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Citations de Philippe Noiret (23)


Philippe Noiret
Le voyage est court. Essayons de le faire en première classe.
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Philippe Noiret
La vieillesse)
Il me semble qu'ils fabriquent des escaliers plus durs qu'autrefois. Les marches sont plus hautes, il y en a davantage. En tout cas, il est plus difficile de monter deux marches à la fois. Aujourd'hui, je ne peux en prendre qu'une seule.
A noter aussi les petits caractères d'imprimerie qu'ils utilisent maintenant. Les journaux s'éloignent de plus en plus de moi quand je les lis : je dois loucher pour y parvenir. L'autre jour, il m'a presque fallu sortir de la cabine téléphonique pour lire les chiffres inscrits sur les fentes à sous.
Il est ridicule de suggérer qu'une personne de mon âge ait besoin de lunettes, mais la seule autre façon pour moi de savoir les nouvelles est de me les faire lire à haute voix - ce qui ne me satisfait guère, car de nos jours les gens parlent si bas que je ne les entends pas très bien.
Tout est plus éloigné. La distance de ma maison à la gare a doublé, et ils ont ajouté une colline que je n'avais jamais remarquée avant.
En outre, les trains partent plus tôt. J'ai perdu l'habitude de courir pour les attraper, étant donné qu'ils démarrent un peu plus tôt, quand j'arrive.
Ils ne prennent pas non plus la même étoffe pour les costumes. Tous mes costumes ont tendance à rétrécir, surtout à la taille.
Leurs lacets de chaussures aussi sont plus difficiles à atteindre.
Le temps lui-même, change. Il fait froid l'hiver, les étés sont plus chauds. Je voyagerais, si cela n'était pas aussi loin. La neige est plus lourde quand j'essaie de la déblayer. Les courants d'air sont plus forts. Cela doit venir de la façon dont ils fabriquent les fenêtres aujourd'hui.
Les gens sont plus jeunes qu'ils n'étaient quand j'avais leur âge.
Je suis allé récemment à une réunion d'anciens de mon université, et j'ai été choqué de voir quels bébés ils admettent comme étudiants. Il faut reconnaître qu'ils ont l'air plus poli que nous ne l'étions ; plusieurs d'entre eux m'ont appelé monsieur ; il y en a un qui s'est offert à m'aider pour traverser la rue.
Phénomène parallèle : les gens de mon âge sont plus vieux que moi. Je me rends bien compte que ma génération approche de ce que l'on est convenu d'appeler un certain âge, mais est-ce une raison pour que mes camarades de classe avancent en trébuchant dans un état de sénilité avancée ?
Au bar de l'université, ce soir-là, j'ai rencontré un camarade. Il avait tellement changé qu'il ne m'a pas reconnu
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Il y a certainement quelque chose qui nous unit, tous les trois (Rochefort, Marielle et moi). Rochefort a dit quelque part que ce que les spectateurs aimaient en nous, c'était qu'ils se retrouvaient dans leurs charentaises. S'agit-il d'une certaine authenticité dont nous serions les porteurs, et qui serait celle de la province française ? Sûrement. Mais qu'est-ce qui nous réunit en tant qu'hommes ? Je crois que c'est un certain recul par rapport à notre état, par rapport à la place que nous avons dans le paysage cinématographique. Nous n'avons jamais été dupes des à-côtés du métier, dans le succès publique et médiatique, par exemple. Nous n'avons pas changé de comportement à la suite de l'évolution de notre statut. Nous n'avons pas boudé notre plaisir à jouer les Gary Cooper, tout en évitant de nous prendre trop pour Gary Cooper.
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Dans cette scène, j'étais quasiment un des seuls à ne rien dire. Donc je mangeais et je buvais. Avant de dire "moteur", Hitchcock m'avait pris à part :
- Je vous ai apporté des produits de la maison : du pâté de canard d'Amiens et du bon vin.
Sur le plateau, Hitchcock possédait deux sièges, un fauteuil de metteur en scène normal avec son nom derrière, et un autre en hauteur, qui lui donnait une vue plongeante. Ce jour-là, il était juché sur le second, avec ses petits pieds chaussés de bottines à lacets qui battaient dans le vide. A la fin de la prise, je l'entends qui dit :
- Cut !
