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Vision aveugle tome 1 sur 2

Gilles Goullet (Traducteur)
EAN : 9782265087446
343 pages
Fleuve Editions (09/04/2009)
3.67/5   114 notes
Résumé :
La Terre a été prise "en photo" depuis l'espace. Les mystérieux visiteurs sont-ils sur cet artefact découvert dans notre système solaire ? Le vaisseau Thésée part en mission. A son bord, cinq membres d'équipage recrutés avec soin : une linguiste aux personnalités multiples, un biologiste qui s'interface aux machines, une militaire pacifiste et un observateur, Siri Keeton, capable de déchiffrer à la perfection le langage corporel de ses interlocuteurs. Leur commandan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Une pure réussite de SF sur un thème difficile à traiter : le super organisme bio-social avec un questionnement qui interroge la conscience en tant que avantage évolutif supposé.
Si on n'est pas amateur de hard science : Je crois que l'on devra peut-être passer son chemin.
L'auteur plonge le lecteur dans un univers post humain palpable et il l'embarque dans une expédition spatiale somptueuse et très intrigante, au contact d'extraterrestres particuliers et crédibles en tant que super organisme très évolué.
L'espèce en question est singulière et tout est amené de façon habile et ultra crédible .C'est progressivement que se déploie dans ce texte une problématique scientifique à tiroirs autour de la notion de vie intelligente.
Au début de la narration je trouve le style un peu surchargé (avec des redondances quelquefois lourdes et pas toujours chargées de sens nuancé). Je le mentionne car pour parler franchement c'est pas très réussis pendant cette partie du roman !
Le texte est sur le mode de la première personne toute la première partie du récit le résultat est assez intense et génère une intimité sérieuse du lecteur dans la connexion avec cet univers futuriste qui implique des post humains flamboyants.
Les différents aspects affairant à cette donne scientifique et culturelle (humaine comme celle des étrangers) sont concrets et palpables. L'auteur est talentueux pour animer les post-humains tout en les rendant accessible et vivants, favorisant ainsi l'identification. Il parvient notamment à ne pas les désincarner et à rendre leur logique impénétrable.
Par la suite dans le roman ,des dialogues biens construits et très réussis prennent le dessus dans la trame narrative.
C'est un roman prenant et riche de sens pour les amateurs de hard science et de thème du contact.
C'est aussi un texte de hard science intéressant ,des mots clefs: identités ,consciences, organisations bio-sociales, évolution et adaptation en biologie, post humanité …
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L'histoire en elle-même est très simple.
Elle est écrite sur le thème du contact ou de la rencontre de 3ième type.

4 hybrides optimisés (par génie génétique, opérations chirurgicales ou autre) ayant plus ou moins dépassé le seuil de la simple humanité et un prédateur éteint (mais ressuscité par une compagnie commerciale) qui a choisi de les commander plutôt que les dévorer vivant, vont à la rencontre, dans un vaisseau propulsé par moteur à télématière (anti-matière et théorie de la téléportation quantique), d'un BDO (Big Dump Objet ou GTS (grand truc stupide) en français, en clair un gigantesque et mystérieux artefact ou entité extra-terrestre).

La condition vampirique du commandant n'est qu'un élément secondaire de l'histoire. On découvre quelques éléments sur le vampires (comme pourquoi ils n'aiment pas les crucifix) mais je dirais qu'on est à mille lieux de la littérature Bit-lit habituelle.
Le véritable héros (humain bien sur, puisque sinon c'est le BDO) c'est Siri Keeton (le seul dont le nom est mentionné dans le quatrième de couv). C'est lui qui raconte l'histoire et on va apprendre à le connaitre également par quelques flasback sur sa vie et sa condition de synesthésiste (ou l'art de faire comprendre aux gens "simples" les idées des gens "compliqués" sans pour autant les comprendre soi-même.

On a donc à faire à un véritable roman de Sf de type Hard-science. Pas de place pour l'imaginaire ou la magie. Une bonne culture de ce type de Sf ou une petite culture scientifique est nécessaire pour pleinement apprécier le livre. (Sinon, on pourra toujours se reporter en fin d'ouvrage aux notes et remarques de l'auteur et aux références (très nombreuses).

Un début un peu lent, "très scientifique", mais rapidement, bien que le vocabulaire soit toujours recherché, il passe au service de l'histoire avec de nombreux dialogues très vivant sur l'histoire de siri, la rencontre et la vie à bord du thésée (le vaisseau), les interactions entre les pesonnages et la visite du BDO.

