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4.18/5 (sur 48 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Levallois-Perret , le 20/09/1923
Biographie :

Né le 20 septembre 1923 à Levallois-Perret, il passe son enfance à St-Étienne de Chômeil, dans le Cantal. Après sa démobilisation en 1946, il devient instituteur. Licencié en Droit, Philippe Roucarie est sous-intendant au lycée d'Aurillac de 1958 à 1962 puis intendant au lycée La Souterraine de 1962 à 1968, et au lycée Jean Dautet à La Rochelle de 1968 à 1978. Conseiller d'administration à La Rochelle de 1978 à 1984, il prend sa retraite le 1er octobre 1984. Passionné d'éducation, de rugby puis d’écriture Philippe Roucarie est un des auteurs marquants du terroir auvergnat.

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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
La vie est curieuse. Les jours se suivent, se ressemblent dans leur monotonie, leurs petits problèmes, leurs petites choses, leurs petites joies, leurs grandes peines, puis arrive une heure où passe le plat du bonheur. Il faut se servir, vite, car si l'existence t'a offert ce cadeau, elle ne recommencera plus jamais. Tu as un instant pour choisir, le reste de ton temps pour regretter.
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Il savait que, comme après chaque cataclysme, s'extériorisait une frénésie de vie, un besoin pour ceux qui étaient revenus de clamer leur délivrance et pour ceux - celles surtout - qui avaient tant attendu de respirer et de rire.
Mais ici, il en était trop resté. Il y avait eu trop de coupes sombres et comme devait dire Louis devant cette retenue :
- On ne peut pas tenir rigueur à un cul-de-jatte de ne pas danser la gigue !
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« Là ! .Regarde ! .»
Il avait déjà appris à en reconnaître les feuilles, l’allure, la force et l’élégance. J’imaginais qu'il allait se précipiter, tenter d’arracher le plus commode. Il m’a regardé, me donnant d’instinct une leçon qui m’a fait pressentir dans l’instant que de la Nature il sauverait l’essentiel.
« Il ne faut pas prendre le premier. Il poussera sans gêne. Celui du fond aussi, mais celui du milieu n’aura pas assez de place ! »
Nous arrivions pour lui offrir la liberté mais aussi pour laisser à ce coin de forêt la petite fortune qu'elle y avait investie. Dans le même geste nous avons écarté la bruyère, dégagé le tronc et mon petit compagnon a empoigné la tige pensant l’arracher du sol comme il le faisait dans son jardin d’un quelconque légume. Je jugeais de sa surprise.
« Nous allons avoir beaucoup de peine ! Il a autant de racines dans la terre que de branches dans l’air !
– Alors ?
– Alors on va doucement dégager le collet, creuser autour, tenter de l’amener sans le blesser. »
Il m’a regardé, inquiet.
« Ce sera long ?
– Peut-être ! Sûrement !
– Alors, on y va ! »
Il ignorait le doute et le découragement.
Ce ne pouvait être pire. Le tronc pénétrait dans quelques centimètres de pierraille et puis il se glissait directement dans le rocher allant chercher dans quelque endroit impossible une nourriture d’infortune. Heureusement j’avais la pioche et la roche, friable, se laissait arracher par plaques. Mon petit aide ne perdait pas une occasion de guider mes coups.
« Là ! . . . l à ! . . . »
Et puis un éclat arraché il le prenait doucement, attentif à ne pas blesser l’arbre. Une racine est apparue, une autre a suivi que nous avons dégagée longuement. Je lui ai montré comment on les coupait avant une inévitable blessure et il a voulu m’imiter, le Coursolle bien calé dans la main, la joue tirée par l’effort.
« Tu crois ? . . . »
La pivotante est enfin apparue mais elle était restée faible, rebutée par la dureté du sol. J’ai penché doucement l’arbre qui s’est couché, résigné. La chevelure a disparu dans le sac accompagnée de quelques poignées de terre.
