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Critiques de Peter Watts (144)
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Vision aveugle, tome 1 : Vision aveugle

Quelle expérience de lecture ! J'avais entendu avant même de lire ce roman que celui-ci était en quelque sorte la pierre angulaire des ouvrages de SF traitant de premier contact, de premières rencontres et qu'il était à la fois dense et singulière, mais je ne m'attendais pas à vivre cela ! Même si je n'ai pas tout compris à ce que j'ai lu, loin de là, je ressors particulièrement satisfaite et fascinée par cet auteur de Hard Science qui aura su me séduire sur deux ouvrages très différents.



En effet, cette année avec cette édition, Le Bélial' nous offre de redécouvrir l'oeuvre phare de Peter Watts. L'an dernier, ils nous avaient déjà proposé avec Eriophora, une novella de hard sf particulièrement accessible, des réflexions très pertinentes sur notre rapport aux I.A. et à l'industrie du travail, mais il est question de tout autre chose ici. Cependant, l'éditeur avec l'esthétisme qu'on lui connaît nous offre une belle édition augmentée, d'un roman déjà paru il y a une dizaine d'année, avec à nouveau une couverture du plus bel effet signée Manchu.









Alors que contient ce texte que je tarde à vous présenter : il représente tout ce que j'aime (ou presque) de la SF, c'est-à-dire une histoire, dense, complexe, qui fait énormément réfléchir et en même temps des personnages profondément humains qui vivent une expérience totalement inimaginable. Tout commence lorsqu'une drôle de pluie s'abat sur la Terre du futur, les terriens s'aperçoivent alors qu'ils viennent en fait d'être pris en photo par une autre intelligence. Ils décident donc d'aller à sa rencontre mais ne sachant à quoi s'attendre, ils envoient cinq ambassadeurs : Siri Keeton un homme à qui il manque la moitié de son cerveau ce qui le rend inapte aux émotions et observateur parfait, Jukka Sarasti un vampire ressuscité par le génie génétique et personnage très mystérieux, Susan James une linguiste schizophrène ayant de nombreuses personnalités qu'on appelle le Gang, Amanda Bates la militaire du groupe qui tient sous sa coupe des robots guerriers et Isaac Szpindel un biologiste au corps modifié pour pouvoir s'interfacer aux machines. L'auteur nous embarque donc à leur côté pour aller à la rencontre de cette espèce qui semble s'intéresser à nous.



La plume de Peter Watts, comme dans Eriophora, se veut d'emblée accrocheuse, fluide et simple à la fois, elle nous fait rencontrer dans un premier temps son drôle de narrateur : Siri, de manière très simple. On se dit alors qu'on va suivre une aventure pleine d'allant et pas trop compliquée à suivre. C'était mal le connaître, car sous cette apparente simplicité se cachent des concepts qui vont peu à peu venir fournir sa réflexion et nous mettre, nous lecteurs, sur orbite !



Le récit mêle passé et présent, découverte de cette Terre augmentée, de la vie à bord et des manoeuvres faites pour rencontrer cette nouvelle espèce qui s'est manifestée à nous. Les premiers temps sont plaisants, on découvre une évolution possible de notre humanité faite de personnages augmentés et de créatures issues de notre bestiaire de monstres à qui on donne ici une existence et une évolution crédible. Puis peu à peu, on bascule dans le récit de la vie à bord où l'on découvre les particularités de chacun et un brin de leur passé parfois. C'est fort plaisant. Cependant, l'auteur prend un peu trop son temps et il noie légèrement le lecteur sous des pages et des pages qui auraient mieux fait d'aller droit au but car elles apportent peu au récit. Heureusement, il en est parfaitement conscient et corrige ce défaut dans la seconde partie.



En effet, à partir du moment où Peter Watts décide de prendre le taureau par les cornes et de s'intéresser vraiment à cette espèce extraterrestre à la rencontre de laquelle on va, le récit devient bien plus nerveux et proprement fascinant. Il manie alors des concepts pointus aussi bien en rapport avec les voyages dans l'espace, le fonctionnement du vaisseau et des habitants à son bord, qu'avec de la philosophie, de la neuroscience ou de la biologie expérimentale. Ça pousse le lecteur dans ses retranchements, ça l'oblige à être hyper attentif pour tenter de suivre et comprendre ce que l'auteur cherche à développer sous ses yeux sur la conscience de soi et l'intelligence, sur la forme d'existence que sont les Brouilleurs, sur la biologie des Vampires, sur la réalité des personnalités multiples, sur la vie en tant que personne câblées, sur la condition humaine en fait. C'est très riche et complexe, parfois on se perd, mais c'est ce qui rend le titre encore plus marquant.



Comme le dit lui-même l'auteur, souvent quand il est question de Premier contact dans la fiction, on se retrouve au final avec quelque chose d'assez stéréotypée. Ici, ce n'est absolument pas le cas. En s'appuyant sur son imagination mais également sur des échanges avec des scientifiques dans différents domaines, l'auteur est le premier et le seul pour moi à vraiment écrire quelque chose d'original et de dépaysant. Il a réussi à imaginer des êtres à la fois intouchables, inimaginables et monstrueux dont le système de pensé, de communication et de création même n'a rien à voir avec le nôtre, mais à un niveau tel qu'on se triture vraiment le cerveau à suivre. Il couple en plus cela avec des réflexions vraiment très profondes de son héros, le grand observateur de la mission de part sa particularité, sur la conscience, l'intelligence et l'existence. On a donc l'impression d'être à la fois dans un ouvrage de science pointue et futuriste et dans un ouvrage de philosophie ultra fouillé. C'est remarquable.



Saluons en plus l'édition superbe du Bélial' qui nous offre une préface d'eux-même et de l'auteur, une postface de celui-ci avec ses références, des parties introduites par des illustrations à l'ambiance parfaite et une courte nouvelle pour prolonger l'univers. Top !



