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Critiques de Pascal Rabaté (751)
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La Marie en plastique (Toute entière)

Un album drôle et caustique où la ferveur du grand père communiste répond aux bondieuseries de sa femme. Une famille franchouillarde à trois étages doit subir les conséquences des pleurs de la vierge en plastique après le voyage à Lourdes de la mamie.

Prudhomme et Rabaté appuient un peu fort sur la servilité féminine et les doses de petit jaune mais ça fonctionne et le lecteur, en adoration sur sa BD s'amuse.
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Les petits ruisseaux

Emile est vieux et veuf, sa vie désormais c'est la pèche avec son copain Edmond. Une petite vie bien réglée, toujours la même. Mais un jour il apprend qu'Edmond est bien il fait de la peinture érotique, et qu'en plus il s'est inscrit sur un site de rencontre. Et puis Edmond s'en va, le laissant plus seul que jamais.



Rabaté croque dans cette bande dessinée la vie d'un petit village et de ce charmant petit vieux qui à la mort de son copain va être rattrapé par la solitude et les idées noires. Il part en périple sur les traces de son enfance, fait des rencontres, retrouve le gout de vivre... Il a beau être vieux, les beaux jours ne sont pas finis!

J'ai trouvé que ça manquait parfois de fluidité, notamment dans les dialogue, mais c'est frais, tendre et touchant. Rabaté aborde la vie de nos chers personnes âgées. Leur solitude, leur habitude mais aussi leur amour, leur sexualité, et leur désir d'un futur !
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Vive la marée !

J'ai fait un petit tour à Polovos hier... J'ai pu me promener le long des canaux commerciaux, j'ai pu mater tout mon saoul les échoués en train de griller... Des situations loufoques, ou simplement drôles de banalité, m'ont fait sourire, voire m'esclaffer... J'y étais, à Polovos, y'avait presque l'odeur de marée, celle des protections solaires et du graillon... J'ai bien cru entendre des mouettes... heu, pardon, des goélands... non, des mouettes.

Un air de Jacques Tati, un soupçon de Linklater, Pascal Rabaté et David Prudhomme m'ont régalée avec leur "Vive la marée !".
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Un ver dans le fruit

Sans faute pour cette bande dessinée qui nous conte la vie d'un paisible village viticole de la Loire, dans l'après-guerre. Enfin paisible, en apparence uniquement. On observera ses querelles de voisinages, ses figures locales, ses ragots, ses matchs de football interparoissiaux, ses piliers de bar... Sous le regard du jeune et inexpérimenté curé de la paroisse, fraîchement ordonné prêtre.

L'histoire est assez dramatique (accident mortel, alcoolisme, bêtise humaine), mais cela n'empêche pas d'être divertissante et parsemée de traits d'humours.



Très beau coup de crayon, maîtrise du noir et blanc.
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Le linge sale

Après vingt ans derrière les barreaux, Pierre Martino retrouve la liberté. Trompé par sa femme, il avait voulu l’assassiner avec son amant dans l’hôtel où ils avaient l’habitude de se retrouver. Mais il s’était trompé de chambre et avait tué un autre couple avant de blesser un des policiers venus l’interpeller. Libéré pour bonne conduite, le prisonnier modèle n’a rien oublié et il est bien décidé à terminer la mission qu’il n’avait pu achever deux décennies plus tôt. Et comme entre temps son ex s’est mariée avec l’amant, il imagine que la tâche n’en sera que plus facile. La vengeance est un plat qui se mange froid mais que l’on peut parfois avoir bien du mal à digérer…



Un récit tenant à la fois du polar rural, de la chronique sociale et de la comédie de mœurs. La nouvelle famille de l’ex-femme est beauf jusqu’au trognon, vivant de rapines dans une maison délabrée en pleine cambrousse. Père, mère, enfants et grands-parents dorment sous le même toit, vident les bouteilles à l’unisson et jurent comme des charretiers. Un quart monde décrit avec humanité et sans misérabilisme. C’est sordide mais jamais cynique, Rabaté n’étant pas du genre à se mettre au-dessus de ses personnages. Et c’est aussi très drôle, tant grâce aux dialogues plein de gouaille qu’aux péripéties pathétiques vécues par cette bande de pieds nickelés ingérable. Le cocu assassin est quant à lui un antihéros aigri et déterminé, tendant méticuleusement et patiemment la toile qui doit lui permettre de prendre sa revanche. Tellement déterminé qu’il en deviendrait presque sympathique et que l’on souhaiterait de tout cœur le voir mener à bien son entreprise.



