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Critiques de Phil Klay (50)
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Fin de mission

Et bien on part sur une sacrée claque !

Je ne savais pas qu'il s'agissait d'un recueil de nouvelles, et habituellement ce n'est pas du tout mon truc, je trouve ce format toujours trop court. Et pourtant ici, c'est suffisant.

Certains passages sont vraiment difficiles à lire. Sans rentrer dans du "voyeurisme", Phil Klay ne nous épargne rien des tortures, des blessures, des morts. Le sang, les armes, les soldats, dans un premier temps tout est très factuel. Et petit à petit, il nous pousse à nous intéresser aux Hommes.

Ne cherchez pas de critique particulière de la guerre. Ici les soldats sont déployer en Irak, en Afghanistan et l'auteur nous propose son regard sur ce qu'il se passe. Parce qu'il y était. Il ne penche pas d'un côté ou de l'autre, ne cherche pas à dire si c'est bien ou mal (attention, comprenez moi bien, la guerre, c'est mal, mais ça n'est pas le sujet ici).

Phil Klay va vraiment traiter du retour de ces hommes à la vie "normale". Comment retrouver sa femme et son labrador alors qu'on a été missionné pour tuer tous les chiens qu'on croisait ? Que faire de ces mains quand on nous retire l'arme qu'on porte depuis des mois ? Comment raconter, comment parler de toutes ces horreurs ?

12 récits poignants, derengeants, absurdes parfois, mais toujours sincères qui ne peuvent pas laisser indifférents.
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Fin de mission

«  La guerre comme si vous y étiez , ou que vous en reveniez » (Liberation)

Engagé dans le corps des Marines et ayant servi pendant la guerre d'Irak en 2007 et 2008, Phil Klay a tiré de son expérience douze nouvelles, douze histoires écrites à la première personne et mettant en scène des personnages appartenant à des services différents de l’armée .



Ils sont dans l’infanterie, l’artillerie, la logistique, la propagande ou les affaires mortuaires; ils sont commandant, capitaine, employé administratif ou prêtre. Des rôles, des situations et donc des points de vue multiples sur le conflit irakien mais aussi sur la guerre en général , ceux qui la font et ceux qui la subissent, ceux qui en reviennent et ceux qui n’en reviendront pas, ceux qui tentent d’oublier et ceux qui ne s’en remettront jamais.

Il y a ceux qui tuent pour la première fois, ceux qui préfèrent ne pas savoir s’ils ont atteint leur cible, ceux qui veulent faire le meilleur « score » quitte à prendre des risques insensés, ceux qui s’interrogent sur la légitimité des ordres reçus…



Dans ces douze récits, on côtoie la peur, la violence, les interrogations. L’auteur ne juge pas, il dresse plutôt un tableau lucide et réaliste, c’est cru, sans langue de bois, poignant bien sûr , et d’une écriture directe et efficace.

Un peu d’humour aussi paradoxalement, avec le petit chapitre presqu’exclusivement à base d’acronymes militaires ( et sans lexique, s’il vous plait !) et surtout avec la nouvelle « Le dollar , une autre arme» abordant l’absurdité de la soit disant aide américaine à la reconstruction …



Un témoignage fort sur un conflit du XXI e siècle , qui a reçu le National Book Award. Encore un Gallmeister de qualité !

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Les missionnaires

Après #findemission récompensé par le National book award en 2014, l'auteur livre un premier roman explosif.

Car c'est à un exercice périlleux que s'est attelé #philklay avec la dissection des ressorts humains dans les conflits armées auxquels participent les États-Unis.

Une participation qui peut prendre plusieurs formes : la formation militaire ; la mise à disposition de conseillers ; le soutien logistique et jusqu'à l'intervention des forces militaires sur le terrain.

Dans ce roman, l'Irak et la Colombie sont les deux pays hôtes des interventions. Le premier permet de saisir les personnages principaux et leurs motivations : le sens du devoir pour certains , le sens éthique de l'information pour d'autres. Et il y a les méchants, les lâches et ceux qui subissent sans un mot, sans un cri. L'immersion dans la Colombie des paramilitaires, des guérilléros et des narcotrafiquants se fait en apnée.
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Fin de mission

Vétérans

C'est la lecture de Billy Summers qui m'a donné envie de sortir ce livre de ma PAL pléthorique (j'achète des bouquins, je les range dans ma bibliothèque, je les contemple, je les oublie… je crois que ça porte un nom en japonais -tsundoku- heureusement, il y a les challenges Babelio !!) justement récompensé par un prix prestigieux (le National Book Award en 2014) et encore une fois, parfaitement illustré par la couverture de la collection Totem.