Conclusion : Pour les amateurs de hard-sf, un bon moment, cérébral, mais un bon moment quand même....
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Vision aveugle par l'auteur canadien et ancien biologiste marin Peter Watts, nominé aux Hugo est facilement l'un des meilleurs romans de hard-SF écrit au cours des dix dernières années - et je dirais que c'est l'un des meilleurs jamais écrits. C'est un roman sur le thème du premier contact de la meilleure qualité, un Rencontre du Troisième Type ambiance Alien : 65000 sondes extraterrestres prennent une photo instantané de la terre dont le signal se perd aux confin du système solaire. Une dream-team de posthumains, augmentés mentaux, et autres traumatisés à tendances nettement sociopathiques, est assemblée pour armer le vaisseau Thésée, envoyé aux limites de notre système solaire pour enquêter : Une linguiste à personnalités multiples qui croit que la discussion résout tous les maux, un biologiste si augmenté pour gouter les ultrasons et voir les rayons X, que son corps est une carcasse insensible, une militaire pacifiste en plein trip de culpabilité capable de déclencher l'enfer d'une commande mentale, avec le vague espoir qu'elle ne sera pas nécessaire, ou, si c'est le cas, qu'elle fera la moindre différence, et pour les commander un superprédateur à l'intelligence supérieure, humanoïde et anthropophage, ramené de la tombe par le génie génétique et un trop-plein de confiance. Et pour nous narrer leurs aventures au fin fond de l'espace, Siri Keeton, synthétiste de profession, un expert en traitement d'information, amputé d'une moitié de cerveau et bourré de machinerie d'analyse, qui essaie très fort de ne pas être paumé.

Avec des curriculum-vitae pareils, chaque aspect de ce roman traite des questions sur la conscience. Il ne se contente pas de nous faire savourer la découverte progressive de la nature de Rorschach, un terrifiant Big Dumb Object peuplé d'extraterrestres qui sont vraiment extraterrestres (et pourtant rien que ça justifie la lecture du livre). Il tente - avec succès - d'extrapoler ce à quoi des gens qui modifient la structure de leur esprit pour de meilleurs résultats dans un domaine particulier pourraient ressembler. Nous vivons à une époque où notre compréhension du cerveau est en pleine expansion, et les questions que Watts soulève dans ce roman pourrait bientôt être utiles dans notre vie quotidienne. A quoi des gens qui seront volontairement neurologiquement atypiques ressembleront? Comment appréhenderont-ils le monde ? Seront-ils encore, en réalité, humains ?

Vision aveugle plonge dans ces questions sur l'émergence et la valeur de la conscience tout en fournissant une captivante, terriblement plaisante histoire d'exploration spatiale. Si vous aimez la hard-SF pour "les vis et les écrous", et élargir votre horizon scientifique, vous allez vous régaler, les bases scientifiques du livre sont irréprochables, parfaitement comprises et maîtrisées par l'auteur, et agrémentée d'un chapitre de note et références en fin de bouquin accumulant 144 référence tirées des revues Nature, Science, Physical Review Letters, et j'en passe. Watts, à l'origine biologiste marin, a visiblement étudié les neurosciences et les sujets connexes toute sa vie, et il le montre avec talent en utilisant ses connaissance des théories scientifiques modernes à la fois pour informer et inspirer.

Qu'il ne soit pas dit que le livre est une lecture sèche, non plus. Peter Watts manie la prose comme un scalpel, affûté et vicieux, bien plus talentueux que la très grande majorité des auteurs de SF échappés du monde scientifique. Son écriture incisive guide élégamment le lecteur et rend l'histoire délicieusement lisible malgré sa complexité labyrinthique et la densité du propos sous-jacent (au passage, superbe boulot de traduction sur la VF). J'ai lu le roman entier en une seule nuit à couper le souffle, et c'est l'un des livres avec le plus grand potentiel de relecture que j'ai rencontré. Y'a t-il d'horreur dans ce livre? Tout à fait. Y'a t-il de la beauté et de l'émerveillement dans ce livre? Tout à fait.

S'il y'a un défaut à ce livre, c'est qu'il fait son travail très bien : ne lisez pas ce livre quand votre moral est dans les chaussettes (ça peut pas être pire que la fin de Titan ou du premier tome des Univers Multiples de Stephen Baxter, mais c'est pas loin). Il a également été critiqué pour être source de confusion, ce qui est dû en grande partie au fait que le narrateur, à l'état mental déjà pas très net au repos, est poussé dans ses retranchements tout au long de sa découverte cauchemardesque de Rorschach et est loin d'être un témoin fiable. le narrateur souffre, à la fin du livre, d'une crise personnelle provoquée par sa neurophysiologie unique, de sorte que la conclusion est racontée d'un point de vue qui est difficile à appréhender et mérite une ou deux relectures pour capter tous les éléments et les remettre dans le bon ordre.

