Citations de Quentin Charrier (44)
Elle évoluait dans un monde nouveau dont elle ne tarda pas à maitriser les codes, conservant cette ombre de mystère passablement scandaleux qui la suivait partout. Une fille qui n’avait de comptes à rendre à personne, qui pouvait rentrer chez elle au milieu de la nuit, chez qui on pouvait squatter pour boire, fumer des joints et coucher . A l’âge de quinze, chacun souhaitait avoir sa vie; Elle se sentait parfois obligée d’expliquer à des maies que vivre avec un père qui cuvait jusque’à midi et qu’elles devaient trainer dans sa chambre les vendredis et samedis soir, n’avait rien de romanesque.
Ce n'était pas parce qu'il l'aimait qu'elle était faite pour lui, se répétait-il pour justifier son choix.
Ce qu’ils avaient vécu ensemble ne suffisait plus. Ils évoluaient chacun dans des mondes séparés, étanches et clos sur eux-mêmes. On croit pouvoir traverser de l’un à l’autre, ou revenir en arrière, mais ce n’est qu’une illusion. La vie punit ceux qui croient trop fort en elle, sans avoir les moyens de s’en sortir.
p 199
Il avait gaspillé toutes ses chances, ou n'avait pas réussi à les saisir, ce qui revenait au même.
La vie punit ceux qui croient trop fort en elle, sans avoir les moyens de s'en sortir.
La vie punit ceux qui croient trop fort en elle, sans avoir les moyens de s'en sortir.
Il avait la gaieté immature de ceux qui croient que la vie tourne autour d'eux-mêmes, ou qu'en mettant suffisamment de distance entre soi et l'âge adulte celui-ci ne vous rattrape jamais.
On perd son temps à courir après les ombres d'un passé perdu.
Il différait les obligations, repoussait les serments. Il voulait rester libre, avoir jusqu'au bout tous les choix en main : partir, rester, changer.
Sa vie était ici, et elle s'en satisfaisait. Elle ne trouvait pas réellement de quoi se plaindre. Elle n'avait pas besoin de beaucoup d'argent. La solitude ne lui pesait pas. Peut-être était-elle plus optimiste, ou moins exigeante que d'autres sur bien des plans.
Il pensait à Clarisse tous les jours, depuis des mois, des années, depuis le début en fait. Il y pensait en embrassant d'autres filles. Et même avant cela, avec Justine, qui avait fini par le quitter après quatre ans de vie commune, le laissant fomenter dans une torpeur d'ivrogne des rêves de grandeur, de célébrité et de plénitude sexuelle, dont elle empêchait l'accomplissement.
J'aime quelqu'un d'autre. Un garçon. C'est avec lui que je veux finir ma vie. Deux petits vieux avec des cheveux blancs. C'est lui que je veux voir le matin. C'est à côté de lui que je veux m'endormir le soir.
Sinon n’avait, jusqu’alors, jamais remis en question son amitié pour Franck, les limites impossibles à tracer de son caractère, de ses emportement, l’ambiguïté et la violence endormi qu’il n’aurait jamais admises chez un autre. Il n’avait pas le recul suffisant. Le respect mais les deux craintes que Franck et Anthony inspiraient, donnait de la structure à sa personnalité un peu fade. Il côtoyait une violence dont il n’était jamais là cible, jusqu’à l’accident. De même il n’aurait pas été en mesure d’expliquer ce qui chez lui était précieux pour Franck. Simon était un miroir’ une feuille blanche. Un sentiment intense réagissait en lui avec une égale intensité. Il reportait sur Clarisse son désarroi. Il avait construit autour de son souvenir une roman qui faisait écho à sa frustration
- Qu'est-ce qu'on a raté tous les deux ?
Comme la dernière fois, Clarisse s'était installée de trois quarts sur la chaise pliante, le regard dans les profondeurs du miroir abîmé.
- C'est la grande question.
Ilse rendirent à l'autre bout de la ville, dans un quartier de petits immeubles décatis, installés en arc de part et d'autre d'une allée silencieuse au bitume cassé.
Simon se leva et emporta son demi dehors, en se demandant ce qu'il foutait là. Le vertige de faire les choses à l'envers, l'impossibilité de retrouver son chemin, les intentions confuses qui le guidaient, tout lui parut confiner à l'absurde.
On perd son temps à courir après les ombres d'un passé perdu.
Ils se retrouvaient dans les mêmes bars sans chaleur et encombrés de souvenirs, à côtoyer les mêmes personnes, leurs visages simplement plus marqués, gênés par le bruit et la joie insouciante de ceux qui leur avaient succédé, jusqu'aux petites heures du jour.
Elle se sentait liée à elle par une parenté intellectuelle qui n'avait rien d'évident, et le fardeau d'une existence qui avait mal tourné.
Elle vivait désormais avec Simon une histoire strictement imaginaire qui conservait la pureté du cristal. Loin de l'avoir oublié, elle le parait dans son esprit de toutes les vertus.