Les ectoplasmes sèment le trouble, voire la panique, y compris à l'intérieur même de la communauté spirite, pourtant acquis depuis son origine à la cause de la médiumnité féminine, tant la nature de ces étranges formes semble difficile à cerner, comme l'indique Camille Flammarion dans sa préface à l'ouvrage de Bisson : " Cette extériorisation de la substance du médium ne donne pas, au toucher, l'impression d'être de la chair ; les sortes de doigts, de bâtonnets, que j'ai touchés, sortant de sa bouche, de ses mains, ou d'ailleurs, sont rugueux, solides, durs comme du bois, et disparaissent aussi vite qu'ils se montrent, après quelques secondes de constatation. "
Tizané oppose ainsi à l'image de l'adolescente "hantée" celle de la jeune fille obéissante,respectueuse des traditions et des coutumes familiales, prenant pour modèle le stéréotype de la "mère au foyer". Le "sujet épicentre" autour duquel, selon le gendarme, se déploient les perturbations du logis renvoie ainsi, par contraste à l'idéal d'un "éternel féminin" cher au régime de Vichy. [...] Dans ce cadre domestique plus que jamais contraint par une idéologie vichyste qui fait de la famille la clef de voûte de la société et qui en organise rigoureusement le fonctionnement, cantonnant hommes et femmes dans des rôles aux contours strictement définis, la jeune fille aux pouvoirs médiumniques incarne un potentiel de subversion insupportable, capable de faire vaciller l'ensemble de l'édifice social.
En principe, le gendarme ne croit pas aux fantômes. Autrement dit, lorsqu'il arrive sur les lieux où se produisent les "manifestations", il doit s'y rendre dans le seul but de découvrir un mystificateur humain.