L'oeuvre est disponible en format papier, certes, mais est surtout disponible (en VO) sous licence Creative Commons sur le site de l'auteur avec tous ses autres ouvrages, sous divers formats électroniques, gratuit, il n'y a vraiment aucune raison de passer à coté, si tant est que l'anglais ne vous rebute pas trop. Peter Watts a un site web avec une grande richesse d'informations de base, quoique qu'un brin bordélique, sur l'univers de Blindsight (ainsi que sur la trilogie Rifters).

Il est à noter que cet ouvrage fait partie des lectures obligatoire du cursus de neurologie de l'université de Miami et apparemment aussi en philosophie. Pas mal, pour un bouquin qui a failli ne jamais être publié.
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Les cinq membres d'équipage du vaisseau spatial Thésée sont envoyés en mission pour intercepter un mystérieux artefact découvert dans notre système solaire. Cinq personnalités atypiques choisies avec soin pour cette première rencontre extraterrestre : une linguiste abritant plusieurs personnalités, un biologiste génétiquement modifié, une militaire pacifiste, un vampire (!?), et Siri Keaton, un observateur dénué d'empathie et qui se trouve être le narrateur de l'histoire.

Une histoire à plusieurs niveaux par les thèmes multiples qui sont abordés. Celui du langage en premier lieu ou comment communiquer avec une civilisation extraterrestre. le récit est également psychologique de par les différentes personnalités atypiques et antagonistes les unes avec les autres.

C'est un récit qui nécessite une attention soutenue ce qui m'aura manqué pendant la lecture et j'ai eu du mal à comprendre les différents concepts énoncés. C'est assez hard SF, la difficulté est que le roman joue dans plusieurs cours (langage, anatomie, psychologie).

Le point fort est qu'il présente des personnages atypiques, jusqu'à l'inclusion d'une pseudo espèce terrienne appelée homo vampiris, c'est également la difficulté principale du récit puisque je ne savais jamais si ce que lisais avait un fondement scientifique réel ou s'il s'agissait de pure fantaisie de la part de l'auteur.
Le gros point noir aura été le manque d'empathie pour les personnages même si je pense que c'est voulu par l'auteur afin qu'on se concentre sur les thèmes abordés.
Un récit intéressant mais exigeant.
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Je vous avais déjà parlé d'un livre de Peter Watts (Starfish) dans lequel un groupe d'humains modifiés et au bord de la psychose était confronté à un mystère scientifique tandis qu'ils essayaient de cohabiter dans un huis-clos qui exacerbait leurs différences. Eh bien Vision aveugle, c'est totalement autre choses puisque ça raconte l'histoire d'un groupe d'humains modifiés et au bord de la psychose qui est confronté à un mystère scientifique tandis qu'ils essayent de cohabiter dans un huis-clos qui exacerbe leurs différences. Rien à voir.

Nous sommes 80 ans dans le futur. La transhumanité est devenue réalité : on peut décider de se réfugier totalement dans des mondes virtuels ou bien transférer sa conscience dans des machines. Seuls les barjos ont encore de vraies relations sexuelles. Et vlan, un beau jour la Terre a la visite de multiples sondes extraterrestres. le premier contact va pouvoir avoir lieu. On repère ce qui semble être une présence et on envoie des experts dans un vaisseau qui serait en théorie capable de se dupliquer morceau par morceau. Et ces experts sont la fine pointe de ce que cette post-humanité a produit : un jargonaute hémiplégique, une femme hébergeant des personnalités multiples, un vampire, un type capable de s'incarner dans ses drones… Cet équipage hétéroclite va être confronté à des choses déconcertantes qui vont remettre en question plusieurs de leurs certitudes… ce qui ne sera pas sans impact sur la dynamique sociale du groupe.

Peter Watts utilise donc le prétexte de la rencontre extraterrestre pour aborder des tonnes de notions très intéressantes. Centré sur Cygnus, qualifié de zombie depuis qu'il a subi l'ablation d'un hémisphère cérébral suite à une maladie, la récit met en lumière le travail de ce type privé d'empathie qui est en permanence conscient du fait qu'il est en permanence conscient. Il analyse tous les signes, extrait du sens d'une multitude de faits apparemment sans lien, décode sans nécessairement comprendre. Et surtout, il ne s'implique pas. Sauf que les interactions avec l'entité extraterrestre et les expériences que vivront l'équipage ébranleront les certitudes bien arrêtés de ce petit monde. le langage, la perception, la conscience… tout cela est très relatif. le câblage humain, la programmation comportementale, l'évolution, la mécanique linguistique… c'est le festival des idées intéressantes. On en prend plein les mirettes tellement Watts pose les bonnes questions via ses personnages.

