Elle remontait le temps. C’était la ville où Marion était morte et où sa propre famille avait fini par se disloquer, les belles années ses cédant à la Nuit, la fatalité soulevant l’équilibre fragile que leur mère avait construit autour d’elles. C’était la ville des rêves endormis, un conte de fées ou la Vie n’avait pas eu le temps de pousser avant de flétrir–la sienne en tout cas, même si tout n’était pas éteint., La preuve : simon était là, revenu la chercher parmi les ombres parmi lesquelles elle se débattait.
C’était l’amour grandissant qu’il portait à Clarisse qui en était la cause. C’était trop. Il en était gêné, ce côté inexorable, et la perspective de s’enfermer trop tôt avec la mauvaise personne, sans savoir ce que l’avenir lui réservait. Ce n’était pas parce qu’il l’aimait qu’elle était faite pour lui, se répétait il pour justifier son choix. Il avait 15 ans, et encore plein d’autres choses à vivre. Ce soir là, tout était allé trop vite. Il explosait d’avoir paru si faible. Il avait eu peur de la mettre enceinte, ou qu’en allant jusqu’au bout fut scellé un pacte dont il ne pourrait plus se défaire. Alors il aurait tout perdu : sa jeunesse,sa liberté , l’estime des siens aussi peut-être.
Leur amitié ne lui coûtait rien, ne lui rapportait rien non plus, sinon de pouvoir jeter par moment un coup d’œil aux jardin, aux draps, aux îles qu’il ne pourrait jamais atteindre, dut il vendre du shit jusqu’à sa mort. Ni jalouni envieux de ce que possédait Simon et dont il était exclu, Franck aurait pourtant donné 20 ans de sa vie pour en avoir une autre. Ils trichaient tous les deux. Quelque part, les comptes devaient bien s’annuler
Elle se trouvait là, sur son lit, à essayer d’échapper à la crue, au passé qu’elle croyait éteint et qu’il mentait. Franck était mort. Simon était revenu vers elle. Le temps s’était accéléré de telle manière, que la perspective d’un simple changement l’angoisser après des années lisses comme la surface d’un miroir