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Citations de Pacôme Thiellement (220)


Les vampires, ce sont ceux qui ne veulent pas disparaître et se nourrissent de la vitalité des jeunes personnes pour rester eux-mêmes « éternellement jeunes ». C’est une image de la contre-initiation, en tant que les vampires incarnent la transmission inversée.
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Le fantastique, c’est ce qui reste une fois que les principes métaphysiques traditionnels qui structuraient l’existence spirituelle ont disparu. Il apparaît au siècle des Lumières, comme l’expression de ce qu’elles tentaient d’enrayer et la conséquence métaphysique expérimentale de leur juridiction – à savoir la disparition progressive, non de la royauté et du christianisme, mais des procédures carnavalesques que la royauté et le christianisme conservaient ; non de l’inégalité sociale et spirituelle, mais des procédures carnavalesques qui la compensaient. Ce à quoi nous avons eu affaire ces trois derniers siècles, ce n’est pas à la diminution mais bien à l’accroissement des inégalités, à l’accroissement de la misère.
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Appartenir aux Guilty Remnants compense le caractère angoissant de la quotidienneté par la puissance du sacrifice et de l'ascèse. C'est de ça dont parle The Leftovers, en profondeur : la vie est insupportable sans orientation ; elle est invivable sans grande vision.
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Dans l'amour, c'est la même chose. Tout amour que tu vis dans l'attente de quelque chose est voué à échouer tôt ou tard. Tout amour que tu vis dans le désir de réparer un échec antérieur, une peine d'amour perdue que tu tentes d'exorciser en en rejouant le scénario initial, voire en t'en détournant initialement mais pour mieux en retrouver plus tard les dédales ou le jeu de l'oie, provoquera un reflet. Tu échoueras à nouveau. Et tu échoueras encore. Mais ce n'est pas grave. Tout le monde échoue dans le samsara pourri du Démiurge. Il faut que tu échoues jusqu'à ce que tu cesses d'attendre quoi que ce soit.
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Léon avait encore plaqué Lucie contre un mur de la pièce la plus excentrée de l’appartement sous le prétexte fallacieusement mystique d’embrasser le grain de beauté magnétique de son cou, et après avoir essuyé un simple refus de la part de cette suave muse hiératique au teint très mat, il s’était rabattu sur l’alcool, la danse, casser des vitres et les filles un peu grosses. Alors que Mme Tarpelin flirtait outrageusement dans leurs toilettes recouvertes de hiéroglyphes avec un vidéaste heideggérien (ne le sont-ils pas tous ?), histoire de bien faire dégénérer les choses, le jeune Tzinmann rappela à Pierre-André qu’un indien Crow, trompé par sa femme, lui taillade le visage, tandis que, sans se départir de son calme, un Hopi, victime de la même infortune, fait retraite et prie, pour obtenir que la sécheresse et la famine s’abattent sur son village. Devant une assistance littéralement accablée, son intervention ne fit rire que son ami Mark, des commentaires gênés fusèrent de toute part, et Lucie en profita pour le mépriser de manière encore plus cinglante et déprimante.
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"La spécificité de Lost, c'est de nous avoir montré que regarder, ce n'est pas seulement subir; regarder c'est voir; et voir, c'est être. C'est le pari de Lost: transformer notre matière d'être en transformant notre manière de regarder, introdurie les hommes d'aujourd'hui à une relation consciente au monde de l'âme; faire de la télévision l'organe de la conscience non humaine et le lieu de notre connexion aux décisions du Roi du Monde." (p. 53)
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"Maître du Temps, il ne participe pas aux actions des hommes, mais les conditionne toutes, et il se tient, par le non-agir, immobile au centre du mouvement comme le moyeu au centre de la roue." (p. 21)
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"L'ouverture des yeux, l'éveil à sa véritable nature, est le leitmotiv de Lost qui va de pair avec le variateur de perspective que représente l'attribution d'un nouveau centre, incarné par un personnage différent à chaque épisode." (p. 33)
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L’existence du mal s’explique également par sa nécessité dans le “projet” de l’Eglise. Sans la présence du mal, il n’y aurait aucune nécessité à recourir à cette dernière. Elle deviendrait immédiatement superflue.
