Citations de Petra Rautiainen (65)
Aujourd'hui, j’ai revu une petite aurore boréale. Elle traversait la sphère céleste comme des hippocampes vert-de-gris au galop, côte à côte, disparaissant d'un commun accord derrière l'horizon comme dans le grand crépuscule originel de la mer.
Le crépuscule arrive de plus en plus tôt. C'est curieux, juste avant le noir, l'horizon devient plus net. Le jour est composé de diverses pénombres.
Il y a deux façons d’apprendre à se connaître : en s’explorant de l’intérieur et en s’ouvrant à l’extérieur.. Il y a deux espaces de liberté : vis-à-vis de soi et vis-à-vis des autres.
Le sommeil est semblable à la mer. Il vous appelle vers le rivage ou vous emporte vers le grand large. Il vous porte à la surface ou vous plonge en ses abîmes.
Et je me demande encore : les gens tombent-ils amoureux du chagrin qu'ils reconnaissent en l'autre ?
Les gardiens allemands ne supportent pas le silence, il a dit. Certains ne se font pas au jour, d'autres à la nuit.. Quatre ans de supplice...
C'est à cause de la lumière. La moitié de l'année, il y en a trop. Le reste du temps, elle n'est jamais normale, et le ciel est plein de phénomènes plus étranges les uns que les autres, qui te font croire aux dieux païens, au diable, à n'importe quoi.
Ensuite, ils interrogent un représentant de la Commission baleinière internationale.
- La vie des baleines est menacée de tous les côtés, explique-t-il.
Il raconte que la chasse à la baleine a failli conduire à l’extinction de l’espèce il y a quelques décennies. Les recherches ont montré que les baleines souffraient aussi des forages pétroliers à grande échelle.
Je sais ce qu’ils veulent, ces gens. Ils veulent savoir ce que l’on ressent lorsqu’on se tient sur le fil de la vie, effilochée, oscillant, quand il ne reste plus que l’infinité du vert de l’océan.
Je me sens en apesanteur, comme si j'essayais de courir dans l'eau. Je me rends compte que j'ai peur. Ou peut-être que c'est de l'espoir. Car tout comme les engelures et les brûlures, l'espoir et la peur sont semblables l'un à l'autre.
Les cétacés font partie des rares mammifères qui se sont adaptés à la vie aquatique et qui règnent sur les mers du monde. Ils comptent aussi parmi les plus grands animaux de la planète.
Je me lève. Le froid et la solitude sont fondamentalement similaires . on ne les supporte que bien équipé. Les plus faibles n'y survivent pas .
On pourrait croire qu'on a de la chance, quand on en revient de la mer. Mais ce n'est pas le cas. Quand on en revient, on est quelqu'un d'autre.
Le temps est tout ce que nous avons, mais sa définition nous échappe. Sa mesure n’en demeure pas moins l’un des plus grands accomplissements de l’humanité.
Le froid et la solitude sont fondamentalement similaires. On ne les supporte que bien équipés.
Tout est calme et paisible. Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas vu autant d'empreintes d'animaux dans les parages. Les fleurs vont bientôt s'épanouir. C'est plantes ont des propriétés xérophytes. Elles ont de petites fleurs, un rhizome puissant et des feuilles cireuses. C'est ainsi qu'elles tirent le maximum de la lumière qui parvient jusqu'ici.
Le froid et la solitude sont fondamentalement similaires. On ne les supporte que bien équipés.
Les plus faibles n'y survivent pas.
Au début, nous parlions sans arrêt, et c'était pourtant le moindre de nos modes de communication. Nous restions couchés l'un contre l'autre, tels des poissons sur la terre ferme, essayant de sautiller tout doucement vers la mer en espérant qu'il ne soit pas trop tard.
Nos corps se connaissaient et se reconnaissaient comme le font deux semblables. Mais tu n'as jamais été mon semblable, tu étais autre chose. Chaque fois je me retirais, et tu ne revenais pas vers moi.
Tu attendais en paix, là où nous avions commencé à construire un nid, tu attendais mon retour. Tels les phoques avec leurs pattes, nous creusions le nid avec nos mains de mammifères sous-développés, avec une lenteur désespérée, à tâtons. Mais avec quelle confiance, avec quelle foi dans la solidité du nid !
L’hiver était parfois si froid, là d’où elle venait, que le souffle formait des cristaux de glace dès que l’on respirait. Ou lorsqu’on parlait. Finalement, les mots gelés dans l’air tombaient tout doucement. En touchant terre, ils produisaient un son cristallin. Les villageois appelaient cela le murmure des étoiles.
À un certain moment de son chagrin, Inkeri se rendit compte que, malgré tous les amants qu'elle avait eus, seul Kaarlo avait tenu ses promesses. Il lui avait toujours offert soutien et réconfort. Il était un ami. Malgré les nombreux autres hommes, personne en ce monde ne la connaissait aussi bien que lui. Sous le poids du chagrin, elle comprenait enfin ce qui était superflu et ce qui comptait vraiment, au bout du compte. Deux compagnons. L'amitié. Leur amitié.
On dit que les voies maritimes sont des lignes mondiales tracées dans l'eau. Pour beaucoup de gens, la mer évoque la liberté, le champ des possibles. Une continuité sans fin. Le bonheur.
Mais moi, je sais. Je sais que tout en surface n'est qu'illusion. En s'approchant, on voit que la mer est inconnue.