Citations de Philippe Gerin (55)
- [...] Les hommes ne sont qu'une parenthèse au cœur de l'histoire. Il ne faut pas chercher à être autre chose que ce que l'on est.
- [...] Il y a des circonstances où le chant d'un oiseau est la seule humanité qui reste.
La trop longue solitude assèche le verbe et le désir d’autrui.
Dans le monde qu'ils se sont créé pour échapper à la pesanteur des temps obscurs de Singapour, sans doute se sentent-ils libres et prisonniers à a la fois. Pourtant, à cet instant, leurs pas sur l'écume des vagues mourantes sont légers et leur bonheur ne fait pas de doutes.
Le rêve reste la plus belle des aventures.
Le rêve reste la plus belle des aventures.
Aucune trace n'est éternelle. Rien n'est immuable, l'oubli est le seul rempart.
Il faut que tu voies l'hiver. Ne pars pas avant d'avoir vu l'aube bleue glisser sur la lande couchée et sur les rochers pointus, lorsque le jour ne vient jamais. Ne pars pas avant d'avoir ressenti sur ta peau les lumières d'un ciel strié d'aurores boréales. Ne pars pas, pas encore.
- L'important, c'est le chemin. Ce n'est pas la destination.
L'hiver s'acheva enfin. Les différentes strates de neige qui s'étaient succédé se décomposèrent une à une pour laisser la lande jaunie renaître avec les premières lumières hésitantes du printemps. Sous les pas des hommes et des bêtes, la terre était boue, l'herbe spongieuse et les chemins encombrés de flaques d'eau, sur lesquelles se reflétaient les nuages bas et perpétuellement menaçants. Pourtant quelque chose d’imperceptible changeait avec les minutes de clarté gagnées sur la nuit polaire. Quelque chose d'indicible mais que tous ici ressentaient. Le regain se propageait dans la sève et dans le sang et peu à peu, la vie une nouvelle fois gagnait sur les ténèbres.
Et Sasha comprenait que malgré sa rencontre avec Ayden, malgré Eldfell, malgré tout ce qu'elle avait accompli de bien dans sa vie et qui lui avait valu de l'amour et de la reconnaissance, malgré tout cela, les renoncements imposés par son corps décalé d'adolescente avaient ancré profondément en elle la conviction qu'elle ne valait pas grand chose. On est fait aussi de toutes les humiliations accumulées.
« Il est des moments comme ceux-là dans la vie ou on veut croire les choses définitives, non ? »
Une étoile filante se détacha et il s'immobilisa pour suivre sa trajectoire. Il imagina que Kane, où qu'il soit, observait peut-être la même étoile que lui.
Il y a des mondes invisibles qu'on pressent sans avoir besoin de la preuve de leur existence. Et à l'inverse, tant de mondes visibles qui agitent sans cesse la preuve de leur existence pour faire oublier qu'ils ne sont que des constructions. Ce qui a un sens n'a pas besoin de preuve.
Cosme K s’était agenouillé juste en face du vieil homme, si près de lui que des images de sable et de vent, de terres gelées et de cristaux de sel, l’envahirent. Et l’espace étroit de la pièce sembla soudain se dilater comme si les murs voulaient se dissoudre pour laisser place à un autre décor dans une rotation vertigineuse du temps sur son axe.
Maïkan, ta mère ne reviendra pas. Quoi qu'elle t'ait dit, quoi qu'elle t'ait promis, tu dois savoir qu'elle ne reviendra pas. Nous devons apprendre à vivre tous les deux, sans elle. Elle n'était pas d'ici. Elle n'était pas d'Andøya. Elle est venue pour toi mais une île ça peut rendre fou quand on n'y est pas né. Une île ça ne pardonne aucune faiblesse.
"L’air s’est rafraîchi. Je me demande combien de fois tu as traversé cette plage dans l’air étouffant de journées interminables. Tous ces pas imprimés, le poids de ton corps sur ce sol sec, qui abandonne des traces éphémères derrière lui. Depuis que j’ai mis mes pas dans les tiens, la colère s’est peu à peu dissoute. J’ai rencontré ceux qui t’ont aimé et que tu as abandonnés à leur tour. J’ai vu la beauté des lieux qui t’ont accueilli dans leurs écrins et que tu as laissés derrière toi. Je ne peux te haïr. Je n’ai jamais pu. La peine se fait moins forte ici. Je la porte encore en moi en étendard mais la lassitude est en train de l’emporter. Il est temps pour moi d’accomplir le voyage de retour."
Au loin, sur la mer, le plus grand parc éolien offshore de Norvège s’étendait sur toute la surface de l’eau. Une armée de cyclopes, unijambistes et silencieux, dont les yeux rouges et intermittents semblaient menacer les terres lourdes et archaïques d’une invasion imminente.
L'attachement, c'est pouvoir appeler quand la peur surgit et être toujours certain que quelqu'un vienne.
Le passé n'est jamais totalement définitif.