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Citations de Philippe Charlier (214)


Autrement dit, pour déclarer un décès, deux témoins suffisent. Il n'est pas nécessaire de faire médicalement examiner le corps, ce qui ouvre la porte à toutes les irrégularités : l'officier d'état civil ne demande aucune justification médicale ou scientifique de l'état de mort du sujet. Deux membres d'une famille souhaitant se débarrasser d'un parent gênant peuvent ainsi le poudrer à l'aide d'un hokor, puis déclarer faussement mort leur proche, et en faire un zombi sans être inquiétés par qui que ce soit.
Cet article, comme le reste du Code civil haïtien, a été adopté en 1826 ! Si l'on peut comprendre qu'en cette première moitié de XIXème siècle, le nombre de praticiens était suffisamment faible pour qu'on soit obligé de se passer d'eux pour déclarer un décès, il est possible de dire que la situation a vraisemblablement changé en ce début de XXIème siècle. Une spécialité nouvelle est apparue (la médecine légale), d'autres sont venues complétées le champ des possibilités permettant - théoriquement - de diagnostiquer avec certitude un décès : anesthésie, réanimation, toxicologie. Il existe en effet de nombreuses circonstances mettant u individu en état de mort apparente, de telle sorte qu'il puisse être considéré par autrui comme décédé alors que ses fonctions vitales ne sont qu'au ralenti : prise de toxiques (hormis la tétrodotoxine, il faut compter les bêtabloquants - des médicaments qui diminuent la pression artérielle et le rythme cardiaque - et les barbituriques), les troubles métaboliques (hypoglycémie profonde, hypothyroïdie), l'hypothermie,le locked-in syndrome (ou accident vasculaire cérébral au niveau du tronc cérébral, une maladie bien décrite par Jean-Dominique Bauby dans son autobiographie, Le Scaphandre et le Papillon), et les troubles psychiatriques comme la nécromimie où certains patients "jouent à faire le mort".

Chapitre : Des zombis au tribunal
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La mode du paranormal et de l'occulte trouve sa source au XIX e siècle, en réaction au rationalisme, au positivisme et au scientisme global. La science -alors en plein développement - tend à expliquer toutes choses, la technologie domine peu à peu la nature, maîtrise la matière et décuple les capacités de l'homme… Mais le spiritisme se nourrit aussi des inquiétudes populaires au sein du monde occidental et des brusques changements politiques qui ont abouti de façon diffuse à des révolutions politiques.

P 66.
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Mais, on l'a vu, le vocable zombi peut recouvrir des réalités bien différentes : le "vrai" zombi, fruit de pratiques toxicologiques et de sorcellerie, un zombi qui présenterait un caractère social (avec un changement d’identité plus ou moins volontaire, facilité par ce véritable problème d'identité et de tenues des comptes d'état civil en Haïti), et enfin le zombi à connotation presque psychiatrique (pathomomie, nécromimie, personnalité multiple et notamment d'individu ayant connu la mort).

