Citations de Philippe Laperrouse (39)
Si son corps n’était pas déjà dans un état vaporeux, il pourrait se dire qu’il va mourir d’ennui.
Je vérifiais cet axiome tous les jours : l’ultra-richesse est un système qui se gère tout seul.
Rigobert sait ce que sont des archives. C’est un endroit sombre ou poussiéreux où un homme âgé passe son temps à compulser, trier, soigner de vieux grimoires auxquels personne ne comprend rien et qu’aucun être ne consultera jamais.
L’ancien soldat peut à loisir devenir transparent en émettant un simple souffle sur le bout de ses doigts. Ce phénomène provoque des anecdotes amusantes qu’il ne manque pas d’explorer. Rien ne l’empêche de s’attabler à une auberge et de s’évanouir dans l’espace au moment de l’addition.
La soirée est douce et son état gazeux lui permet toutes les fantaisies. Il aurait pu prendre une chambre dans un hôtel de luxe et s’enfuir, invisible, sans payer son séjour. Ce genre de filouterie l’amuse beaucoup.
Le libéralisme économique utilise jusqu’à l’enveloppe charnelle des hommes pour faire toujours plus d’affaires au profit de quelques magnats.
Aux abords de l’agglomération lyonnaise, un conducteur de travaux qui surveille un chantier près de l’autoroute a une vision étrange : un grenadier napoléonien galope sur le dos d’une jument à la robe pommelée, le long de la voie de sécurité. Ce qui laisse l’homme pantois, c’est que le soldat tient un téléphone portable entre les mains.
Les responsabilités, ça va souvent de pair avec les ennuis.
La lecture, ça vous forme un homme.
Rigobert Bonneville commence à trouver un peu raide la plaisanterie divine qui l’a transformé en zombie. Les forces de l’ombre auraient tout de même pu ficher la paix à son corps mort sur le champ de bataille de Dresde. C’était le moindre des respects !
Il n’est pas aisé de devenir fantôme après sa mort. Il faut avoir accumulé dans son âme, une formidable concentration d’énergie constituée par une riche vie intérieure.
Il en concluait, pendant ses moments de clairvoyance, que la soumission, ça arrange tout le monde. C’était, sans doute, sa première opinion politique.
Le regard oblique est une caractéristique physique incontournable pour accéder à la corporation des hauts fonctionnaires.
Il est de ceux dont on parle entre soi, même lorsqu’ils sont là, tant son enveloppe corporelle semble transparente à ses contemporains.
C’est un individu orgueilleux, obsédé par l’image qui se dégage de sa propre personne. Ce qui le distingue d’un fiérot, c’est qu’il estime que ce reflet est et doit rester sans intérêt.
Pour être courageux, il faut avoir une frousse épouvantable de l'événement et la surmonter.
Les êtres qui gesticulent sur leurs téléviseurs ne sont pas plus gracieux que les autres quand on les regarde de près, une fois que les projecteurs sont éteints.
Un employé sous tension est un être qui ne s’endort pas. C’est toujours ça de gagné.
— Je sais, je sais ! Nous n’avons rien fait de nos vies !
Je n’aime pas vraiment ce pluriel, mais cette déclaration montre que, concernant l’inanité de l’existence, nous nous sommes compris.
Contrairement à ce que prétendent des esprits malveillants, c’est un moment qui leur est souvent profitable. De ce dialogue, peuvent naître de profondes créations artistiques ou des décisions historiques. Voltaire, Balzac, Rodin, Picasso n’auraient jamais été illustres s’ils n’avaient pas exploré leur part d’ombre. On dit que c’est dans un rêve qu’Einstein a parachevé la théorie de la relativité. Eh oui ! Ma contribution est passée inaperçue, mais je suis toujours là !