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Citations de Patrick K. Dewdney (292)


Un bel esprit ne sert à rien, si on ne s'en sert pas.
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« À Carme », dit-il sur le ton de la discussion, « les phalangistes ont le devoir d’aimer d’autres hommes. Leurs généraux pensent qu’un soldat se battra plus férocement pour défendre celui qu’il aime. Là-bas, les femmes sont des matrices et rien de plus. Nous, nous pensons que chacun devrait être libre de ses préférences. » Je pris à cœur ces paroles et, lorsque la bizarrerie initiale m’eut quitté, je les méditai souvent pour leur justesse.


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Toute vie est une vie, du moucheron, au cheval, au sériphe. [...] Aucune vie ne veut s'éteindre et aucune vie ne vaut mieux qu'une autre. C'est la vérité la plus cruelle qu'un homme puisse comprendre...(p. 439)
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Le monde n'avait jamais été à nos yeux une instance figée et confortable, mais une entité chaotique qu'il fallait dompter un jour à la fois. [p.15]
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J'ouvris la bouche pour remercier L'Écailleuse, parce qu'elle en avait fait beaucoup pour moi - peut-être davantage qu'elle ne le savait elle-même - puis finalement je me ravisai. "Elle est froide, contrebandière", lui dis-je à la place, depuis le refuge de l'éboulis. Elle me lança son regard triste et haussa les épaules. "On s'y fait, vagabond", dit-elle, avant d'avancer dans la lumière.
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Uldrick disait de moi que j’avais de la chance, même s’il ne croyait pas vraiment lui-même au hasard, pas entièrement. Pour les Vars, la vie est un amalgame d’instants qui découlent les uns des autres, qui nous façonnent davantage que nous ne nous façonnons nous-mêmes. Les hommes, croient-ils, sont les jouets de ce qui croise leur route, des vaisseaux de chair qui naviguent au gré des courants de ce monde, forgés autant qu’ils forgent autrui. Je partage cette vision à bien des égards. Si je me suis servi, au fil des ans, de la philosophie des Vars libres comme d’un balancier, d’un instrument de mesure à l’aune duquel peser les évènements souvent étranges qui ont rythmé mon existence, il me faut bien admettre qu’une poignée d’entre eux échappent entièrement au prisme de la Pradekke. Mes retrouvailles avec Driche tinrent à une succession de coups du sort et d’invraisemblances qu’il ne me semble pas déplacé d’appeler un miracle.
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Je commençais à piquer du nez en dépit de l'inconfort lorsqu'un loup solitaire hurla quelque part dans les hauts. La plus jeune des Epones tourna la tête pour tendre l'oreille. La plainte s'éleva dans la nuit, retomba puis reprit, et sa mélancolie curieuse vint se couler entre les troncs noirs. "Il chante le foyer", murmura l'aînée à sa consœur, qui sourit. Je ne compris pas le sens de la remarque mais je compris le sourire, un beau sourire avec des dents claires comme des perles arrondies. [...] Pour la première fois depuis le matin quelque chose remua dans mes tréfonds, une minuscule étincelle d'insoumission qui s'embrasa dans mon ventre et s'enroula dans mon souffle et tout à coup je courbai la tête, saisi de peine et de colère. J'éprouvai la force des liens qui m'emprisonnaient comme j'éprouvais la cruauté du monde, qui avait transformé ces femmes venues de la forêt en ennemies alors que nous puisions de la beauté dans les mêmes chants.
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"On va regarder si j'ai rien qui traîne, pour t'accoutrer mieux que ça", fit L’Écailleuse qui m'observait. "Qu'ils aillent pas croire que je me ramène avec un mendiant." A mon insu, le lâchai un rire sardonique. La contrebandière me fixa avec gravité jusqu'à ce que je m'explique. "J'ai jamais été bandit, mais j'ai souvent été mendiant", précisai-je. Je crus que L’Écailleuse allait rétorquer quelque chose mais elle se contenta de plisser le front et s'en fut en direction de la barque échouée. Je repensai à l'or dont on m'avait drapé au Vraak, et je ris intérieurement. "J'ai aussi été dieu", soufflai-je.
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Il faut avoir quitté quelque chose pour savoir à quel point cela compte.
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La montagne n'était pas mon univers, et je doutais de parvenir à m'y sentir chez moi un jour, mais cela ne m’empêchait pas de me repaitre de ces nuits déchiquetées et des des panoramas époustouflants, qu'ils réverbèrent le soleil de plomb ou se dévoilent fragilement derrière un rideau crépitant.
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Puis, le visage du geôlier apparut dans la pénombre. C'était un homme laid, maigre et chauve, avec un bubon noir sur la lèvre supérieure. Je vis la sueur sur son front, et pourtant il faisait froid. Il y eut un tintement presque mélodieux, et le trousseau de clefs dont il ne se séparait jamais s'agita dans la serrure. Sa patte osseuse tremblait alors que le fer épousait le fer. Je reculai d'un pas. Il avait le visage rigide, comme celui d'un fou ou d'un fiévreux. La grille s'ouvrit avec un raclement. Le vent chantait au loin, dans les couloirs abandonnés. L'homme avança encore, d'un seul pas raide. J'eus peur de ce qu'il allait me faire, puis je vis l'éclat de l'acide sous sa gorge. Derrière, comme mariée aux ténèbres, une ombre imposante se détacha. Les braises des torches rougeoyantes jetèrent leur éclat sur les plis du tissu et, par intervalles, les écailles lustrées scintillaient. Une voix rocailleuse retentit dans le noir :
— Les fers maintenant.
Le geôlier s’avança et s’accroupit, tâtonnant avec son trousseau près de mes chevilles. L’ombre qui le contrôlait fit un pas en avant.
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Lire devenait pour moi si naturel, que c'était à peine si je me souvenais d'un temps où il n'y avait pas eu la texture du vélin sous mes doigts, l'odeur alcaline de l'encre et cette farandole de miracles calligraphiés à parcourir.
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Séduit et intrigué, j'entrai dans la danse pour tournoyer moi aussi parmi la nuée de lumières vivantes.
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Ma fatigue s'était envolée. Remplacée par l'aiguillon d'une inquiétude désabusée.
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Nageur, tu es venu en pays libre, où aucun homme ne clamera qu'il est ton maître, mais où tous clamerons que tu es ton propre esclave. Tu ne trouveras ici nul seigneur pour entraver ton corps, et nul prêtre pour entraver ton esprit. Tes chaînes t'appartiennent désormais, toi qui est le moins à même de les briser.

