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Critiques de Pauline Delabroy-Allard (387)
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Ça raconte Sarah

Avec un rythme effreiné, grâce à des chapitres courts, elle raconte Sarah : sa rencontre, sa relation, sa passion folle...

Une première partie intense autour de cette relation passionnée, passionnelle, fougueuse entre ces 2 femmes. D'une intensité extrême, elles deviennent la priorité l'une de l'autre., plus rien n'existe !

Sarah est vivante, impulsive et l'entraine avec elle dans une relation exclusive et torturée. On marche, on court, on galope, on s'essoufle, on suffoque, on s'asphixie.... Sarah la dévore.

Et une 2è partie que je vous laisse découvrir, sur un autre rythme et une fin !!!!

Déroutant & original, une bien belle lecture qui vous happe, vous transporte, vous emporte !
Lien : http://etlemondedesosso.cana..
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Ça raconte Sarah

Ça raconte Sarah, ça raconte une histoire d'amour, une passion, un drame...

L'oeuvre se scinde en deux : la 1ère moitié du roman décrit le coup de foudre entre la narratrice et Sarah, une jeune femme rencontrée lors d'une soirée chez des amis, la 2ème moitié est radicalement différente et nous plonge dans le drame (je ne spoile pas).

L'histoire m'a emportée, surtout dans la 1ère partie qui est pleine d'élan et de beaux sentiments puis ce fut le coup de massue avec la 2ème partie qui m'a surprise (alors que l'ouverture l'annonce) et briser le coeur.

La voix de la lectrice est très agréable et musicale mettant vraiment le texte en valeur.

En bref : une sacrée claque !
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Ça raconte Sarah

Ca raconte Sarah / Pauline Delabroy- Allard



Une amitié soudaine subtile, un peu brusque qui se transforme en une histoire d’amour entre deux femmes comme une petite étincelle et qui prend la forme d’une passion dévorante et destructrice et provoque des dégâts psychologiques.

La narratrice est professeur. Elle est polie charmante abandonnée, par son compagnon, avec un enfant dans les bras. Sa rencontre avec Sarah, un soir du 31 décembre, va illuminer sa vie, comme une tornade. Sarah est une violoniste dans un quatuor à cordes, souvent en déplacement. Elle est vivante. Elle parle avec fougue un vrai moulin à paroles. Elle n’arrête pas de parler. Cet amour au féminin déclenche une tempête chez la narratrice Cet amour naissant engendre presque la folie. Il ne quitte pas son esprit. La vie extérieure n’existe plus. La vie matérielle non plus. Son monde est en réduction. Son monde c’est ELLE. Il agit sur elle, comme une aventure douce, merveilleuse et compliquée, surtout quand on se surprend à aimer une personne de même sexe, les choses se compliquent d’autant plus, quand cet amour devient un amour envoutant qui tourne à l’obsession douloureuse. Un véritable jeu dangereux

Ce livre doit se lire d’une traite. A chaque fin de pages, on retient son souffle. On éprouve le besoin de connaître la suite, avec impatience. Tout semble bien commencer et pourtant, on éprouve une certaine angoisse obsédante. J’ai même l’impression que si je ne finis pas le roman aujourd’hui, je n’y reviendrai pas, de peur d’être mal à l’aise. On découvre que Sarah est un personnage complexe. Elle est manipulatrice, dominatrice avec des attitudes de femme enfant. Cependant, on éprouve une certaine compassion pour la narratrice, ce personnage de roman, réduite à néant. Mais la noirceur de la deuxième partie qui la plonge dans une profonde solitude qui semble si réelle car parfaitement décrite modifie cette compassion en une certaine lassitude. J’ai eu presque envie de l’oublier égoïstement, de peur qu’elle vienne éclabousser mon propre bien-être. Ce qui est certain, en revanche, c’est que cette personne fictive est venue troubler mon univers culturel. Je n’ai du tout aimé cette intrusion. (Je tire mon chapeau à l’auteur qui a réussi à me faire éprouver un tel sentiment.) Pourtant partir faire une virée en Italie, et visiter Trieste semble estomper cette noirceur, dont je parlais plus haut. Enfin un bol d’air frais !!!!!! Ce roman ne marquera cependant pas mon parcours littéraire, car il laisse planer des sentiments trop confus.


Lien : http://www.babelio.com/monpr..
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Ça raconte Sarah

Ça raconte Sarah, c’est la narration d’une femme sur la rencontre totalement inattendue pour elle et pour l’autre, l’impossible amour, la passion, la conquête, les disputes, la reconquête, le risque engendré par ces sentiments. Parce que cet amour est dévastateur, qu’il supprime tout, qu’il annihile tout le reste autour de lui, famille, amis. Les deux êtres qui l’éprouvent ne peuvent qu’être à la fois éperdument heureux et malheureux.



Ça raconte aussi la perte de cet amour, conséquence choisie par l’une et subie par l’autre. Car rien n’est possible, et tout peut l’être : cet amour les déchire, les obsède, rend l'une violente et hargneuse et l'autre à bout de force, cet amour les rend malades, comme les anglophones le disent « on tombe en amour comme on tombe malade. »



Ce livre est splendide! il y a un sentiment d’urgence qui se manifeste dans l’écriture, les paragraphes courts sont autant de mini chapitres qui expliquent qui est Sarah, son inadaptation à la vie en société (son rire, ses mots vulgaires) mais aussi combien elle devient gracieuse derrière son archet de violoniste, comment elle se transcende et transforme la vie de l’autre, qui l’attend, qui l’accompagne, qui la guette, qui voudrait la rejeter mais qui ne le peut pas.