Si ce linge sale est bien du Rabaté pur jus, je n’en ferais pas mon préféré. Dans la même veine, Crève saucisse et La marie en plastique m’avaient plu davantage. Ici, la fin, grinçante à souhait, est bien trouvée mais le reste est par moment poussif. Il faut dire aussi que j’ai eu beaucoup de mal avec le trait particulièrement naïf de Sébastien Gnaedig qui ne sert pas au mieux le scénario, c’est le moins que l’on puisse dire. Une lecture agréable, du bon Rabaté mais pas de l’excellent Rabaté.




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Crève Saucisse

Pas une bonne idée de faire des cornes à un boucher. Surtout s’il est fan de BD et qu’il trouve dans un album de Gil Jourdan un plan machiavélique pour mettre au point une implacable vengeance. Didier découvre la liaison de sa femme Laurence avec son copain Eric. Le coup est rude à encaisser mais il se dit que ces deux-là ne perdent rien pour attendre. Les vacances en couples à Noirmoutier seront l’occasion de leur faire payer une addition des plus salées…



Crève saucisse est une comédie de mœurs noire et grinçante. Simon Hureau explique que Rabaté lui a confié un scénario principalement composé de dialogues, comme une pièce de théâtre. D’où au final ce coté vaudeville, l’humour en moins et l’acidité en plus. Le boucher amoureux est touchant. Il encaisse, souffre, cogite et décide d’agir. Il sait que sa vengeance ne lui ramènera pas sa femme mais au moins elle lui met un peu de baume au cœur. Il comprend aussi que sa moitié ait des envies d’ailleurs, qu’elle ne se contente plus d’un « petit artisan bedonnant. » Elle, de son coté, est hyperémotive et un brin fleur bleue. Elle ne vit pas l’adultère comme une simple histoire de cul. Le salaud, c’est l’amant, arriviste et profiteur qui couche avec la femme de son pote sans se poser de questions. Rabaté évite l’équation simpliste qui mettrait d’un coté le pauvre cocu juste bon à plaindre et de l’autre la femme insensible et calculatrice juste bonne à être clouée au pilori. C’est cette finesse qui fait le sel du récit.



Niveau dessin, Hureau propose un trait plus épuré, moins chargé de détails que dans la plupart de ses autres productions. Simple et efficace, la lisibilité avant tout.



Une lecture agréable sur un sujet déjà abordé des milliers de fois et quasi impossible à renouveler. Je ne regrette absolument pas d’avoir jeté mon dévolu sur cet album mais je me demande s’il m’en restera grand-chose dans quelques temps. En tout cas il m’a au moins permis de relire La voiture immergée ce week-end, pour voir quelle influence a eu le scénario de Tillieux sur le plan imaginé par le boucher. Et rien que pour ça, ça valait la peine !


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Les petits ruisseaux

La vie cachée des seniors, deux amis de 70 ans sont brusquement séparés par la vie ou plutôt par la mort d'un des 2. Son ami découvre alors sa passion pour la peinture de nu et à comme une révélation : il est temps de vivre à fond la vie qu'il lui reste.

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Les petits ruisseaux

BD/Roman graphique. 2006. Scénario, dessins et couleurs de Pascal Rabaté.



De nos jours, en été, un village à la campagne, des gens.



Il y a L’Emile. Il y a l’Edmond. Deux retraités sur le fil de petites vies désormais ratatinées et rabougries. Septa ou octogénaires, quelle importance, quand on ne compte plus les ans qui passent. Deux veufs, chacun une épouse emportée par le cancer. L'un pour l'autre, des amis dans la monotonie des jours. Taquiner le bouchon au bord de l’eau ; le bistrot, les pastis, les brèves de comptoir au kilomètre ; les fleurs au cimetière, sur les tombes le dimanche. Une minuscule auto rouge sans permis qui pétarade sur le goudron chaud des vicinales. « Le mot le plus long » à la TV, l’après-midi, au frais des persiennes entrebâillées, comme une messe à ne pas louper.