Sauf que.

C'est ardu. Certains concepts centraux sont à peine évoqués, d'autres sont inaccessibles à un imbécile comme moi. L'auteur le sait et y va d'un long chapitre explicatif à la toute fin du livre afin de donner au lecteur des réponses qui n'ont pas eu leur place dans le récit. Et c'est là le signe que le livre est en partie raté : quand tu as besoin d'aller lire plusieurs articles sur Wikipédia pour décoder un roman, c'est que le travail de passeur de l'auteur n'est pas fait correctement. Oui aux idées intelligentes, mais merci de le rendre digérables pour l'employé de bureau. Je ne parle pas de tout décortiquer, mais de vulgariser au maximum. Car il y a beaucoup d'intelligence dans ce livre, mais elle est sous clé. Et puis certaines idées sont mal exploités. le coup du vampire recréé génétiquement tel un dinosaure de Jurassik Park, c'est bien mais ça apporte au final pas grand-chose à l'histoire. Idem pour les personnalités multiples : beaucoup de bruit pour rien. Heureusement, Cygnus est lui parfaitement rendu et exploité ce qui donne à ce roman une accroche forte qui permet d'aller au-delà du scénario habituel de la rencontre du troisième type qui vire au cauchemar dans un environnement hostile.

Au contraire de Cygnus, je n'ai pas toujours pu extraire du sens de tout ça. Pour être honnête, je n'ai même pas vraiment compris la conclusion de cette mission. Je ne sais même pas si je suis le public visé par Peter Watts. Peut-être n'écrit-il pas pour l'homme de la rue (et ça serait son droit). Il a toutefois ouvert des portes sur des concepts cognitifs très riches qui me fascinent. La chimie corporelle des sentiments. L'utilisation mécanique du langage. le rôle de l'efficacité énergétique dans l'évolution. La conscience en tant que frein au développement. C'est passionnant.