Alors bien sûr, il faut s'accrocher. Bien sûr, je ne suis pas sûre d'avoir tout saisi ni compris. Bien sûr, cela nécessitera une nouvelle lecture. Mais rien que pour le vertige et la frayeur que j'ai ressenti avec cette rencontre hors du temps et de l'espace, j'ai envie d'y retourner !
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Vision aveugle, tome 1 : Vision aveugle

Alors, c'est toujours compliqué de s'attaquer à un livre qui est encensé par la majorité des lecteurs! J'ai apprécié l'introduction de l'auteur, il a de l'humour et connaît les défauts de son roman. Pour ma part, j'ai trouvé l'histoire assez brouillonne (rigolo quand l'auteur parle de brouilleurs 😁). J'ai franchement une impression de flou en refermant ma liseuse. Je n'ai pas détesté, mais je n'ai pas été happée par l'histoire. J'ai failli abandonner au 2/3 du livre, mais il y a un un petit je ne sais quoi qui m'a fait tenir jusqu'au bout. Bref, a vous de vous faire votre propre opinion. Bonne lecture !
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Vision aveugle, tome 1 : Vision aveugle

Imaginez que vous êtes un lecteur de Peter Watts.

Vous relevez la tête de « Vision aveugle » dans une résurrection atrocement douloureuse, cherchant votre souffle après une apnée de lecture record de plusieurs heures. Vous sentez votre sang, épaissi par des trucs et des machins, se frayer un chemin dans vos extrémités, entraînant une cavalcade de fourmis. Votre cerveau enfle en supernova : les vaisseaux sanguins se dilatent, les neurones appellent leur maman, vos yeux essaient de scruter l’espace entre les atomes, vos oreilles entendent enfin le téléphone qui sonne depuis plusieurs minutes. Vos articulations se sont grippées à force de ne pas servir. Vous êtes un homme-lecteur, figé dans la position « le livre est fini ».

Vous épouseriez l’auteur, si vous étiez plus jeune.

Vous tentez d’allumer la lumière avec vos implants, puis vous vous souvenez que vous n’avez pas d’implants. Votre cerveau est entier, aucune autre personnalité ne vous interpelle. Vos yeux se posent sur le coin de la table, sans réaction : vous n’êtes pas un vampire. Dehors la nuit est tombé, et une inspection rapide des constellations vous apprend que vous êtes toujours chez vous sur Terre. Pas de BDO à proximité.

Une question vous taraude : la lecture de Peter Watts a-t-elle augmenté la souplesse de votre intellect ? Peut-on placer « protocadhérine » au Scrabble ? Qu’est-ce qu’on mange ? Où est le chat ?

Petit à petit, la réalité reprend sa place. Enfin, votre perception de la réalité. Plutôt, ce qui vous semble être votre perception non augmentée de la réalité. Bien que réalité soit un mot subjectif et relatif : peut-être êtes-vous en train de vivre un rêve, à moins que vous ne soyez drogué ?

Après une longue inspiration et une très longue expiration, vous prenez conscience de partir en vrille. Le roman était bien, mais il faudrait voir à se calmer.

Une conclusion s’impose cependant : grâce à un vampire, à un vaisseau rempli de phénomènes de foire et à une horde d’envahisseurs extraterrestres, vous êtes redevenu humain. Si seulement vous êtes humain. Si seulement vous êtes conscient.

Mais, ça, je ne peux pas vraiment vous dire, de toute manière.

Il va juste falloir que vous vous imaginiez dans la peau d’un lecteur de Peter Watts.

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Vision aveugle, tome 1 : Vision aveugle

Vu la réputation de l'ouvrage, j'avais hâte de commencer cette réédition du plus célèbre des livres de Peter Watts - dont j'avais apprécié le récent Eriophora. Hélas, cette fois j'ai dû abandonner ma lecture à un peu plus de la moitié (à la page 275 précisément) car Vision aveugle est de ces livres exigeants qui requièrent un engagement fort du lecteur. Une lecture trop chaotique et espacée dans le temps ne m'a pas aidé à entrer dans cette histoire, et surtout à y trouver un grand intérêt, d'autant que le ton général de ce roman de hard SF est largement désabusé, et que le narrateur Siri Keeton est un personnage assez cynique - ce qui ne me déplaît pas d'habitude, mais a pu m'agacer ici.



Pourtant j'ai globalement aimé ce que j'ai lu : déjà, la traduction de Gilles Goullet est excellente, alors que le défi était de taille pour rendre les nombreuses allusions et jeux de mots ; ensuite, la galerie de personnages est assez passionnante à suivre ; enfin, les allers-retours temporels sont assez captivants et permettent de découvrir le passé de chacun graduellement.



En fin de compte, ça n'était juste pas le bon moment pour que j'entame cette lecture, et j'y reviendrai certainement dans les mois qui viennent pour aller au bout de cette histoire. Pour le coup, pas de note !
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Vision aveugle, tome 1 : Vision aveugle

Sombre mais passionnant. Sombre dans le style, le fond, la psyché des personnages. C'est une vraie expérience de la conscience, de ses mécanismes et de ses possibilités. Ca met une frappe, pour qui sait passer outre le style un peu dur de l'auteur. J'avais lu la précédente édition, mais cette lecture-ci m'a davantage plu, dans doute parce que je me suis familiarisé avec l'auteur.
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Vision aveugle, tome 1 : Vision aveugle

Un grand roman de SF.



Le cadre est celui d'un premier contact, un vaisseau envoyé à la rencontre d'entités extraterrestres. Extraterrestres dont la nature n'est pas, mais alors pas du tout, celle de "petits hommes verts" ! Face à un équipage pour le moins inhabituel : le narrateur, au cerveau amputé, une militaire qui pilote une armée de robots, une linguiste dont le cerveau contient plusieurs personnes, un biologiste dont les sens ont été modifiés pour s'interfacer avec ses outils, et… un vampire. Tous évoluant dans une ambiance loin d'être rassurante.



