Lou Starr lisait au lit, le drap remonté à hauteur de la taille. Il avait réglé l'air conditionné sur vingt degrés et le compresseur, dehors, se mit en marche. Il rajusta ses lunettes, tombées sur le bout de son nez, et admira un nouveau parcours de golf de la PGA, Whispering Palms, dessiné par Robert Trent Jones II.
Il toucha, sur la fourrure de sa poitrine, le médaillon de la chaîne en or qu'il portait au cou.
- Tu veux voir le plus beau trou du monde ? demanda-t-il. Il inclina la revue vers Karen, allongée du côté opposé du king size : soixante centimètres de matelas entre eux.
Karen garda le silence. Elle était adossée aux oreillers et le drap, en biais sur sa poitrine, dévoilait la peau très blanche e son épaule ainsi que la courbe d'un sein. Elle regardait un feuilleton sur le Sony à écran plat accroché au mur.
- C'est un par cinq de cinq cent cinquante mètres, le plus long du monde.
Il sourit, s'imagina au départ, face au fairway. Il exécute un ou deux swings de préparation avec son driver Fusion FT-3 et balance la balle à trois cents mètres. Hé, Tiger, fais mieux !
Le deuxième coup de Lou franchit un bunker et un obstacle d'eau... Sur le green en deux swings. Il prépare son putt, fait rouler la balle sur douze mètres en tenant compte de l'inclinaison de la pente : eagle !
Il eut un large sourire, ferma la revue et la posa sur la table de nuit. Il ôta ses lunettes de lecture, les mit sur le magazine et éteignit la lampe.