En résumé, la SF c'est comme un épisode de House M.D. : y'a des passages où tu entraves que dalle parce que tu n'as pas fait les études pour, mais tu comprends globalement ce que ça sous-tend.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Imaginez que vous êtes une machine Oui, je sais. Mais imaginez que vous êtes une machine d’un genre différent, en plastique et en métal, conçue non au petit bonheur la chance par la sélection naturelle, mais par des ingénieurs et des astrophysiciens aux yeux fixés sur des buts bien précis. Imaginez que vous n’ayez pas pour but de vous reproduire, ni même de survivre, mais de rassembler des renseignements. J’arrive facilement à imaginer cela. En fait, c’est un rôle bien plus simple que ceux du genre qu’il me faut jouer d’habitude. Je vogue au milieu du néant dans la partie la plus froide de l’orbite de Neptune. La plupart du temps, je n’existe que comme absence, pour un observateur du spectre visible : une silhouette asymétrique en mouvement qui masque les étoiles. Si vous me surpreniez dans ces moments-là, vous pourriez en tirer des conclusions sur ma véritable nature : une créature segmentée à la surface argentée, hérissée de soudure, de paraboles et d’antennes maigrichonnes. Ici et là, un bruissement de gel accumulé s’accroche à une jointure ou une soudure, un soupçon gelé de gaz croisé par exemples aux alentours de Jupiter. Ailleurs, j’emporte les cadavres microscopiques de bactéries terriennes qui se développaient avec abondance et insouciance sur la peau des stations spatiales ou la clémente surface lunaire, mais sont devenus cristaux à seulement la moitié de ma distance actuelle au soleil. Désormais, à un souffle du zéro absolu, un photon suffirait à les briser.
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Autrefois, il existait trois tribus.
Les Optimistes, qui avaient pour saints patrons Drake et Sagan, croyaient à un univers grouillant d’intelligence aimable… à une confrérie spirituelle plus vaste et plus éclairée que nous, une grande famille galactique dans les rangs de laquelle nous nous élèverions un jour. Voyage spatial implique certainement esprit éclairé, soutenaient les Optimistes, car il faut pour y arriver maîtriser de grandes énergies destructrices. Une espèce incapable de transcender ses propres instincts brutaux s’autodétruira bien avant d’apprendre à combler le fossé interstellaire.
À l’opposé des Optimistes, il y avait les Pessimistes, qui se prosternaient devant saint Fermi et une foule de poids légers de moindre importance. Les Pessimistes voyaient l’univers solitaire, rempli de cailloux morts et de dépôt procaryote. Les chances sont trop minces, affirmaient-ils. Trop d’isolement, trop de radiations, trop d’excentricité dans de trop nombreuses orbites. C’est un miracle sans égal qu’une Terre existe, espérer qu’il en existe beaucoup revient à abdiquer toute rationalité pour sombrer dans la manie religieuse. Après tout, l’univers a plus de quatorze milliards d’années : si de la vie intelligente existe dans la galaxie, n’en aurions-nous pas déjà fait la connaissance ?
À mi-chemin entre ces deux tribus, on trouvait les Historiens. Ils n’avaient pas d’opinion bien arrêtée sur la probabilité qu’il existe des extraterrestres intelligents et capables de voyager dans l’espace, mais s’il en existe, disaient-ils, ils ne vont pas juste être intelligents. Ils vont être méchants.
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Imaginez que vous êtes Siri Keeton.
Vous vous réveillez dans une résurrection atrocement douloureuse, cherchant votre souffle après une apnée du sommeil record de cent quarante jours. Vous sentez votre sang, épaissi par la dobutamine et la leu-enképhaline, se frayer un chemin dans des artères racornies par des mois d’inactivité. Le corps enfle en incréments douloureux : les vaisseaux sanguins se dilatent, la chair se détache de la chair, les côtes craquent dans vos oreilles à cause d’une soudaine et inhabituelle flexion. Vos articulations se sont grippées à force de ne pas servir. Vous êtes un homme-bâton, figé en une perverse rigor vitae.
Vous hurleriez, si vous aviez assez de souffle.
Vous vous souvenez que les vampires faisaient tout le temps cela. C’était normal pour eux, c’était leur manière à eux, et rien qu’à eux, de préserver les ressources. Ils auraient pu enseigner deux ou trois trucs sur le contrôle aux gens de votre espèce, si cette absurde aversion pour les angles droits ne les avait pas anéantis à l’aube de la civilisation. Peut-être le peuvent-ils encore. Après tout, ils sont de retour, sortis de la tombe par le vaudou de la paléogénétique, réassemblés à partir de gènes poubelles et de moelle fossile marinés dans le sang de sociopathes et d’autistes de haut niveau. L’un d’eux commande même cette mission. Une poignée de ses gènes vit dans votre propre corps afin qu’il puisse lui aussi revenir d’entre les morts, ici, à la frontière de l’espace interstellaire. Personne ne dépasse Jupiter sans devenir en partie vampire.
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Mais si on a beaucoup décrit les divers coûts et inconvénients de la conscience de soi, peu de personnes sont allées jusqu’à se demander à voix haute si tout ce machin en valait la peine. Bien sûr, supposent les gens, sinon la sélection naturelle s’en serait débarrassée depuis bien longtemps. Et ils ont sans doute raison. Je l’espère. « Vision aveugle » est une expérience de pensée, un jeu du genre « Supposez seulement que »… Rien de plus.
D’un autre côté, il y a mille ans, dodos et vaches de mer auraient pu utiliser exactement le même argument pour prouver leur propre supériorité : si nous sommes à ce point inaptes, pourquoi n’avons-nous pas disparu ? Pourquoi ? Parce que la sélection naturelle prend du temps, et que le hasard y joue un rôle. La partie n’est pas terminée. La partie n’est jamais terminée, aussi ne peut-il y avoir de gagnants. Il n’y a que ceux qui n’ont pas encore perdu.
(Notes et références)
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"Que...." Votre voix se limite à un murmure rauque. "... s'est-il p..."
Szpindel actionne sa mâchoire. L'os émet un craquement distinct.
"...sss'est fait baiser", siffle-t-il.
Vous n'avez même pas encore rencontré les extraterrestres qu'ils vous surclassent déjà.
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Vidéo de Peter Watts
Titulaire d'un doctorat en biologie et ressources écologiques, spécialiste des fonds marins et De La faune pélagique, Peter Watts appartient au rang de celles et ceux qui proposent la plus exaltante des sciences-fictions contemporaine. La réédition toute récente de “Vision aveugle” — roman aussi exigeant qu'électrisant, qui questionne les notions d'intelligence, de conscience et d'altérité — fournit l'occasion rêvée pour une discussion sur les parutions récentes de l'auteur, ses projets, la science-fiction, la vie, la mort, la fin du monde… Rendez-vous le mercredi 17 novembre 2021 à 18h ! Modération : Erwann Perchoc Interprète : Cyrielle Lebourg-Thieullent. Illustrations : Manchu https://www.belial.fr/peter-watts/vision-aveugle_belial
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