L’Edmond meurt d’un infarctus alors que, tout à son nouveau hobby, il peignait des femmes nues. Des héritiers, comme en génération spontanée, viennent et vendent tout comme des voleurs un butin. Le chat d’Edmond erre, personne ne peut l’approcher, un cône de protection vétérinaire au cou.



Que reste t’il à Emile, si ce n’est comprendre pourquoi l’Edmond, sur la fin, se plaisait à raconter qu’il avait trouvé l’âme sœur par petites annonces interposées ? Rencontrée, la dame lui plairait bien, et c’est réciproque, si ce n’est que, quelque part ce serait trahir un ami …



En finir, retourner là-bas, vers la maison de son enfance heureuse, des somnifères en poche à assommer un bœuf. Un lent road-movie débute le long de routes étroites et sinueuses … A un buraliste : « Qu’est ce que vous conseilleriez comme marque de cigarette à quelqu’un qui a arrêté de fumer il y a 30 ans ? ». Des rencontres vont le faire changer d’avis, lui redonner goût aux jours qui restent. Une communauté hippie, de la beuh, des corps nus dans une rivière, une organique vigueur masculine renaissante malgré l’eau froide, une jeune femme comme un cadeau dans son lit. Revenir chez lui, il a des aveux amoureux à faire, quelqu’une l’attend, si ce n’est que sur la route, un refus de priorité …



Une histoire simple, sensible et douce, un rien coquine et leste, pétrie d’optimisme, de fatalisme repoussé, d’envie de revivre presque comme avant, de manger goulument et sereinement les petits bouts de vie qui restent, au côté de quelqu’un pour que la solitude à deux soit moins pesante. Une renaissance des corps et des esprits. « Tu veux de la beuh ? ». D’anciens émois qu’on croyait enlisés, verrouillés ; la jeunesse retrouvée comme une fleur de printemps. Une BD à faire lire en EHPAD ? Pour que sur les visages la tristesse de l’espoir enfui s’efface, que la fatalité repoussée à plus tard redonne le sourire et l’envie de sourire.



« Les petits ruisseaux » est mon premier Rabaté. Je ne serais pas allé, de prime abord, vers ce dessinateur-scénariste. Sa manière de dessiner ne me convenait pas. Fausse première impression s’il n’y avait eu une Boite A Livres sur mon chemin et ce « On verra bien » souvent prélude à l’enchantement. Bonne pioche. Rabaté m’a choppé, ses dessins sont devenus beaux et son scénario, en pied de nez à la mort qui guette, se montre une merveille de sens, de concision et d'efficacité…



... je reviendrai vers d’autres BDs de sa plume. Je suis sûr d'y retrouver la même poésie, la même tendresse, le même goût des autres, le même sens du partage.



PS: cette chronique a été écrite un premier jour de printemps, si çà ce n'est pas un signe ... de la malice des choses.




Lien : https://laconvergenceparalle..
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La loi des probabilités

Quelle était la probabilité que je tombe sur ce livre dans les rayonnages si bien fournis de la Bibliothèque de la Cité des Sciences?



Et quelle est la probabilité que messieurs Henri Martin et Martin Henry aient des rendez-vous l'un à la suite de l'autre dans un cabinet de cardiologie ?

Voici le point de départ de toute cette histoire. En raison d'une inversion de dossier, ce brave monsieur Martin Henry va voir sa vie bouleversée. Sa petite vie bien tranquille, bien sage peut-elle continuer indéfiniment comme ça, enfin indéfiniment...3 mois tout au plus.



Et vous, si il vous restait 3 mois à vivre, que feriez-vous ? Vous attendriez tranquillement dans votre canapé ou vous vous lanceriez dans la réalisation de votre plus grand rêve ?



Dans ce très beau roman graphique, Pascal Rabaté et François Ravard nous offre un beau moment de lecture au côté de ce bon Martin et de sa femme.

J'ai apprécié le scénario, qui en partant d'un sujet difficile, la mort, nous emmène dans une comédie pleine de tendresse.

La couleur et le dessin sont également une belle réussite selon moi et pour beaucoup dans la réussite de l'ouvrage.