Paroles adressées à un esclave carmide évadé,
attribués à un Var anonyme.
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Ils sont venus de loin,
Comme le vent de cendres
Qui effrite la pierre.
En leurs bouches étaient
Des mots étranges,
Qui courbaient les arbres.
Ils ont tué nos guerriers,
Ils ont volé nos enfants,
Ils ont pris nos terres.
Ce peuple a fui,
Ce peuple n'oublie pas.

Chant Païnote
Traduit du clanique
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La yourte de Frise, dans laquelle nous nous retirions le plus souvent pour nous garder du froid, était petite, mais chaude et confortable. Il y régnait une odeur prégnante de agréable de graisse et de cuir. L'armature de bois flotté était intégralement décorée de gravures effilochées. Il était littéralement impossible de s'y déplacer sans courber la tête, tant l'endroit regorgeait de trésors suspendus, des charmes d'os, de bois ou de chitine, des ouvrages merveilleux, des breloques et des souvenirs oubliés qui cliquetaient et tintaient doucement au gré des courants d'air. C'était comme si, au moindre mouvement, la yourte tout entière enflait pour respirer d'un souffle musical. Dans cet univers bercé de sons étranges, les histoires du vieux Frise prenaient pour moi une consistance presque physique. Je ne tardai pas à découvrir que les bonheurs et les tragédies de sa vie passée, et l'aisance et le recul avec lequel il les narrait, me distrayaient suffisamment pour que je puisse amorcer mes propres deuils.
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S’il fut un brillant orateur, un puissant guerrier et un tacticien audacieux, Bai ne sut pas faire preuve du même génie lorsqu’il fut question de gérer son nouveau royaume. Il est vrai que le Royaume-Unifié prospéra durant son règne, mais cela tenait davantage des victoires militaires passées et de la politique individuelle des primeautés que d’une réelle volonté du roi. Bai passa les quinze dernières années de son règne à résoudre de petites querelles entre primats et à s’agripper vainement au pouvoir qui lui filait entre les doigts. Une fois sa guerre achevée, son poids politique se réduisit comme peau de chagrin, et au fil des ans son incapacité à empêcher les primeautés de revenir peu à peu à leurs traditions d’indépendance devint évidente. De plus en plus isolé, il finit par sombrer dans la paranoia, n’osant nommer de successeur, même sur son lit de mort. C’est ainsi que le Royaume-Unifié mourut comme il était né : sur un souffle du roi Bai.
Évidemment, nous autres, les quatre orphelins de la ferme Tarron, ignorions tout de cela. Dans nos esprits, un vieillard couronné venait de crever quelque part où nous n’irions jamais et, comme nous ne comptions pas sur le vieillard en question pour nous nourrir ou nous offrir l’aumône, il s’agissait d’un problème qui ne nous regardait pas. Bien sûr, à notre grand dépit, les Corne-Brunois n’étaient pas du même avis que nous.
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Je ne sais pas si c’est plus facile de crever quand on n’a pas le choix.
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"Ma femme-feu veut savoir si on peut te faire confiance." J'eus un sourire crispé. "Je n'ai pas vraiment le choix", dis-je avec lassitude. "Il y a quelques jours, un de mes compagnons m'a dit que j'apportais la tempête avec moi. Je ne peux pas lui donner tort. Il y a un vent qui me déracine, toujours. Si mon chemin m'a conduit parmi vous, alors je l'accepterai."
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