Phil Klay s'est engagé dans le corps des Marines et a servi pendant la guerre d'Irak en 2007 et 2008. Il a transcendé cette expérience particulièrement traumatisante en écrivant ce recueil de douze nouvelles relatant le chaos, personnel ou collectif, pendant ou après la guerre. Rédigées à la première personne, elles nous font entrer (violemment) dans l'esprit de douze personnages très différents, du simple caporal au lieutenant chargé d'un boulot administratif (absurde soit dit en passant), ou encore un prêtre, sur le terrain des opérations ou aux Etats-Unis, à leur retour de service.

Je trouve souvent que dans un recueil de nouvelles certaines sont meilleures que d'autres. C'est aussi vrai pour celui-ci (j'ai été particulièrement touchée par la première qui donne son titre au livre « Fin de mission » mais encore plus par Corps… et par Prière dans la fournaise et Histoires de guerre), mais globalement c'est une vraie réussite, un livre qui fait réfléchir, sans être dans l'apitoiement ou le manichéisme.

Eprouvant mais nécessaire.

A lire l'entretien avec l'auteur paru dans le Temps en 2015 : https://www.letemps.ch/culture/livres/fin-mission-phil-klay-raconte-sale-guerre-dirak

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Les missionnaires

Les missionnaires, c'est l'histoire de guerriers professionnels qui mènent le plus souvent une guerre à distance. Ils se pensent au service du bien, mais la réalité de la guerre, que l'auteur nous met sous les yeux, n'est pas si belle.

Phil Klay nous promène ainsi en Afghanistan et en Colombie, en passant par les Etats-Unis, l'Irak et le Yemen.

J'avoue que j'ai failli refermer le livre après les premiers chapitres tant certaines scènes sont insoutenables. Mais peut-être faut il explorer certaines cruautés pour en comprendre d'autres, plus froides. Au final, j'ai apprécié ce roman plus subtil qu'il n'y parait, qui vient questionner idéalisme, bien-pensance, religion, humanité et bien d'autres sujets encore.



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Les missionnaires

Raconter la guerre ; raconter les guerres.



Parmi les théâtres d’opérations extérieures dans lesquels les USA se sont engagés ces dernières années, il y a les plus connus : Afghanistan, Irak, Libye. Et puis il y a les autres, ceux où la guerre est différente, moins visible, officieuse, larvée. Mais c’est la guerre quand même.



Dans Les Missionnaires, Phil Klay – traduit par Laura Derajinski – nous plonge au cœur de la guerre civile colombienne, dans cette période d’avant 2016 où après 220 000 morts, 40 000 disparus et 6 millions de déplacés, un accord de paix entre les FARC et le gouvernement se dessine. Dans la douleur, et toujours dans le sang.



C’est là que se retrouvent Lisette, grand reporter en manque de terrain depuis l’Afghanistan, venue y recueillir la parole des populations civiles, et Mason, agent des forces spéciales US rangé du terrain mais toujours actif depuis son bureau, ses téléphones et ses rendez-vous secrets.



Officiellement, voilà un conflit où les États-Unis ne sont pas engagés mais où tous leurs services rivalisent d’interventionnisme occulte : des intrigues de la CIA aux actions commandos des SEAL, ils y mènent une guerre qui ne dit pas son nom.



Mais qui dit guerre dit ennemi, et une faction guérilléros en chassant souvent une autre, les alliances se faisant et se défaisant au gré du pragmatisme politique, il apparaît bien difficile à définir pour les Américains, posant constamment la question de la légitimité changeante de leur intervention.



Et du côté de la population, le dilemme est souvent le même, à l’image d’Abel dont la famille a été assassinée par les Mil Jesùses, mais qui finira par travailler pour leur chef Jefferson, avant de se ranger puis de lui revenir à nouveau, témoignant malgré lui de la difficulté à choisir un camp, à garder ses convictions et à rester en vie simultanément.



