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Citations de Peter Bichsel (15)


L'homme qui avait de la mémoire

-Peut-être les gens sont-ils obligés de prendre le train parce qu'ils veulent aller quelque part, dis-je.
-Cela non plus ne peut pas être vrai, dit-il, car presque tous ils finissent par revenir un jour ou l'autre, et il y a même des gens qui prennent le train ici tous les matins et reviennent tous les soirs, tellement leur mémoire est mauvaise. " (p. 68)
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L'homme qui avait de la mémoire

J'ai connu un homme qui savait par coeur tout l'indicateur des chemins de fer; la seule chose qu'il aimait c'étaient les trains, et il passait son temps à la gare, à regarder les trains arriver et partir. Tout l'émerveillait : les wagons, la puissance des locomotives, la grandeur de leurs roues, les mécaniciens sur qui grimpent sur leurs machines, et le chef de gare. (...)Il n'allait jamais au café, il n'allait pas au cinéma, il n'allait pas se promener, il n'avait pas de bicyclette, pas de radio, pas de télévision, ne lisait ni journaux ni livres, et s'il avait reçu des lettres, il ne les aurait pas lues non plus. Il n'avait pas le temps, car il passait ses journées à la gare (...) (p. 66)
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Peter Bichsel
Le lit, il l’appelait portrait.

La table, il l’appelait tapis.

La chaise, il l’appelait réveil.

Le journal, il l’appela lit.

Le miroir, il l’appela chaise.

Le réveil, il l’appela album.

L’armoire, il l’appela journal.

Le tapis, il l’appela armoire.

Le portrait, il l’appela table.

Et l’album de photos, il l’appela miroir.
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"Je le sais, dit-il, mais je n'y crois pas, il faut que je fasse l'expérience. "
"j'irai droit devant moi", s'écria l'homme qui n'avait rien d'autre à faire, car après tout, lorsqu'on rien d'autre à faire, on peut tout aussi aller droit devant soi. (p. 10)
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La terre est ronde. Un homme qui n'avait rien d'autre à faire, qui n'était plus marié, qui n'avait plus d'enfants et plus de travail, employait son temps à repasser tout ce qu'il savait. (p. 7)
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Il n'y a que les gens sans mémoire qui prennent le train, disait-il, car s'ils avaient une bonne mémoire, eh bien, ils n'auraient qu'à retenir les heures de départ et d'arrivée, comme moi, et ils ne seraient pas obligés de prendre le train pour faire l'expérience du temps. (p. 67)
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Un matin les laquais lui font de profondes révérences, tous les matins aussi profondes, le roi y est habitué et ne les regarde même plus. Quelqu'un lui tend sa fourchette, quelqu'un lui tend son couteau, quelqu'un lui avance sa chaise, et les gens qui lui parlent disent Votre Majesté et lui adressent un tas de belles paroles, mais il n'y a rien derrière.
Jamais personne ne lui dit : "Espèce d'idiot, espèce d'âne", et tout ce qu'ils lui disent aujourd'hui, ils le lui ont déjà dit hier.
C'est ça, la vie d'un roi. (p. 37)
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L'inventeur

Pourtant il resta sa vie durant un véritable inventeur, car les choses qui existent déjà sont tout aussi difficiles à inventer que les autres, et il n'y a que les inventeurs qui en soient capables. (p. 60)
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L'homme qui ne voulait plus rien savoir (...)

"Ce que je ne veux plus savoir, il faut d'abord que je le sache. " (...)
Mais il faut des mois et même des années pour savoir le chinois, et lorsqu' enfin il le sut, il dit :
"C'est bien, mais je ne sais pas encore assez de choses.
Il faut que je sache tout. Alors seulement je pourrai dire que tout cela, je ne veux plus le savoir. (p. 93)
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L'inventeur
Etre inventeur, c'est un métier qui ne s'apprend pas; c'est pourquoi les inventeurs sont rares; d'ailleurs aujourd'hui il n'y en a plus du tout. Aujourd'hui, ce ne sont plus plus les inventeurs qui inventent les choses, mais les ingénieurs et les techniciens, les mécaniciens, les menuisiers aussi, les architectes et les maçons; en fait, la plupart n'inventent rien du tout.(...)
C'est très important, les inventeurs !
Le dernier est mort en 1931. (p. 54)
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L'homme qui ne voulait plus rien savoir (...)
C'est vite dit.
C'est bien vite dit.
A peine l'avait-il dit que le téléphone se mit à sonner.
Au lieu d'arracher le fil du téléphone-ce qu'il aurait dû faire, puisqu'il ne voulait plus rien savoir, il décrocha et dit son nom. (p. 87)
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L'inventeur

"Pourquoi riez-vous ?" demanda notre homme, mais personne ne répondit; alors il descendit et s'en alla pour les rues, s'arrêtant au rouge et passant au vert, entra dans un restaurant, s'assit et commanda un café, et lorsque son voisin lui dit : "Quel beau temps aujourd'hui", l'inventeur dit :"Aidez-moi, je vous en prie, j'ai inventé la télévision et personne ne veut le croire-tout le monde se moque de moi" Alors son voisin ne dit plus rien. Il regarda longuement l'inventeur, et l'inventeur demanda : "Pourquoi est-ce que les gens rient ? - Ils rient, dit l'autre, parce que la télévision existe déjà depuis longtemps, et qu'il n'y a plus besoin de l'inventer" (p. 59)
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Puis il apprit les nouveaux noms de toutes les choses; en même temps, il oubliait de plus en plus les vrais noms. Il avait maintenant une langue nouvelle qui n'appartenait qu'à lui. (...)
Mais bientôt il eut même du mal à traduire, il avait presque oublié son ancienne langue et il était obligé de chercher les vrais mots dans ses cahiers bleus. A présent il avait peur quand il lui fallait parler aux gens. Il fallait qu'il réfléchisse longtemps pour retrouver comment les gens appellent les choses. (p. 29)
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Puis il fit la liste de tout ce qu'il savait. Il savait les mêmes choses que nous.
Il savait qu'on doit se laver les dents; (...)
Il savait que la lune tourne autour de la terre, et que ce qu'on y voit, ce ne sont pas des yeux et des nez, mais des cratères et des montagnes. (...)
Il savait qu'on doit affranchir les lettres, qu'on doit rouler à droite, qu'on doit emprunter les passages cloutés, qu'on ne doit pas faire de mal aux animaux.
Il savait que pour dire bonjour on se donne la main, et que pour saluer on ôte son chapeau. (...)
Tout ça, il le savait.
Il l'avait lu, il l'avait entendu dire, il l'avait vu au cinéma. il savait qu'au Sahara il y a du sable. Il n'y était jamais allé, mais il avait lu cela dans les livres, et il savait aussi que Christophe Colomb a découvert l'Amérique parce qu'il était convaincu que la terre est ronde.
La terre est ronde, ça, il le savait.
Depuis qu'on le sait, la terre est une boule, et quand on va toujours droit devant soi, on revient à l'endroit d'où l'on est parti. (p. 9)
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Grand-père aussi voulait être dompteur, pour faire enrager tous ceux qui n’attendaient rien de bon de lui, pour faire enrager tout le monde. Il n’en parlait jamais. Sur un petit étang, il élevait des canards. Maintenant il est mort, il buvait trop.
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