Le cadre du roman est assez restreint, il y a peu de personnages, guère plus que les cinq membres d'équipage qui ne comprennent pas bien ce qui se passe… Mais avec un tel foisonnement d'idées que cela ne laisse place à aucun temps mort. L'intérêt réside autant dans l'exploration d'une réalité radicalement différente de ce à quoi nous sommes habitués que dans l'exploration des capacités du cerveau humain, que Peter Watts pousse assez loin avec sa réflexion sur la conscience, l'intelligence, la perception, le transhumanisme, etc.



Et il y a des trouvailles vraiment excellentes, comme l'explication scientifique des vampires ou la technique de camouflage des entités extraterrestres.



Le "making of" en annexe, où l'auteur explique quelques idées et cite les études scientifiques qu'il a extrapolées, est un vrai plus (…et les études citées mises en regard du roman fournissent de bonnes raisons de s'inquiéter pour notre lointain avenir !)



En conclusion, un roman exigeant, dense, pas vraiment pour les débutants, mais qui est prenant, d'une grande richesse et dont les idées sont fascinantes.

La nouvelle en fin du volume, qui n'a qu'un lien faible avec le roman, est aussi de bonne qualité et élargit le champ de la réflexion.





(Je précise que j'ai reçu ce livre dans le cadre de Masse critique ; je remercie donc Le Bélial' et salue au passage ce beau travail d'édition.)
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Vision aveugle, tome 1 : Vision aveugle

Il est des conseils de lecture improbables qui conduisent parfois à des pépites. Lorsqu’il y a moult années, entrant dans une librairie je demande au vendeur un livre avec un « vrai vampire, pas un machin à paillettes » et surtout sans romance, pourquoi celui-ci a choisi Vision aveugle de Peter Watts (en version poche) alors qu’il s’agit de pure SF, et non de fantastique ou autres genres plus couramment fréquentés par les bipèdes hématophages ? Nul autre que lui ne le saura, mais qu’il en soit une fois de plus remercié à l’occasion de la réédition de ce chef-d’oeuvre exigeant, mais ô combien plaisant à relire !

Si vous ne connaissez pas Peter Watts, allez donc relire ce que j’ai déjà dit sur son recueil de nouvelles ou son court roman récemment parus. Si vous cherchez une lecture « feel good » et d’accès facile, passez votre chemin : Vision aveugle n’est pas pour vous. Ce huis-clos spatial et cette histoire de « premier contact » abordent une multitude de thèmes riches et jouent avec des concepts passionnants mais ses personnages terriens sont tous des éclopés de la vie. Que ce soit le narrateur, Siri Keeton qu’une opération cérébrale a rendu inapte à l’empathie (comme la Mila Vasquez de Donato Carrisi), le chef de l’expédition – le vampire demandé – survivance d’un passé rappelé pour ses capacités intellectuelle, la linguiste aux personnalités multiples, la militaire de carrière et le biologiste passant plus de temps conscients dans leurs machines que dans leurs propres enveloppes corporelles), tous sont inadaptés à la vie en commun et pourtant ils vont être confrontés à l’inconnu : une race extra-terrestre au fin fond du système solaire. Sont-ils vivants ? Intelligents ? Conscients ? Menacent-ils l’espèce humaine et la survie sur Terre ? Ils devront répondre à ces questions et se faisant s’interroger sur leurs propres humanités et sur l’(in)intérêt de la conscience dans l’évolution et la survie de l’espèce.

Pour autant Vision aveugle n’est pas un conte philosophique ni une longue introspection. S’il manipule de nombreux concepts (aussi bien en terme d’exploration spatiale, de biologie que de neuroscience ou de religion, mais également l’intelligence artificielle et les différentes variations du transhumanisme), et s’il faut donc présenter les différents concepts pour le lecteur, c’est surtout un roman bourré d’action. De par sa fonction de « chambre chinoise » au sein de l’équipage, Siri Keeton est le mieux placé pour présenter les différents concepts et les expliquer. Mais même ses différentes remémorations sur sa vie avant l’expédition ne coupent pas le fil de la lecture. Et certaines de ses remarques ou des lignes de dialogues sont cyniquement drôles ce qui apporte en plus un peu de légèreté dans un texte dense. Notons que cette nouvelle édition est richement illustrée et propose également une nouvelle, Les Dieux insectes, pendant terrien à certaines des interrogations de l’équipage (même si Echopraxie est le roman racontant les événements qui se sont passés sur Terre durant le voyage du vaisseau et sa rencontre avec l’inconnu). Elle dispose également d’une préface et d’une postface de l’auteur pour celles et ceux qui veulent en savoir plus sur les concepts présentés dans le roman. Et est donc moins aride que ma vieille édition parue à l’époque chez Pocket.
Lien : https://www.outrelivres.fr/v..
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Vision aveugle, tome 1 : Vision aveugle

Malgré un emploi du temps plus que chargé, j’ai dévoré ce livre incroyable en quatre petites soirées, et si je n’avais pas eu d’obligation professionnelle et familiale, j’aurais surement fait une nuit blanche pour le lire d’une traite. C’est vertigineux d’intelligence (les thématiques, l’écriture, les extraterrestres), c’est prenant (comme un thriller ou un survival), c’est audacieux (le coup des vampires). Vision Aveugle est tout simplement la plus grosse claque que j’ai pris un lisant de la SF. Un livre superbe (beau travail d’édition) qui va trôner dans ma bibliothèque en attendant une prochaine relecture (et il y en aura croyez-moi) pour continuer de se révéler tant il est profond et incroyable.
Lien : https://blogconstellations.h..
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Eriophora

En 2018, j’ai de Peter Watts : Au-delà du gouffre. Et j’avais particulièrement apprécié les nouvelles L’Île, Éclat et Géantes — qu’il vaudrait mieux lire dans l’ordre Éclat, Géantes, L’Île — espérant que l’auteur développe d’autres fictions dans cet univers. C’est chose faite. 9 ans après l’écriture de L’île, Peter Watts reprend son faiseur de porte des étoiles et son équipage et signe un cours roman dans cet univers très particulier.