« Si vous voulez que les gens rejettent la paix, présentez-leur des victimes des FARC. Si vous voulez que les gens l’acceptent, reparlez-leur que l’État a du sang sur les mains, lui aussi. » (…) « Il y a vingt ans, je payais le vaccin aux FARC. Il y a quinze ans, je le payais aux paras. Il y a cinq ans, je le payais aux Peludos, et puis aux Urabeños. (Il secoua la tête.) Cet endroit est comme un ballon de foot, et ils se font juste des passes. »



Et puis à La Vigia, dans le Norte de Santander, tout ce petit monde va se retrouver, mettant chacun face à ses responsabilités face à un final sanglant devenu inéluctable.



Les Missionnaires est une grande et ambitieuse fresque romanesque, doublée d’une réflexion politique poussée sur l’évolution de l’intervention des USA dans ces conflits : de l’Afghanistan - guerre ingagnable - à l’Irak – et ses armes de destructions massives qu’on ne trouva jamais –, on est passé à la Colombie (et au Yémen, en Syrie, aux Philippines…).



Klay raconte qu’on ne fait plus la guerre, mais qu’on déploie désormais des successions de missions, pour la plupart occultes. Des missions qui n’ont plus besoin d’objectifs ni de justifications réelles, mais qui ont juste lieu « parce qu’on ne peut pas rester sans rien faire » et que l’équilibre politique de la paix est de plus en plus complexe à trouver.



Si Fin de mission, recueil de nouvelles où Klay racontait les séquelles de la guerre, m’avait emballé, j’ai eu beaucoup plus de mal avec Les Missionnaires, reconnaissant la qualité et la profondeur du travail de l’auteur, mais souvent perdu dans la myriade de factions rivales, les nombreux rappels historiques, et une forme d’hésitation perpétuelle entre le roman et l’essai historico-politique.



Mais pour qui est, comme moi, amateur de livres de guerre, de politique et d’histoire contemporaine, alors Les Missionnaires se doit d’être lu.
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Les missionnaires

Phil Klay est un ancien Marine ayant servi sur le front irakien de janvier 2007 à février 2008. Après « Fin de mission », un recueil de nouvelles aussi poignant que réaliste, il vient de publier son premier roman, « Missionnaires », qui revient comme son ouvrage précédent sur l’engagement des Etats-Unis dans d’interminables campagnes en Irak, en Afghanistan et en Colombie.



« Missionnaires » est un roman très construit, qui, à la manière d’une série, multiplie les angles de vue et les temporalités, en déroulant un récit non linéaire du point de vue de quatre narrateurs distincts. La précision de cette construction quasi-mathématique permet à son auteur d’emmener son lecteur sur les fronts irakiens, afghans et colombiens, et la maestria avec laquelle Phil Klay développe son intrigue est saisissante. Ce procédé est cependant tellement utilisé dans la littérature américaine contemporaine qu’il ne surprend plus. Si le récit gagne en ampleur en multipliant les focales et les époques, il perd sans doute une forme de supplément d’âme qu’une intrigue linéaire sans artifice permet plus aisément de proposer à son lecteur.



« Est-ce qu’il y a la moindre guerre aujourd’hui qu’on ne soit pas en train de perdre?



Et au bout de quinze minutes, il me répond par deux mots :



En Colombie. »



Ce court extrait résume l’idée-force du roman, qui, s’il s’attarde sur les conflits irakiens et afghans dans lesquels sont enlisés les Etats-Unis, a pour ambition de revenir sur les ramifications et les enjeux d’une guerre dont on parle moins, celle qui est menée en Colombie.



Sur les quatre narrateurs que l’on suit sur une longue période allant de 1986 à nos jours, deux sont colombiens : Abel, un jeune paysan dont la famille est massacrée par la guérilla, qui rejoint malgré lui Jefferson, un chef paramilitaire aussi influent que malfaisant et Juan Pablo, un haut gradé de l’armée colombienne qui travaille en étroite coopération avec les services américains. Les deux autres narrateurs sont américains : Mason, infirmier engagé sur le front irakien et Lisette, journaliste baroudeuse basée à Kaboul pour couvrir le conflit afghan.