Chapitre : Des zombis au tribunal
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"Cet ouvrage est aussi le résultat de multiples rencontres et innombrables échanges fructueux. La recherche scientifique est et se doit d'être objective ; justement, ces recherches ne sont pas le résultat d'un travail solitaire dans un laboratoire, mais celui d'une équipe pluridisciplinaire qui implique un sain et nécessaire dialogue entre les différents intervenants. Certaines des études décrites ci-après ont pu réunir jusqu'à une trentaine de chercheurs, dont quelque uns n'étaient jamais intervenus en médecine légale." (P. 14)
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"Les textes anciens indiquent peut-être la voie à suivre, mais pas la voie suivie au quotidien." (P.115)
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"En attendant que la situation se débloque, la tête du "bon roi Henri (IV)" repose depuis bientôt trois ans dans le coffre fort d'une banque parisienne. Un bien triste sépulcre." (P. 197)
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Pas de journée sans que des églises chrétiennes n'accumulent les prêches antivaudou. Certaines simulent des cas de possession où la victime déclare "avoir un loa dans la tête", "être le diable", "être Lucifer", et autres folklores caricaturaux qui, pour Erol Josué, assujettissent le peuple et continuent de "zombifier la société", établissant une forme de néocolonialisme dont témoignent les églises qui poussent "comme du maïs" sur l’île. C'est ainsi qu'un des sites majeurs de l'histoire du vaudou en Haïti (mais aussi de l'histoire même de la nation) a été touché de plein fouet par cette crise conscience : un arbre des esclaves avait été élevé à Bois-Caïman le jour de la cérémonie du 14 août 1791 ; c'est au cours de cette cérémonie magico-religieuse que des esclaves réunis autour de la mambo Cécile Fatiman ont bu le sang d'un cochon noir égorgé pour se rendre invulnérables face aux balles des colonisateurs. Cette cérémonie est à l'origine de la flambée insurrectionnelle qui a abouti à la création de l'Etat haïtien, établissant du même coup le vaudou comme religion protectrice de la révolution du peuple tout entier. Or, cet arbre extrêmement symbolique a été coupé il y a quelques années par des fanatiques chrétiens sous prétexte qu'il "hébergeait le diable", puis des églises ont été construites sur le site même pour le décontaminer.

Chapitre : Dans le péristyle d'Erol
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"Mon ami, je t'ai envoyé quérir pour me venger de mon mari qui m'a battue. Mon ami, il faudrait que tu le tues et mettes à mort, car aussi bien je n'aurai jamais bien avec lui. Il dit aussi qu'il me tuera.
- Mademoiselle, ne vous en souciez plus, car je le tuerai bien.
- Mon ami, tu me feras un grand plaisir"
(Dialogue rapporté lors du témoignage d'une femme de chambre dans une affaire criminelle datant de 1532.)
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On le voit, les études sérieuses sur les cas de zombi sont rares. Certains universitaires nord-américains, assez facétieux, se sont servis de ce mot comme d'une figure de style pour étudier sur le plan neurologique les altérations liées à l'état de faible conscience ou de mort cérébrale. En 1997, la publication dans le Lancet - journal médical de réputation mondiale - d'un article portant sur trois cas de zombis examinés médicalement par un psychiatre anglais et son homologue haïtien (Charles Douyon) a fait l'effet d'une bombe dans le milieu scientifique. Après des investigations de terrain, des examens cliniques et complémentaires (scanner et confrontation génétique avec les autres membres de la famille, par exemple), les praticiens ont pu clore trois dossiers sélectionnés avec des diagnostics divers : schizophrénie catatonique (pour la patiente "FI") correspondant très vraisemblablement à Francina Ileus vue plus haut) ; lésions cérébrales postanoxique avec épilepsie séquellaire ; usurpation d'identité.

