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Citations de Pacôme Thiellement (220)


Si la télévision est le « monde des formes en suspens » du capitalisme, Twin Peaks est l’ésotérique de ce monde, l’ésotérique de la télévision.
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Dans l’islam chiite, la pratique du ta’wil est l’interprétation du sens ésotérique (bâtin) des Révélations divines. Elle ne peut être séparée de la shar’iat (loi) dont elle est à la fois le versant mystique et l’intégration personnelle. Celui qui pratique le ta’wil détourne l’énoncé de son apparence extérieure (zâhir) pour le faire retourner à sa vérité intérieure (la haqîqat). C’est un ésotérique qui s’accomplit du vivant de chaque homme, pour solidifier la réalité du « monde des formes en suspens », le lieu même où s’accomplira notre résurrection « en image ».
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Lorsqu’ils mangent, les personnages de Twin Peaks participent pleinement du monde. Ils sacrifient son esthétique glacée pour intégrer son énergie chaude et sensuelle. De même, Twin Peaks est du « Lynch » mangé et qui doit être mangé à nouveau pour devenir, dans l’esprit du spectateur, du « Lynch » digéré. Il est en outre assez notable que, présente dans Eraserhead ou Blue Velvet mais explosant littéralement dans cet univers, la nourriture disparaît de l’univers de Lynch après Twin Peaks. Fred Madison ne mange pas ; Betty Elms, Camilla Rhodes ou Nikki Graces non plus. Et cette disparition révèle une perte de la foi du cinéaste en un équilibre cosmique passant par une activité humaine susceptible de relier le Ciel et la Terre.
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Car après Twin Peaks, et que ce soit dans Lost Highway (1997), Mulholland Drive (2001) ou Inland Empire […], ses fictions se déroulent dans un monde où ni plaisir ni sentiment ne sont désormais légitimes. L’anticosmisme lynchéen se transforme en misanthropie, son antinomisme dégénère en paranoïa. Ce n’est plus un monde où « les rouges-gorges se nourrissent de cafards » (comme dans Blue Velvet) et où « si tu es vraiment sauvage à cœur, alors tu te battras pour tes rêves et tu ne t’éloigneras pas de l’amour » (comme dans Wild at Heart). Le monde de Lost Highway, de Mulholland Drive ou de Inland Empire, littéralement infecté par la pornographie, la corruption, la mafia, la police, la prostitution et le Mal, est un monde où nulle beauté n’est perceptible et où nul amour profane n’a de sens.
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Recadrée dans la relation tissée entre Lynch et son spectateur, la Rose Bleue est la représentation de l’œuvre d’art comme support de la revivification de la tradition hermétique. C’est une revivification pensée comme impossible (les agents du FBI envoyés par Cole sont tous impuissants face aux manifestations de la Loge Noire) mais dont subsiste malgré tout la forme initiale du vœu.
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[…] Boniface n’est pas vraiment un intellectuel. C’est un pape qui juge futiles les réflexions théologiques, s’énerve tout le temps et bouffe comme quinze pour calmer ses crises de rage. Il se déguise en empereur romain pour exercer son autorité sur les autres seigneurs, s’entoure de statues et d’images de lui-même et, lorsqu’il est de bonne humeur, avoue à ses amis qu’il ne croit ni en l’au-delà ni en la divinité du Christ (il mourra des suites d’une énième crise de colère […] après s’être cogné de toutes ses forces la tête contre les murs du Vatican […]).
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Si nous arrivons à penser l’amour charnel et spirituel sans qu’il découle de quelque chose qui nous manque initialement mais qui apparaisse par surcroît, et surtout si nous arrivons à aimer qui l’on aime ou aimer ce que l’on aime sans y mêler de la colère, de la haine ou du dégoût, alors nous sortirons de la malédiction jetée sur les hommes et les femmes depuis des millénaires. Cette malédiction qui les entraîne soit à chercher du réconfort auprès de ce qui peut les tuer (au plus grand plaisir du Diable), soit à confondre la résignation et le bonheur (pour la plus grande gloire de Dieu).
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Ce qu’Adam et Ève (de la vie) voulaient, c’est simplement aimer, et connaître. Et ils ont été maudits pour ça. Ni le Démiurge ni le Diable ne supportent l’amour. L’amour était, implicitement, le premier interdit. Si le Démiurge avait été un peu moins hypocrite, le premier commandement de ce détestable envieux aurait été : Tu n’aimeras point. Au lieu de ça, il a inscrit l’amour dans une hiérarchie où il devait en être le premier bénéficiaire, comme une espèce de droit de cuissage métaphysique, tandis que ceux qui ne feraient pas dépendre leurs sentiments d’un amour qui lui serait initialement rendu – Fornication Under the Consent of the Connard (FUCC !) – aimeraient les autres d’un amour vain, voire nuisible.
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Ce monde, c'est l'enfer. Mais un jour nous serons comme Médée. Un jour nous brûlerons le théâtre des mauvais amours.
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Toute une vie ne suffirait pas à apprendre à vivre.
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Ce serait beau si nos malheurs ne provenaient que de la malveillance des autres gens. Ce serait beau si nous n'avions à nous soucier que des actions mauvaises des ennemis extérieurs. En réalité, notre vie, en permanence et avant tout, une guerre contre ce qui en nous est complice de ce qui nous nuit. Notre vie est une guerre contre cette âme infiltrée en nous qui ne cherche qu'à vampiriser notre puissance par le cynisme et vaporiser notre volonté par la dépression.