Si le début de l’intrigue nous donne l’occasion d’appréhender toute l’horreur et toute l’absurdité des enlisements irakiens et afghans, on comprend que le coeur du roman bat en Colombie, au creux d’un conflit inextricable, qui évoque une équation insoluble, mêlant paramilitaires, narcos et guérilla, entités se décomposant en factions avides d’argent et de pouvoir, aux alliances fluctuantes, capables d’une cruauté qui dépasse l’entendement.



Lisette et Mason vont en effet reprendre du service en Colombie où leurs destins vont s’entremêler avec ceux d’Abel et de Juan Pablo. L’intrigue qui se noue au présent et met en scène un paysan enrôlé par les paramilitaires, un haut gradé de l’armée colombienne, un ex-infirmier devenu agent de liaison et une reporter au sang chaud, donne l’occasion à Phil Klay de proposer une analyse très fine du conflit colombien.



« Les missionnaires » est ainsi un ouvrage protéiforme et brillant qui permet tout à la fois de revenir sur l’impasse désenchantée des fronts afghans ou irakiens et sur la complexité infinie du conflit colombien.



Exceptée l’attachante Lisette, le roman souffre cependant d’un défaut d’incarnation, et n’est traversé ni par le supplément d’âme, ni par l’improbable poésie qui caractérisent les chefs d’oeuvre du genre. Si le nouvel opus de Phil Klay reste un exercice de style virtuose, il n’atteint pas les sommets des superbes « Yellow Birds » de Kevin Powers ou « Fin de mi-temps pour le soldat Billy Lynn » de Ben Fountain.

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Les missionnaires

Phil Klay livre un premier roman âpre et éblouissant sur les conflits contemporains, en Irak, Afghanistan et Colombie.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Les missionnaires

Voilà un roman diablement ambitieux qui entend explorer les répercussions de l'impérialisme américain post 11 septembre en un examen inflexible de la guerre moderne. Phil Klay jette une lumière cinglante sur le système de la guerre antiterroriste que l'armée américaine à développer et exporter dans le monde entier, de l'Irak à l'Afghanistan, de la Colombie au Yémen, dressant ainsi le portrait d'une gigantesque guerre, poreuse, mutable, éternelle.



Clairement, il ne choisit pas la facilité en centrant son récit sur le très complexe conflit colombien débuté dans les années 1960 opposant pêle-mêle armée gouvernementale, groupes paramilitaires ( forces auxiliaires de l'armée ), guérilleros communistes des FARC, les narco-trafiquants ainsi que les civils, cocaleros ou pas, aux obédiences mouvantes. Cela parait presque insensé de construire un récit cohérent à partir d'un matériau aussi chaotique. Cela demande de la discipline dans l'ossature narrative. Phil Klay y parvient et c'est très impressionnant de le voir droit sur sa ligne en refusant à simplifier le propos. Cela demande un effort de concentration et une attention exigeante afin d'absorber une quantité d'informations conséquentes.



Aucune concession non plus à l'impatience du lecteur. L'auteur prend son temps. Toute la première partie ( sur trois ) tend tour à tour le micro à quatre personnages qui racontent leur histoire à la première personne avant de se croiser en enfer, en Colombie, dans une petite ville du Norte Santander. Nous sommes en 2016 en pleine tentative de processus de paix. Un référendum se prépare pour valider un accord entre le gouvernement et les FARC prévoyant un cessez-le-feu, un désarmement des guérilleros et une justice transitionnelle « clémente » pour les repentis.



Dans un quasi flux de conscience proche de la confession, l'auteur révèle leur mécanisme interne et leurs cicatrices psychologiques, se faisant le narrateur convaincant de la vie intérieure de ses quatre personnages, tous abîmés excellemment caractérisés :

- le droit et étroit Mason, vétéran d'Irak, appartenant aux forces spéciales américaines envoyé comme officier de liaison pour aider les autorités locales à mettre fin à la guerre civile tout en neutralisant les gangs de narco-trafiquants qui pullulent en Colombie.

- la journaliste américaine Lisette qui après avoir couvert l'Afghanistan recherche une guerre que les Américains ne perdent pas. Le personnage le plus intéressant car le plus ambigu, à la fois cynique et naïve, idéaliste et blasée.