Et le clin d'oeil à Hergé avec ce personnage de Séraphin, assureur gentil mais maladroit et un peu collant est une belle trouvaille.

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Les petits ruisseaux

Il me semble que c'est une réédition, je l'ai vu en pile chez Cultura, alors que sa publication remonte à 2006.



Beaucoup de BD ne me plaisent plus, je n'aime ni les histoires, ni les couleurs, ni les dessins comme s'il n'y avait plus d'inspiration, mais celui-là m'a plu. Je l'ai feuilleté dans le magasin, il me semble sortir du lot, ce sera mon prochain achat. Il m'a fait une forte impression comme si j'étais plongé dans un bain de jouvence. Tous les clignotants se sont allumés pour moi qui font qu' une BD est de qualité. Depuis bien des années maintenant, en continuant d'aller au rayon BD, je feuillette bien des albums pour voir les dernières parutions, où je m'arrête par dépit aux premières pages sans plus de détail, tout me paraît insignifiant, je ne vois pas l'investissement artistique que les auteurs y mettent dedans, ils sont complètement à côté de la plaque, c'est illisible, les couleurs déjà sont affreuses .. Je ne comprends pas ! Il y a eu tant d'aînés de talent qui ont montré le chemin que c'est comme si cela n'avait servi à rien. C'est avec un grand désappointement que je ferme ces albums sur les étals aussi vite que je les ai ouverts. Mais je ne renoncerai jamais à tenter de découvrir des perles au milieu de ces trop nombreuses séries insipides qui se ferment au numéro 1: la BD m'a trop apporté de joie à son âge d'or, j'ai même dû courir après car elle ne m'avait pas attendu naturellement !..



Ces Petits ruisseaux de Rabaté me donnent raison d'y croire.





Le 12 août 2023

J'ai reçu les Ruisseaux, bien enveloppé, cartonné rigide plus des bulles. Pas d'écorné, - je déteste - le roman graphique de Rabaté est lui-même en couverture cartonnée, et dans un papier probablement recyclé .. mais c'est bon là ! Je suis émerveillé par la qualité du dessin et des couleurs qui ne sont pas mentionnées donc je présume que son auteur fait la passe des trois. Il me semble qu'il a fait les Beaux-Arts notre ami !



De Rabaté, je suis passé à côté car la BD a cessé de me plaire il y a une bonne vingtaine d'années : une désaffection légitime jointe à des problèmes personnels de grande difficulté. Je confirme que c'est une réédition de Futuropolis dont la première parution remontait à 2006. Quel magnifique ouvrage !



Il ne faut jamais dire fontaine je ne boirai pas de ton eau (Never say never) ; ce n'est pas parce qu'on a le dos tourné qu'il ne se passe rien, même si on a le nez fin ! Quelle vanité ce serait !



Ce qui est bien avec Rabaté qui fatalement donne raison au dessin comme les chinois donnent à leur langage une forme minimaliste de la conjugaison ; ainsi pas nécéssaire de comprendre le français par parcourir cette oeuvre, l'auteur a un rapport à la bulle minimal, mais qui existe cependant. Je pense qu'on aurait du mal à lire de la BD sans légende.
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Sous les galets, la plage

Dans les années 60, Albert, Edouard et Francis, âgés de 18 ans, sont autorisés à rester seuls quelques jours dans la villa de leurs parents aisés dans uns station balnéaire de Bretagne.

Pour chacun de jeunes issus de la bourgeoisie, le parcours et l'avenir sont tracés : magistrat pour l'un, chef d'entreprise pour le second et officier dans l'armée pour le dernier.

Une nuit sur la plage, ils vont faire la connaissance d'Odette, une jeune femme vive et espiègle.

Cette rencontre va chambouler leurs vies respectives, leur amitié et leurs projets d'avenir.

Belle rencontre ou rencontre dévastatrice ?



Très belle BD sur la bourgeoisie et la reproduction sociale. Le dessin est soigné mais les couleurs sont trop pâles à mon goût.

La fin laisse envisager la possibilité d'une suite. A Voir ?
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Les petits ruisseaux

Il y a indéniablement chez Pascal Rabaté quelque chose de René Fallet.

