Citations de Philippe Vilain (168)
Les grandes joies disent tout, elles ont des sourires et confettis à la place des mots.
On dit que les absents ont tort, mais ils ont raison, au contraire ; leur absence est une ruse pour occuper les pensées de ceux qui restent.
Je n’avais pas peur de la vie, j’avais peur des fantômes, des souvenirs qui traversent les étés pieds nus.
La littérature a toujours été autre chose qu’un métier à mes yeux : une compagne fidèle plutôt, un secours nécessaire, une amie que j’appelle au milieu de la nuit, dans mes insomnies, aux heures où tout le monde rêve. La littérature m’est une maladie, un malaise existentiel, une migraine lancinante.
Avant de rencontrer Jennifer, j'avais souvent déploré la gravité des femmes à propos du désir, leur méfiance, leur façon inquiète de le concevoir. Les femmes attendent des certitudes, des preuves d'amour car la sexualité ne leur suffit pas ; elles craignent d'être lésées, de se donner pour rien, comme elles disent, sans contrepartie de sentiments ; plus les femmes se sentent aimées plus elles désirent, et plus elles désirent plus elles aiment. Chez elles, les choses s'additionnent.
"C'est un processus fatal qui me mène à l'écriture, qui s'impose, un sentiment qui me gagne, un malaise qui m'envahit, une souffrance que je ne sais pas dire, un malheur que je veux taire, un amour que j'essaie d'oublier: tout cela qui forme un hématome dans mon esprit .
Je ne décide de rien, je me laisse écrire, pénétrer par le monde, les évènements er les situations :
JE n'écris pas, JE suis écrit ....."
Je ne savais plus penser qu'à lui, et, lorsque je ne pouvais pas le voir pendant plusieurs jours, je n'avais pas de plus grand plaisir que de deviner ce qu'il faisait, les personnes qu'il voyait, s'il pensait à moi. Et à peine je l'imaginais que me venait du désir, l'envie de lui téléphoner, de le voir et de lui faire l'amour, de profiter pleinement de ces moments qui me semblaient miraculeux comme je l'ai dit, et qui, si j'y songe, ne l'étaient peut-être que pour moi.
On peut espérer conquérir un coeur que l'on n'a pas encore conquis, alors qu'il est impossible de ranimer un coeur qui a cessé de battre pour vous.
Les dimanches étaient l'occasion de sortir les beaux habits, les costumes, les robes, les chapeaux, les souliers vernis qu'on ne porte presque jamais, pour se montrer à la messe.
– On dit souvent que dans un couple, il y en a un qui aime plus fort que l’autre. Tu y crois à ça toi ?
– Je ne sais pas, dis-je pour avoir la paix, et parce que je sentais qu’il me faudrait engager un raisonnement avec lequel elle serait en désaccord, comme lui dire, par exemple, que la question de l’amour ne se posait pas en ces termes, que l’amour était un grand malentendu, que l’on n’aimait peut-être moins des personnes que des genres, et que, au fond, l’on ne pouvait croire à l’amour sans croire à son absurde.
"Le jeu est plus fort que le joueur ."
(...) l'existence n'est qu'une succession de choix, de hasards et de coïncidences, qui se réalisent malgré nous, et rien de ce qui nous arrive ne nous appartient.
Le proviseur du lycée Gambetta m'avait permis de regrouper mes cours sur trois jours - du lundi au mercredi - en échange de quoi je devais renoncer aux meilleures Terminales, les Scientifiques (S) et les Littéraires (L), réservées aux collègues locaux. Me restaient donc les Economique et Social (ES) et les Techniques (STG): les premiers ne travailaient pas la philosophie, les seconds la travaillaient trop studieusement; les premiers, arrogants, petits-bourgeois, méprisaient les seconds, enfants des classes laborieuses, qu'ils exploiteraient plus tard, et considéraient que la philosophie ne leur serait d'aucune utilité pour intégrer une école de commerce; les seconds sages et appliqués, s'étaient convaincus depuis des générations de prolétariat de leur infériorité sur les premiers et que la philosophie ne permettrait pas de restaurer ce sentiment.
Il n'est même pas certain qu'elles prennent du plaisir à tromper, parce que, à la différence des hommes qui trompent pour la beauté du geste,les femmes trompent par désespoir,par ennui,pour savoir ce que leur mari éprouve en les trompant mais aussi pour ne pas perdre tout à fait le fil de leur vie.
Je n’ai pas écrit pour faire le deuil de Dan Peeters, l’oublier ou expurger je ne sais quelle ancienne souffrance, mais pour mieux me représenter sa disparition et témoigner de ce qu’elle fut pour moi: l’événement de ma vie. D’ailleurs, je ne crois pas que l’on écrive pour oublier, mais pour retrouver au contraire, dans l’univers du langage, ceux que l’on a perdus
On dit que les absents ont tort, mais ils ont raison au contraire; leur absence est une ruse pour occuper les pensées de ceux qui restent.(...) Les disparus ne quittent pas nos vies, ils l'envahissent par leur absence.
Quand je percevais l'insistance d'un homme, je ne disais pas que j'étais "en couple", mais que j'étais "amoureuse" - argument dissuasif, en général : un homme sait qu'une femme amoureuse est imprenable.
Sa solitude elle la chérissait même, comme tout ceux qui ont le pouvoir de la rompre quand ils le décident.
Tout allait si vite depuis quelques mois:un coup de foudre, des fiançailles, une grossesse, un mariage précipité, un crime et un enterrement.
C'est la chose la plus cruelle, la plus cynique, la plus désespérante aussi, que nous apprend l'amour : celui qui, jusque là, vous aimait, s'exaspère de tout ce qui vous concerne, et vous considère, au mieux comme un ennemi, au pire avec indifférence.