- Abel, un ex-paramilitaire qui l'était devenu après le massacre de sa famille par les FARC. Le plus touchant, en quête de rédemption mais forcément rattrapé par la dure réalité.

- Juan Pablo, un officier colombien ultra conservateur, inquiet par l'accord de paix en cours, voulant protéger sa fille de l'idéalisme de gauche. Il apporte une véritable réflexion intellectuelle au récit, presque philosophique.



Après une première partie tournée vers l'intériorité, le récit bascule, l'intrigue colombienne démarre dans un rythme et une mécanique proches du thriller jusqu'à un dénouement sanglant. Ce que le roman perd en introspection, il le gagne en vitesse et ampleur, embrassant une vision large et d'une infinie richesse, scrutant la diversité des expériences humaines sous le feu d'une violence extrême. Et c'est extrêmement violent avec des scènes insoutenables mais jamais gratuites parvenant à éviter tout sensationnalisme.



Malgré quelques digressions un poil fastidieuses, Phil Klay maintient la clarté dans des scènes très peuplées insérées dans des événements complexes aux multiples ramifications. Il trie le chaos pour donner du sens entre ironie et empathie profonde pour ses personnages, entre brutalité urgente et réflexions éthico-philosophiques, poussant le lecteur à méditer sur la persistante angoissante de la violence dans le monde contemporain.



Un roman puissant, ambitieux et lucide, captivant.



PS : Phil Klay est un ancien Marine. Les Missionnaires est son premier roman de fiction, après Fin de mission qui revient sur son expérience en Irak, il faut que je le lise ...
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Les missionnaires

Brillant, complexe dans ses ramifications, ce premier roman sidère par sa puissance de frappe, par la force de son cri multiple et foisonnant de plusieurs voix, toutes dénonçant la Guerre avec un G majuscule – ces conflits qui n'en sont qu'un, fusionnant en une seule lutte menée par ces missionnaires du bien porteurs du mal et de la violence. Violent, brutal, ce roman force à ouvrir des yeux que certains préféreront garder clos (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/01/26/les-missionnaires-phil-klay/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Fin de mission

Je n'aurais pas cru qu'un bouquin sur la guerre, écrit par un écrivain américain, catho de surcroit, puisse m'enthousiasmer à ce point. Ce n'est pas tant parce que c'est drôle, on rit, mais on rit jaune, pas tant aussi qu'il démontre de l'absurde inutilité des guerres, la retraite des américains cet été d'Afghanistan au bout de vingt ans en est une preuve plus puissante, mais parce j'ai découvert un écrivain qui ne parle de la guerre que pour dévoiler un peu plus la complexité de la nature humaine, comme Conrad parlant d'aventure marine. Respect. Et j'attends le prochain.
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Fin de mission

Dans ce recueil de nouvelles, Phil Klay décrit les affres de la 2eme guerre d’Irak vécues par le corps des marines US, un corps dans lequel il a servi de 2007 à 2008.

Dés leur Fin de Mission, et à leur retour chez eux, beaucoup de ces marines ont des difficultés à retrouver une vie civile normale, certains divorcent, d’autres ont un coup de blues et l’adrénaline des combats leur manque !!!! Mais tous ne veulent pas parler de cette sale guerre, ils ne ressentent aucune gloire ; la prime de guerre servira pour les plus futés à s’inscrire à l’université.

Phil Klay fait leur mea culpa (et le sien) en présentant les marines comme des Victimes. Des victimes qui ont cependant choisi de s’engager Volontairement dans l’armée et aller faire la guerre comme d’autres auraient choisi de faire un boulot ordinaire.

Aller faire la guerre d’Irak, comme leurs prédécesseurs ont fait la guerre en Irak (la première), en Afghanistan, au Vietnam, ce n’est pas un boulot ordinaire.

Aucun mot sur le pays détruit, aucun mot sur les ‘vraies’ victimes de cette guerre horrible, injuste, injustifiée, comme l’ont été toutes les guerres (souvent programmées) où se sont engagés les USA.