Ce culte de l'amitié, ce regard amusé, tendre mais parfois aussi critique sur ces petites gens du quotidien.

On picole et on pêche aussi chez Rabaté, les bonnes femmes ne sont jamais très loin et quel que soit l'âge attirent et fascinent toujours. Sous le vernis pointe également la dérive anar mais soft.

Et puis, il y a aussi chez Rabaté cette optimisme qui fait qu'une situation n'est au fond jamais irrémédiablement bloqué dans le pire. Tout peut arriver, il suffit de se laisser porter et d'oser casser l'engrenage.

Un univers, peut-être un poil vieillot mais bougrement sympathique.
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Alexandrin ou L'art de faire des vers à pied

Alexandrin de Vanneville vit de sa plume.

Ce poète itinérant cède les alexandrins qu'il a notés à qui les veut, pour ce que chacun est prêt à en offrir. La vie n'est pas toujours facile pour l'artiste sans domicile fixe. Heureusement, il sait apprécier les bons moment qu'elle lui offre parfois.

Déformation professionnelle oblige, c'est souvent en alexandrins que notre héros/héraut s'exprime, donnant ainsi un rythme inhabituel dans une bande dessinée, tranchant avec les couleurs parfois ternes du graphisme.



J'ai beaucoup apprécié cet album très original.
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Didier, la 5e roue du tracteur

Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Il est paru initialement en 2018, avec un scénario de Pascal Rabaté, des dessins et une mise en couleurs de François Ravard.



Le soleil se lève sur la ferme de Didier. Il vient de se réveiller et il se dirige vers les toilettes. Il pousse un cri déchirant en faisant ses besoins. Il se rend chez le médecin en mobylette. Avant d'entendre l'avis du professionnel de santé, il lui dit qu'il sait qu'il va mourir, et il est triste de ne pas avoir encore connu le vrai amour alors qu'il a déjà 45 ans. Le docteur lui prescrit un traitement pour ses hémorroïdes, lui conseille de ne plus boire d'alcool pendant quelques jours, et lui suggère de s'inscrire sur un site de rencontre pour résoudre son autre problème. Il rentre à la ferme sur sa mobylette (ayant mis un coussin sur la selle) et n'est pas du tout surpris de voir Régis en slip et en bottes en train de se rouler une clope sur le pas de la porte. Il lui demande où se trouve sa sœur Soazic. Ayant eu la réponse, il se dirige vers l'étable où Soazic vient de terminer de traire les vaches. Il lui demande ce que fait Régis à la ferme. Elle le toise bizarrement en lui disant que la cuite d'hier avait dû être sévère.



La vieille Didier était parti à la ferme de Régis pour participer à la vente aux enchères de tous ses biens, car il avait fait faillite. Le commissaire-priseur avait commencé par le tracteur, un modèle 635 Massey Ferguson de 2010, avec une mise à prix de départ fixée à 1.200 euros. Didier avait commencé à enchérir, mais son attention avait été détournée par le comportement de Régis. Ce dernier avait commencé par aller dire au revoir à ses vaches, en tenant à la main, une corde avec un nœud coulant. Puis il avait enlevé son bleu de travail devant tout le monde, pour se retrouver en slip et en bottes, et il était rentré chez lui avec sa corde à nœud coulant à la main. Didier s'était précipité au carreau de la porte pour voir ce qui allait se passer, alors que la vente aux enchères se poursuivait sans interruption. À son grand soulagement, Régis était ressorti sain et sauf. Au temps présent, Soazic voit que Didier a recouvré la mémoire et elle lui enjoint de prêter de quoi s'habiller à Régis. Puis ils prennent le petit déjeuner tous les trois dans la cuisine. Régis demande comment il peut aider. Soazic lui répond qu'il sait très bien qu'il y a toujours quelque chose à faire à la ferme. Didier lui demande s'il s'y connaît en internet.