Jusqu’au moment où Sarah qui dévore la vie finit aussi par se faire dévorer par elle.



J'ai aimé l’écriture, avec ses références littéraires, cinématographiques, qui transporte à travers notamment la France -Paris- et l'Italie -Trieste, cette musicalité sans cesse présente, qui accompagne la progression de l’action. Je me suis laissée porter par la narration, en apnée pendant toute la lecture des tourments de cette passion mouvante et finalement angoissante qui habite les deux protagonistes durant un peu plus de deux ans. Je n’ai pas pu lâcher le roman après l’avoir commencé.



L'auteure évoque l'amour dans son acception la plus charnelle, la plus sensuelle, la plus brute aussi, qui peut faire écho au vécu de ses lecteurs, peu importe leur sexe.



Le personnage de Sarah m’a d'ailleurs fait penser à cette citation d'Henri David Thoreau : « Je voulais vivre intensément et sucer la moelle de la vie. Et ne pas, quand je viendrai à mourir, découvrir que je n’aurai pas vécu. »



Ça raconte Sarah, ça raconte ainsi la vision quasi hypnotique d’une passion dévorante, et c’est à la fois profondément triste et merveilleux.



lirelanuitoupas.wordpress.com
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Ça raconte Sarah

Déclaration passionnée à un amour défunt, le texte de Pauline Delabroy-Allard se lit s'une traite, sans respirer tellement la plume est rythmée et haletante. On ressort des quelque 180 pages essoufflé et admiratif devant le talent de la jeune primo-romancière. Peu importe que ce genre d'histoire n'ait pas forcément ma préférence, seule compte l'écriture qui sait si bien transmettre les sensations.

Rien ne laissait présager le bouleversement qui va saisir la narratrice. Professeur dans un lycée, maman d'un petite fille dont le père est parti, elle mène une vie paisible auprès d'un nouveau compagnon. A l'occasion d'une soirée chez des amis, elle rencontre Sarah, une violoniste. D'une amitié « éclair » va naître une relation ardente entre les deux hétérosexuelles que rien ne destinait au saphisme. Ce qui compte dans cette liaison, au-delà du sexe ou du genre, c'est le coup de foudre enflammé entre deux personnes que tout oppose : la réserve chez la conteuse, la fougue, frôlant la folie de Sarah.

Sur des musiques de Schubert, de Beethoven ou encore de Mendelssohn, Pauline Delabroy-Allard élabore un récit qui évoque les questionnements de Marguerite Duras (elle fait référence à « India Song ») mais aussi d'Annie Ernaux.

Mixant puissance et dépouillement, elle dépeint avec justesse les affres de la passion amoureuse. C'est beau et émouvant. Même si l'excès dans la description des sentiments est parfois agaçant. Mais tout emportement est forcément exagéré.



EXTRAITS

- Ca raconte Sarah, sa beauté inédite, son nez abrupt d'oiseau rare, ses yeux d'une couleur inouïe, rocailleuse, verte, mais non, pas verte, ses yeux absinthe, malachite, vert-gris rabattu, ses yeux de serpent aux paupières tombantes.

- Dans cette tempête, elle est capitaine de navire. Je deviens femme de marin.
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Ça raconte Sarah

Ce roman raconte Sarah donc, de long en large et en travers, par la voix de la narratrice, qui vit pour elle et avec elle une folle passion amoureuse. Elle a une fille, un ex, des parents, un métier de prof, mais toute cette vie disparaît après la rencontre avec Sarah, violoniste, passionnée, exubérante, lumineuse, théâtrale, dramatique, folle, belle, magnifique, vivante. Vivante, ce mot est repris dans maintes répétitions tout au cours du roman. Car dès les premières lignes, le lecteur sait que Sarah est morte, emportée par la maladie.



La première partie du roman « raconte » donc Sarah, tandis que la deuxième retrace le deuil de la narratrice, qui s’enfuit et abandonne tout, son enfant, son métier, pour se calfeutrer dans un pays, une ville, une maison inconnues.



Et c’est là que ça a fait couac pour moi.



La passion amoureuse est décrite d’une écriture magnifique : on sent bien « la voix » d’un nouvel auteur, d’un véritable écrivain. Le texte se lit comme en apnée, j’ai eu l’impression d’être prise dans un tourbillon et de ne plus pouvoir reprendre mon souffle, comme si le livre avait été écrit d’une traite. J’ai aimé cette première partie, cette passion vécue par les deux femmes, même si l’on sent qu’elle sera destructrice …



Elle vient chez moi, dans mon appartement. Elle chuchote quand je lui demande de parler moins fort parce que mon enfant dort à côté. Elle laisse durer, toujours un peu,le moment délicieux du dîner. Elle raconte des histoires. Elle boit son verre de vin en me regardant droit dans les yeux. Elle fume une cigarette à la fenêtre. Et puis elle n’y tient plus, elle s’approche de moi. Elle me respire, elle m’aspire. ça raconte ça: le souffle, le soufre, la tempête.



Par contre, la deuxième partie manque cruellement de crédibilité : la fuite de la narratrice, qui abandonne sa fille , son métier, pour pleurer en Italie sans avertir personne, qui jette son portable, qui se noie littéralement dans un chagrin qui finit par la rendre à moitié folle, ça je n’y ai pas cru. Est-ce mon côté raisonnable ? C’est too much. Rien ne compte dans le livre, sauf Sarah : la narratrice n’a pas de prénom, elle parle de sa fille comme de « l’enfant » (« j’ai déposé l’enfant à l’école » !), comme si rien ni personne n’avait plus de réalité ni de consistance excepté Sarah, si vivante (on le saura, après tant de répétitions lourdes).