«Ce qui me manque, c’est l’idée que se font de l’Irak tous mes amis civils quand ils prononcent ce mot, un Irak de violence et d’honneur, un Irak – je ne peux pas m’empêcher de le penser – que j’aurais dû connaître, mais à côté duquel je suis passé, ayant commis la stupide erreur d’opter pour une spécialisation militaire qui ne m’exposerait pas au danger. Mon Irak à moi, ça a été un tas de documents. Des feuilles de calcul Excel. Une fenêtre obstruée par des sacs de sable derrière un bureau bon marché ».’



« Voorstadt a pris une grande assiette de raviolis et des Pop-Tarts, et avant de donner un premier coup de fourchette, son regard fait le tour de la table et il dit : — Je n’arrive pas à croire qu’on a enfin eu une vraie mission d’artillerie. Sanchez dit : — Il était temps qu’on tue quelqu’un. »



Écœuré par cette guerre et toutes les guerres. Écœuré par l’impartialité suspecte de l’écrivain. Écœuré par le National Book Award qui a récompensé ce roman.

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Fin de mission

Quel choc ! Cela va être difficile de transcrire tout ce que ce livre a suscité . Il s'agît d'une dizaine de nouvelles centrées sur la guerre en Irak et plus particulièrement , le retour d'expérience de marines. Ils ont été affectés à la logistique, à la propagande, au service mortuaire, à l'artillerie, à l'infanterie. Ils sont prêtres, seconde classe, commandant. Ils sont blancs, noirs, arabes. Ils sont mutilés, dévastés psychologiquement . Ils attendent la mort, poursuivent leurs études , ne comprennent plus leur femme, boivent. Mais tous ont été changés.



C'est un livre absolument remarquable car le point de vue l'auteur est neutre quand à l'utilité de la guerre, de cette guerre en Irak. Il n'est pas là pour nous dire "c'est bien " ou "c'est mal". Il est là pour rétablir des vérités .Même si elles sont dures à entendre.

Philip Klay est un vétéran d'Irak et cela se ressent.Rien n'est fortuit. La réaction d'un marine à son premier mort, l'attente de la confirmation de la mort à travers une lunette thermique, cela ne s'invente pas.

Que dire de l'étude de la guerre sans arme ? La distribution de tenue de base ball aux petits Irakiens, ou la propagande diffusée dans les villes assiégées.

On rencontre des marines d'une humanité absolue, venus chasser les insurgés mais protéger la population civile. On trouve aussi des commandants venus pour tuer, entrainant tout le régiment derrière eux avec toutes les conséquences physiques et mentales imaginables.

On croise des soldats qui s'évertuent à apprendre l'apiculture aux veuves irakiennes et d'autres qui provoquent pour mieux attaquer.

Lorsque les marines sont de retour aux USA, on est dans du plus classique . L'incompréhension du monde , l'alcool , la dépression , l'isolement.Mais également ceux qui s'appuient sur leur statut de vétéran pour s'élever socialement.

L'armée US n'en sort pas grandie, ni salie d'ailleurs. Je l'ai trouvée plus humaine que ce que je pensais.

Comme d'habitude, la religion fout le bordel . Là, c'est entre chiites et sunnites. Si l'on comptait sur une année les morts liés à la religion, la Covid ne serait en effet qu'une gripette insignifiante. Ce problème local est , comme le reste, montré avec beaucoup de recul, sans position péremptoire.

C'est le livre le plus fort que j'ai pu lire sur la guerre "moderne", mais je ne suis pas un expert. Ce livre a reçu le prix du meilleur livre américain 2014, ça ne veut rien dire mais quand même ...

je vous le conseille bien évidemment.

J'en profite pour présenter mes vœux à ceux qui lirait ces quatre lignes insignifiantes. Je vous souhaite, comme je le fais à mes élèves , d'être heureux. Démerdez vous comme vous voulez mais soyez heureux.
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Fin de mission

National Book Award 2014.

Non, il n'y a pas de sens à trouver à sa vie quand on fait la guerre. Même quand on est un homme, un vrai, qui échange avec son père, un verre de whisky en main, avant de partir en Irak, tandis que lui est un ancien du Vietnam, ce pays où il y avait des putes.

On ressort secoué de cette lecture.

Je la compare à l'oeuvre de Tim O'Brien, éternel traumatisé du Vietnam (mais dont j'avais préféré son livre : "Les choses qu'ils emportaient", encore plus dévastateur).