La couverture affiche clairement le parfum d'autodérision du récit : les casseroles tirées par le tracteur, la mention du célibat encore frais, sans compter que ce sont les vaches qui occupent le premier plan, et le titre apporte la touche finale. Le lecteur fait connaissance avec Didier dès la première page. Dès la deuxième, il connaît son âge (45 ans), son naturel inquiet (la fin est proche) et le drame de sa vie (il est célibataire). Il est facile de se moquer de ce paysan, pas très bon gestionnaire, sans vie affective, avec comme seul ami un fermier ayant fait faillite, prenant des cuites non maîtrisées de temps à autre, et vivant avec sa sœur qui assure les corvées ménagères (il ne sait pas faire la lessive), ainsi qu'une part significative des tâches de la ferme. Il est vrai que Didier est en surcharge pondérale, qu'il porte des grosses lunettes et que ses cheveux commencent à s'éclaircir, sachant qu'il est déjà grisonnant. Pour autant, le lecteur éprouve immédiatement une forte sympathie pour ce monsieur. D'un côté, il représente tout ce que la société réprouve de manière implicite (surcharge pondérale, métier sans gloire, absence totale de dimension spectaculaire) ; de l'autre côté, il a un cœur gros comme ça. En effet c'est le seul à se préoccuper de Régis, de s'inquiéter d'un possible suicide, de l'accueillir chez lui sans demande de compensation. Il apparaît en creux qu'il n'exploite en rien sa sœur, et que ce sont les hasards de la vie qui les ont amenés à continuer à habiter sous le même toit. Il échappe même au ridicule car ce n'est pas qu'il ne se respecte pas, c'est qu'il est dépourvu de toute vanité. Par voie de conséquence, il est impossible de se moquer de lui, ou de le mépriser.



Bien sûr, les dessins participent pour beaucoup à dresser le portrait de Didier, à lui insuffler un élan vital. Dans la deuxième page, François Ravard représente Didier en slip dans le cabinet du médecin. Il ne minimise pas la dimension de sa brioche, mais sans la transformer non plus en étalage de viande, ou en tas de saindoux. Il montre les bajoues importantes sans être flasques, ainsi que les énormes lunettes, très fonctionnelles et dépourvues de toute qualité esthétique. Bien sûr Didier apparaît à plusieurs reprises comme un peu pathétique, que ce soit dans sa tenue de travail très ample, déconfit dans sa chemise trop petite (qu'il n'a portée que deux fois), surpris que les ronds de son maillot à pois rouge se déforment, ou encore courant tout nu dans un champ moissonné. Pourtant il ne s'agit pas de misérabilisme ou de méchanceté. En effet par ailleurs, Didier est montré comme un individu calme et posé, sensible et faisant preuve d'empathie. Il est en décalage avec la France qui gagne, avec les battants. En observant son visage, le lecteur peut voir qu'il n'est pas dépressif ou aigri. Il montre son désaccord par une moue désapprobatrice quand une réaction, une remarque ou une situation va à l'encontre de ses convictions ou de ses émotions.



De la même manière, le lecteur s'attache très rapidement aux autres personnages. La plastique de Soazic n'est pas celle d'une pinup, mais d'une femme au visage avec un menton trop petit et un nez trop gros, ainsi qu'un bassin un peu empâté. Les expressions de son visage indiquent qu'elle a conservé un amour propre plus développé que son frère. Elle a, elle aussi, accepté sa condition de fermière dont la vie est accaparée par la ferme, sans pour avoir renoncé à la possibilité d'une vie différente. Elle n'a pas totalement accepté les choses comme elles sont, et elle continue à lutter contre ce qui l'agace chez son frère (à commencer par sa mollesse). Elle n'a pas baissé les bras face à une sorte de stase régissant sa vie. Le lecteur observe donc son langage corporel ainsi que les expressions de son visage et voit apparaître des jugements de valeur, des moments d'énervement, une volonté d'agir, le plaisir d'avoir une idée nouvelle. Régis vient compléter ce trio, avec une morphologie très fine, mais également dépourvue de toute élégance. Par comparaison avec les postures ou les expressions de Didier, il apparaît plus résigné. Il ne se plaint pas d'avoir tout perdu, mais il n'a pas l'énergie de se lancer dans un nouveau projet. Il prend les jours comme ils viennent, avec la mine d'un individu qui n'attend plus rien, sans être amer pour autant. Advienne que pourra.