Le personnage de Sarah a fini par m’effrayer : elle a un côté « no limit » qui sous-entend la fille qui a un grain. Je n’ai donc pas cru à cette deuxième partie ni à cette fin, j’avais envie de secouer la narratrice, de la sortir de son auto-apitoiement pour qu’elle aille au moins s’occuper de sa fille.



J’en ressors donc mitigée, de ce roman qui, s’il a beaucoup de qualités littéraires (hormis les répétitions), ne m’a pas convaincue tout à fait …
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Ça raconte Sarah

Ça raconte Sarah, ça raconte l'amour, l'amour pour une femme, ça raconte la passion, ça raconte la jouissance, les corps, les peaux, ça raconte la douleur, la vie à mille à l'heure. Ça raconte tout ça et j'adore ce que ça raconte. Comment ça se raconte.







C'est l'histoire de deux femmes qui s'aiment, qui aiment pour la première fois une femme, et c'est cette sensibilité féminine partagée qui donne toute sa puissance, sa profondeur, au roman. D'ailleurs, Pauline Delabroy-Allard l'a dit elle-même lorsque je l'ai rencontrée à la Librairie du Square : « certains me disent que ça aurait pu être la même histoire entre un homme et une femme, mais non, ça ne m'intéressait pas, je ne l'aurais pas écrit. » Elle a voulu explorer cette fougue du désir, cette réalité qui devient presque irréelle lorsque l'on est amoureuse, cette vie où rien ne change en apparence et où pourtant tout change sous la passion. La passion incandescente. Cette flamme au bout de la cigarette, ce passage de l'aveu que je ne dévoilerai pas si vous ne l'avez pas encore lu, mais ce passage que j'ai tant aimé, et que l'auteure elle-même a mis en lumière lors de la rencontre. Cette flamme donc, au bout de la cigarette, métaphore du feu passionnel, qui fait brûler les êtres d'amour et qui les fait brûler tout court. La passion destructrice. Ravageuse. Tapageuse. La passion bruyante. L'amour c'est l'effervescence, et quand tout retombe le silence devient assourdissant, insupportable.

L'auteure revient sur les bruits, les refrains qui peuplent le roman, « ça raconte Sarah », « elle est vivante », mais celui qu'elle retient c'est « je sais comment c'est », elle aime que l'on puisse entendre « je sais commencer ». Recommencer. Et moi je recommencerai bien la lecture de ce roman coup de coeur. C'est un travail admirable, une frénésie qui nous emporte dans un seul souffle, un seul élan, avec une pause entre deux tonalités pour reprendre un peu d'air.



Pauline Delabroy-Allard m'a touchée par son récit magnifique, par sa plume un peu incisive mais entrainante et par son plaisir en librairie. Elle était souriante et disponible, creusait les terrains sur lesquels l'emmenait la libraire. Au passage, elle s'est souvenue du calendrier de la poste, celui qu'elle avait insisté gamine pour avoir absolument, celui qui décrit toutes les significations des fleurs. C'est quand on lui demande si les lilas et autres magnolias récurrents dans le roman ont une signification, qu'elle se souvient inconsciemment de ces explications qu'elle a lues et relues, peut-être même pas vraiment oubliées.

Entre introspection et étapes d'écriture, Pauline Delabroy-Allard insiste sur la volonté de décrire la lente et anodine entrée d'une personne dans notre vie. Ces détails auxquels on s'attachent et qui nous la rendent plus proche. Elle reprend la passion, cet amour au-delà des limites, cet amour qui donne l'ivresse, fait tourner la tête, brume la réalité. Elle nous re-raconte Sarah, et j'adore ce qu'elle a raconté.
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Ça raconte Sarah

Ce ne sont pas des mots, ce sont des notes. Ce ne sont pas des phrases mais des portées, « Ça raconte Sarah, est toute l’âme du violon, l’amour et sa caisse de résonnance, ses vibrations, un archet cambré qui caresse les cordes de la passion

C’est un opéra en deux actes avec un prologue comme une scène finale. Une tragédie digne des splendeurs de l’Antiquité, drame éternel de l’amour, de la passion, de la mort.



Ça raconte Sarah est l’histoire d’une jeune maman professeure qui, un soir de décembre, rencontre lors d’une soirée, une femme violoniste pas comme les autres. Elle est déconcertante de vie, d’allégresse ; elle est différente. Leurs regards se croisent, elles se retrouvent autour d’un café, se revoient lors d’un concert. Elles deviennent amies. Ni l’une ni l’autre n’ont connu l’amour avec une femme et pourtant va naître entre elles une passion saphique, à la fois tumultueuse et impétueuse. Le premier acte est par définition l’ivresse absolue entre érotisme envoutant et envolées lyriques. Su fond de Beethoven, Mendelssohn, Schubert ; partition livresque absolue.

Mais, la maladie va s’abattre sur la « Dame aux magnolias » et de là, c’est une folie progressive qui s’installe pour l’âme qui se retrouve perdue sans ce sourire, sans ce corps, sans cette musique. Une fuite vers l’Italie compose le deuxième acte jusqu’à la scène finale, à la fois grandiose et si intimiste.



C’est un roman qui va au-delà de l’amour, il transperce comme une ligne sacrée qu’aurait dessinée, non pas l’épée de l’archange, mais la lyre d’Eros dans une essence subtile de volupté. Mais c’est aussi, une œuvre romantique, entre les tourments de la passion, les vertiges incontrôlables, la vésanie comme triomphatrice.



S comme Sarah, que la narratrice associe au S du soufre, cet élément associé au feu, qui brûle et qui fait suffoquer. Ce soufre qui est dans le corps ce que le soleil est à l’univers. Il est lumière mais peut se consumer et tuer.