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On ne se bat jamais contre une cause sans forcément la nourrir un peu. On ne se bat jamais contre une cause sans l'émoustiller et l'exciter en l'asticotant, en aimant un peu trop ne pas aimer ce qu'on aime, en voulant un peu trop ce qu'on ne veut pas. De même qu'à chaque fois qu'un enfant dit "je ne crois pas aux fées", une petite fée se meurt, de même, à chaque fois que quelqu'un fait quelque chose pour contrer la montée d'un homme politique particulièrement nuisible, alors une petite voix supplémentaire pour celui-ci apparaît, comme par magie noire, dans son urne.
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Si nous sommes fascinés par les « salauds de génie » ou par les serial killers, ce n'est pas pour le génie qui est en eux, mais parce que cette hypothèse excuse nos saloperies ou donne une forme à notre masochisme.
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Nous avons avec ce que nous n'aimons pas une relation secrète qui est de l'ordre de la passion brûlante. Nous sommes tellement plus ardents à ne pas aimer ce que nous n'aimons pas qu'à aimer ce que nous aimons. Tous les jours, nous trompons ce que nous aimons avec ce que nous n'aimons pas.
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Nous sommes tous perdus et la seule façon de nous en sortir est de cesser d'attendre de l'autre quelque chose qu'il ne peut nous donner.
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Pour commencer, un conflit s’établit entre Pierre et Paul, et le rôle du christianisme primitif sera d’arriver à concilier leurs différentes options. Pierre veut réserver la parole de Jésus aux Juifs. […] Il veut que le christianisme soit une réforme juive. On peut même parler à son sujet de judéo-christianisme. […] En outre, Pierre tient à une hiérarchie très stricte. Il veut une Eglise soudée autour de son chef et de ses disciples. […] Pierre incarne véritablement la tendance « organisatrice » de l’Eglise.
Paul, lui, veut étendre le message de Jésus au monde entier. Il en fait l’instrument d’une révolution mondiale. Universaliste, Paul utilise le message de Jésus pour abolir les distinctions entre Juifs et Grecs. […] En outre, Paul est obsédé par la transformation du corps chrétien et sa soumission à une discipline très stricte : une discipline sexuelle, tout d’abord, puis une discipline sociale, qui passe par une attitude personnelle extrêmement austère, faite de renoncements et focalisée sur l’exemple personnel.
L’Eglise trouvera une articulation complexe entre ces deux ambitions : elle sera ouverte à tous, à l’image du projet de Paul, mais elle sera très rigoureusement hiérarchisée, selon le désir de Pierre. On peut dire qu’elle concilie ainsi deux tendances, l’une considérée généralement comme la tendance « de droite », hiérarchique et bourgeoise, confiée à une élite, et celle « de fauche », révolutionnaire et populaire, mais extrêmement disciplinée, vécue comme une coupure dans l’Histoire de l’humanité. […]
Mais Pierre et Paul ont tous les deux un point commun : ils veulent des résultats. Ils ne vivent pas une vie libre comme celle préconisée par Jésus mais ils attendent un fruit de leurs actions. Ils veulent voir la parole de Jésus produire une transformation dans la société. […]
Ce qui caractérise l’Evangile de Jean, au contraire, c’est le combat contre le monde […]. Jean ne cesse de répéter qu’il n’y a pas d’accord possible entre Jésus et la réalisation mondaine. Jean ne cesse de répéter qu’il faut choisir entre Jésus et le monde. Jésus le rappelle sans cesse : le monde et lui, ça fait deux. […]
Si Jésus n’est pas du monde, c’est que c’est à Satan que le monde appartient.
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Jésus n’est pas misogyne. Lorsque Marthe engueule sa sœur Marie qui ne va pas avec elle à la cuisine pour faire la tambouille, Jésus lui répond qu’elle a raison et qu’elle a choisi la bonne chose à faire. Paul, par contre, insiste pour que les femmes ne parlent pas à l’église. […] A l’exception de Clément d’Alexandrie, tous les Pères de l’Eglise ont rabroué les femmes et demandé leur soumission.
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Jésus ne s’intéressait pas aux mœurs, à la « vie privée ». Il a demandé de ne pas juger les hommes sur leur sexualité. Il a défendu la femme infidèle que les pharisiens voulaient lapider. […] Chez Clément de Rome, cela en touche une sans réveiller l’autre, puisqu’il déclare que « l’adultère est un grand mal, si grand qu’il occupe la seconde place dans l’ordre des châtiments ». Tertullien estime même l’adultère encore plus grave que le meurtre […].
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Les stars – Marilyn Monroe, Gene Tierney, Rita Hayworth, etc. – seront les jeunes filles sacrifiées pour transformer le cinéma en action angélique. Ce sont les stars qui aspirent l’Ombre (Shout) qui s’évapore du film et risquerait de dévorer la psyché du spectateur.
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Jésus a raté son coup. Deux mille ans plus tard, le constat est accablant. Qui aurait la malhonnêteté de prétendre que tout ce qui, dans l’Histoire, s’est affublé du nom de christianisme ait pu avoir un autre sens que celui de contrefaire la parole de Jésus, de l’empêcher d’être comprise et vécue ? Jésus n’a cessé de dire la façon dont nous devions agir pour combattre efficacement les puissances de mort. Les puissances de mort ont sans cesse détourné cette parole. Elles l’ont retournée jusqu’à la transformer en son contraire.
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