Je ne pouvais que me précipiter dessus pour le lire. Était-ce vraiment une bonne idée ? J’en attendais peut-être trop.



Heureusement, il est court. Car il y a des zones qui m’ont paru brouillonnes. Plus extraordinaire, et je ne pensais pas écrire cela un jour, certains personnages pas assez fouillés, trop superficiels. Il est trop difficile de bien percevoir leurs motivations. J’ai failli abandonner ma lecture en plein milieu... c’est dire !



Donc, l’éditeur peut avoir placé sur le livre un bandeau où il est écrit « un délice de hard SF » , ça n’en fait pas un chef-d’œuvre.



En bref : Sans le dézinguer, je n’irais pas jusqu’à l’encenser et le recommander. Les trois nouvelles publiées dans Au-delà du gouffre m’ont ouvert l’appétit et ce cours roman me laisse sur ma faim. Et pour tout dire, j’hésite à continuer l’exploration de l’œuvre de cet écrivain.
Lien : http://livres.gloubik.info/s..
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Eriophora

A conseiller pour les connaisseurs de science fiction qui ont tout lu et veulent faire une expérience radicale. L𠆞riophora est parti de la terre depuis 60 millions d𠆚nnées, piloté par une intelligence artificielle appelée Chimp, avec un équipage de 30 000 humains en hibernation que Chimp réveille avec parcimonie quand il a besoin d𠆚ide. Et vous pensez que tout ce petit monde va cohabiter de façon harmonieuse ?



La narratrice, Sunday, nous fait visiter le vaisseau au cours de ses réveils. Elle entretient une relation de confiance avec Chimp, ce qui est idéal pour être en immersion au sein du vaisseau. Chaque chapitre est un réveil avec un problème particulier à résoudre, et le mystère est entretenu jusqu’à la fin. C𠆞st plutôt prenant même si les explications restent souvent abstraites, au point qu’une partie du message est passé sous ellipse. Je crois qu’il faut accepter de ne pas tout comprendre et se laisser ravir par le côté alien de l𠆞xpérience.

Un très bon point pour beaucoup de concepts originaux, un mauvais point pour certains côtés abscons.
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Eriophora

Je ne connaissais pas Peter Watts et je le découvre donc avec ce roman de SF un peu spécial, déroutant. Tout du long, l'ambivalence de la relation homme (spore) / machine (l'IA du vaisseau-astéroïde-colonie) est superbement retranscrite.

L'auteur prend un peu le temps de planter le décor et de nous présenter la situation dans laquelle se trouvent les protagonistes de l'histoire. C'est parfois décousu, un peu abstrait, mais pour ma part je m'y suis fait assez volontiers. En tout cas, ça m'a sorti de ma zone de confort !

l'intrigue m'a semblé un peu facile au départ, mais en fait pas tant que ça. Sans rien divulguer, là où Watts aurait pu traiter le "problème" de manière tout à fait classique, il prend des chemins de traverse vraiment originaux.

La fin m'a réellement enthousiasmée.



Alors oui, tout du long l'ambiance qui se dégage du livre n'est pas hyper joyeuse, ça sent l'humain confiné-désabusé-endoctriné. N'empêche que l'humour cynique du personnage principal - et narrateur - m'a fait sourire.



La narration est quelque fois un peu chaotique par contre. Le message caché dans le texte est parfaitement dispensable et sa recherche alourdit considérablement la lecture, j'ai vite arrêté.



Au final un bon livre, qui m'a donné envie de lire autre chose du bonhomme.
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Eriophora

Quand je m'inscris à Masse critique, je postule parfois pour des romans qui me sortent de ma zone de confort. Celui-ci en est l'exemple. Certes je suis assez férue de science fiction, mais plutôt des uchronies, des romans qui imaginent le futur avec les travers et les exagérations de notre génération. A part Star Wars, je ne suis pas très portée sur les vaisseaux spaciaux.



Alors là quand j'ai relu la 4ème de couverture indiquant que j'allais faire un voyage dans de la hard SF, j'ai eu un doute...Cet univers est-il pour moi ? Suis-je faite pour cet univers ?



Eh bien oui. En tout cas pour ce roman. Malgré sa brièveté (200 pages), on plonge dans l'univers quasi infini. On ne parle plus en minutes ni en vies humaines, mais en phases d'éveil entre des éternités de mise en sommeil.

Une immensité spacio-temporelle qui donne véritablement le vertige.

Et un interprétation de la relation humain / intelligence artificielle très fine et poussée. Et comment lorsque l'on est humain on appréhende l'infini : emprisonnement ou liberté ultime ? Cela pourrait être un beau sujet de dissertation pour le bac...



Je suis certes sortie de ma zone de confort, mais je suis ravie d'avoir fait ce voyage qui est l'opposé exact de notre vie actuelle confinée/finie.



Belle découverte pour démarrer mon millésime littéraire 2021.



Alors, faut-il le lire ? Oui. Ouvrons nos chakras littéraires. Le monde est si vaste. Il serait dommage de se créer des frontières imaginaires...
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Eriophora

Personnellement je suis un grand fan de sciences-fiction mais là je suis déçu. On est plus dans une critique de la société confinée au vaisseau spatial. On parle pas des bâtisseurs des portails.