Tout le monde attendait alors le verdict en retenant son souffle, et, à ma terreur, il se met à articuler lentement :
- Mister Noiret...
C'était mon premier vrai plan en studio, je n'avais tourné que des extérieurs à Paris, avec ma fameuse béquille, que j'avais retrouvée par la suite à Hollywood.
- Mister Noiret...
Un long silence et puis :
- How was the pâté ?
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En 1978, j'ai été le premier homme à faire la couverture de ELLE, ce qui n'est pas le moindre de mes sujets de fierté. Par la suite, quelques seconds couteaux m'ont emboîté le pas, du type Yves Montand ou Alain Delon. Mais le gars qui a inauguré la série, c'est Fifi.
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La télévision a pris la place du cinéma de façon irrémédiable. Plus que celle du cinéma en général, CINEMA PARADISO établit le constat mélancolique de la mort d'un certain cinéma, celui qui était au centre des joies et des peines des hommes, qui touchait toutes les classes sociales et qui réussissait cette prouesse de les réunir dans une salle obscure. Tout le contraire d'une télévision clignotante, qui fragmente et divise.
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Avec Bertrand Tavernier, nous nous sommes vite compris à demi-mot ; nous avons beaucoup de points communs. Nous avons reçu des éducations comparables. Nous partageons l'amour des mots, de la littérature. Nous avons aussi le goût de la vie, de ce qu'elle a de concret, de la table, du vin, de la campagne. Et puis, nous sommes paraillement habités par ce sentiment, non des douleurs cachées, mais des blessures, faites par on ne sait qui ou quoi, blessures qui ne furent pas particulièrement violentes mais qui relèvent d'une espèce de mélancolie de naissance. Au fond de moi, je sécrète cette tendance à la mélancolie, que balance un goût de la vie. Qui touche à la révolte aussi, sous-jacente.
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Dans la vie de comédien comme dans l'amour, j'ai toujours eu l'intuition que c'étaient la sédimentation, l'accumulation qui bonifiaient les choses. Je n'ai jamais ressenti le besoin de grandes émotions, de passions avec un grand P. J'ai toujours eu foi dans les émotions partagées. La vie d'un couple qui devient une famille, avec l'harmonie qui s'en dégage, m'a toujours paru une aventure tout à fait extraordinaire. Le quotidien de la vie était un défi à relever : j'ai tenté de réussir cela, d'autant que j'avais conscience de la grand fragilité de cette harmonie, qu'il faut protéger, entretenir. La corrélation qui peut exister entre la réussite dans le travail et la réussite dans le couple m'a toujours beaucoup intéressé. Faute d'être parvenus à trouver cet équilibre, j'ai vu bien des gens exploser en vol. Ceux qui ratent l'un ou l'autre sont nombreux, mais je n'en ai que très rarement rencontré qui avaient réussi sur les deux tableaux. Souvent, les choses cassent parce qu'on ne tient pas suffisamment le coup. Parfois, ce n'est qu'un col à passer, puis ça repart.
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Jusqu'à aujourd'hui, cela m'a servi de leçon : lorsque je rate quelque chose, je me dis que quelque chose de bien meilleur va m'arriver juste après.
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Il s'est produit un phénomène d'identification. Sans être tout à fait commun, je suis quelqu'un d'assez ordinaire. Si ça doit venir, ça vient. Cela n'a rien à voir avec le talent. On ne peut pas tabler là-dessus. Je crois que si j'ai une qualité comme acteur de cinéma, c'est la crédibilité. Les gens ont foi en ce que je leur propose. Et cela, on ne peut ni le prévoir ni le calculer. On ne peut que s'efforcer d'être le plus honnête possible face à son personnage, de ne pas chercher à en faire plus que ce qu'il nécessite. Cela correspondait à ma nature. Certains acteurs aiment en faire énormément, surjouer, et parfois cela peut être épatant. Pour moi, ce fut le contraire de cela. Avec Vilar j'avais appris quels rapports on devait entretenir avec l'oeuvre, le personnage et l'entreprise dans son ensemble. C'est une question de diapason, de note. A chaque nouveau rôle, il faut retrouver la virginité, l'innocence, l'invention et le jaillissement. C'est cela l'honnêteté. Aller au bout de tout ce qu'il y a, au fond d'un personnage.
