- Une libellule en forme d'aiguille à repriser va venir un de ces jours pour te coudre la bouche, le mit en garde grand-mère, avec fermeté.
Son visage avait un modelé parfait. Sa chevelure auburn tombait sur ses épaules. Ses yeux, qui étaient d'une exquise teinte noisette, le regardaient tranquillement. Mais c'était sa bouche, surtout qui fascinait Armand. Il m'est impossible, dit Krasinsky, vraiment impossible, de décrire l'extraordinaire beauté de sa bouche.
Peter Cheyney - La Femme de mes Rêves.
Phil Spectre jugeait le château plutôt à son goût, l'endroit parfait à hanter, pour qui aimait se livrer à ce genre d'activité. Mais il tremblait de peur. Il percevait des voix dans le lointain, comme si... des gens se trouvaient dans les parages.
Certains fantômes ne croient pas à l'existence des êtres humains, mais Phil Spectre avait un point de vue différent sur la question. Dans les Catacombes de Walpurgis, sa grand-mère fantôme lui avait raconté des histoires horribles peuplées d'être humains qui venaient la nuit faire peur aux pauvres petits fantômes. Des gens qui ouvraient les portes, au lieu de passer à travers ; qui montaient ou descendaient les escaliers, au lieu de flotter dans les airs ; des gens qui parlaient, plutôt que de gémir ou de hurler ; qui se promenaient avec des instruments de torture tels que des appareils photos, des magnétophones et des radios, plutôt qu'avec un boulet et des chaînes ; des gens en chair et en os, et non pas des ectoplasmes ou des squelettes. «Mais ne t'en fais pas, mon petit fantôminet, lui avait dit sa grand-mère. Si tu as de la chance, tu ne rencontreras jamais... personne ! »
En cet instant précis, au château de Rougail, Phil Spectre savait qu'il était cerné d'êtres humains. Il chercha un endroit où se cacher.
Il denicha une pièce remplie d'armures et de cottes de mailles. Il lui suffirait de se glisser à l'intérieur de l'une d'entre elles.
Présenter un argument intelligent et bien ficelé n'est pas du grand art. Sentir et comprendre la vérité est un talent supérieur.
Et tandis qu'ils dansaient, Selina sentit que les papillons de lumière qui tourbillonnaient autour d'eux la délivraient de la pesanteur, comme si son cavalier blond et elle évoluaient dans une galaxie d'étoiles en perpétuel mouvement où la seule certitude était cette ronde qui les emportait pour l'éternité.
La robe noire, Alison Prince
Annabelle lisait tellement que c'en était maladif.
Lorsqu'elle n'avait pas un livre posé devant elle, ses yeux cherchaient sans relâche, en quête de papier imprimé, et lorsqu'ils trouvaient enfin, elle se jetait dans la lecture avec l'avidité d'un toxicomane contemplant une nouvelle dose de sa mortelle poudre blanche.
Oui, mais ce serait pire que la pire des fêtes. Son bref passage au purgatoire avait été suffisamment pénible, mais maintenant, c'était l'enfer, le vrai. Et désormais, elle savait précisément ce qu'était l'enfer : avoir tous les livres du monde à portée de main, pour l'éternité, et ne pouvoir en lire aucun.