S comme Sarah, c’est aussi celui du souffle. Le lecteur le retient pour mieux s’immiscer dans cet ouragan de femme, de la brise au zéphyr. Souffle de la plume qu’a tenu Pauline Delabroy-Allard, pour sa créativité inspirée par le rythme des mots et la forme originale d’une histoire qui aurait pu être banale mais qui est devenue exaltante.

S comme Sarah et S comme spiccato, des mouvements lents mais qui d’un seul coup peuvent prendre de la vitesse, peuvent se fondre dans une forme scripturale à l’image de l’héroïne : allegro, doloroso, fortissimo, vivace…lagrimoso. Mais toujours ad libitum !



Un roman écrit à « l’encre vénitienne ». Vissi d’arte, vissi d’amore.



Livre lu et reçu dans le cadre du Prix Littéraire de la Vocation 2018
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Ça raconte Sarah

​ Ça raconte Sarah, à l’unanimité générale, du moins de ce que j’ai pu lire su Babelio, est un livre bouleversant. Les mots sont simples et précis, les phrases courtes et incisives. Pauline Delabroy-Allard parvient ainsi à nous retranscrire un amour parmi tant d’autres, celui de deux jeunes femmes. En la lisant, on comprend assez vite ce qui les unit, sans pour autant que cela soit précisément explicité. En d’autres termes, elle nous conte l’amour par surprise, celui qu’on ne voit pas venir, le sentiment le plus indescriptible qui soit. Entre ces lignes, elle nous fait ressentir la passion, la tristesse, la dépression, le bonheur ultime et l’hilarité, sans cloison. Tous en même temps.

De cette manière, elle est parvenue à marquer les esprits, malgré la banalité apparente de son sujet. Car l’amour, sujet vu et revu depuis la nuit des temps, ne cesse pourtant d’inspirer. C’est pourquoi je pense que la prouesse de passionner les foules et de se démarquer des centaines d’ouvrages en apparence similaires qui paraissent chaque année doit être soulignée. Elle parvient en effet à insuffler un souffle au roman et à lui donner quelque chose que les autres n’ont pas : une certaine originalité, sans doute.

Elément que l’on ne rencontre pas tous les jours non plus : l’absence totale de suspense. Dès la première page, on sait que Sarah est malade : ça va mal finir. Commence ensuite le récit de leur histoire, des beaux jours aux premières disputes. Et quand cette histoire vient à s’achever, le lecteur, plutôt que de s’attendre à des retrouvailles grandioses comme dans n’importe quel roman à l’eau de rose, sait que c’est terminé, cette fois. Et bizarrement, j’aime les histoires qui finissent mal, qui nous laissent un sentiment d’inconfort et d’inachevé et nous confrontent à de réelles émotions. Les happy end, quant à eux, se laissent facilement oublier.

J’ai également apprécié le fait que le narrateur s’efface totalement dans la première partie, tout comme sa personnalité semble s’effacer aux côtés de cette si merveilleuse Sarah, tantôt envoutante, tantôt toxique. Cette absence souligne très bien le fait qu’elle ne peut vivre sans cette femme, si bien qu’une fois venue la seconde partie, on réalise qu’au fond, on ne connait rien de ce je qui nous raconte son histoire, pas même son prénom. Sans elle, elle n’est que douleur.

Aussi, ce roman ose dire les choses. Je m’explique. Nous avons chaque jours des milliers de pensées qui nous traversent, sans pour autant que l’on puisse se permettre de les verbaliser, tout simplement car la société ne les approuverait pas. Mais cet indicible, Pauline Delabroy-Allard a décidé de le dire, sans ce soucier du qu’en dira-t-on. Et plutôt que de décrire simplement un chagrin d’amour classique, elle décrit également la colère du je envers une femme malade, qu’elle va jusqu’à traiter de « connasse ». Aussi, la narratrice, en perdant pied, va jusqu’à négliger sa fille, dont elle commence même à oublier le visage.

Et puis… quel délice de lire un livre si bien écrit ! Les chapitres sont courts mais percutants. En peu de mot, le temps qui passe se fait ressentir, si bien que malgré le peu de pages du livre, j’ai effectivement eu l’impression que plusieurs années s’étaient écoulées depuis la rencontre de Sarah et de notre mystérieuse conteuse.

Je ne sais qu’ajouter de plus car… Quand c’est bien, c’est bien ! Le livre sort de l’ordinaire, se lit rapidement, l’écriture est fluide. Que demander de plus ?


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Ça raconte Sarah

Ça raconte une rencontre.



Soirée du nouvel an. Des amis sont réunis pour fêter le passage à la nouvelle année. L’ambiance est terne. On se force à rire aux bons mots des uns et des autres, on joue la joie. Une des invités arrive en retard et soudain tout change. Elle apporte avec elle son énergie, sa fantaisie, sa liberté.



« Elle arrive en retard, essoufflée, riante. C’est une tornade inattendue. Elle parle fort, vite, elle sort de son sac une bouteille de vin, des choses à manger, une profusion de trucs. Elle enlève son écharpe, son manteau, ses gants, son bonnet. Elle pose tout par terre, sur la moquette crème. Elle s’excuse, elle plaisante, elle tournoie. Elle parle mal, avec des mots vulgaires qui semblent flotter dans l’air longtemps après qu’elle les a prononcés. Elle fait trop de bruit. Il n’y avait rien, du silence, des rires affectés, des mines cérémonieuses et, d’un coup, il n’y a qu’elle. »



Ça raconte une amitié.



