Patrice Gélinet

« Et maintenant, c’est fini. Dans quelques temps, les antennes de Radio France Asie que vous aviez l’habitude d’écouter cesseront de vibrer. On ne vit pas sur des souvenirs, je souhaiterais cependant que celui de Radio France Asie restât dans vos cœurs aussi vivants qu’il le sera dans le nôtre. Ce n’est pas sans un serrement de cœur que nous ferons taire cette voix de la France en Extrême-Orient, faisant ainsi disparaître, après tant d’autres dans ce pays, l’un des éléments de la présence française … »

Diên Biên Phu est tombé le soir du 7 mai 1954 après cinquante-six jours de combats et septa ans d'une guerre oubliée. Dans le monde entier, on découvre la guerre au moment où elle se termine. A New York à Tokyo, à Moscou, à Genève où la conférence sur l'Indochine s'ouvre le lendemain, en France, et surtout dans tout cet Empire français qui commence ce jour-là à se décomposer.

Le cas de conscience, c'est une affaire intime. Vous savez très bien quand une bombe explose ; puis on vous montre dans le journal un gosse de cinq ou six ans qui a une jambe coupée. Vous ne pouvez pas rester insensible, mais vous fermez les yeux, vous vous dites que c'est la guerre.

Une affiche, placardée sous la Restauration, définissait sans la moindre complaisance une catégorie professionelle pourtant très honorable : "Cet animal, pouvait-on lire, est d'un naturel doux et timide, mais d'une intelligence peu développée, il pullule dans les villes, et se nourrit de chandelles, de paquets de ficelles et de mélasse."

Cet animal, c'était l'épicier ! (...)

Tous (...) oubliaient que le mot "épicier" avait désigné pendant longtemps une profession qui suscitait l'envie, quand ce n'était pas l'admiration : celle de marchand d'épices.

Général Giap : « La victoire de Diên Biên Phu, d’après moi, d’après mon opinion personnelle, c’était dû à l’habitude millénaire des Vietnamiens de creuser la terre.(…) Nous sommes un peuple de terrassiers depuis plusieurs siècles (…) Un peuple de termites. Et à Diên Biên Phu, on a creusé la terre, creusé les flancs des montagnes et ensuite creusé ce réseau de tranchées. Des centaines et des centaines de kilomètres de tranchées reliées les unes aux autres avec des souterrains pour chaque section, pour chaque compagnie pour pouvoir vivre là des mois et des mois »

Général de Castries " Diên Biên Phu, c'est Verdun sans la Voie sacrée".

En 1861, lorsque la Cochinchine est devenue une possession française, l’opium y était rare. Avec la conquête sont arrivés l’immigration chinoise et l’opium. L’administration de cette époque comprenait tout le parti qu’elle pouvait tirer de la vente de ce produit. Durant toute la période de colonisation, c’est l’Etat, par l’intermédiaire de la Régie de l’opium, qui détenait le monopole de la production et de la vente de l’opium. Il en tirait de substantiels bénéfices, lesquels représentaient une part importante du budget de la colonie.

Ce qui était intolérable à cette époque, c'était cette espèce de monstrueuse hypocrisie des pouvoirs publics. C'était Guy Mollet disant "les cas [de torture] se comptent sur les doigts de la main" alors qu'il y en avait des milliers.

Les guerres, c'est comme ça, ça rend aveugle. La passion qui habite les gens leur fait commettre toutes sortes de choses qui seraient inconcevables en temps de paix.

Je crois que le but de la guerre, c'est de s'arrêter un jour, non ?

De Gaulle était un homme d'une telle stature qu'on ne pouvait pas "s'amuser" avec lui. Ou bien on le renversait, ou bien on le brisait, mais en aucun cas on ne pouvait s'amuser à vouloir le chatouiller, l'égratigner, car nous savions bien que le personnage avait une telle dimension historique que c'est lui qui nous briserait, qui nous écraserait.