On parle de sciences physiques mais aussi côté social
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Eriophora

Je suis une fan de SF et donc, quelques dizaines de livres de ce genre à mon actif. Il est très rare que je sois très déçue d'un livre mais là, c'est le cas. J'ai eu beaucoup de mal à m'attacher aux personnages et principalement à Sunday, l'héroïne principale. La description de l'univers où évolue les protagonistes me paraissait floue. J'avais vraiment l'impression d'avancer dans le brouillard. Il n'y avait pas d'espoir dans ce roman, de lumière au bout du tunnel. J'ai failli abandonner la lecture en cours de route, mais j'ai tenu bon, en vain. De dépit, je me suis jetée sur un feelgood roman pour me changer les idées!!
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Eriophora

L'Eriophora, l'espèce transmarina plus particulièrement, est une petite araignée de moins de trois centimètres de long qui tisse, la nuit, près des sources lumineuses, de grandes toiles de soixante-dix à cent vingt centimètres. Un nom approprié pour ce vaisseau-astéroïde géant en forme d'arachide de quatre-vingt dix kilomètres sur son grand axe et soixante-neuf sur le plus petit (l'échelle est donnée dans un dessin qui figure dans les premières pages), dont la mission est de mailler toute la galaxie en tissant un réseau de trous de ver accrochés à des portails déposés à proximité d'étoiles, ou même de trous noir.



Petit problème, sa vitesse quoique relativiste, est limitée à vingt pour cent de celle de la lumière. Ce qui met l'étoile la plus proche à, au moins, vingt années de navigation, et le premier tour ne pourra se boucler en moins de un virgule sept millions d'années (ce n'est pas vraiment dans le bouquin mais si on compte que la voie lactée fait cent six mille années-lumière de diamètre, en multipliant par trois quatorze puis par cinq, c'est un chiffre qui paraît raisonnable - ou totalement déraisonnable). Autant dire que ce voyage au long court s'éternise vraiment. L'action de ce bref récit se développe (si j'ose dire) pendant le soixante-sixième million d'années.



La boucle a été bouclée une bonne trentaine de fois (précisément trente-deux) et l'équipage humain, ou presque humain, transhumain certainement, estime que l'Intelligence Artificielle, le Chimp, qui est chargée de toutes les taches de bord et de la construction des portes des étoiles a une tendance à les sacrifier un peu trop facilement. Sans être aussi expéditif qu'HAL 9000 qui prend la décision de se débarrasser de tout l'équipage alors que le Chimp, à ce moment du voyage, n'en a encore exterminé que dix pour cent, on retrouve un peu la problématique de 2001, l'Odyssée de l'espace mais diluée sur des éons.



Le temps est fondamental dans l'histoire. L'équipage est préservé dans un état de quasi mort et n'est ressuscité que lorsque se présentent des problèmes demandant de l'intuition et un peu plus de jugeote que celle dont dispose l'IA de bord. Voilà où réside tout le sel de l'intrigue : comment organiser une révolte quand on ne peut être actif que quelques jours par millénaire, ou par centaine de milliers d'années. le titre anglais "the freeze-frame revolution" est plus explicite quoique difficilement traduisible. Sans compter que l'IA a des yeux et des oreilles partout, y compris dans la tête des comploteurs (transhumanisme oblige). Autre détail gênant, peut-être n'est-elle pas aussi limitée que prévu.



Il y avait bien longtemps que je n'avais été autant accroché par un texte, depuis les nouvelles de Greg Egan, mais pas pour les mêmes raisons, ceci dit. Celui-ci est plus facile d'accès parce qu'il est beaucoup plus subjectif. Les six chapitres sont comme le journal intime de Sunday Ahzmundin, la narratrice et principale héroïne. Il ne faut pas s'attendre à un flot de détails sur la psychologie de ses compagnons de voyages qu'elle ne côtoie que quelques heures ou au mieux quelques jours, par ci, par là, au long des millénaires ; et moins de détails encore sur le fonctionnement du vaisseau qui, pour elle, est tout aussi évident qu'au personnage auquel est destiné le texte (autrement dit, pas nous, lecteurs et lectrices qui tournons les pages du livre, ni même les autres membres de l'équipage humain quoique ces derniers sont censés pouvoir le lire puisqu'un message codé qui leur est destiné est caché dedans - certaines lettres sont en rouges dans l'édition papier et en gras dans l'édition numérique). On est plus dans l'exposé succinct d'un ressenti avec quelques touches bien choisies qui permettent d'imaginer le décor. Un gain appréciable dans la dynamique du récit, qui est peut-être de la hard science, mais qui, surtout, est de la science fiction, de la vraie ! de la bonne ! (personnellement, je ne crois pas qu'au-delà de la nouvelle - au pire de la "novella" - on puisse écrire quelque chose qui porte ce nom sans honte).



Un moment, je me suis demandé s'il fallait écrire cette chronique avant de lire les trois autres textes qui appartiennent au cycle de l'Eriophora et se trouvent dans le recueil Au-delà du gouffre acheté d'enthousiasme après la lecture d'un autre livre paru aux éditions le Bélial' : Comment parle un robot ? Finalement pas nécessaire mais la nouvelle Éclat, par exemple, donne quelques renseignements supplémentaires sur les mobiles de ceux qui ont lancé l'opération (et laisse espérer un space opera militaire des plus bizarres dont quelques bribes sont laissées en filigranes dans la nouvelle Géantes). La nouvelle L'île, permet de se rendre compte qu'un milliard d'années après son lancement, l'Eriophora continue à essaimer dans la galaxie...
Lien : https://rifters.com/real/sho..
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Eriophora

Attiré par les nombreuses critiques positives sur Babelio, j'ai enfin découvert Peter Watts à travers ce roman/novella paru récemment. Et je ne regrette pas le voyage !



Mais attention, si certains lecteurs décrivent Eriophora comme de la hard SF "accessible", personnellement je mets de gras guillemets sur cet adjectif. Ne vous attendez pas à un récit ultra-intimiste à la Spin de Robert Charles WIlson, mais plutôt à quelque chose comme le Latium de Romain Lucazeau... c'est-à-dire un roman où le vocabulaire technologique (et un peu geek) a toute son importance, avec une immersion immédiate dans un univers bien particulier.