Sarah et la narratrice passent de plus en plus de temps ensemble. Dès qu’elles ont un moment de libre, il faut qu’elle se voient. Soirée cinéma, restaurant, spectacle.



La suite de ma chronique sur le blog : lien ci-dessous
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Ça raconte Sarah

Très belle écriture, dans cette histoire de passion amoureuse dévorante et destructrice. Mais pour ma part, après quelques chapitres auxquelles j'adhérais bien, je me suis lassée : j'avais envie de secouer la narratrice pour qu'elle laisse sa personnalité reprendre un peu le dessus et ai terminé le roman sans être en empathie avec elle.
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Ça raconte Sarah

Ce premier roman d’une jeune documentaliste maman d’une enfant de huit ans est dans la 2e sélection Goncourt 2018. Il est en passe de remporter ce prix prestigieux et c’est vrai qu’il détonne et domine le lot !

D’abord c’est le récit d’une passion amoureuse absolue et mortelle comme le veut le topoï. Ainsi, en plein XXIe siècle, voilà que cette jeune romancière se met à réécrire Tristan et Iseult, Romeo et Juliette, Anna Karénine, Belle du seigneur, Phèdre, Lol V Stein …. Eros et Thanatos, interdit, jalousie, tyrannie, tout y est avec une puissance du verbe qui n’a rien à envier à ses prédécesseurs. Certes, au lieu de Tristan et Iseult, le récit « raconte Sarah » et l’amour fou qui l’unit à la narratrice, amours saphiques qui ne cherchent pas à masquer l’érotisme de cette relation, avant le lent renoncement à la vie de la narratrice après la mort de Sarah. La passion, ce thème mille fois remis sur l’enclume au fil du temps et des contrées du monde est ainsi au cœur de ce récit. Nihil novi sub sole ?

Or ce qui contribue à la magie de ce récit, c’est l’écriture : la phrase est brève, rythmée, nerveuse, précise, « con fuoco », la composition est complexe, organisée autour de deux lieux Paris et Trieste, deux temps, elle semble aussi suivre des mouvements plus difficiles à saisir, ceux la musique, ceux de compositions de Beethoven, de Vivaldi puis de Schubert, entrecoupés de définitions : « Passion, Du latin patior, éprouver, endurer, souffrir…. », « Le soufre est … » , « Latence, … », de citations, Le Songe d’une nuit d’été, Hiroshima mon amour, de diversions ou échos documentaires, « Le film Domicile conjugal est un film français… », le titre même mêle la référence littéraire à l’œuvre du poète Franck Venaille, la familiarité du langage, sa poésie et sa musique par le jeu des assonances et allitérations : ça, ra, Sarah ».

Trouver un extrait à retenir est bien difficile étant donné le brio de cette écriture.

J’ai nettement préféré la première partie du récit, à Paris. Il m’a semblé que la dépression de la narratrice à Trieste rejaillissait sur le texte ! Ce détour vers l'Italie me semble pourtant un vague écho des Petits chevaux de Tarquinia de Duras à laquelle l'auteure fait d'ailleurs fréquemment référence dans le récit. Il me semble que globalement, l'influence de Duras rejaillit beaucoup sur ce premier roman dont on espère qu'il ne sera pas le seul.
Lien : http://www.lirelire.net/2018..
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Ça raconte Sarah

Ne cherchons pas l'originalité de Ça raconte Sarah, premier roman virtuose de Pauline Delabroy-Allard, dans son histoire qui pourrait être résumée en six mots : une passion folle entre deux femmes. Cependant, la primo-romancière publie aux éditions de Minuit un remarquable ouvrage à la langue si finement travaillée qu'elle coule de source, faisant oublier alors le travail des phrases et du rythme qui confèrent à la passion réciproque de Sarah et de la narratrice, une impression de flamme vivante. Tout s'anime, tout s'écoule au fil des pages pour laisser le lecteur pantois et ébranlé.



Passion ardente, définition.



Sarah est violoniste. Elle fait irruption un 30 janvier dans la soirée guindée où est invitée la narratrice et son compagnon bulgare. D'abord, la narratrice est irritée par ce personnage fantasque, grandiloquent et criard, par cette femme mal coiffée, trop maquillée et presque vulgaire. Dans les jours qui suivent, les deux femmes s'écrivent, de plus en plus jusqu'à aller voir toutes les deux un concert à la Philharmonie. Puis elles mangent ensemble, la narratrice emmène son compagnon voir Sarah en concert puis un soir de printemps, l'aveu de Sarah tandis que craque une allumette : « Je crois que je suis amoureuse de toi ». Les jours s'enfilent comme des perles à un collier avec les sorties nombreuses, les ébats, les absences de Sarah, toujours entre deux trains ou deux avions pour ses spectacles et puis le vampirisme, cet amour en siphon quand tout, jusqu'au quotidien de la narratrice, est avalé par la passion. Amour épuisant, jusqu'à plus soif, les deux femmes ressortent brûlées par le retour de flamme. Une passion née dans le soufre qui finit dans la souffrance.

Une fin funeste racontée dans la deuxième partie du roman où règne la présence-absence de Sarah : la narratrice s'exile en Italie laissant derrière elle un fantôme aimé. S'en suit alors la longue remontée d'une femme pour se remettre de ses peines. Voilà, pour le mouvement du roman.



Ça raconte Sarah et donc la musique.