Je conseille un grand film : "Dans la vallée d'Elah" qui dénonce la folie des hommes en Irak.

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Fin de mission

Guerre d'Irak.On est avec un bataillon de Marines dans la fournaise irakienne.La vie se déroule avec son lot de blessés,de morts,de permissions pour récupérer,la vie militaire.On a déja vu ça dans les nombreux romans écrits par des vèterans de la guerre du Viet-Nam,on peut dire que toutes les guerres se ressemblent.Puis c'est le retour au pays,difficile de se réadapter,reprendre des études..J'avais lu Yellow Birds il y a quelque temps,et l'avait trouvé plus percutant,écrit plus séchement,peut être aussi plus violent.

Une légére déception finalement pour ce "Fin de mission"
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Fin de mission

Fin de mission... Vraiment ?



Dans cette douzaine de nouvelles de Phil Klay (traduites par François Happe), les névroses et autres syndromes de stress post-traumatiques (PTSD) explosent à la face du lecteur, comme autant d'EEI (Engins Explosifs Improvisés) cachés en Irak ou en Afghanistan.



Elles sont atrocement anecdotiques comme celui des tueurs de chiens, mystiques comme celui de l'aumônier de guerre ou de ce dialogue catholico-islamique de campus, drôles autant que misérables lorsqu'il s'agit d'imposer le base-ball aux petits irakiens pour faire plaisir à un sponsor planqué au pas... Elles font toutes réfléchir.



À travers ces récits, Klay nous rappelle que revenir de mission d'Irak ou d'Afghanistan était déjà un succès. Mais cela ne signifiait pas que la mission était finie pour autant. Une autre démarrait alors : celle de la vie d'après qu'il faut essayer de reconstruire.



Alors que je n'aime habituellement pas les nouvelles, j'ai pris plaisir à lire celles-ci, tant le style de Klay est rythmé et habile à alterner l'anecdote et la réflexion, le grave et le drôle, les dialogues et les digressions.



Un livre qui instruit, qui fait réfléchir et qui ne laisse pas indifférent.
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Fin de mission

Dans Fin de mission, nous suivons pas à pas les acteurs de la guerre d'Irak lancée par l'incompétente administration Bush en 2003. Une invasion qui, bien qu'ayant fait tomber le tyran Saddam Hussein, a mis tout un pays à feu et à sang. Le point de vue sur ce conflit est celui des Américains (Phil Klay est un ancien combattant). C'est en cela que ce recueil est enrichissant. Il nous place au cœur, des interrogations, des pensées et des émotions de ceux qui ont participé, de près ou de loin, directement ou non, aux combats et aux atrocités de cette guerre. On y voit des marines, qui ne connaissent rien de l'Irak, aveuglés par l'endoctrinement de leurs chefs, agissant pour leur corps, leur famille, leur patrie, et oubliant les enjeux du camp (des camps) adverse(s). Des hommes qui ne se sentent vivre qu'avec une arme à la main.
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Fin de mission

La guerre, synonyme de mort ! Mais la guerre appartient surtout aux vivants, ceux qui la vivent…



Douze nouvelles, douze personnes, douze cas liés à la guerre en Irak. Certains sont revenus aux Etats Unis, certains y sont encore, d'autre n'en reviendront pas entiers. Gueules cassés des temps modernes, traumatisés ou se posant des questions sur leur rôle sur le terrain, leur histoire est différente. Pourquoi partir ? Pourquoi ne pas repartir ? Qui est responsable ? celui qui donne les ordres ou celui qui tire ? Qui a le plus de poids ? celui qui essaie endiguer la montée des extrêmes ou celui qui essaie de rétablir le réseau d'eau ? Et puis il y a le retour et le regard des civils. Ceux qui ne connaissent de la guerre ce qu'ils ont bien voulu voir par les médias. Une guerre qui ne correspond pas à ce que les douze personnes de ces nouvelles ont connu réellement et qui se racontent, ici, par leurs mots de jeunes recrues tout juste sortis de l'école, par le prêtre qui se posent des questions tout en essayant de répondre à celles qui lui sont posées, par l'ingénieur, le bureaucrate, l'artilleur… Douze personnes différentes mais qui ne seront plus jamais les mêmes.