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Il faut qu’il y ait du malheur sur Terre, sinon les héros ne servent à rien. Ce qui revient à poser une hiérarchie de l’importance des êtres, certains n’étant que les figurants infortunés des grandes aventures des autres.
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Cette addiction à l'attention n'est pas réformable. Et il n'y a pas de loi ou de règle que l'on pourrait inventer pour forcer les réseaux sociaux à restreindre la dimension profondément destructrice de cette addiction. La destruction est intrinsèque à leur nature. "Vivre sa propre destruction comme une jouissance esthétique de tout premier ordre", comme dirait Walter Benjamin, est la seule et unique fin des réseaux sociaux. […]
Le capitalisme est comparable au personnage de la mythologie grecque Erysichton, condamné par Déméter à une faim insatiable. Et c'est une bonne et une mauvaise nouvelle. Après avoir dévoré en quelques jours la nourriture prévue pour la totalité de sa communauté, Eryschton finit par se dévorer lui-même. De même, après avoir détruit la planète, exterminé une immense partie des espèces animales et appauvri les neuf dixièmes des êtres humains au profit d'une minorité toujours plus réduite de bénéficiaires, le capitalisme finira nécessairement par se dévorer lui-même.
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Le problème de ce monde, c'est qu'on y est entré comme dans une histoire qu'on a attrapée en cours de route, une histoire dont on a raté le début. Et on passe notre vie à ramer comme des dingues pour rattraper ne serait-ce que le synopsis des épisodes précédents. C'est d'autant plus compliqué que, non seulement cette histoire nous est arrivée incomplète et remplie d'incohérences, mais, régulièrement, les événements qui composent l'arc narratif principal, et dans lequel nos vies se retrouvent malgré elles impliquées. changent de sens. Quand ils ne changent pas carrément de structure, de personnages principaux, de géographie, de direction éthique ou de coloration spirituelle, On doit tout reprendre depuis le début de nombreuses fois dans notre vie. Notre vie est un roman qui change sans cesse de genre, de style, de structure, de titre. Notre vie est une enquête sur le sens de la vie.
Alpha philosophie, p. 12.
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Le problème de la croyance en Dieu, c'est qu'il y en a plusieurs. On prie un Dieu et c'est l'autre qui répond. On croit en un Dieu et c'est un autre qui agit. La véritable divinité n'a aucun pouvoir ; elle est encore plus faible que nous dans ce monde. Celui qui a le pouvoir d'agir sur le destin, c'est toujours Celui qu'on appelle "Dieu". Et c'est toujours une ordure. Il suffit de regarder autour de nous.
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"Quel dommage de n'avoir pas pu connaître son sentiment sur Mulholland Drive où, en outre, c'est également le redécoupage de la ville qui rappelle celui opéré par le cinéaste français sur Paris dans tout son cinéma : les rues ne sont jamais où on les attend, entraînant chez le spectateur averti une perturbation de ses fonctions cognitives comparable à celle des architectures impossibles dans Shining de Stanley Kubrick. Il s'agit de représenter le parcours du personnage comme un jeu de l'oie, mais dont les cases auraient été permutées, de sorte qu'on ne passerait plus d'une case à l'autre selon des règles préalablement apprises, mais comme si ces dernières devaient sans cesse nous échapper. C'est ce qui se passe également dans la narration de la première partie du film où le spectateur est confronté aux fragments d'une intrigue, mais des fragments insuffisants pour pouvoir la reconstituer. Beaucoup s'y sont prêtés, et je ne vais pas échapper à ce projet parfaitement fou et apparemment impossible : démêler les fils narratifs de Mulholland Drive, en espérant y trouver quelque chose qui y serait caché, comme la lettre volée d'Edgar Allan Poe, en pleine lumière, au nez et à la barbe du spectateur inattentif."