L'auteur ne propose pas qu'un roman à la lecture mais une partition, jusqu'à questionner la synesthésie : voit-elle dans les mots des notes, entend-elle dans les notes des mots, dans la vie de la musique ? Je disais partition car tout au long du roman, croches multiples, noires, blanches pointées ou non et rondes forment dans les mots un phrasé délicieux et pétillants. Vivaldi entre en écho avec les changements de saison, Béla Bartók en pizzicato stupéfie la narratrice, le treizième quatuor de Ludwig van Beethoven tourne en boucle dans l'appartement durant une absence de Sarah perçue comme une Grande Fugue. Une seule chanson qui ne soit pas du violon s'entend au printemps : India Song chantée par Jeanne Moreau. le con fuoco musical devient celui de la passion, jusqu'à bouleverser de manière radicale les habitudes découvertes à la chaleur de l'amour.

Car le livre est sonore. Outre la musique, on entend la voix criante du personnage de Sarah, ses manières choquées au restaurant, son rire tonnerre, ses colères épouvantables et les jouissances, nombreuses, puis, dans la seconde partie du roman les mots italiens, le rire outrageant des méchantes mouettes moqueuses du malheur de la narratrice et le mugissement du vent.

Il est finalement difficile de rendre de manière concrète l'écriture de l'auteur, pour cela il vous faudra lire le livre afin d'avoir une idée des reprises plus lointaines d'une expression, d'un jeu de mot, d'un rythme qui donnent une impression de retour de note et d'un mouvement d'ensemble aussi plaisant pour les oreilles que pour les yeux. L'extrait qui suit n'est qu'un fragment d'une oeuvre en lien avec elle-même.



« Ça raconte Sarah, sa beauté mystérieuse, son nez cassant de doux rapace, ses yeux comme des cailloux, verts, mais non, pas verts, ses yeux d'une couleur insolite, ses yeux de serpent aux paupières tombantes. Ça raconte Sarah la fougue, Sarah la passion, Sarah le soufre, ça raconte le moment précis où l'allumette, le moment précis où le bout de bois devient feu, où l'étincelle illumine la nuit, où du néant jaillit la brûlure. Ce moment précis et minuscule, un basculement d'une seconde à peine. Ça raconte Sarah, de symbole : S. »



Un art consommé du portrait



Pauline Delabroy-Allard est avant tout une styliste. Cela n'a rien d'étonnant dans le catalogue des éditions de Minuit qui comptent depuis leur création des monuments comme Beckett (parlons-en du rythme, chez Beckett), Butor, Chevillard, Duras et j'en passe. Outre ce rythme omniprésent qui formerait presque un opéra, les descriptions de visage et de corps sont établies avec un soin de peintre ou de sculpteur si bien que Sarah prend vie devant nos yeux. Un exemple flagrant est la description qui est faite par la narratrice venue assister à un octuor de Mendelssohn dont voici un court extrait :



« Et puis elle entre, sur scène. Tous, autour de moi, tous, ils applaudissent. Je n'entends rien. Je la regarde. Sa robe longue. L'éclat de ses boucles d'oreilles. La lueur de ses incisives. Mon vampire. Son violon. Son chignon. Son air lointain. Mon souffle destitué. La partition qu'elle ouvre. Ses cils quand elle s'assoit. (…) Son mouvement de menton, et tout bouillonne. Elle est une flamme qui déferle, dans tout l'allegro. Elle bondit, ma sauvageonne, elle saute, elle trépigne, elle fuse. Con fuoco, et ce n'est pas moi qui le dis. Ce n'est plus son violon, c'est elle qui chante. (…) »



Ça raconte Sarah, un roman d'ouïe et de vision. Mais d'odeur aussi et de goût comme le soufre, comme les fleurs, nombreuses, qui viennent pousser par touches, comme les abricots qui jutent sur le menton de Sarah, comme les fraises qui coulent sur le sucre blanc, comme le Spritz noie-misère de Trieste où se réfugie la narratrice triste. Nos sens débordent et notre imagination frétille tandis que l'on entend les musiques jouées et que l'on imagine le suc sucré des fruits mangés. Nous sommes captifs, en somme, du texte.



***



Ça raconte Sarah est ainsi un roman des sens et de la passion où l'amour insatiable pousse à dévorer l'autre jusqu'à l'épuisement. Bien sûr, le style ne fait pas tout et des lecteurs n'accrocheront peut-être pas au récit malgré les phrases ciselées et le rythme envoûtant. Peut-être que, malgré le qualificatif de roman rédigé sur la couverture, aurait-il fallu ajouter : « et long poème en prose ». Toujours est-il qu'à mon sens, nous tenons là une nouvelle voix du roman français et espérons que l'allumette allumée par ce premier livre puisse donner un grand feu.
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Qui sait

Le thème du roman m'avait beaucoup accrochée : Pauline est enceinte et à ce moment charnière de sa vie, elle ressent le besoin de connaître ses origines. En effet, dans sa famille, le passé n'est que très très rarement évoqué, au point qu'elle ne sait même pas d'où lui viennent ses prénoms : Pauline, Jeanne, Jérôme, Ysé. C'est autour de ses trois prénoms que se construit l'intrigue. Chaque partie du roman est constitué de l'enquête qu'elle mène autour des différents prénoms et personnes auxquelles ils renvoient.

J'ai trouvé qu'il y avait toutefois un gros manque de crédibilité sur les bases des recherches. La demande de carte d'identité, le flou sur le nom de sa grand-mère, … à notre époque hyperconnectée, la demande d'un acte de naissance ne prend que quelques jours et la pléthore de documents disponibles en ligne pour constituer son arbre généalogique rend son parcours initial peu cohérent.

Une fois les yeux fermés sur ce petit point négatif, je me suis plongée avec plaisir dans la vie de Jeanne, Jérôme et Ysé et ai partagé les difficultés de Pauline. J'ai compris sa souffrance et la possibilité donnée par cette quête de fuir son quotidien, rendu douloureux par sa perte.