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Se considérant d'abord comme un artisan, il n'estimait rien tant que l'humble répétition des gestes, qui le conduisait, dans son art, vers une simplicité toujours plus grande. Ce livre fut sa dernière bataille.
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La musique contribue à élargir encore la dimension populaire du cinéma, car elle permet de graver les films dans la mémoire des gens. En matière de couleur, d'intervalles ou de rythme, la musique n'est pas sans parenté avec le cinéma.
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Mais pour moi, le vrai cinéma populaire, c'était par exemple ce que Bertrand Tavernier recherchait : un cinéma d'auteur à portée de tous. C'était exactement le cinéma dont j'avais envie.
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Orson Welles, que j'avais entendu prononcer une conférence à Chaillot, disait que chaque fois qu'il y avait eu un progrès technique, un peu de poésie avait été enlevé au cinéma. Ce fut le cas avec l'apparition du son, puis celle de la couleur. On le vérifie de nouveau avec les effets spéciaux et le numérique. Paradoxalement, à chaque avancée, le pouvoir d'évocation du cinéma tend à diminuer. Il était plus facile, par exemple, de filmer une forêt d'arbres aux feuilles bleues au temps du noir et blanc qu'à l'heure du cinéma en couleurs.
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Les grands textes se suffisent à eux mêmes. Tout est dit dans l'écriture. Si l'on éprouve le besoin d'en rajouter, il y a de fortes chances pour que l'on ne soit pas dedans. C'est un des paradoxes du comédien : lui, le maître de jeu, quand il se retrouve face à un grand texte, doit s'efforcer de ne rien ajouter qui ne soit le texte lui même. Lorsque le texte est moins bon, on peut éventuellement compléter, enrichir, achever. Mais ce qui fait la différence entre un Musset, par exemple, et une banale pièce, c'est la présence ou non de la poésie dramatique. Car la poésie a pour fonction spécifique de permettre l'incarnation. On le sent lorsque des oeuvres, qui ont par elles mêmes leur valeur, ne trouvent leur véritable raison d'être qu'à travers une incarnation, c'est à dire, au théâtre, projection et respiration. Si je lis une pièce de Racine, de Claudel, de Corneille ou de Hugo, j'ai envie de la dire à haute voix.
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Il en est de Claudel comme de tous les grands auteurs qui sont aussi des poètes : leurs personnages dramatiques se révèlent à travers la respiration. Toute interprétation est une sorte de musique rythmée, ponctuée de pauses, de silences. C'est une succession de blanches et de noires, avec des déliées, des liaisons. Il est donc absolument nécessaire d'avoir une technique impeccable, au risque d'être englouti. Le souffle est un élément primordial. Aujourd'hui, cette évidence disparaît au profit de la "vérité", du "réalisme", du "naturel, ce sacro-saint naturel dont tout le monde se fout... Il suffit de réentendre des enregistrements de Gérard Philippe, de quoi faire dresser les cheveux sur la tête à nos jeunes acteurs. Il y a là dedans une telle folie, un tel lyrisme... Cela tient de la transposition, du chant. c'était complètement irréaliste. Parfois même, on se disait qu'il allait un peu loin...
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On prétend que la télévision permet de repêcher les films qui n'ont pas rencontré leur public au moment de leur sortie ; ce n'est pas totalement faux. Mais elle a surtout contribué à réduire considérablement l'offre cinématographique, en asséchant le public des salles obscures et en s'arrogeant la haute main sur le financhement. Petit à petit, elle est devenue productrice. Cela a changé complètement la donne.Si la télévision soutient le cinéma, elle le fait comme la corde soutient le pendu. Elle a finit par imposer sa loi. Sans une coproduction télévisuelle, aucun film ne peut se monter. Sans l'aval d'une des cinq ou six personnes chargées de la production sans les chaînes, aucun projet ne peut avoir d'avenir.
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Il était d'abord habité par cette noble ambition de divertir son prochain, qu'il est de bon ton, chez certains, de prendre de haut.
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Le seul inconvénient des livres, c'est qu'on ne sait jamais où les mettre.
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Le cinéma le plus minutieux du monde ne peut offrir que des évocations.
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