Dès la première case, le lecteur se retrouve à observer une cour de ferme dans une case de la largeur de la page, avec une luminosité de lever de soleil, des couleurs portant une part d'ombre, mais commençant déjà à se réchauffer. En page 6, il voit Didier au loin sur sa mobylette, avec un champ vert et jaune au premier plan, et des champs avec quelques arbres dans le lointain. L'artiste n'a utilisé quasiment aucun trait pour délimiter les contours, tout est représenté à la couleur directe, avec à nouveau une ambiance lumineuse paisible pour un jour ensoleillé. Quelques pages plus loin, Didier va voir son poirier dans le jardin, avec le chat qui court, quelques poules qui picorent, et les éoliennes discrètement esquissées au loin en fond de case. François Ravard a l'art et la manière de composer ses cases, en dosant soigneusement les éléments très précis, et les éléments esquissés, ou dont la forme se trouve discrètement peinte dans une teinte pale. À l'instar de ces éoliennes présentes dans quelques cases, le lecteur peut aussi remarquer de minuscules détails s'il s'en donne la peine : le coussin ajouté sur la selle de la mobylette, le collier de protection autour de la tête du chat, la manique accrochée au mur de la cuisine, les pneus sur le tas de fumier, les enseignes du coiffeur et du bar en forme de jeu de mots, la pompe à eau dans le jardin de la ferme de Régis, etc. Il est facile de se laisser prendre par la douceur de la narration visuelle et de ne pas prêter attention à ses menus détails. Il est tout aussi facile de prendre le temps de laisser son regard se poser sur une case ou une autre et d'en découvrir la richesse.



Cette stratégie de représentation porte ses fruits en décrivant à la fois un quotidien très pragmatique et concret, réaliste (l'aménagement de la cuisine, les travaux de la ferme), à la fois l'ambiance de l'environnement que le regard embrasse dans son ensemble, sans forcément le scruter à chaque passage. Le lecteur se rend compte que ce mode de représentation fonctionne aussi avec les personnages, à la fois pour les petits gestes du quotidien (Régis en train de rouler sa clope), à la fois pour l'impression générale (la détresse de Didier dans le cabinet de consultation). Le lecteur se sent donc privilégié de pouvoir côtoyer ces individus ordinaires, dans leur vie spécifique. Il ressent une grande tendresse pour Didier et son sentiment que la vie ne lui a pas apporté ce qu'il attendait, pour Soazic vaguement excédée par un quotidien auquel il manque l'espoir d'un avenir, pour Régis résigné sans être abattu. Il ressent une pleine et entière adhésion à leurs projets. De ce fait, il ressent une forte curiosité pour le projet de Didier (s'inscrire sur un site de rencontre). Il sourit en voyant que Didier prend de la distance avec cet outil, au point que ce sont Soazic et Régis (ensemble ou chacun dans son coin) qui s'approprient le projet et accompagnent Didier, pour être sûr qu'il aboutisse. Bien sûr, la confrontation avec la réalité va être cruelle et brutale.



Didier, avec l'aide de Soazic et Régis, va pouvoir mener son projet à bien. Dans le même temps, cette dynamique va initier d'autres changements inattendus. Malgré la douceur chaleureuse de la forme du récit et des illustrations, il est bien question du mal-être de plusieurs individus, d'avoir envie de faire quelque chose de sa vie, de désirer ce que l'on n'a pas et qui semble un dû au vu de ce qu'on a déjà accompli. Didier est contraint d'apprendre à se connaître en se mesurant à la réalité de son désir, ainsi qu'à ce qu'obtiennent les autres. De la même manière que le récit ne baigne pas dans le misérabilisme, il ne se complaît pas non plus dans l'amertume. Il y a ce que l'on veut, et ce dont on a besoin. L'effort fourni par Didier pour s'arracher à sa stase ne lui apporte pas ce qu'il avait escompté, mais il ne retourne pas au point de départ.



Il est difficile de résister au second degré contenu dans le titre de cet ouvrage, ainsi qu'à sa couverture faussement naïve (les petits cœurs dans le ciel). Il est impossible de ne pas succomber à la gentillesse de la narration, ainsi qu'à sa cruauté sous-jacente, à son regard sur un quotidien dont les spécificités chassent la banalité, dont les personnages apparaissent faciles et agréables à vivre, à la fois pour leurs qualités et pour leurs défauts.
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Vive la marée !