Le dernier chapitre sur Ysé et la pièce de Paul Claudel m'a moins convaincue : ne connaissant pas ce texte, je pense être passée à côté des messages de l'autrice. Malgré tout, je pense que je la lirai !

Ce fut pour conclure un voyage très poétique, en demi-teinte certes mais jalonné de belles rencontres.

Sélectionné pour le Prix Horizon

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Voix françaises contemporaines

Les enfants de Coney Island de Julia Kerninon : c'est l'été dans le comté du Queens à New York, dans un centré aéré, le soir, venu, les parents sont de moins en moins nombreux à récupérer les enfants. Au bout de quelques jours, ceux d'entre eux qui n'ont pas été réclamés sont éloignés de la ville en camion, puis livrés à eux-mêmes. Voila, une fable douce-amère sur l'enfance et le passage à l'âge adulte.



M'en allant promener de Pauline Delabroy-Allard : après une rupture amoureuse, une jeune femme quitte Paris pour se retrouver seule dans la maison que lui prête sa tante dans le sud de la France. Sur place, elle y rencontre Claire, resplendissante de maturité.. L'histoire d'un amour d'été et du réveil de la sensualité.



Une histoire par soir ou de temps en temps de Victor Pouchet : de courtes fables, à la fois poétique et quotidienne comme l'histoire d'un hibou, d'une piscine, d'un arbre ou d'un t-shirt.. pas que réservé aux enfants !



Atmosphère de Mohamed Mbougar Sarr : dans les rues de Buenos Aires, une jeune femme et un jeune homme croisent les fantômes d'écrivains du passé.. un voyage au coeur de l'Argentine et de la nuit.



Quatre nouvelles, quatre textes courts, inédites, envoutants de la nouvelle génération d'auteurs contemporains français. Dans un jolie coffret, quatre petits livre au format poche à emporter partout.. On se laisse vite happer dès les premières lignes de ces minis histoires d'amours, d'hommages, d'aventures, de drôlerie. Une petite nouvelle par jour comme une dose de littérature dans nos quotidiens mouvementés. Ecrits avec simplicité, légèreté, voir poétique. Magnifique édition que Novellix, à découvrir ou à offrir de toute urgence !
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Qui sait

" Quand on commence à creuser alors on creuse toujours, quand on commence à écrire, alors on doit écrire toujours."



Alors qu'elle est enceinte Pauline se fait faire pour la première fois une carte d'identité. Elle se retrouve alors face à ces trois prénoms écrits derrière le sien : Jeanne, Jérôme, Izé. Dans sa famille on ne parle pas du passé, les enfants ne posent pas de questions ou s'ils en posent les parents ne répondent pas. " On est une famille anonyme. On ne sait pas d'où on sort. Nous, moi, mon frère, ma sœur, on grandit dans le blanc." Avant d'être enceinte, Pauline ne s'était jamais posé la question de ses origines mais maintenant il lui faut en savoir plus sur ces trois personnes, " en apprendre plus sur ces personnes dont je n'ai jamais rien su et qui constituent ma famille, cette chaîne dont je suis un chaînon, cette chaîne qui m'enserre, qui me ligote, et qui est brisée... J'ai envie de savoir qui sont ceux dont je porte les prénoms, nous sommes quatre, en réalité, quatre dans la même personne, quatre dans ma tête, quatre dans mon corps."



Elle va découvrir le destin tragique de Jeanne, son arrière grand-mère, partir à Sousse sur les traces de Jérôme homosexuel dans les années 80 et se lancer à la poursuite d'Ysé, héroïne du roman "partage de midi" de Paul Claudel. Mais cette recherche et cette fuite cachent aussi et surtout un drame, un jour blanc du dernier hiver, une enfant sans souffle et une coquille devenue vide, un jour où sa lignée de femmes s'est brisée.



" J'écris pour ne pas faire autre chose. J'écris pour donner une contenance à l'existence. J'écris pour me dire que ça ira. J'écris pour attendre que les jours passent, que la vie passe. J'écris pour occuper mes mains... Plus on creuse et plus il faut creuser encore, creuser plus loin, on ne peut pas faire autrement."



L'auteure veut comprendre qui elle est dans la chaîne des femmes de sa famille "dans l'ombre de ceux qui ont existé avant moi ", esquisser les contours de Jeanne, Jérôme et Izé pour dessiner les siens. La question de l'identité et des origines est au cœur de ce roman mais derrière cette quête d'identité se cache une blessure profonde encore à vif que cette recherche va peut-être aider à cicatriser.



C'est un récit qui mêle fantasme et réalité, Pauline Delabroy-Allard donne libre cours à son imagination débordante, elle nous laisse des images en tête comme celle de Tutu, chat errant malingre recueilli à Sousse qui s'élance sur sa rampe de lancement.

Reprenant dans sa construction les trois questions de Kant "Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m'est-il possible d'espérer ?", ce roman contient des passages très puissants sur l'écriture et la nécessité impérieuse d'écrire "J'écris pour triturer du doigt les blessures de l'existence. J'écris pour savoir qui je suis."

" J'écris pour me défendre. J'écris avec les poings devant, comme si j'avais une bonne garde à la boxe... J'écris pour oublier le bruit de la chair qui frappe la chair inerte pour réveiller la vie déjà partie... J'écris pour laisser des petits cailloux, j'écris pour retrouver mon chemin dans la forêt "

Une magnifique écriture, parfois fiévreuse, pour parler de son jour blanc, tenter de s'en libérer et sortir de l'enfermement qui l'étouffe depuis ce jour d'hiver. Une réussite à la hauteur de son exceptionnel premier roman "Ca raconte Sarah."
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Qui sait

Jeanne, Jérôme et Ysé. Voilà les trois mystérieux prénoms secondaires que Pauline doit porter sur sa carte d’identité. Avant, la question de ses racines ne s’était jamais vraiment imposée à elle. Mais voilà, aujourd’hui, elle est enceinte et tout à coup, tout ceci devient crucial, vital. Comment pourrait-elle élever, guider, son futur enfant si elle ne sait pas vraiment elle-même d’où elle vient ?