Inutile ici de raconter encore une fois l'histoire proposée par Peter Watts, qui s'amuse à imaginer les conséquences humaines et machiniques de notre volonté d'explorer et de coloniser l'espace. Eriophora nous plonge tout de suite dans une ambiance unique, feutrée et inquiétante, et aborde beaucoup de thèmes qui auraient pour certains mérité un développement plus ambitieux : le rapport au temps quand on passe des milliards d'années "en sommeil" pour être ensuite affecté à une mission, l'atavisme tribal et primal chez l'humain, la possibilité d'une révolte quand tout paraît verrouillé, l'éventualité d'une relation humain/machine sans calculs, etc., etc.



On passe donc un très bon moment malgré quelques réserves. Et mention spéciale au boulot du Bélial' sur ce titre, avec une couverture de Manchu superbe, de beaux rabats, des illustrations de chapitres hyper réussies, et un marque-page à l'image de la couv inséré. Une belle découverte, qui va me hanter quelque temps.
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Eriophora

Avec sa superbe couverture signée Manchu, Eriophora m'a de suite tapée dans l'oeil, mais mes dernières expériences avec la Hard Science me faisait un peu craindre le pire avec un auteur aussi réputé que Peter Watts. Mais les premières chroniques en parlant comme quelque chose de tout à fait abordable m'ont rassurée et je remercie Le Bélial' pour cet envoi et leur confiance qui m'a permis de le lire et de vous en parler.



Eriophora, c'est d'abord un très bel objet livre proposé par Le Bélial' qui décidément sait gâter ses lecteurs. Dans un format entre poche et grand format, sur une reliure souple à rabat, se déploie la superbe illustration de couverture de Manchu où l'on peut admirer le vaisseau-astéroïde que nous allons suivre ainsi que l'un des portes qu'il construit. L'intérieur est composé 6 chapitres commençant toujours par une illustration métaphorique relatant ce qu'il s'y passe, et clairement le choix de la maquette m'a vraiment plu. C'est un détail mais le choix pour l'écriture des numéros des pages m'a paru judicieux et j'ai aimé le jeu auquel se livre l'auteur à l'intérieur de sa propre histoire.



Cette histoire, c'est celle d'un bâtisseuse, une femme qui a été formée et s'est embarquée sur un vaisseau-astéroïde dont la mission est de bâtir sur des millions d'années des portes des étoiles, des portails ayant pour but de devenir des autoroutes célestes. Mais ce n'est pas la construction de ces portails que nous allons suivre. Non, l'auteur nous offre une plongée au sein de la vie à bord de ce drôle de vaisseau où à chaque réveil l'héroïne relève quelque chose d'intrigant qui la pousse à s'interroger sur la vie à bord.



Je sais que certains n'ont pas aimé, pour ma part, j'ai adoré le rythme très lent du récit. Il m'a parfaitement fait ressentir la très très longue durée de cette mission. J'ai aimé ce sentiment de lire une suite de nouvelles se déroulant dans le même univers, avec la même héroïne, et dans lequel on dégage peu à peu un fil conducteur. La narration est très bien menée rendant le récit de plus en plus immersif. On plonge petit à petit dans les méandres de la vie à bord et tout ce que cela implique. C'est très mystérieux, un brin sombre et morose, collant parfaitement à la mission dans laquelle ils se sont tous engagés.



Parlons-en de cette mission, c'est vraiment de l'esclavagisme moderne voire pire, puisque l'on suit quand même des gens qui ont été créés (?) ou du moins formatés pour accepter ces horribles conditions de travail que l'on découvre au fur et à mesure. C'est glaçant et fascinant. La mission nous apparaît en plus comme totalement absurde au fur et à mesure de son avancement au vu de l'absence d'échanges avec ceux restés sur Terre. C'est une mission sans voie de retour qui n'a pas été sans me rappeler celle d'Ulysse parfois, puisque comme lui l'équipage à bord doit affronter son lot d'inattendu.



Comment vivre alors à bord ? L'héroïne, Sunday, semble tout d'abord totalement résignée, subissant son sort sans même s'en rendre compte, ce qui est assez déprimant. Mais il suffit d'un mot, d'une rencontre pour tout faire basculer. Le récit rentre alors dans une dimension thriller qui m'a beaucoup plu, où d'un côté on s'interroge sur l'origine du mal en quelque sorte et sur celui qui fait perdurer voire péricliter le système, et de l'autre on assiste à la résistance que vont mettre en place les humains à leur échelle. Passionnant.



Eriophora est donc un récit à tiroirs où ceux-ci s'emboîtent parfaitement au fil des chapitres. On plonge de plus en plus profondément dans le fonctionnement de ce drôle de vaisseau aux côtés d'une héroïne atypique qui a du mal à trouver sa place entre sa fascination pour Chimp, l'I.A. faisant fonctionner le vaisseau, et son désir de rester soudée avec ceux de son espèce et de les soutenir. C'est un vrai titre d'ambiance, une ambiance lourde et calfeutrée, voire étouffante où un mal étrange rode contre lequel il va être dur de lutter. Cela n'a pas été sans me rappeler des textes comme 2001 l'Odyssée de l'Espace, bien sûr, mais aussi d'autres récits de vie à bord de vaisseaux ou d'autres récits de travailleurs besogneux dans l'espace.



En ce qui me concerne, j'ai beaucoup aimé cette courte lecture pourtant assez dense où finalement le décor hard science fut effectivement tout à fait abordable car vulgarisé par l'auteur pour les novices comme moi. J'ai été bien plus emportée par la trajectoire de Sunday et les réflexions que cela pousse à avoir sur notre rapport aux I.A. mais également à l'industrie et au travail, qui furent pour moi le coeur de ce récit. Cette lecture fut donc un petit coup de coeur !
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Eriophora

L’Eri (son petit nom) est un astéroïde de plusieurs kilomètres dont une partie fut évidée pour contenir une singularité propulsant ce vaisseau de pierre à une vitesse proche de celle de la lumière. Il contient également 30 000 résidents, ainsi que des forêts et un écosystème adaptés à ces conditions extra-ordinaires. Leur mission s’avère simple : établir un réseau de portails au sein et au pourtour de notre Galaxie. La mise en œuvre est compliquée, aussi les scientifiques et techniciens du XXII° siècle ont-ils intégré au voyage une IA (limitée) et tout un système d’hibernation. Dans les faits, les humains ne sont réveillés que par poignée pour quelques jours à peine et, seulement si l’IA est confrontée à une difficulté potentielle ou réelle qui bénéficierait de l’intuition animale.