En général, je n'aime pas trop les nouvelles. A peine le temps de nous familiariser avec un environnement, des personnages, qu'il faut déjà les quitter. Cette règle s'applique aussi pour ce livre. Et pourtant, il est impossible de penser à une autre structure. Un roman n'aurait pas eu autant de force. Un roman n'aurait pas pu traiter autant de sujets. Dire que la guerre est traumatisante, peut être pris comme un lieu commun. Mais pourquoi l'est-elle ? Seulement pour les horreurs qu'elle génère ? Certes, mais dans ce livre, grâce aux différents acteurs, nous comprenons que la guerre n'est pas seulement un combat au corps à corps. Que le traumatisme peut prendre des formes diverses. Si la mort est bien un personnage présent dans ces douze nouvelles, ce n'est pourtant pas le sujet principal. Ici, pas de héros mais des hommes avec leurs qualités, leurs défauts et surtout leurs questions. Ici, pas de grandes batailles, pas de faits exceptionnels, sanglants, marquants. Seulement la vie quotidienne de ceux qui sont partis. Cela rend plus poignantes ces histoires, plus réelles. La forme "nouvelles" permet aussi d'aborder le sujet délicat du retour à la vie civile. Là encore, ce sujet est traité de différentes sortes. Comment réagissent ceux qui sont revenus, comment réagit leur entourage. Faut-il mettre en avant sa carrière de vétéran ou au contraire, tout garder pour soi. Ce qui rend ce roman réaliste c'est le côté humain, ses réactions. Sans aucun jugement, sans essayer de faire du sensationnel. C'est aussi une façon de "voir" la guerre en dehors des médias. Une guerre lointaine, puisqu'elle n'est pas sur notre sol mais présente par la presse. Une guerre vue par de simples soldats et non du point de vue politique. Livre intéressant, même pour ceux, qui comme moi ne sont pas captivés par les "les livres "biographie et autres témoignages".

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Fin de mission

Ce recueil de nouvelles signé Phil Klay nous emmène sur les champs de guerre d'Irak et d'Afghanistan. Lui même ancien du corps de marine, Klay raconte le quotidien de ces soldats engagés dans des conflits qui font la fierté de l'Amérique mais qui porte un regard lucide, glaçant sur les blessures psychologiques à la fin de ces missions. La peur, la bravoure, l'absurdité des combats, la difficulté de retrouver les siens après le chaos du terrain, Phil Klay dans un style très réalisme qui fait froid dans le dos, décrit aussi l'impossibilité de compréhension des proches, les horreurs vécues et la difficulté de la réinsertion quand autant d'images terrifiantes hantent la mémoire des soldats.

Klay n'évite rien, ces portraits sont aussi touchants que terrifiants. Fin de Mission mais surtout début d'auteur remarquable.
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Fin de mission

Cet ouvrage se compose de plusieurs nouvelles qui toutes relatent des épisodes tragiques et terrifiants vécus par les soldats américains pendant la guerre en Irak. Tous sont jeunes, pétris d’idéaux de liberté et persuadés d'apporter le bien dans ce pays. Ils y trouveront la haine, la puanteur des corps abandonnés dans les rues, ils se livreront aux pires outrages sur des enfants, pratiqueront la torture sous toutes ses formes et obéiront aux ordres les plus abjects avant de rentrer chez eux et tenter de reprendre une vie normale.

Le contraste est saisissant entre l'horreur de la guerre que l'auteur décrit en termes crus et le salon de leur maison où évoluent leurs enfants si semblables à ceux qu'ils ont massacrés en Irak. L'auteur nous invite à contempler le vrai visage de la guerre et les ravages qu'elle commet sur des hommes marqués à jamais et condamnés à vivre dans un cauchemar permanent pour le restant de leur vie.



Ce roman vous jette la réalité de la guerre au visage, sans préparation, sans précaution et vous laisse désemparé, furieux, meurtri, horrifié et terrifié. L'auteur ne prend jamais parti, ne juge jamais aucun de ces actes laissant le lecteur seul face à ces récits et à sa conscience.



Ce livre extrêmement dur doit être lu pour découvrir ce qu'est réellement la guerre afin de porter un regard lucide et pertinent sur les événements qui secouent le monde actuellement.
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