mental de ma Chère Mère, épiant l'entrée d'une maison digne d'un conte d'Edgar Poe, depuis une ridicule voiture de film d'action. Et la Fina était à côté de moi, s'imbibant d'alcool et essayant de me convaincre que j'étais un égoïste maladif, seulement parce que l'idée de me marier avec elle ne me paraissait pas géniale.
J'ai bien chargé le pétard et après deux jours d'abstinence je n'ai pas tardé à sentir un chatouillement agréable. Quel dommage que l'état général du salon ne s'accordât pas à la propreté de ma personne, fraichement douchée et désodorisée. J'ai toujours un regain de bourgeoisie qui remonte après une douche, c'est peut-être pour ça que je me douche le moins possible.
Ladite Veronica est tout de suite apparue. C'était une teenager énorme, habillée d'un tee-shirt Grine Pisse et d'un pantalon en Stretch couleur lilas. Son apparence m'a séduit et je lui ai adressé un aimable "Salut" : les personnes vraiment grosses me plaisent franchement même si ce sont des écologistes.