Philippe Petit Talks "The Walk"
Même si vous ne vous produisez pas, si vous n'exécutez pas de numéro, n'allez pas croire que vous n'avez rien à répéter !
Vivre est un art en soi, cela fait de vous un artiste du spectacle vivant.
Répétez votre lendemain avant qu'il ne vous réveille.
Répétez votre rêve avant qu'il ne s'évapore.
Répétez avec joie et fierté, et laissez-vous aller au plaisir de vous produire dans votre vie de tous les jours !
Mais... restez à l'affût de ces subreptices vagues d'inattention et d'énergie déclinante qui vous font peu à peu dériver de votre but.
Quand elles se formeront -- cela arrivera forcément --, prenez mon antidote : il se compose de trois ingrédients pouvant être utilisés à doses variables, à tout moment et dans n'importe quel ordre :
- L'intuition
- L'improvisation
- L'observation p 154-155
Homme de l'air, enlumine de ton sang les très riches heures de ton passage parmi nous. Les limites n'existent que dans l'âme de ceux qui sont dépourvus de songes.
Le mot "chaos" vient du grec et signifie "faille, béance". C'est un mot magnifique.
(...) Dans le chaos, tout est possible. On y accueille chaque idée nouvelle sans se préoccuper de la réalité. Oubliez le temps, l'argent ou la raison ; embrassez cet univers exaltant ! Parce que si vous commencez par vous embarrasser de règles, votre créativité mourra dans l'oeuf.
Cependant, il ne faut pas laisser ses idées partir à la dérive. J'attache les miennes les unes aux autres -- sans ordre particulier -- avec la corde de l'intuition. Je les retiens prisonnières ; je sais où les trouver, à tout moment. Cela me confère du pouvoir et de la liberté : je peux briser les règles, je peux oser. p 36-37
Je vais où l'on doit oublier d'où l'on vient. Je vais où l'eau du ciel est limpide. Si claire que la terre s'y reflète. Un monde transparent comme un ciel de fin du monde. Ciel qui m'envahit les veines.
(...) Les vents chuchotent comme des chevaux fatigués. Moi, toujours en selle, je pique à travers le cours ordinaire des choses, par-dessus la mémoire, par-dessus le vide et ses profonds silences, par-dessus moi-même, coupé du monde d'en bas.
Personne ne doit soupçonner qu'à mesure de fil, mes lèvres goûtent la brise sucrée, que si je progresse c'est par gourmandise.
Un pied en avant, puis l'autre, je m'éloigne. Enchanté d'accorder une attention absolue à un geste d'avant le temps dont on a égaré les secrets. Pour mériter le fil, c'est simple, il suffit que la marche soit parfaite à chaque pas.
Ce pas-ci, ce pas-là. Un pas... parfait ! Un pas, un pas, encore un pas, bien... je marche, je marche.
Je les aligne comme des notes sur une portée. Vous les croyez identiques, les notes, les pas, mais chacune, mais chacun, porte un son distinct. Fanfare de ma destinée.
LA REPETITION
Cessez l’entraînement ordinaire.
Attaquez par des marches jusqu’à ce que la jambe respire, que le pied prenne bien le fil.
Prélevez chaque élément du spectacle dans l’ordre de votre fantaisie, examinez-le avec sévérité. Si sa qualité est réelle répétez-le simplement le nombre de fois nécessaire : vous devez laisser sur le câble un mouvement irréprochable.
Accordez de l’importance au moindre geste. Ne vous attardez pas sur le passage qui semble correct. N’oubliez rien de ce qui compose l’apparition.
Vous êtes prêt pour la répétition.
Descendez, prenez du repos. Changez de costume. Préparez la musique. Acceptez si vous le désirez quelques spectateurs. Puis, comme si l’on venait de vous annoncer, partez brusquement vers le fil d’un pas décidé.
Présentez votre spectacle.
Descendez. C’est tout.
Ne faites pas un tour de plus après cela, ne vous amusez pas.
Répétez votre numéro chaque jour, en fin d’entraînement.
Et rentrez chez vous en regardant le sol, en ne pensant à rien. Surtout.
p.114s
Je me suis toujours méfié de la dualité entre la croyance et le savoir. Je préfère la dualité entre la croyance et la foi. Au sens où on peut avoir la foi sans adhérer à une croyance.
Mille mètres de marche d’un vingt-cinq millimètres dégraissé, découvert par miracle. C’est l’objet le plus superbe que j’aie jamais touché. Il pèse trois tonnes. Je suis heureux.
p.126
La situation de la prostate au croisement de l'urètre et des canaux éjaculateurs lui assigne une double fonction urinaire et génitale.