Je retrouve avec bonheur, la verve de Rabaté et le dessin de Prudhomme dans cette journée à la plage où rien ne manque.

Le festin est complet, de toute cette population estivale qui s' agglutine sur le sable (de plus en plus, au fur et à mesure que la mer monte!).

Dialogues, pensées et traits d'humour, se croisent et s'évaporent dans cet air que l'on devine chaud.

Vive la marée!, ce sont les vacances de Monsieur Hulot à la sauce vingt-et unième siècle, avec ses fines tranches de vie et cette viande affalée sur le sable.

Hommes, femmes enfants et chiens, tous jouent leur partition dans un récit malicieux et drôle.
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Vive la marée !

Un album qui m'a fait ressentir tous les moments de vie spécifiques aux vacances en bord de mer.



Il se feuillette comme un album de famille avec des portraits, des panoramas et des esquisses.



On s'attache aux personnages et à leur difficile cohabitation. On sent bien que chacun est venu trouver quelque chose de différent... et pourtant, c'est pour tous un moment unique. Celui des vacances !



On sent le soleil, la mer et on se laisse emporter...
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Les petits ruisseaux

Du pur bonheur ! Le quotidien des gens simple : pêche, copains, blagues, espoir, amour, art, rencontres, ouverture d'esprit. Et pourtant ils sont vieux, pas très beaux, pas riches, mais on les adore... Dessin et texte à déguster....
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Les petits ruisseaux

L'amour, c'est aussi l'histoire des vieux. C'est le thème central de cette bd, thème encore tabou dans notre société ; il est habillement traité par Rabaté avec pudeur mais également beaucoup d'humour.

Dans un petit village, deux copains (difficile de donner un age mais autour des 70 ans) se retrouvent pour des parties de pêche. L'un d'entre eux a une vie secrète : une relation amoureuse et une passion pour la peinture de nus. Il décède très vite et son ami se retrouve seul mais décidé à profiter de sa vieillesse...

Une très belle bd.
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Le petit rien tout neuf avec un ventre jaune

Voici un titre bien énigmatique ! C'est le nom du magasin de farces et attrapes tenu par Patrick, un magasin normalement dédié à la fête et à la rigolade. Hélas Patrick n'a pas le physique de l'emploi. Il est totalement déprimé depuis que sa femme l'a quitté. Il boit, il boit même beaucoup...du mauvais vin pour accommoder ses ravioli en boîte.

"Je m'enferme chez moi et je m'emmerde, je le fais passionnément et avec conviction. C'est ce que je fais de mieux." déclare-t-il à son frère venu prendre de ses nouvelles.

Pire encore, l'usine avec laquelle il collabore risque de fermer prochainement, victime de la concurrence chinoise.

Le cas de Patrick semble désespéré jusqu'au jour où un cirque et une troupe d'artistes forains viennent faire le spectacle dans sa petite ville. Sa rencontre avec Clarisse une acrobate sympathique va transformer sa vie et lui redonner espoir et confiance en lui.



Une histoire banale traitée avec simplicité, humour et poésie, des personnages pittoresques, des dialogues savoureux, des tranches de vie... cette BD est agréable à lire. Les graphismes sont épurés, les visages assez typés et les couleurs d'Isabelle Merlet toutes douces.



Cet album est ma première rencontre avec Pascal Rabaté. Je l'ai apprécié même s'il ne m'a pas vraiment enthousiasmée. Je poursuivrai malgré tout la découverte de cet auteur.



#Challenge illimité des Départements français en lectures (37 - Indre-et-Loire)







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Un temps de Toussaint

Relecture plaisir.

Rabaté illustre merveilleusement ce texte en noir et blanc .

Ses dessins le disputent entre flou et hyperréalisme.

Ce sont des portraits de modestes, de prolos,

avec leurs fringues, leurs attitudes , leur décor ...

C'est du genre "brèves de comptoir ".

Des représentations spontanées, quotidiennes

où les rôles sont déjà distribués.

Le scénario est signé Angelo Zamparutti .

L' attelage avec Rabaté ciselle un vrai bijou.

Les mots, les dialogues, les situations sont brillamment cocasses.

La petitesse de certains esprits est à l'honneur !

...mais toujours sans mépris

avec cette tendresse qui est une signature.

Un bon petit moment !

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