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Nous vivons dans un monde qui s'est laissé provisoirement envahir par sa part ténébreuse. Mais il contient également sa contrepartie lumineuse, présente en chacun de nous, et qui attend encore de s'actualiser. Car c'est un monde où nous pouvons également devenir plus généreux que nos prédécesseurs, plus lucides, plus exigeants, plus singuliers, plus sensibles, plus ouverts, plus compréhensifs, plus soucieux de réparer les injustices de tous les siècles passés et ne pas reproduire les systèmes de domination des générations précédentes. Nous vivons dans un monde qui est aujourd'hui un monde de solitaires mais qui sera peut-être, demain, un monde de poètes.
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Le capitalisme est comparable au personnage de la mythologie grecque Erysichthon, condamné par Déméter à une faim insatiable. Et c'est une bonne et une mauvaise nouvelle. Après avoir dévoré en quelques jours la nourriture prévue pour la totalité de sa communauté, Erysichthon finit par se dévorer lui-même. De même, après avoir détruit la planète, exterminé une immense partie des espèces animales et appauvri les neuf dixièmes des êtres humains au profit d'une minorité toujours plus réduite de bénéficiaires, le capitalisme finira nécessairement par se dévorer lui-même.
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La conscience ne sert que de réceptacle aux ordres extérieurs au corps : elle les informe ensuite de ce qu’on attend de lui et tente de le convaincre de s’y soumettre. Elle est un agent de conservation liée aux nécessités impérieuses d’une conduite civilisée et tente de prévenir le corps dans sa démarche d’intensification (pouvant basculer, par la parfaite conformation aux décisions des voix, jusqu’à la schizophrénie ou l’action violente). Mais son défaut, nous le connaissons, c’est qu’elle entrave immanquablement l’action et nous paralyse dans notre détermination. La conscience devenue obstacle à la résolution du sujet, et entraînant finalement une catastrophe collective, est la base de la tragédie d’Hamlet – dont Carl Schmitt a pu dire qu’il était le mythe politique moderne par excellence –, prince du Danemark contacté par le Spectre mais qui hésite trop longtemps à se conformer aux demandes de celui-ci, et qui finit par assassiner accidentellement Polonius et peut être considéré comme responsable du suicide d’Ophélie : « Que ce soit bestial oubli, ou quelque lâche scrupule qui me fait penser trop en détail aux conséquences – pensée qui, mise en quatre, n’a qu’une part de sagesse et trois de couardise –, je ne sais pas pourquoi je passe ma vie à dire “cette chose est à faire” alors que j’ai motif, vouloir et moyens de la faire » (Shakespeare).
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Dans ce monde, tout est signe. Tout est labyrinthe, chute et ascension de l'âme. Tout est obscur - les chemins, les parcours, les scintillements des destins possibles -, il y a des lumières partout, déclinantes et ascendantes, et il faut être incroyablement intuitif pour suivre les bons signes, les bonnes lumières. Tout est fait pour que nous suivions les mauvaises. Tout est construit pour que nous tombions dans des pièges.
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... la présence de l'homme, dont on prétend tirer de lui-même le miroir, le transforme en coquille vide. C'est en son nom que la télévision parle, mais en un nom où il est considéré comme un support creux dans lequel la parole doit résonner. Ce déséquilibre entraîne le spectateur à ne plus se sentir que comme un fantôme de l'information. En tant que spectateurs, nous sommes "ceux qui ne sont pas vus". C'est que l'âge d'or de la télévision était un accident. La télévision n'avait pas vocation à ouvrir sur la connaissance ; en tant qu'elle devait être une fenêtre sur la "spiritualité" de son époque, elle n'avait vocation qu'à être source d'empoisonnement. Et "Droit de réponse" était la première pièce jouée sur ce mauvais théâtre, la porte d'entrée de ce khalifat de malheur : notre époque.
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[…] Twin Peaks déploie une authentique Voie de la Main Gauche, et se présente avec la radicalité du geste exigé par Krishna à Arjuna pour s’arracher aux déterminations et atteindre la délivrance. Et cette voie passe par la présentation d’une Geste à dimension initiatique renversée. C’est la Geste, triste à mourir, d’un homme bon mais guidé par des signes équivoques dans un chemin de perdition, et finalement abandonné aux forces mauvaises : Dale Cooper.
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