Seulement, dans sa famille, les questions dérangent, elles sont intrusives, mettent mal à l’aise et sont évitées, consciencieusement. Qu’à cela ne tienne ! Puisqu’on ne veut pas lui parler, Pauline va enquêter. Elle découvre alors Jeanne, l’arrière-grand-mère que beaucoup pensaient folle; Jérôme, l’ami parti trop tôt, qui l’emmènera de Paris jusqu’en Tunisie; et Ysé, ce personnage de « Partage du midi », une pièce de théâtre de Paul Claudel.



Après le magnétique « Ça raconte Sarah », Pauline Delabroy-Allard nous entraîne sur les chemins de la reconstruction et de la résilience. Sur fond de réflexion sur la puissance et le pouvoir de la littérature et de l’imagination, l’autrice signe un récit intimiste et poignant, à l’écriture fine et précise qui vient confirmer son grand talent pour l’écriture.
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Qui sait

Parce qu'elle a vécu ce « jour blanc » où son enfant est né « sans souffle », Pauline n'arrive plus à reprendre pied avec la réalité.

Au-delà de la douleur inacceptable de la perte de son enfant, elle porte en elle la culpabilité d'avoir rompu la lignée des femmes de sa famille et sombre lentement dans le gouffre du renoncement.

Mais se rendant compte par hasard qu'elle porte trois prénoms sur ses documents d'état civil, elle va se raccrocher à ces trois personnes qui vivaient avant elle et en elle.

En recherchant qui ils étaient et quelle était leur place dans l'histoire de sa famille, elle va lancer des ancres sur les parois de cet abîme qui l'engloutit doucement et trouver des raisons de surmonter son présent brisé.

Car c'est ce passé d'où elle vient qui va l'aider à envisager l'existence d'un avenir.

J'ai été bouleversée par cette femme dans la souffrance et j'ai trouvé le mécanisme de résilience qu'elle met en place autour de ces personnages d'autrefois, singulier et inoubliable.

Un roman troublant et émouvant, une autrice à l'imagination fertile et à l'écriture poétique et une belle histoire de reconstruction qui fait du bien à l'âme.



Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour cette découverte.
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Ça raconte Sarah

La passion amoureuse entre deux femmes, l'éveil des sens, l'éveil à soi mais aussi l'envoutement, cette folie, la confusion et les fantasmes qu'elle provoque... Qu'est ce qui est réel, quel est la part de fantasme quand se termine cette histoire d'amour ?

L'écriture est très poétique, avec des phrases courtes et très rythmées. Coup de coeur !
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Ça raconte Sarah

Imaginez, un lundi matin, une collègue arrive avec ce livre à la main et vous le tend en disant : "Toi qui as vécu à Trieste, j'ai pensé que ça pourrait te plaire". C'est ainsi que Ca raconte Sarah est arrivé entre mes mains.

Ca raconte une histoire d'amour, une histoire d'amour fulgurante, passionnée, à cent à l'heure, une histoire inattendue, une histoire qui vous tombe dessus bam alors que vous ne vous y attendiez pas, une histoire remplie de découvertes et de surprises, un tourbillon de sensations, d'émotions et de sentiments, de l'amour, de la haine, une joie insoutenable, un désespoir infini.

Ca raconte Sarah, Sarah la musicienne, à plusieurs reprises qualifiée de "reine" par la narratrice qui est folle d'elle. Seulement voilà, Sarah n'a pas que des qualités, loin de là ; elle est également capricieuse, colérique, égoïste, parfois vulgaire. Quand la narratrice dit : "Elle est vivante", j'ajouterais volontiers "Et très mal élevée". Et hystérique aussi. Sarah rejoindra le rang des personnages que je n'ai absolument pas trouvés sympathiques.

Ca raconte aussi la narratrice... Elle n'a pas trente ans, une fille en bas âge dont le père est parti, elle est prof dans un lycée. On comprend aisément que la rencontre avec Sarah ait bouleversé sa petite vie plan-plan. On le conçoit encore davantage quand on réalise à quel point la narratrice a une personnalité dépendante, fadasse. Elle non plus, je ne l'ai pas appréciée. Elle se laisse engloutir par la passion, de manière ô combien pathologique, tout disparaît derrière Sarah, même la pauvre petite qui sera désignée par l'odieux terme "l'enfant".

Une dépendante et une capricieuse, joli couple, non?

Mais ce n'est pas tout. Ca raconte aussi un peu Trieste. Somme toute, les allusions à la ville sont les passages qui m'ont le plus touchée. Trieste... Jusqu'au bout, on espère que cette étonnante ville de l'Adriatique soit un lieu de renouveau pour la narratrice, là-bas, au bout du monde, dans ce grand mélange de cultures.

Malgré tout, il serait faux de dire que je n'ai pas aimé cette lecture. J'ai trouvé la fin glauquissime, certes, et les personnages m'ont paru exaspérants. Cependant, l'écriture de Pauline Delabroy-Allard est d'une grande fluidité, on glisse dessus, on passe d'une page à l'autre sans même s'en rendre compte, on se laisse porter par le style. Et ça, ça a fait de cette lecture un moment de plaisir.
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