Sunday est ainsi sur la brèche environ tous les 2000 ans. Au fil de la lecture, nous comprenons que cette fréquence est plus élevée, pour elle que pour les autres : elle possède un statut particulier aux « yeux » de Chimp, elle est sa chouchou!



La trame repose sans doute un peu moins sur la science, et davantage sur l’humain; nous assistons dans ce vaisseau à un véritable rapport de force. Ces « rapports de force » ont toujours existé dans la production littéraire de Watts; ici, il n’est plus aussi intellectuel, exigeant des prouesses cognitives et des facultés d’analyse exceptionnelles. Il repose davantage sur une intrigue opposant des humains à l’IA, et sur les personnages, notamment Sunday.



En effet, le Chimp a besoin des humains pour remplir sa mission sans fin, et par conséquent veille sur eux. Des « bons » humains, ceux en capacité de remplir la mission, sans état d’âme. Les autres, l’IA en dispose. Or, la logique humaine s’impose et, avec les millénaires défilant, les tranches de vie volées à l’immobilité, l’esprit développe une soif pugnace. Une envie de tangible, d’autonomie, d’indépendance, de vie! Ces gens éprouvent la nécessité de connaître autre chose entre ces temps morts, que ces brèves missions, et veulent des frissons, des émotions.



Toutefois, difficile pour eux de s’émanciper avec cet espion omni-conscient qui veille sur eux à travers leurs implants. En douce, la résistance se développe alors que Sunday se trouve écartelée entre deux loyautés…



chronique plus complète sur mon blog
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Eriophora

Une lecture courte en Hard SF, un genre que je lis très peu. Je précise que je n’ai lu aucune des nouvelles de l’univers, je suis donc entrée dedans à l’aveuglette. Je n’avais même pas lu le résumé éditeur.



J’avoue que si ce n’était pas une mauvaise lecture, ni une lecture difficile (chose qui peut faire peur quand on parle de hard SF), je n’ai pas non plus été vraiment dedans. J’ai trouvé le contexte sympa et intriguant mais au final l’ensemble de l’intrigue ne portait pas sur les points que je trouvais les plus intéressant et je ne me suis pas vraiment attachée à l’héroïne, du coup je suis un peu passé à coté.



A ce sujet la j’ai préféré la nouvelle bonus cachée dans le texte, que j’ai lu après ma lecture de ce roman court / novella. La on était totalement sur un sujet qui m’intéressait et qui m’intriguait vis à vis de l’univers.



Pour en revenir à Eriophora : imaginez un « vaisseau » si on peut appeler ça, un astéroïde capturé en fait, et évidé. A l’intérieur, une singularité. L’utilité : pouvoir créer des portails, pour voyager bien plus rapidement dans la galaxie.



Mais pour que ça marche le gros problème vient du fait qu’il faut être sur place pour pouvoir faire le portail. Entrée et sortie. Cela implique des millénaires de trajet entre les deux, entre les différents points importants de la galaxie. L’humain n’a jamais voyagé si loin avant.



D’où la création du vaisseau.

Celui ci est chargé de faire le tour de la galaxie en plaçant portail après portail, une entrée et une sortie à chaque point. Pour cela il embarque avec lui 30 000 humains. Ceux ci, augmentés, nés pour leur tache quasiment, sont la pour résoudre les problèmes demandant un esprit de décision que l’AI du vaisseau ne possède pas.



Chaque humain va passer le plus clair de son temps en stase, et se voit réveillé quelques jours par millénaire au fil des besoins des différents chantiers du vaisseau. Ils sont séparés en « tribus » qui ne se croisent jamais car une rotation a été établie et la technologie de stase des humains a besoin d’un temps moyen d’un millénaire avant de pouvoir à nouveau réveiller de façon sécurisée la personne en question. Evidemment certains vieillissent donc plus que les autres si le vaisseau à plus besoin d’eux que les autres.



A oui, et évidemment cette timeline la est celle du vaisseau, mais celui ci voyage à une vitesse relativiste (proche de la vitesse de la lumière) pendant une bonne partie de son trajet. Du coup quand l’action principale de l’intrigue débute, en temps global 65 millions d’années se sont déroulée sur Terre depuis le départ de leur vaisseau.



Mais voila, on ne peux pas passer si longtemps (en moyenne chaque « spore » humain du vaisseau a vécu entre 10 et 20 ans réel depuis le début) sans que quelque chose déraille. Surtout du coté humain de la chose. La moindre rumeur, ou événement inhabituel devient alarmant et prend des proportions énormes.



Par exemple on se demande bien qui a tagué certaines parties du vaisseau de messages incompréhensibles? Pourquoi les « points noirs » sans réseau (vis à vis de l’AI du vaisseau) se multiplient dans des endroits bizarres? Quel est ce monstre gigantesque que certains ont aperçu à la poursuite du vaisseau, sortant du portail lorsqu’un des chantier c’est terminé? Pourquoi les mémoires physiques de l’AI du vaisseau n’arrêtent pas de se déplacer entre chaque réveil sans que l’Ai soit au courant ? …



On imagine bien la paranoïa qui peut se développer quand les gens savent qu’ils sont endormi 99.9999% du temps, et donc incapable de réagir si un problème survient. Ils n’ont pas du tout le contrôle de leur vie. Ils ne sont que des outils pour l’AI du vaisseau.



Sans parler du coté social qui devient de plus en plus difficile car on ne croise jamais les même personnes, et toujours que quelques jours par ci, par la. Ils ont l’impression de ne vivre que par tiret, ce qui peut poser de gros problèmes de conscience, sans parler de la solitude que ça engrange.