« C’est pour lui rappeler l’endroit où il était ? »
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Il a souri, le petit. Il s’est brusquement rappelé toutes ces confidences des visiteurs de l’été qui parlaient des lumières de la capitale. En fait, chacun tentait, dans son petit secteur, de reconstituer un village, quelque chose qui ressemblerait à son village, cet atavisme qui le poussait à trouver dans un isolé semblable le réconfort d’une épaule... Et la ville se transformait. Elle devenait la juxtaposition d’une multitude de hameaux…
Mais tout cela ne pouvait être que provisoire. L’arrivée inexorable du monde de la campagne, l’appel non moins inexorable à une population étrangère pour garnir les usines obligerait à penser l’habitat autrement. Et à cet instant, le petit voyait se mêler plusieurs impressions. La première était celle qu’il était en train de vivre au milieu des mineurs venus du Nord et de la Pologne lointaine. Il était sûr que dans deux générations ils seraient incorporés dans une population vis-à-vis de laquelle, pour le moment, ils n’étaient que des voisins du hasard. La seconde, beaucoup plus floue, le projetait dans une cité devenant autre. Il faudrait la reconstruire. Et là, n’en sachant rien, il faisait entièrement confiance à l’imagination de l’homme. Après tout, dans un autre temps, il avait été capable de passer de la hutte à la cathédrale. Alors, aujourd’hui ?…
Il n’avait qu’un souvenir qui remontait à l’année précédente. Un des jeunes parti à Paris avait renoncé au café et travaillait dans une usine, en banlieue. Et il expliquait à Louis. On avait construit un immeuble, bloc de béton qui regroupait plusieurs centaines d’appartements plus ou moins grands mais tous semblables, petits cubes dans un immense ensemble. Et il en évoquait le confort, la clarté, la facilité pour rejoindre son travail. Il n’avait pas compris quand Louis lui avait demandé :
« Comment sont tes voisins ?… »
Le petit l’avait regardé, étonné :
« Ils changent souvent car, des fois, j’en croise dans l’escalier et ce ne sont jamais les mêmes !
– Alors, tu ne connais personne ?…
– Non !… »
François se rappelait la remarque de son ami qui regardait partir ce visiteur du jour :
« Le pauvre !… »
À ses yeux, il avait perdu le contact avec l’homme. L’essentiel !…
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Personne ne s’affolait. Des tempêtes, il y en avait eu et aujourd’hui, même si elle avait été plus forte qu’à l’habitude, le château était debout et aucun d’entre eux ne semblait avoir physiquement souffert. Seuls, dehors, des arbres, mais après tout, une forêt naît, grandit, meurt, se remplace. Des bûcherons viendraient et chacun, en lui-même, pensait que, s’il était l’élu, ces arbres arrivés à maturité représenteraient une petite fortune… Alors ?…
Il importait simplement de savoir comment ils pourraient communiquer avec l’extérieur, rejoindre la route, puis la gare.
Et curieusement ce n’est qu’à ce moment-là qu’ils ont pensé au téléphone, appeler au secours. Martin a soulevé le combiné. Il était muet les poteaux écrasés sûrement, la ligne détruite. Il s’est retourné vers le Comte, immobile, comme absent et qui a seulement prononcé :
« Ah !… »
Il est des auteurs de mots qui traversent l’Histoire – ainsi Cambronne ! –
Il en est d’autres, sans doute, qui provoquent l’événement. Celui-là devait en être un !…
Il n’avait pas refermé la bouche qu’Augusta s’est inscrite dans la porte d’entrée, provoquant une réaction qui allait de la surprise à la stupéfaction. On ne la voyait jamais.
Elle a avancé d’un pas et montré d’emblée que sa discrétion n’était pas de la timidité. Elle s’est adressée au Maître mais au-delà à tous :
« Clovis est mort ! Je viens de le trouver entre le pont-levis et le pignon des communs, le long du massif. Il est allongé sur le dos avec du sang sur la poitrine. Mais la pluie de la nuit a tout lavé !… »
Elle a marqué un temps d’arrêt, jugé de l’effet. La nouvelle ne semblait pas avoir sorti le groupe de son hébétude. Elle a cru bon d’ajouter :
« Je m’étonnais de ne pas l’avoir vu ce matin ! Je pensais qu’il avait peu dormi en écoutant sa forêt se détruire !…»
Elle n’a pu s’empêcher de livrer son sentiment :
« Cette mort, comme çà, c’est curieux !… »
Et elle a disparu comme elle était arrivée, laissant les présents en tête à tête avec des pensées qui se lisaient comme dans un livre ouvert.
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Et c’est en pensant à ses deux amis qu’il avait répondu à une sollicitation de ce monde qui découvrait la vie. À propos d’un anniversaire il lui avait été demandé de tirer les leçons de ses expériences. Il avait longtemps hésité. Il ne voulait pas évoquer un passé face à un monde tourné vers l’avenir. Il voulait être bref !…
Il avait parcouru des yeux son auditoire attentif mais il savait ce que cette attention pouvait avoir de fugitif. Lentement, il martelait son exemple.
« Prenez quelques notes !… Vous vivez dans un univers qui, doucement, tente d’avancer vers son achèvement. Apportez votre pierre à l’édifice. Faites-en quelque chose de meilleur !…
Votre monde ?... Notre monde ?… Si demain on pouvait le réduire à un village de 100 personnes, ce village serait ainsi composé : 57 Asiatiques, 21 Européens, 14 Américains, 8 Africains.
Cherchez votre place. Elle est très discrète mais elle est aussi également enviable. Pensez à la défendre mais aussi à la mériter.
Ceci précisé, sur ces cent personnes, 80 vivraient dans des maisons qui seraient des tanières, 70 seraient analphabètes, 50 souffriraient de malnutrition !…
Comme vous vous êtes levés, ce matin, avec davantage de santé que de maladie, vous êtes plus favorisés que le million de personnes qui auront disparu avant la semaine prochaine.
