« Perso, je crois pas trop à toutes ces histoires d’aider les gens, intervient Kévin depuis l’avant de la voiture. Tout ce truc de « regardez-moi, je suis tellement quelqu’un de bien ». C’est sûr, on pourrait tous passer notre vie à nettoyer des goélands pleins de pétrole, mais au final, qu’est-ce que ça rapporterait à la planète ? Si tout le monde était altruiste, il ne resterait plus personne à aider. Et pendant ce temps-là, il y aurait plein de trucs à faire qui ne seraient pas fait. »
Tu écris que tu veux abandonner l'équipe de natation? [...] Ce qu'on va faire, je vais déchirer cette lettre et on va y réfléchir.
Les pères du Saint-Paraclet voient les femmes, la gent féminine, avec un certain malaise. Tout en reconnaissant leur grande contribution à la société et à la perpétuation de l’espèce en général, ils seraient on ne peut plus heureux si elles continuaient à l’apporter ailleurs. La présence d’une école de filles dans le voisinage immédiat est perçue par les pères comme une cruelle ironie du sort. La profession étant majoritairement composée de femmes, un certain taux d’enseignantes est bien sûr inévitable à Seabrook, et c’est uniquement grâce à un pénible processus de filtrage que le père Furlong, le principal de l’école, a atténué les dangers inhérents à cette tendance, en réunissant un personnel que même un garçon de quatorze ans aurait du mal à considérer comme sexué.
Howard se sent parfois découragé, comme si rien n’avait changé ici durant les dix années écoulées depuis l’obtention de son diplôme. Les prêtres tout particulièrement éveillent ce sentiment en lui. Les vigoureux sont toujours vigoureux, les faiblards toujours faiblards.
Il l’aime, il ferait n’importe quoi pour elle, sacrifierait sa vie s’il le fallait – si par exemple elle était une princesse menacée par un dragon cracheur de feu, et lui un chevalier sur sa monture, il chargerait avec sa lance sans hésiter une seconde, regarderait le serpent droit dans son œil incandescent et fumant, même si cela lui valait d’être aussitôt embroché sur le gril du barbecue. Mais le fait est… le fait est qu’ils vivent dans un monde de faits, justement, l’un de ceux-ci étant que les dragons n’existent pas ; il n’y a que de pâles et lentes journées qui s’enchaînent et se ressemblent toutes, un collier terni de perles d’imitation, et un amour qui le coince dans une vie qu’il n’a pas réellement choisie.
La pénurie de jolies filles en Salle des Professeurs ne contribue pas beaucoup à égayer l’atmosphère, qui, par un matin pluvieux, après une dispute avec votre conjointe, peut sembler singulièrement léthargique, voire, pourquoi pas, mortelle.
Toutes les créatures vivantes sur la planète respirent. Néanmoins, toutes ne respirent pas la même chose, ou de la même façon. Par exemple, les humains inspirent de l’oxygène et expirent du dioxyde de carbone, mais les plantes font le contraire. C’est la raison pour laquelle elles sont si importantes dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les organismes aquatiques respirent de l’oxygène, de même que les humains, mais ils l’extraient de l’eau, à travers les branchies.
Assez vieux pour comprendre en gros comment le monde fonctionne, mais trop jeunes pour s’embarrasser de sentiments comme la pitié ou la compassion ou pour avoir conscience que tout cela leur arrivera un jour, les garçons – ses élèves – sont des machines à voir, à travers l’attirail des conventions policées du monde des adultes dont leurs enseignants sont des représentants, le vide mortel qui l’habite. Ils trouvent cela hilarant.
- n’est-ce pas étrange la façon dont une seule rencontre de hasard peut jeter une lumière nouvelles sur la situation d’une personne? la façon dans un échange si bref qu’il paraît sans importance aucune peut révéler une nouvelle issue un chemin en face de soi là où auparavant il n’y en avait aucun?
Le mariage a du sens pour elle. En tant que citoyenne américaine, son droit de travailler ici dépend du bon vouloir de son employeur, qui doit renouveler son permis tous les ans. En épousant Howard elle serait naturalisée, et donc libre d’aller où bon lui semble.