Je dirais que la première moitié du texte est vraiment exactement ça. On est vraiment sur un roman d’ambiance, qui fait frissonner. Mais plus on avance, plus les personnages principaux commencent à se demander si la principale menace n’est en fait pas … bien plus proche d’eux? Certains commencent à se méfier de l’AI du vaisseau. Mais y a t-il vraiment un danger ou sont-ils juste paranoïaque?



Qui croire? Que faire? Comment ne serait-ce que communiquer avec les autres pour savoir si ils pensent pareil? Au final ça m’a fait penser à 2001 l’odyssée de l’espace par certains cotés.



Un passage résume bien en fait une partie du roman :



Comment fomenter une mutinerie quand on n’est éveillé que quelques jours par siècle, quand votre petite poignée de conjurés est remaniée chaque fois qu’ils sont appelés sur le pont ? Comment conspirer contre un ennemi qui ne dort jamais, qui dispose de toutes ces ères vides pour explorer exhaustivement le moindre recoin, tomber sur le moindre indice que vous auriez pu avoir l’imprudence de laisser traîner ? Un ennemi dont le champ de vision englobe l’intégralité de votre monde, un ennemi qui peut voir par vos yeux et entendre par vos oreilles en haute définition, comme s’il était vous-même ?



Pour ce qui est de mon avis, j’avoue que si je l’ai lu sans trop de souci, il ne m’a pas passionné. Je suis quelqu’un qui n’aime pas trop les romans d’ambiance trop lents où il ne se passe rien en dehors d’essayer de nous faire peur. Rien que le coté effrayant du début m’a plus rebuté que prit dans le récit. Je n’aime pas avoir peur, ou me sentir mal à l’aise, c’est d’ailleurs pour ça que je n’aime ni l’horreur, ni les thrillers en général.



Du coup la on fait un peu combo. Pendant la première moitié j’attendais que quelque chose arrive. Je m’ennuyais un peu tout en ne me sentant pas vraiment à l’aise avec le récit. Heureusement L’action arrive dans la seconde moitié, mais celle ci a provoqué d’autres problèmes qui ont fait que je n’ai pas non plus réussi à apprécier celle ci.



Le personnage principal n’est vraiment pas un personnage auquel je me suis identifiée. On ne sait jamais vraiment de quel coté elle est. Elle navigue limite au hasard, en fonction des événements, entre son attachement à l’AI et son envie de réagir car elle a peur. Elle n’est jamais vraiment d’un coté ou d’un autre.



Ce coté entre deux ne m’a pourtant pas vraiment plu en tant que lectrice. Principalement parce qu’il n’était jamais vraiment en phase avec moi. Je n’arrivais jamais à me décider si j’étais avec elle ou si je désapprouvais ses actions. En fait on était toujours aussi un peu dans les deux.



J’ai aussi été un peu surprise et un peu déçue de la fin. Pas des événements eux même, mais de la façon dont la fin nous est délivrée. En gros c’est une fin ouverte et il nous reste plein de questions dont on n’a pas les réponses.



Et j’avoue que ça m’a frustré car le personnage principal ne donne pas vraiment les faits. Elle dit juste qu’elle a été surprise par quelque chose et que si elle devait spéculer sur ce fait elle aurait fait ci et ça. Mais au final elle ne nous dit jamais vraiment ce qu’il y a. On ne peux que le deviner vaguement, par élimination.



J’aurais préféré avoir de vrai réponses et savoir ce qu’elle avait découvert en détail.



Au final il faut quand même reconnaître que le texte se lit vite et bien. On n’a pas de souci de compréhension ce qui rend l’ensemble très accessible. Je pense que si vous êtes sensible aux livres d’ambiance, il peut tout à fait vous plaire, même si la hard SF n’est pas votre genre de prédilection. Malheureusement ce n’est pas mon cas et du coup je suis passé à coté.
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Eriophora

Le chimpanzé tisse sa toile...



Tragédie en 6 actes avec prologue et épilogue.

Parfois, on ne trouve pas de travail près de chez soi. Et les chantiers d'autoroutes demandent toujours plus de main d’œuvre... Alors on prend la route et on laisse sa vie par derrière. C'est ce qui arrive Sunday, dans un très lointain futur sur son engin de travaux publics un peu spécial : un gros caillou comme vaisseau, pondant des trous de vers.



L'espace temps et une notion bien complexe. Ici en deux pages, l'auteur nous fait vivre ce qu'est cette dimension temporelle immense, inimaginable, incommensurable.

Huis clos classique de l'espace, des humains en hibernation, l'IA ne les réveillant qu'en cas de problème. Une vie en pointillé, quelques jours de vécu entre deux millénaires. Mais lorsque les millions d'années s'écoulent, difficile de ne pas éprouver de solitude, de nostalgie pour cette bonne vieille Terre. Alors on rumine... Et les emmerdes commencent.



Peter Watts est un auteur de hard-SF et bien que ce texte soit intelligible pour l'amateur éclairé, je ne pense pas qu'il puisse l'être pour des lecteurs non aguerris en science-fiction. Il suffira donc de lire encore un peu pour faire la connaissance de ce Chimp, l'Intelligence Artificielle du vaisseau, qui est loin des standards froids que l'on connait habituellement. Mais connait on réellement la psychologie des IA ? L'Homme peut-il se fier totalement à une machine, fût elle intelligente ?



Une révolution est-elle possible dans ces conditions ? Peter Watts nous donne sa réponse qui m'a bien plu. Ça se lit tout seul, on a envie de savoir comment tout cela va se terminer, où nos révolutionnaires vont se la faire mettre à l'envers. Des questions, de l'intelligence, une atmosphère étouffante et un combat IA/Femme, qu'est ce que tu attends pour le lire ?

Un texte non dénué de poésie scientifique, parsemé de touches d'humour noir propre à l'auteur, comme ce "Pour servir au mieux les intérêts de la mission"



Cerise sur le gâteau, un petit jeu se cache dans les lignes du roman, permettant de prolonger le final.
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