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Plus près, dans les bourgs, naissait un monde issu de la paysannerie qui voulait aujourd'hui oublier ses origines, rêvait de Noblesse et comme celle-ci avait été hachée sur les champs de bataille, n'ayant plus d'exemple, accumulait les défauts de ceux qu'ils espéraient être et perdaient les qualités de ceux qu'ils avaient quittés. Ils formaient un mélange de bourgeois, d'édiles, de notables devenus brusquement riches, condescendants et dédaigneux avec des mentalités de Dames Patronnesses et des prétentions de cuistres.
Heureusement, comme toujours dans les Révolutions, quelques-uns restaient intacts, assurant la liaison et préservant la face.
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Il recevait rarement mais largement.
Depuis la veille la cuisine bruissait. La Maria avait enclenché le turbo. Elle avait commencé par le pain qui serait frais, quoi qu'il arrive ce qui était déjà un tour de force. Suivrait tout ce que la ferme pouvait produire de meilleur. L’huile serait de noix et le beurre de petit lait. Seul le vin serait du Canichou au début, de l’économat à la fin, le bouché étant, naturellement, meilleur. Le café venu de la même source couronnerait le tout et le marc, pour finir, remplirait à demi la tasse, destiné à un « canard » auquel seul un estomac blindé arriverait à survivre.
Depuis deux jours déjà les provisions commençaient à garnir la cuisine. Le
coq avait disparu de la cour et réapparu dans la « basseyre » tout rose dans son plat de terre, plumé, dodu, énorme. Le petit salé avait cuit dans la marmite, accompagné de la « jambe » et le vert des choux garni la cage des lapins. Les fruits des tartes étaient sortis de la cave. Triés, essuyés, ils s’alignaient sur le buffet en rang d’oignons. Ils venaient de parents qui, dans la vallée, invitaient tous les automnes à un jour de récolte.
La veille encore le retard semblait irrattrapable car le lendemain serait pareil
aux autres jours : le café à l’aube, le neuf heures après l’étable avec la table garnie et la soupe trempée.
A midi les invités arriveraient.
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S'il avait pu savoir, Louis était aussi triste et Jean désemparé. Seule, Anna était heureuse, infiniment.
Le bonheur ne se partage qu'en morceaux tout à fait inégaux.
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« Goûte !… »
J’ai trempé mes lèvres, découvert une odeur inconnue, ressenti à la fois une chaleur surprenante et une impression de paralysie. Je me devinais devenir lourd et lent. J’ai regardé le grand-père qui ne savait quelle attitude adopter et, pour ne pas décevoir nos hôtes :
« C’est bon ? »
Je me rappelle leur réflexion qui, aujourd’hui encore me terrorise :
« On en fera un homme !… »
Inconscience ou folie ? Le retour a été curieux. J’étais envahi de bonheur au souvenir des feuilles et de la brouette, je me sentais emprunté comme si un poids m’écrasait les épaules. Je tenais la main de mon aïeul et le suivais en silence. Il tentait de me raisonner :
« Tu ne raconteras pas où on était !… »
Mais la grand-mère était trop fine. Du premier coup d’oeil elle avait jugé et, à la première question je m’étais trahi.
« Vous avez fait une belle promenade ?
- Oh oui !…
- Et tu t’es bien amusé ?
- Oui !
- Avec quoi ?
- La brouette !… »
Comme la nôtre était restée au “taillé” il n’était pas utile d’être grand clerc ! Et le grand-père a senti arriver la crue.
« Tu étais encore avec cet ivrogne ? Et tu y as emmené le petit ?… »
L’eau commençait à devenir trouble. Elle m’a attiré à elle :
« Viens !… »
Assis sur ses genoux elle a approché sa figure de mes lèvres :
« Souffle !… »
Il ne lui a pas fallu plus d’une seconde. Avec son flair de chat elle avait découvert. Je la revois regarder l’aïeul l’oeil en feu :
« Et tu l’as fait boire ! Tu es inconscient mon pauvre homme. On te confie ce petit et voilà ce que tu en fais ! Et je ne veux pas parler de l’autre ! Je ne sais pas où il trouve l’argent pour acheter toutes ces bouteilles ! Tu ne vois pas que c’est un pauvre type brûlé par l’alcool ! Mais tu ne vois rien ! »
Les reproches se succédaient en rafales. L’aïeule en avait perdu le souffle. Le peu d’ordre qu’elle aurait pu glisser dans ses idées s’était effondré. Elle ne voyait que la faute de celui à qui, malgré tout, elle était foncièrement attachée et sa peine, plus que sa rancœur.
Pour la première fois j’ai été sûr que cet homme immense, parfois, était faible. Il subissait l’orage. Je devais, un peu plus tard, mesurer son désarroi. Il m’a emmené à la grange, s’est assis sur la traverse de la chèvre, m’a regardé, désemparé :
« Et moi qui voulais inviter mon ami !…
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