Chapitre : D'autres zombis... morts ou vifs
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Bâtiment mal connu des Parisiens, naguère située « hors de la ville », la Chapelle expiatoire est désormais au cœur de la capitale française, dans ce que l’on a coutume d’appeler « les beaux quartiers ». Seul monument à vocation « royaliste » de Paris, en son sein repose un curieux assemblage humain. Derrière ses murs, des inconnus et des « célébrités » historiques. Des ci-devant, comme des nobles. Régicides et royalistes. Des amis et des ennemis de la Révolution française, tous unis dans le repos éternel. Tout ce petit monde regroupé dans un bâtiment dédié au roi martyr et à son épouse, les grands absents du lieu, qui, eux sont inhumés à Saint-Denis !
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"Quel sera l'avenir de cette discipline, l'archéo-anthropologie? Peut-être et surtout une interdisciplinarité, c'est à dire, une collaboration intense et fructueuse avec d'autres champs d'application et d'autres disciplines scientifiques et humanistes : médecins légistes, historiens, archéologues, anthropologues, ethnologues. (...) Les échanges entre disciplines universitaires ne sont pas dispersion mais émulation, progrès. Ils sont la clé de l'objectivité et de l'excellence scientifique, de la "manifestation de la vérité", comme on dit au tribunal." (P. 224)
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Lorsque la science se confronte aux croyances, la réalité peut s'avérer tout aussi fascinante - sinon plus - que les fictions.
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les individus malformés n’étaient pas systématiquement éliminés à la naissance, comme on le pense souvent, et comme le relatent abondamment les textes antiques. Si cette probabilité existait, l’archéologie prouve que de nombreux sujets malformés ont pu vivre dans une communauté sociale sans en être exclus, et parfois y être pris en charge par ladite société.
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En Europe, et même au-delà, pendant la Préhistoire, il semble bien que les individus valides aient pris soin des personnes âgées, des malformés, des blessés, ainsi que des invalides, qui, contrairement à un autre poncif répandu, n’étaient ni exclus, ni rejetés du groupe social. Au contraire, à cette époque de nomadisme ou de semi-nomadisme, les conditions de déplacement pour les non-valides pouvaient être prises en charge par la communauté. Car maintenir en vie les blessés, les invalides, les malformés permettait d’augmenter les capacités de reproduction et d’assurer la survie du groupe par le nombre : une surdité ou un fémur en moins n’ont jamais empêché de procréer. L’autre façon d’assurer la survie du groupe consistait à garder les anciens avec lui – il s’agissait là de survie par l’intelligence, car les anciens étaient les dépositaires d’une forme de sagesse, importante pour l’ensemble du groupe. La compétition individuelle était alors inexistante, seule la survie de l’ensemble primait.
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Dans sa préface à l'ouvrage du journaliste et occultiste William Seabrook sur Haïti [...], Paul Morand a bien cerné cette frustrante limite à la connaissance et cette impuissance à enquêter du dehors : "Je crois savoir à quel point il est difficile d'assister à des cérémonies autres que celles qu'on veut bien montrer aux étrangers. Tout ce qui est magique, par définition, est secret."

Postface par Alain Froment
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Dans la vue de Caen [tableau peint avec le coeur de Louis XIV d'après la légende] l'analyse de fragments de peinture rune au microscope électronique à balayage du musée du quai Branly-Jacques Chirac a confirmé qu'il s'agissait bien de tissu musculaire. Ensuite une analyse protéinique par le laboratoire du CEA de Marcoule a permis d'identifier des protéines cardiaques ( le tissu musculaire sur le tableau provient donc bien d'un coeur humain), ainsi que de protéines liées à une surinfection bactérienne très fréquente chez les patients diabétiques - en langage courant, la gangrène infectieuse. Cela correspond aux causes exactes de la mort de Louis XIV en 1715. [note de Pégase Shiatsu : si ce n'est pas e l'autopsie, mais c'est quoi comme démarche ?]
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L’homme est libre, mais responsable ; ce qui veut dire que l’on ne peut pas, que l’on ne doit pas tout dire ou tout montrer. La science, supposée « froide », peut-elle s’embarrasser de pudeur ? Le respect de la dignité de la personne intègre en effet le respect de sa pudeur
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Les échanges entre disciplines universitaires ne sont pas dispersion mais émulation, progrès. Ils sont la seule clé de l’objectivité et de l’excellence scientifique, de la « manifestation de la vérité », comme on dit au tribunal.
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Philippe Charlier
[Préface de Il était une fois le sang, collection dites 33]
Au fur et à mesure des générations, des peurs (l'hématophobie - peur de la vue du sang- est la troisième crainte la plus répandue chez l'Homme après celles des animaux et du vide), de l'évolution des représentations ou encore du progrès des connaissances scientifiques, le sang a acquis un véritable statut. Il a même gagné sa propre spécialité : l'hématologie.
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Quel sera l’avenir de cette discipline, l’archéo-anthropologie ? Peut-être et surtout une interdisciplinarité, c’est-à-dire une collaboration intense et fructueuse avec d’autres champs d’application et d’autres disciplines scientifiques et humanistes : médecins légistes, historiens, archéologues, anthropologues, ethnologues.
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